lundi 29 décembre 2008

Amérique latine Création d’une union régionale

Tournant le dos à l’Organisation des états américains, considérée comme dominée par les États-Unis, 33 pays d’Amérique latine et des Caraïbes se sont prononcés, la semaine dernière au Brésil, en faveur de la création d’une union régionale qui exclura les États-Unis et le Canada.

Ne perdant pas de temps, le président de la Bolivie, Evo Morales, a tout de suite proposé que ses homologues de l’ensemble du sous-continent exigent de Barack Obama la levée de l’embargo sur Cuba dès son entrée en fonction, à défaut de quoi les ambassadeurs américains en poste dans ces pays seraient expulsés.



Raul Castro, en participant à ce forum, première sortie internationale depuis son accession à la tête de Cuba en début d’année, a offert aux États-Unis la libération de prisonniers identifiés comme politique par les Américains en échange d’une levée de l’embargo en vigueur depuis 48 ans.



Pour sa part, Barack Obama a déjà envisagé un assouplissement des mesures de rétorsions à l’égard de Cuba, comme le souhaite aussi de plus en plus de Cubains vivant en Floride. Le débat survient à la veille du 50ème anniversaire de la révolution cubaine.

Evo Morales est catégorique : Nous devons donner au gouvernement des États-Unis une date butoir pour mettre fin à l’embargo économique sur Cuba, sinon nous mettrons dehors leurs ambassadeurs. Morales lui-même a déjà agi de la sorte en septembre dernier en reprochant certains comportements de l’ambassadeur en poste dans son pays à la suite de manifestations et soulèvements survenus dans les régions les plus riches de son pays.

Le président du Brésil, Luis Ignacio « Lula » da Silva, se montre plus pondéré que Morales. « Nous devons attendre que le nouveau président entre en fonction et voir ce que seront ses positions et propositions à l’égard de l’Amérique latine et de Cuba. Cela nous démontrera s’il existe ou non un véritable changement dans la politique américaine. »

Une porte-parole de l’ambassade américaine à Brasilia s’est limitée à dire que la politique américaine demeurait pour le moment la promotion d’une transition paisible de Cuba vers la démocratie.

Il va de soi que la crise économique mondiale a également été à l’ordre du jour de ce sommet. Le communiqué commun émis à l’issue de la rencontre rappelle que les pays développés ont provoqué la crise actuelle et qu’ils doivent ainsi en assumer les coûts pour la résoudre.

Bush, en partant, pourra paraphraser ce journaliste anglais qui, à la suite d’une une énorme tempête de neige qui s’était abattue sur l’Europe et avait coupé toute communication avec l’Angleterre, avait titré à la une : le continent est isolé.

Corruption quand tu nous tiens

La corruption est devenue un sujet est à la mode ces jours-ci aux États-Unis depuis que le gouverneur de l’Illinois est accusé d’avoir tenté de monnayer le poste de sénateur laissé vacant par Barack Obama. Le gouverneur Rod Blagojevich continue de se défendre bec et ongles et son état est aujourd’hui considéré comme le nid de corruption publique aux États-Unis.

Mais voilà, un relevé effectué par le New York Times révèle que c’est la Floride qui arrive en tête quant au nombre d’accusation portées contre des personnes occupant des fonctions dans les services publics. Au cours des 10 dernières années, 824 responsables publics de la Floride ont été reconnus coupables de corruption contre 502 en Illinois, cette dernière se classant de la sorte au 7ème rang.

La plus grande démocratie du monde peut toujours faire la leçon aux autres, il faudrait peut-être que sa probité soit à la hauteur.

Se battre pour la démocratie
Peut faire des victimes
Quand la charge de la cavalerie
Fait fi du peuple qu’elle opprime

mardi 23 décembre 2008

USA Obama devant le fait accompli

Barack Obama compose son nouveau cabinet, élabore un plan de résolution de crise, se penche sur des comptes publics largement déficitaires, étaye les futures politiques de relations internationales du pays, envisage une couverture universelle d’un régime d’assurance maladie… Pendant ce temps, l’administration sortante de George W. Bush met de l’avant des mesures qui vont à l’encontre des convictions du nouveau président pour le placer devant le fait accompli une fois en poste le 26 janvier.

