jeudi 30 octobre 2008

Mexique La corruption gangrène la société

La société mexicaine est gravement malade. La corruption s’est installée dans le mode de vie des autorités du pays et gangrène le tissu social.

Pendant que dans le nord ouest du pays, dans la région de Tijuana, les forces policières au plus haut niveau sont accusées de complicité avec le crime organisé, où les guerres de clans y ont fait jusqu’à maintenant des milliers de victimes, voilà qu’on apprend que le bureau du procureur général du pays aurait été infiltré, toujours par la mafia, et que même la section DEA (Drug Enforcement Administration) de l’ambassade américaine aurait aussi été la cible des espions.

C’est le procureur général lui-même qui a rendu publique cette situation. Eduardo Medina Mora a révélé que cinq employés de haut rang de son bureau d’enquête sur le crime organisé avaient été arrêtés et qu’il soupçonne qu’il y en ait toujours d’autres en poste.

En outre, un employé de l’ambassade américaine à Mexico, qui travaillait en liaison avec Interpol à l’aéroport de la capitale, aurait avoué qu’il avait transmis de l’information au sujet des opérations de la DEA.

Et ça ne s’arrête pas là, un haut fonctionnaire du ministère de l’Immigration vient d’être appréhendé en Arizona avec quelque 170 livres de marijuana dans son auto.
Pendant ce temps, le président Felipe Calderon continue de clamer qu’il poursuit la lutte contre les cartels criminels à l’origine du trafic de la drogue en y consacrant des sommes imposantes et en mobilisant des milliers de militaires et policiers dans l’opération.

Cible : immigrants

Comme la gangrène est un mal qui se répand, il n’est guère étonnant de constater que de simples policiers rançonnent les immigrants qui empruntent les routes mexicaines pour se rendre de leur pays d’Amérique centrale vers les États-Unis.

De fait, le sud est du Mexique est l’hôte chaque semaine de centaines de personnes originaires des pays d’Amérique centrale (Honduras, Guatemala, Belize) qui fuient leur pays à la quête du rêve américain. Trains de marchandises, autocars brinquebalants et passeurs servent de véhicules pour traverser le Mexique jusqu’à la frontière avec le Nouveau Mexique.

Mais voilà, les policiers mexicains connaissent fort bien les itinéraires empruntés par les migrants, les interceptent et les détiennent jusqu’à ce que ceux-ci leur remettent le peu d’argent qu’ils ont en poche pour pouvoir poursuivre leur chemin. Faute de payer en argent comptant, ces personnes paient de leur vie, soupçonnent les populations locales témoins des exactions policières.

Il y a quelques semaines, les citoyens du village de Rafael Lara Grajales n’ont pas hésité à affronter la police locale qui avait séquestré des immigrants illégaux. Ces citoyens expliquent leur geste en arguant qu’eux-mêmes ont des proches qui vivent maintenant aux États-Unis en ayant passé illégalement la frontière. « Nous ne voulons pas que nos parents vivent la même situation que ces gens à la recherche de la liberté. »

La liberté n’est pas qu’une marque de yogourt, comme l’a écrit Falardeau, non plus qu’une statue, mais souvent un rêve susceptible de tourner au cauchemar.

Rien que d’y penser
Et d’en chercher la route
Fait indubitablement saliver
Jusqu’à en balayer tout doute

mercredi 22 octobre 2008

USA Participation électorale accrue?





La Floride est l’un des états « à bascule » (swing state) sur lequel un candidat à la présidence doit s’appuyer s’il aspire à la victoire. Or, pour la première fois de l’histoire, la liste électorale du comté de Broward (Fort Lauderdale – Hollywood) comptera cette année plus d’un million d’inscrits, rejoignant de la sorte le comté de Miami – Dade, au moment où s’enclenche le vote par anticipation. Au total la Floride compte 11,2 millions d’électeurs, dont 4,72 millions apparaissent à la liste démocrate contre 4,06 millions dans le camp républicain.

Voilà qui indique un intérêt électoral accru des Américains. Et cette croissance est nettement favorable au camp Obama qui a, ces dernières semaines, effectué un blitz d’inscription des nouveaux électeurs en les sollicitant aux portes des bars à la mode, des événements culturels, des concerts, des rassemblements sportifs…
Dans la foulée de cette offensive sur le terrain, il n’est donc pas surprenant de constater que le nombre de démocrates enregistrés sur la liste électorale a augmenté de 17 %, tandis que la liste républicaine ne s’est allongée que de 6 %.

