mardi 26 février 2008

USA Divine science


La science doit se plier aux impératifs dictés par les tenants du « créationnisme » et le « darwinisme » devient ainsi une « théorie scientifique » expression qui doit dorénavant précédée le terme « évolution » de même que les termes « gravité », « atomes » et « cellules », ce qui laisse aux enseignants l’espace nécessaire pour aborder l’évolution par le biais de la création divine de l’humanité qui se fonde sur la mythologie biblique.

C’est le compromis survenu au sein du Conseil supérieur de l’éducation de la Floride pour rallier « créationnistes » et « évolutionnistes » quant aux modifications exigées par les premiers dans le curriculum scolaire. Le programme d’enseignement scientifique dans les écoles secondaires de la Floride traitait jusqu’ici de l’évolution en recourant à des expressions comme la mutation biologique à travers le temps. Les professeurs de science souhaitaient donc que le programme réfère spécifiquement à l’évolution pour expliquer l’avènement de l’humanité telle que nous la connaissons aujourd’hui.

L’intégrisme religieux gagne constamment du terrain aux États-Unis et ce débat floridien autour de la théorie de Darwin devenue l’évolution, au plan scientifique, reflète bien cet état de fait. Dans nombre de municipalités des débats ont également cours sur la pertinence ou pas de réciter une prière en ouverture d’assemblée. Les chrétiens insistent partout pour imposer la prière, les opposants privilégiant une minute de réflexion avant d’entreprendre leurs délibérations.

Étrangement, ce sont ces mêmes tenants de la prépondérance divine mur à mur qui s’objectent à des mesures comme le contrôle des armes à feu, même au moment où les fusillades dans des maisons d’enseignement se succèdent dramatiquement. Ils emboîtent ainsi le pas à la National Rifle Association, dont de nombreux membres sont aussi des militants religieux.

En Virginie occidentale, le programme d’enseignement au secondaire inclut même un cours de maniement d’armes à feu, les autorités invoquant, pour justifier cette décision, la pratique répandue de la chasse au gibier dans cet état. Donc, en Virginie occidentale, on pourra enseigner que le monde a été créé en sept jours par Dieu et comment utiliser une carabine et, plus tard, comment en acquérir une en se rendant chez n’importe quel détaillant d’armes à feu, comme cela s’est produit en Illinois où un jeune homme malade, sous influence de dépresseurs, a acheté deux armes tout à fait légalement avant de se rendre dans un auditorium de l’université dont il était diplômé pour décharger ses projectiles sur les étudiants présents.

En Floride, un premier test est en cours de la loi adoptée il y a deux ans à l’effet qu’il était permis de recourir à une arme à feu dans le cas où la personne concernée sent sa vie menacée. Le cas en question est celui d’un homme qui se rend compte qu’un individu est en train de voler la camionnette de son fils stationnée dans l’entrée de la résidence. Ne faisant ni une ni deux, l’homme sort de sa maison et tire sur le voleur en fuite et le tue. Il invoque pour sa défense le fait que si cet individu pouvait voler un véhicule il était susceptible aussi d’être armé et donc de menacer sa vie.

Dieu, dans ses commandements livrés à Moïse, aurait affirmé « tu ne tueras point » et la devise des États-Unis est « In God We Trust » et non pas « In Gun We Trust ».

En moi tout est tristesse à mitrailler de rire
Et lorsque je mourrai lorsqu’il n’y aura plus
Rien à tirer de moi peut-être le silence
Ni triste ni joyeux me laissera sourire


Pierre Trottier (En guise de testament)

dimanche 17 février 2008

Argentine La dictature militaire toujours active


Il y aura bientôt 25 ans que la dictature militaire a cédé le pouvoir en Argentine laissant en héritage une économie délabrée et une large tranche de sa population décimée par ses exactions : enlèvements, tortures, assassinats.

La « salle guerre », entamée en 1976 par les généraux Videla et Galtieri et leurs nombreux sbires qui souhaitaient éliminés systématiquement toute velléité progressiste présente dans le pays, engendre encore aujourd’hui de funestes événements qui appesantissent davantage la chape de plomb qui couvre cette période sombre de l’un des plus beaux pays de l’hémisphère sud. Les survivants des milliers de familles éplorées par la perte de parents ou d’enfants souhaitent toujours connaître les dessous cette période sombre; les militaires, certains condamnés à des peines de prison, d’autres amnistiés, désirent en conserver le secret absolu.

Dernière réminiscence de cet épisode tragique de la vie argentine : le meurtre en cellule d’Hector Febres, l’homme qui en savait trop. Officier de la Garde côtière à l’époque de la dictature, Febres, en décembre dernier, a été retrouvé empoisonné dans sa cellule de la base militaire où il était confiné, depuis neuf ans, en attente de verdict. Il était accusé d’avoir torturé quatre prisonniers détenus à l’École de mécanique de la marine qui servait, sous les généraux, de prison et convertie depuis en musée commémoratif.