Ainsi, le ministère du Travail (Labor Department) met les bouchées doubles afin de créer le plus d’embûches possibles pouvant compliquer la volonté du nouveau gouvernement s’il veut resserrer les règles portant sur la présence et l’utilisation de produits toxiques en milieu de travail.

La réglementation concoctée par l’actuel ministère du travail modifierait la Loi sur la santé et la sécurité du travail et vise à ce que le recours à un produit potentiellement dangereux soit analysé industrie par industrie, que la preuve soit faite cas par cas que le produit est vraiment toxique, que les employés y sont effectivement exposés et que cela constitue une menace réelle pour leur santé.

Délais plus délais

La mesure, à laquelle s’est déjà objecté Barack Obama en septembre dernier, exigerait la publication d’un avis public concernant le produit en question, commanderait des études plus poussées sur les substances visées, ferait l’objet d’audiences publiques sur les études soumises et l’information scientifique afférente, puis sur les restrictions devant en prescrire l’utilisation sécuritaire ou l’interdiction.

Cette façon de faire, selon la directrice en santé et sécurité au travail de l’AFL-CIO, Margaret Seminario, prolongerait de deux ans le processus en place qui peut prendre jusqu’à huit ans.

« La proposition à l’étude ne modifierait pas l’esprit et la méthode d’évaluation des risques et n’affaiblirait pas les normes sanitaires », affirme Leon Sequeira, sous-ministre adjoint au Travail. Cependant, les mesures mises de l’avant reçoivent l’appui des représentants des entreprises. Ce doit être parce qu’elles les considèrent moins contraignantes que celles qui existent.

Présentement des produits comme la silice et le béryllium sont sous étude et leur présence en milieu de travail n’est pas encore encadrée malgré les nombreuses études qui ont démontré leur toxicité.

Le président George W. Bush avait promis, au lendemain de l’élection de Barack Obama, que la transition s’effectuerait en douceur. Sauf que l’administration républicaine a poursuivi, à rythme accéléré, le travail sur une vingtaine de lois qui confrontent l’administration à venir. Celles-ci concernent notamment l’avortement, la sécurité des véhicules automobiles et l’environnement.
Le nouveau gouvernement en aura déjà pas plein les bras avec la situation dont il héritera et il lui faudra encore découdre ce que le précédent aura tissé pour l’embêter.

Bush a beau avoir trouvé chaussure à son pied et par la tête, il ne désarme pas si facilement.

Cette tradition américaine, inscrite dans la constitution, d’étaler sur deux mois et demi la période de transition entre l’élection d’un nouveau président et son entrée en fonction démontre ici assez bien ses limites et ses risques.

Le peuple se prononce
Devant sa volonté
Le vaincu ne renonce
De marbre sa pugnacité

mardi 16 décembre 2008

Québec et USA Charest l’a et Détroit ne l’a pas

Jean Charest jubile. Il l’a obtenu cette majorité tant souhaitée. Il l’a obtenue au prix d’une nette désaffection de l’électorat québécois qui a sans doute conclu au cynisme d’un premier ministre qui déclenche des élections contre sa volonté. La réaction attendue : un record d’abstention et une majorité très courte.


Vers la fin de la campagne, Jean Charest affirmait : cette élection est importante pour nous. Bien entendu ce « nous » se voulait l’ensemble de la population dans l’esprit du premier ministre, sauf que ça sonnait pour « nous candidats libéraux », tant il désirait sa réélection. Finalement, c’est fait, mission accomplie, même si l’électorat a voté en demeurant loin des urnes.

Un soufflet aux syndicats

Le sénat américain a rejeté, la semaine dernière, le plan de sauvetage de l’industrie automobile en invoquant que les travailleurs devaient puiser dans leur caisse de retraite afin d’acquérir des actions de leur employeur et de consentir à des réductions de salaires. La cible réelle des sénateurs républicains était la United Auto Workers - UAW (les travailleurs unis de l’automobile).

Diverses raisons ont motivé les sénateurs. Une première : la UAW est un partenaire actif du Parti démocrate. Elle a donné un coup de pouce financier à la campagne de Barrack Obama et mobilisé des milliers de membres à titre de bénévoles.