La Floride, avec ses 27 grands électeurs sur les 538 que comptent l’ensemble des États-Unis, est un état-clé qui fait la différence entre une victoire et une défaite pour un candidat présidentiel. On se rappelle qu’en 2000 une poignée de votes non comptabilisés a permis à George W. Bush de remporter l’état et la Maison blanche. De fait, les grands électeurs sont tenus de voter en bloc en faveur du candidat qui remporte la majorité, si mince soit-elle.

Cette semaine (du 19 octobre) d’ailleurs Hilary Clinton et Barrack Obama ont visité plusieurs villes de la Floride dont Fort Lauderdale pour Mme Clinton lundi et Miami pour M. Obama mardi.

Les couteaux volent bas

Lors du dernier débat entre les candidats à la présidence, le mercredi 15 octobre, John McCain aura encore réussi à lancer à son adversaire un pétard mouillé qu’il croyait être de la dynamite. En effet, McCain s’est servi d’un incident survenu en Ohio où un « plombier », surnommé Joe, a apostrophé Obama en le blâmant pour vouloir hausser les impôts des citoyens qui déclareront plus de 250 000 $ de revenus, ce qui pourrait être son cas s’il achète l’entreprise pour laquelle il travaille.

Sauf que le Joe en question s’appelle Sam, n’est pas plombier, travaille au noir et n’a pas les moyens de s’acheter quelque entreprise que ce soit. Qui plus est, lundi dernier il a avoué que tout ce qu’il a dit était faux. Ça n’aurait rien d’étonnant que « Joe the plumber » ait été téléguidé par les fins stratèges de McCain.

Au cours de ce débat également, Obama a souligné la campagne bassement personnelle dont il est l’objet de la part des Républicains. Notamment en ce qui a trait à ses supposés liens avec Bill Ayers, un militant subversif des années 1970. Obama aura beau rappeler qu’il n’avait que huit ans au moment des agissements de Ayers, McCain ne désarme pas. Au point où même des Républicains réclament de McCain qu’il cesse ce genre d’attaque. Toutefois, en Floride les téléphones continuent de sonner pour faire entendre un message enregistré supposant des liens étroits unissent Obama et Ayers.

Candidats locaux

Les candidats républicains locaux ne sont pas en reste non plus. Ainsi, Lincoln Diaz-Ballart (candidat au Congrès dans le district 21 à Miami et cousin de Fidel Castro), dans sa publicité télévisée, dépeint son adversaire Raoul Martinez comme un fraudeur en ajoutant : Washington est assez corrompue comme ça, on n’a pas besoin de Martinez en plus. Diaz-Ballart sait de quoi il parle, il est dans la capitale depuis 16 ans et il a déjà été accusé de trafic d’influence.

Libre-échange à tout prix

Revenons au débat avec un autre sujet d’intérêt : le libre-échange. McCain monte encore au créneau pour dénoncer l’intention d’Obama de revoir les accords de libre-échange, notamment celui avec le Canada et les États-Unis, et exprime son dépit de constater que le candidat démocrate ait refusé de voter en faveur d’un tel accord avec la Colombie (entrée en vigueur depuis près de deux ans), lequel, selon lui, permettra d’endiguer le commerce de la drogue.

Obama a rétorqué qu’un accord de libre-échange devait comporter des avantages pour toutes les parties en cause et également tenir compte de question tels les droits de la personne et l’environnement (sables bitumineux de l’Alberta?).

Manque de pot pour M. McCain, dès le jeudi suivant le débat le groupe américain de défense des droits de la personne, Human Rights Watch , déplore l’inaction du gouvernement colombien d’Alvaro Uribe face aux forces paramilitaires que l’organisation décrit comme un réseau du même type que la mafia mis sur pied par des militaires, avec la complicité des politiciens, des officiers de l’armée, des gens d’affaires et des propriétaires terriens.

L’organisme de défense des droits de la personne note que la création des groupes paramilitaires remonte au début des années 1980 à la suite d’une alliance des propriétaires terriens et des barons de la drogue pour combattre les FARC (le Forces armées révolutionnaires de la Colombie). Il ajoute que le gouvernement fait tout en son pouvoir pour mettre des bâtons dans les roues de la cour suprême du pays qui souhaite enquêter sur ces groupes d’extrême-droite. Donc, loin de juguler le trafic de la drogue, l’aide commerciale au gouvernement Uribe contribue plutôt à la protection des trafiquants de coke.

Tendance auto-destructrice?