Selon certaines informations, Febres se sentait trahi par ses supérieurs de l’époque et aurait colligé de nombreuses informations les concernant sur son ordinateur. De fait, Hector Febres vivait sa réclusion dans une spacieuse suite de la base militaire avec, à sa disposition, toutes les facilités souhaitées. Au lendemain de la découverte de son corps, nulle trace dans sa cellule de l’ordinateur ou des disques où auraient été colligées les informations en sa possession.

La juge chargée de l’enquête sur le décès de Febres a écarté, début février, l’hypothèse de suicide qui circulait dans les milieux militaires à propos de sa mort, pour confirmer un empoisonnement au cyanure. Deux de ses gardiens sont en état d’arrestation soupçonnés d’avoir autorisé l’accès à sa cellule à son ou ses meurtriers.

Febres n’était pas un personnage-clé du régime militaire argentin de la fin des années 1970 et du début des années 1980, comme c’est le cas des généraux, colonels ou chefs de police toujours vivants, en attente de procès ou de verdicts à l’issue de leurs procès. Il était un policier militaire devenu un fonctionnaire sachant, toutefois, où avaient été inhumées les victimes du régime Videla-Galtieri et qui étaient les responsables de ces disparitions.

Il aurait notamment été au fait de ce qu’il est advenu des enfants de mères décédées en détention sous la torture. Au moins 500 nouveaux nés auraient ainsi été enlevés à leurs mères puis placés dans de « bonnes familles » favorables au régime. Les mères concernées, elles, comme moult autres prisonniers des militaires, auraient été droguées puis larguées dans l’océan Atlantique à partir d’hélicoptères. Ainsi sont disparues des milliers de personnes accusées d’activités subversives à l’encontre du gouvernement des généraux. Il y a des enfants d’hier, des adultes d’aujourd’hui, qui veulent connaître l’identité des bourreaux qui les ont arrachés des bras de leurs mères.

Y a-t-il toujours, dans les rangs de l’armée et de la police argentine, des officiers qui auraient été impliqués dans les forfaits ordonnés par les généraux, colonels et chefs de police lors de cette « sale guerre »? Il semble, en tout cas, se perpétuer un sale héritage dans ce pays aux larges horizons et à la capitale, Buenos Aires, déjà qualifiée de Paris de l’Amérique du Sud.

Mourir sans connaître la vérité…
Le monde tremble au bord de l’horizon!
C’est entre ma main et le sol
Que peut sourdre la soudaine lumière.


Gatien Lapointe (Le temps premier)

lundi 11 février 2008

Canada Le comité vaudeville


L’ex-chef de cabinet de Brian Mulroney, Norman Spector, avait promis de déballer tous les dessous de la circulation d’enveloppes au 24 Sussex, résidence du premier ministre canadien. Tout ce qu’il aura appris à la population c’est que le Fonds du Parti conservateur (le PC Funds) compensait le couple Mulroney pour les dépenses encourues dans l’exercice de leurs fonctions officielles.

Cela signifie que lorsque Brian et Mila attendaient de la grande visite pour souper, genre Ronald Reagan, la première dame devait se toiletter en conséquence. S’habiller griffé chez Dubuc ou Dior n’est pas gratuit. D’où le recours aux fonds mis à la disposition des Mulroney pour faire face à ces dépenses extraordinaires. Tout le monde sait que Brian Mulroney a subi une baisse de revenus en passant de la présidence d’Iron Ore au poste de premier ministre. Mais ça, M. Mulroney le savait avant de se lancer dans l’aventure politique.

Une fois partie du 24 Sussex, Mila Mulroney a-t-elle remis au Parti conservateur les vêtements acquis pour assumer son rôle d’hôtesse de maison ou encore pour assister à quelque bal de bienfaisance? Ce serait étonnant.

Ce qui étonne surtout, c’est le tour qu’emprunte la tenue de ce comité parlementaire censé creuser l’affaire des liens entre le lobbyiste Schreiber et le premier ministre à qui il remettait des enveloppes d’argent comptant dans des chambres d’hôtel.

Ce qu’il faut retenir des propos de Norman Spector demeure le message transmis aux parlementaires : cessez de chercher des bricoles et fouillez là où se trouvent les millions de dollars qui ont atterri dans les mains de ceux qui ont pris des décisions ayant mené à l’acquisition par Air Canada d’appareils Airbus et par l’armée canadienne d’équipement de défense. Et de combien de millions on parle : d’un, trois, dix?