Une deuxième : la UAW est l’une des organisations syndicales les plus influentes des États-Unis et les états du sud du pays se présentent comme des milieux du droit au travail non syndiqué. Des lois antisyndicales, rendant presque impossible la syndicalisation, y ont été adoptées, notamment en Caroline du Sud. Ainsi, l’usine Saturn de General Motors n’est pas syndiquée.

Le professeur Richard Block de l’Université du Michigan, un expert en relations de travail, relève les vraies motivations des sénateurs : « Si la UAW, qui est perçue comme le syndicat le plus fort du pays, peut être contrôlée, cela peut envoyer un message à la grandeur du pays. »

Le sénateur Jim DeMint, Républicain de la Caroline du Sud ne cache pas ses intentions : « D’une année à l’autre, les dirigeants syndicaux ont placé leurs intérêts personnels au-dessus de ceux de leurs membres. Le Congrès ne devrait pas leur laisser autant de pouvoirs et il est maintenant temps de corriger la situation. »

Le sénateur républicain George Voinovich de l’Ohio, défenseur de l’industrie automobile, a reconnu que ses collègues ne veulent tout simplement pas venir en aide à la UAW. « Nous comptons de nombreux sénateurs originaires des états qui prônent le droit au travail (non syndiqué) et je pense sincèrement qu’ils n’ont aucune considération pour les travailleurs. »

Entre autres arguments, les sénateurs républicains soutiennent que les travailleurs de GM, Chrysler et Ford devraient accepter des conditions de travail similaires à celles des travailleurs de Honda et Toyota, par exemple. Or, d’une part, les structures salariales appliquées au Japon diffèrent radicalement avec celles qui s’appliquent en Amérique du Nord. Notamment, au Japon, les travailleurs jouissent d’avantages sociaux incomparables avec ceux de leurs collègues américains.

Par ailleurs, en 2005 et 2007, les employés des trois grands ont consenti de sérieux sacrifices dans leurs contrats de travail dans le but d’assurer la survie de leur entreprise respective.

Si les dirigeants de GM, Chrysler et Ford ont continué à mener grand train de vie (comme se rendre en jet privé aux audiences du Congrès qui se penche leur plan de sauvetage) et de poursuivre la construction de véhicules énergivores et mal adaptés aux attentes de leur clientèle, peut-on aujourd’hui en blâmer leurs employés?


Trois grands dans une auto souffreteuse
Espèrent l’arrivée de la dépanneuse
Qui tarde à répondre à l’appel lancé
Indisposée par la présence des passagers

jeudi 11 décembre 2008

Canada Retors conservateurs

Ignatieff mènera la coalition anti-Harper à la tête du Parti libéral du Canada. Mais jusqu’où pourra aller cette coalition? Le premier ministre Stephen Harper, en entrevue télévisée, joue à l’innocent qui ne comprend pas pourquoi une crise a éclaté à la suite de l’énoncé économique de son ministre des Finances.

Un énoncé économique qui, non seulement, ne contenait aucun plan pour affronter la crise amorcée mais encore venait amputer des droits déjà durement acquis. Ainsi en est-il du droit de grève, que ce soit pour des questions salariales ou pas, et de l’équité salariale.

Quand un gouvernement, d’autant plus s’il est conservateur, abolit le droit de grève de son personnel de la fonction publique c’est qu’il a en tête d’étendre la mesure au plus grand nombre, ce qui ne correspond pas à l’idée que les Canadiens et les Québécois se font de leur milieu de travail lorsqu’ils sont syndiqués. Le recours à la grève s’applique dans une faible minorité de cas lors des négociations patronales-syndicales au pays. Il est vrai que lorsque la situation survient, surtout dans le secteur public, les médias en parlent abondamment. Mais ce n’est pas une raison pour l’abolir.

Équité salariale

Après avoir liquidé la question du droit de grève, le ministre James Flaherty s’attaque à l’équité salariale, un gain majeur des femmes réalisé dans les années 80. Le ministre se veut inoffensif dans la formulation de sa proposition. « C’est pourquoi nous présenterons une proposition législative qui fera de l’équité salariale un élément à part entière de la négociation collective. »

Autrement dit, ne vous inquiétez pas, le principe de l’équité salariale est maintenu sauf que, dorénavant, ce sera négocié entre les parties à l’échéance de la convention collective.