Si John McCain persiste dans les 20 jours à venir à cultiver la calomnie, le mensonge et le faux-semblant pour contrer son adversaire démocrate, il devient évident qu’il se tire franchement dans le pied et plus ça va, plus l’écart, dans les sondages, s’accroît en faveur de Barrack Obama. Un clou dans le cercueil de McCain? Colin Powell, le manipulé de George W. face à l’O.N.U., apporte son appui à Obama.
Si le comportement de McCain et de ses stratèges suscite un regain participatif au scrutin, tant mieux pour la démocratie. A-t-on atteint les limites de la publicité négative? À voir!

La bouée pour surnager
La mer démontée malmène
Vouloir la mater
Mène à la géhenne

mardi 14 octobre 2008

Cuba Bush n’en démord pas

À cent jours de la fin de ses deux mandats présidentiels, George W. Bush s’est pointé dans la région de Miami afin de collecter des fonds au profit du Parti républicain et, tant qu’à être là, il s’est invité, en privé, auprès du mouvement anticastriste omniprésent dans le sud de la Floride.



Devant une partie de la communauté cubaine qui souhaite une levée temporaire des restrictions de visites d’Américano-cubains vers l’île dans le but d’aider leurs familles qui peinent à se remettre du passage des ouragans Gustave et Ike, Bush est demeuré imperturbable.

Pas moins de 443 000 demeures ont été endommagées par les tempêtes, dont 63 000 ont été entièrement détruites. Déjà, Cuba accusait un déficit de 600 000 logements par rapport à ses besoins. L’objectif de construire 100 000 nouveaux logements par année a été abaissé à 50 000 en raison des dégâts causés par les ouragans.

L’embargo américain face à l’île des Antilles constitue un obstacle de taille pour parvenir à solutionner la crise du logement. La proximité des États-Unis et l’abondance de matériaux disponibles permettraient d’atténuer la crise. Justement, voilà qui réjouit le président américain qui commente ainsi : « Notre gouvernement a été très clair quant à sa stratégie qui se résume par… nous modifierons notre stratégie face à l’embargo quand le gouvernement de Cuba laissera la population de Cuba s’exprimer librement. » Stratégie d’abord, compassion ensuite.

Un nouvel état socialiste

La crise financière qui plombe les grands marchés argentiers amène les États-Unis et son gouvernement ultraconservateur vers un nouveau sentier : le socialisme; les fonds publics venant à la rescousse de la haute finance. Même que les observateurs, qui sont loin d’être animés par l’esprit gauchiste, osent même prononcer le mot honni entre tous dans le monde capitaliste : nationalisation.

Le New York Times souligne ainsi : « Le nouveau plan qui consiste à acquérir des actions des banques, ce qui est devenu l’objectif prioritaire de l’administration (Bush), s’approche le plus d’une nationalisation partielle du système bancaire depuis la Grande dépression. En contrepartie de cette injection de capital, le gouvernement exigerait quelque chose comme une participation minoritaire non votante. »

Expropriation : pire que la recette Chávez

Vraiment une position minoritaire non votante? Pourtant, ce n’est pas ce qui s’est passé avec AIG (American International Group) le plus important assureur et réassureur des États-Unis. Pour en éviter la faillite, le gouvernement américain a consenti un prêt pour le secourir en retour de quoi il acquiert 79 pour cent de l’actionnariat. Un prêt implique un remboursement. Autrement dit, une fois remboursé, le trésor public demeurera propriétaire de l’entreprise. Cette manœuvre peut être facilement assimilée à une expropriation.

L’économiste Jacques Lordon, dans la dernière livraison du Monde diplomatique, ironise ainsi : « À côté d’eux (Paulson, secrétaire au Trésor, et Bernanke, président de la Réserve fédérale) le président vénézuélien, Hugo Chávez, est un pantin libéral vendu au grand capital : lui paye quand il nationalise! »

En huit ans, George W. Bush aura fait un tour de piste remarquable : deux guerres, des baisses d’impôts rendant exsangue le trésor public, des déficits à répétition, une dette se chiffrant dans les trillions de dollars, un écroulement du système financier fruit de politiques néolibérales dénuées de toute réglementation, des nationalisations et même de l’expropriation.

Des frissons au Canada et au Québec

Dans ce contexte, il est assez distrayant d’entendre la suave économiste associée Dominique Vachon de l’Institut économique de Montréal qui martèle : non, non et non, le sauvetage des banques américaines, ce n’est pas de la nationalisation, ce n’est qu’une prise de participation minoritaire. Cachez ce sein que je ne saurais voir, dirait Maxime Bernier qui est passé par ce même Institut économique.