Députés-vedettes

Lucide, le député Serge Ménard du Bloc québécois est bien conscient des limites imposées au comité parlementaire : on a bien trop peu de temps à consacrer aux témoins pour être en mesure d’approfondir les sujets. De fait, les députés transformés en inquisiteurs semblent davantage intéresser par les effets de toges que par le niveau de connaissance des faits des témoins. Le NPD veut mettre en exergue la pugnacité de Thomas Mulcair, les libéraux souhaitent enfin faire oublier l’épisode des commandites. Tous se comportent comme s’ils souhaitaient voler la vedette pour le prochain bulletin de nouvelles et les manchettes des quotidiens du lendemain.

Résultat : un vaudeville parlementaire qui recherche davantage le personnage absent de la scène en interrogeant le témoin présent et où l’interrogateur s’assure de jouer le premier rôle.

Avec la démolition du théâtre Quat’ sous, l’occasion se présente de construire le théâtre gobe-sous. Quelle évolution! Paul Buissonneau est déjà dans tous ses états… insupportables.

Prendre la fuite ensemble et rire des agents!
La nuit, laisser nos cœurs imaginer des frères,
Des frères de lune, humbles et millionnaires,
Qui laissent s’écouler sur nous tout leur argent.


Sylvain Garneau (Fuite)

lundi 4 février 2008

USA La crise des hypothèques à risque touche du vrai monde



Les grandes banques doivent inscrire à leurs livres des pertes considérables après avoir investi dans les hypothèques à risque; de leur côté, les citoyens qui ont contracté de telles hypothèques voient arriver les huissiers à leurs portes avec des avis de saisies.

Pas moins de 1,3 million de foyers américains ont reçu de tels avis au cours de l’an dernier, soit 79 % de plus qu’en 2006. Selon les plus récents relevés, ce seront 2,2 millions avis de saisies qui seront expédiés à des détenteurs d’hypothèques.
La Floride, le Nevada, le Michigan et la Californie sont les états les plus touchés par cette crise. Ainsi, en Floride plus de 165 000 propriétés sont touchées, soient 20 maisons par 1000 propriétés, le double de la moyenne nationale.

La crise provoque un effet « domino » qui affecte toutes les sphères de l’activité économique des États-Unis. Des entreprises de construction déclarent faillite ou se placent sous la loi les protégeant de leurs créanciers, le niveau de l’emploi diminue et les magasins sont déserts. Le tout entraîne un état de récession face auquel le président George W. Bush réplique en postant des chèques à tous les contribuables dans l’espoir que cette injection de fonds relancera la consommation et freinera le ralentissement économique. Le prochain budget de l’administration Bush atteindra un déficit record de 413 milliards $.

Si les grandes banques comme JP Morgan Chase & Co, Wells Fargo & Co ou Citygroup Inc. ont les moyens, après avoir enregistré des profits mirobolants, de mettre en réserve des dizaines de milliards de dollars pour contrer les pertes anticipées, c’est cependant loin d’être le cas de personnes qui ont répondu à l’appel des sirènes personnifiées par des promoteurs immobiliers qui leur promettaient des achats de maison sans comptant ou presque avec des paiements mensuels ridicules. Ridicules, jusqu’au jour où l’hypothèque arrive à son premier terme d’échéance, deux ou trois ans, et là, au renouvellement, surprise : sans remboursement de capital, plus un taux d’intérêt rajusté à la hausse, les paiements doublent, triplent ou quadruplent et c’est la saisie qui survient devant l’impossibilité d’assumer ces nouvelles obligations.

Les grandes banques n’ont jamais consenti de ces hypothèques mais ont investi dans des entreprises de prêts hypothécaires qui exploitaient ce marché en cheville avec des promoteurs immobiliers.

Les vautours

Il va de soi que le malheur des uns peut provoquer le bonheur des autres et l’ineffable Donald Trump a décidé d’exploiter le filon.
À pleines pages des grands quotidiens, le promoteur Donald Trump affirme : « Si vous n’êtes pas millionnaire d’ici décembre 2008, c’est que vous n’avez pas assisté à mon séminaire sur les saisies. »

La Trump University South Florida (et oui M. Trump a son université) offre donc un séminaire de trois jours pour enseigner comment acheter des propriétés saisies à bas prix pour les revendre avec un profit appréciable. Une chose est certaine, Donald Trump ajoutera quelques centaines de milliers de dollars à sa fortune avec ses séminaires et ses étudiants tenteront de s’enrichir sur la dépouille de ceux qui ont cru pouvoir posséder une maison à un coût raisonnable.
Celles et ceux qui ne réussiront pas à faire fortune après avoir suivi les cours de M. Trump se feront sans doute dire « FIRED » par le promoteur aux multiples tentacules immobilières.

C’était congé de lune
C’était congé d’étoiles
Et dans l’école de la nuit
Devant le tableau noir du ciel
Nous étions seuls sans maîtres


Pierre Trottier (L’étoile des grands lacs)