Si la vie était aussi simple, il y a longtemps qu’on aurait adopté cette approche. D’abord l’équité salariale ne s’applique pas qu’aux employées syndiquées, mais à toutes les femmes en milieu de travail. Ensuite, c’est une question fort complexe qui exige une démarche minutieuse et une mécanique particulière pour arriver à fixer les balises nécessaires à l’avènement de l’équité salariale.

Si l’équité salariale devenait matière à négociation au même titre que toutes les autres questions salariales dans les négociations patronale-syndicales, surgirait inévitablement un clivage entre hommes et femmes membres du syndicat. En effet, les compensations qui seraient consenties aux femmes seraient incluses dans le calcul de la masse salariale ce qui pourrait limiter sensiblement les augmentations salariales consenties à l’ensemble, donc aux hommes et aux femmes qui ne font pas partis du processus d’équité salariale. Belle façon de torpiller un droit.

Par ailleurs, l’application d’une politique d’équité salariale est un processus qui exige des dizaines d’heures de recherche, d’analyse, de calculs… et le recours à des experts en la matière. De quoi décourager n’importe quel comité de négociation. Qui plus est, même dans le contexte actuel, les diverses commissions d’équité salariale sont obligées d’intervenir pour arbitrer les positions défendues par les parties.
Donc remettre l’équité salariale dans le cadre de la négociation traditionnelle des conditions de travail, ça revient à l’éliminer.

Le Canada, contrairement aux États-Unis, semble vouloir reculer de 25 ans, à l’époque où le reaganisme niait sans vergogne les droits des employés syndiqués. Et nos chantres conservateurs québécois, genre Denis Lebel du Lac Saint-Jean et Christian Paradis du Lac Mégantic, défendaient l’énoncé du ministre Flaherty, belle façon de défendre les valeurs partagées par les Québécois.

Il y a eu Reagan, il y a eu Bush, les Américains en ont eu assez. Et Obama prendra le pouvoir en janvier. Nous on a Harper. Aurons-nous aussi une coalition en face de lui le 26 janvier?


Défendre des droits
Devient obligation
Quand la menace un sournois
Qu’il soit ou pas de même confession

lundi 1 décembre 2008

Amérique latine La Russie de retour à Cuba; tête-à-tête Castro-Obama? Miracle!

Dans le sillage du passage de son homologue chinois, le président de la Russie, Dmitry Medvedev, a atterri la semaine dernière sur une des pistes de l’aéroport José Marti de La Havane.

Provocation face aux États-Unis ou contrition?

La Russie ne décolère pas face aux États-Unis qui piaffent d’impatience d’installer leurs bases anti-missiles dans des pays autrefois dans la sphère d’influence de l’Union soviétique. La Pologne, notamment, est dans la mire des Américains. Irascible sur la question, les Russes n’entendent pas se laisser damer le pion sans répliquer.

Une visite russe à Cuba et un nouveau partenariat au profit de l’île seront possiblement perçues comme un camouflet de provocation de la part des États-Unis.
Par ailleurs, pour les Russes, une telle reprise officielle de contact avec le régime cubain constitue probablement une façon de se faire pardonner les relations négligées à la suite de l’écroulement du régime soviétique au début des années 90. Ceci, sans compter qu’en 2001, sous la pression américaine, Moscou avait fermé, sans consultation ni préavis, la base de surveillance électronique de Lourdes où travaillaient 1500 ingénieurs et techniciens russes. Ce dernier épisode avait été interprété par le gouvernement cubain comme une illustration du manque de fiabilité des Russes.

L’ambassadeur de Russie à Cuba, Kikhail Kamynin, dans une entrevue au journal Gramma, a confirmé que la Russie allait négocier des accords d’investissements majeurs dans les domaines du pétrole et de l’exploitation du nickel présent dans le sous-sol cubain. De plus, la Russie consentira à Cuba un prêt de 335 millions $ pour l’achat de produits et services. L’an passé, le commerce entre les deux pays s’est élevé à 300 millions $.

Mais Cuba n’est pas la seule visite russe dans l’hémisphère sud. Le président Medvedev s’est également rendu au Brésil et au Vénézuéla. Il s’est aussi entretenu en tête à tête avec Evo Morales de l’Équateur et Daniel Ortega du Nicaragua.
À force de démoniser les gouvernements qu’il n’aime pas et leurs dirigeants, le président George W. Bush semble avoir laissé le champ libre à la concurrence.