Et Clément Gignac, économiste en chef de la Banque nationale, de seriner : il n’y a rien là, le système bancaire canadien est le meilleur au monde, soyez patients la situation se rétablira.

Si ça va si bien dans les milieux bancaires, où sont passés les milliards de dollars de profits mirobolants engrangés ces dernières années par les banques? Pourquoi leur faut-il 25 milliards $ en rachat d’hypothèques par la SCHL? Craint-on, qu’à bout de nerfs, un mouvement généralisé n’en vienne à exiger une inspection fouillée de leurs livres de compte?

En passant, où sont les économistes progressistes pour commenter la crise en cours? Disparus des écrans, des micros et des journaux. Les radiodiffuseurs, public et privé, et les éditeurs préfèrent-ils manipuler la question en rassurant la population ou sont-ce ces spécialistes qui se terrent dans leur chaire universitaire?

Avant d’injecter ces milliers de dollars dans les divers secteurs financiers, qui a pensé d’aller lorgner du côté des paradis fiscaux?

Toute la foudre du ciel
S’abattra sur nos têtes
Que nous ferons notre miel
Du profit de la quête

mercredi 8 octobre 2008

Haïti, USA, Canada Les astres alignés sur le désastre

Fay, Gustave et Hanna ont laissé la dévastation derrière leur passage le mois dernier. Aux Gonaïves : 700 morts, 165 000 sans-abri et 50 000 acres de terres agricoles délavées. Face à la catastrophe, le président René Préval n’a guère d’autre choix que de réclamer l’aide internationale pour épauler son gouvernement.

Proche voisine, la Floride, terre d’accueil d’une importante diaspora haïtienne, est une destination normale pour le président et une surprise l’y attendait en ce début d’octobre. Le comté de Broward, dont l’axe urbain se situe à Fort Lauderdale-Hollywood, met à la disposition du pays 600 classes d’école pré-usinées dont le conseil scolaire n’a plus besoin. La direction scolaire affirme que ces installations seront purement et simplement démantelées et envoyées à la casse si elles ne trouvent pas preneur.

Reste qu’il faut que ces locaux soient acheminés à destination. Le président Préval a profité de l’intervention d’un membre de la Chambre des représentants au Congrès, le démocrate Kendrick Meek, auprès du directeur du port de Miami et de la direction d’une flotte de cargo, pour assurer l’acheminement des 600 structures vers Haïti. D’autres installations semblables seraient disponibles ailleurs en Floride, mais le président Préval devra amasser les fonds nécessaires pour les transporter.

Où trouver les fonds?

Les astres ne sont toutefois pas alignés en faveur d’Haïti. Après les ouragans, le cyclone de la crise économique mondiale ne laisse guère de marge de manœuvre à la communauté internationale pour donner un coup de main financier à Haïti. Une suggestion : le gouvernement américain pourrait peut-être récupérer 50 % des 350 millions $ en sept ans que s’est octroyé le PDG de la Lehman Bank en faillite, Richard Fuld Jr. et consacrer ces sommes au pays le plus pauvre de l’hémisphère.

Un Québec silencieux?

Dans son édito du 4 octobre, André Pratte conclut en affirmant : « Il n’y a qu’un lieu où nous continuons à nous satisfaire du rôle de simples spectateurs : Ottawa ». Pratte vise bien entendu la présence du Bloc québécois aux Communes.



Il rejoint, ce faisant, les allégations des conservateurs, en début de campagne, à l’effet que les députés du Bloc ne contribuent en rien à la défense du Québec. Étrange. Pendant ce temps les Conservateurs ne présentent aucun candidat contre André Arthur dans Portneuf, un député indépendant. Il faut comprendre que la hyène de la radio enrichit les débats, Arthur ayant appuyé le gouvernement au cours des deux dernières années.



Le premier ministre Jean Charest, de son côté, adresse ses doléances aux partis fédéraux et Harper l’envoie paître. Mario Dumont, le coq du Bas du fleuve, incite M. Charest à se taire puisqu’il peut nuire au Québec en minant les chances d’élection de députés conservateurs susceptibles de devenir ministres, ce qui affaiblirait le Québec. C’est vrai que des ministres québécois forts au cabinet, ça sert vraiment le Québec. Pensons à Maxime Berné!

André Pratte et Mario Dumont estiment donc qu’il vaut mieux à Ottawa un Québec muselé. Le silence serait d’or? Dors Québec!

Submergée, la terre se noie
L’appel à l’aide reste vain
Point de crise tais-toi
Et reste sur ta faim