Géniale cette idée de François Rebello, vice-président du Parti québécois : accorder des avantages fiscaux aux commerces qui respectent les dispositions de la loi 101 concernant l’affichage et le service à la clientèle en français. Suffisait d’y penser.
D’où origine cet à-plat-ventrisme qui caractérisent les Québécois incapables d’affirmer leur personnalité fondée essentiellement sur cette langue qui les distingue du reste des citoyens de l’Amérique du Nord. Sans le Québec et son visage francophone, les autres communautés de souche française du continent : Acadiens, Franco-ontariens, Cajuns, Franco-américains, n’auraient aucun référent pour défendre et promouvoir leur langue d’origine.
La suggestion lancée par Rebello, en plus d’être farfelue est franchement inapplicable. Depuis quand récompense-t-on celles et ceux qui observent les lois en vigueur?
À ce compte-là, il nous faudrait prévoir des remboursements d’impôts aux automobilistes qui respectent les limites de vitesse. Au contraire, avec le système de points de démérite, l’état pénalise les conducteurs fautifs. Que dire des contribuables qui paient leurs impôts? Pas de rabattement fiscal mais des intérêts qui s’ajoutent aux montants en souffrance pour les retardataires. Idem pour les commerçants qui ne remettent pas au fisc les taxes perçues auprès des consommateurs. Les travailleuses et travailleurs à pourboire doivent déclarer leurs gains sans quoi le ministère du Revenu intervient et frappe. Que faire des restaurateurs qui permettraient à leurs clients de fumer?
François Rebello souhaite créer du droit nouveau : vous fonctionnez légalement et vous êtes récompensés; vous fonctionnez illégalement et vous pouvez continuer de le faire. C’est le monde à l’envers sans compter le peu de fierté affiché face à ce que nous sommes. À quand le jour où il faudra s’excuser d’exister?
La tare des baby boomers
C’est ce même François Rebello qui, à ses débuts sur la scène publique, fustigeait sur toutes les tribunes ces baby boomers qui accaparaient tous les emplois, avaient spolié toute la richesse collective et l’avait même mis au monde.
Le sondage publié par le Journal de Montréal démontre que ces griefs à l’endroit de la génération des 55-75 ans ont la vie dure et frisent les préjugés. Il est aisé de dire que si aujourd’hui on éprouve de la difficulté à tirer son épingle du jeu c’est la faute de celles et ceux qui nous ont précédés. C’est plus facile en tout cas que de se retrousser les manches et d’en faire autant : créer un système de soins de santé universellement accessible, un réseau d’éducation largement gratuit, un régime fiscal plus équitable pour les moins favorisés…
Cependant le débat est loin d’être nouveau. À la fin des années 1940, et oui à cette époque du 20ème siècle où s’enclenchait le phénomène appelé baby boom en raison des nombreux enfants nés pendant cette période d’après la deuxième guerre mondiale, Maurice Druon, auteur entre autres du roman Les grandes familles, écrivait : « Les jeunes gens reportaient sur leurs aînés la responsabilité de tous leurs maux visibles et prévisibles, de leurs difficultés du jour, même des vagues calamités du lendemain. »
La vraie nouveauté réside dans la présence des maisons de sondage capables de remettre au goût du jour les imprécations formulées par toutes les nouvelles générations à l’endroit de leurs parents. On appelle ça la crise d’adolescence. Chez certains, ça dure jusque passée la trentaine.
Alors il ne me resta plus
Pour souffler la lumière
Qu’à rendre le premier soupir
Et tout rentra dans les ténèbres.
Pierre Trottier (Le temps corrigé)
lundi 21 janvier 2008
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