Castro-Obama

Guantanamo pourrait devenir autre chose qu’un centre de détention, soit le théâtre d’une rencontre Obama – Castro, si le vœu émis par le président Raul Castro se réalisait.

Dans une entrevue accordée au magazine The Nation, par le biais du réalisateur et acteur Sean Penn, Castro s’est dit d’accord pour rencontrer le président Obama, après son entrée en fonction, le 20 janvier. Il souhaite que cet entretien ait lieu en terrain neutre : la base navale de Guantanamo. « Cela me donnerait l’occasion de remettre un présent à M. Obama, signale Raul Castro : qu’il rapporte avec lui le drapeau américain qui flotte sur la baie de Guantanamo. »

Barrack Obama, en campagne électorale, affirmait qu’il était prêt à dialoguer avec les autorités cubaines sans condition préalable et qu’il comptait lever, après le 20 janvier, les restrictions qui touchent les voyages familiaux et l’envoi d’aide financière à partir des États-Unis. Quant à l’embargo qui frappe l’île, les prisonniers politiques détenus par les autorités cubaines seraient la pierre d’achoppement d’une ouverture en ce sens.

« Laissez venir les Américains à Cuba », a lancé Castro à Sean Penn.
Sous George W. Bush, les Cubains vivant aux États-Unis se sont vu limiter à un voyage par trois ans leur séjour dans l’île.

Miracle en première

Un moine connu sous le nom de « frère des pauvres » a été béatifié samedi dernier à Cuba en présence de Raul Castro. Une première cérémonie de cette nature dans l’île cubaine. Il s’agit du frère Jose Ollalo Valdes membre de l’Ordre des hospitaliers de Saint-Jean-de-Dieu décédé en 1889 à l’âge de 69 ans.

Le pape Benoît XVI espère que l’événement va redonner de la vigueur à la pratique religieuse à Cuba.

Fidel doit en frétiller dans son ensemble de jogging : les Russes revenus à Cuba, une visite possible d’un président américain et le pape qui béatifie l’un des siens. Les voies du socialisme son parfois insondables.


Chasses et laisses la place
Dans le jeu des influences
Se perd la trace
Des politiques d’incontinence

lundi 24 novembre 2008

USA Des armes entre les mains des enfants et un sein en Cour suprême

Une journée comme les autres à l’école secondaire Dillard High School de Fort Lauderdale, jusqu’à au moment où, devant les casiers des élèves, une détonation retentisse. Une banale querelle entre deux adolescentes de 15 ans se termine par la mort de l’une d’elles.

Les médias ont bien évidemment rapporté l’événement en recueillant les informations provenant des policiers et les commentaires des autorités scolaires. D’où provenait l’arme à feu, quel était l’origine du conflit entre les jeunes filles, serait-il opportun d’installer des détecteurs de métal aux entrées des écoles… Sauf que, pas un mot sur le fait que l’ado ait eu une arme à feu en sa possession.

Etonnant? Oui et non. Il se trouve qu’aux États-Unis la possession d’une arme à feu fait partie d’une certaine culture. La Cour suprême, plus tôt cette année, a confirmé que les droits couverts par le second amendement incluaient la possession d’une arme. Le tout à la suite d’une longue bataille entreprise par la National Rifle Association (NRA) l’un des lobbies les plus influents du pays. Pour ne pas être en reste, l’état de la Floride a autorisé les employés à apporter avec eux leur arme au travail.

Avec cette toile de fond, en plus de la prolifération, de séries télévisées, de films et de jeux vidéo qui banalisent l’usage des armes à feu, est-il vraiment surprenant que la police et les directions d’écoles aient saisi pas moins de 3 000 armes dans les écoles secondaires au cours des quatre dernières années dans les seuls comtés de Broward et Palm Beach? Pendant l’année 2007-2008, 503 armes ont été saisies dans Broward et 315 dans Palm Beach.

Pour Marion Hammer, lobbyiste de la NRA pour la Floride, cette situation découle de la négligence parentale pas de la présence d’armes dans les domiciles. C’est court et c’est tout. Pas de problème avec la possibilité de se procurer une arme de poing dans n’importe quel « pawn shop » ayant pignon sur rue à tous les quarts de kilomètre sur certaines artères.

Pour la NRA posséder une arme est un droit fondamental, l’utiliser une responsabilité personnelle. Quant à l’expression « contrôle des armes à feu », elle doit être bannie du vocabulaire.

Le sein de Janet

Cela va de soi, il y a des sujets beaucoup plus sérieux dont il faut saisir la Cour suprême des États-Unis, comme cette amende de 500 000 $ imposée au réseau de télévision CBS et qu’un juge de la Cour fédérale de Philadelphie a annulé en juillet en invoquant que CBS ne pouvait être tenue responsable des agissements de Janet Jackson.

C’est en 2004, durant le spectacle de la mi-temps du Superbowl, que Janet Jackson avait montré ce sein qu’on ne saurait voir en heures de grande écoute. C’est vrai que devant le Superbowl, même un adulte américain s’infantilise.

Froissée, la Federal Communications Commission (FCC), par la voie du procureur général des États-Unis, en appelle de ce jugement devant la Cour suprême, cette nudité publique tombant sous le coup des interdictions fédérales en matière d’indécence.

La télévision pour la FCC : une place d’armes aux seins voilés.


Protection comme obsession
Hantise jusqu’à la bêtise
Emportées par la passion
Victimes de la sottise

mardi 18 novembre 2008

Les Amériques : convoitise de Pékin et la messe d'Obama

Oscar Arias, président du Costa Rica, recevait ce lundi le président chinois Hu Jintao, un an après avoir coupé les ponts avec Taïwan pour établir des relations diplomatiques avec la Chine. Le but de cette visite : conclusion d’un accord de libre-échange et de 11 accords de coopération.

L’étape costaricaine accomplie, le président de la Chine atterrissait à Cuba lundi soir « au milieu des vivats et des manifestations de joie de nombreux membres de la communauté chinoise à Cuba et de leurs descendants et d’une représentation d’étudiants de cette nation qui étudient l’espagnol dans l’île » (La Gramma, 18 nov.).

Dans une déclaration écrite, le président Jintao dit souhaiter la consolidation et le développement de l’amitié sino-cubaine. Il ajoute qu’il entend travailler de concert avec les Cubains à la création d’un avenir prometteur. Enfin, tout en rappelant le fait que Cuba a été le premier pays à établir des relations diplomatiques avec la Chine, le président de l’empire du milieu espère pour Cuba l’obtention de nouvelles avancées dans la construction du socialisme.

L’escale cubaine effectuée, le président chinois se dirige vers le Pérou où s’ouvre, le 22 novembre, le Forum de coopération économique Asie-Pacifique.

Cette tournée de la présidence chinoise s’inscrit dans la foulé du sommet du G20 de la fin de la semaine dernière à Washington où la Chine s’est montrée plutôt discrète, laissant le président Bush se dépatouiller dans le chaos économique provoqué par ses politiques de déréglementation. Il était en effet éloquent d’entendre le président sortant affirmer que les États-Unis n’étaient pas seuls dans cette crise et que les pays européens, plus réglementés, vivaient aussi des difficultés énormes. Cela va de soi, les institutions capitalistes européennes voyaient des occasions en or de faire fructifier leurs avoirs en puisant aux mêmes sources que les entreprises américaines. Aujourd’hui, les unes comme les autres risquent la noyade de s’être trop abreuvées.

Réserves chinoises

Discrètement mais sûrement, la Chine, pendant que la crise secoue le grand capital, joue de ses imposantes réserves financières, qui reposent sur autre chose que du « papier commercial adossé à des actifs » sans valeur, pour multiplier les visites économiques en Amérique latine. Le Vénézuéla, le Mexique, le Brésil, l’Équateur, l’Argentine et la Colombie, tous producteurs de pétrole ont signé des ententes d’investissement et d’exploitation avec la Chine dont la soif énergétique est insatiable. Même en état de ralentissement économique, la Chine connaît une croissance de 5% de son produit intérieur brut.

Cette offensive chinoise sur l’Amérique du Sud et l’Amérique centrale vient donner un joyeux soufflet à la doctrine Munroe affirmant, à la fin du XIXème siècle, que cette région était la cour arrière des États-Unis et que nul ne devait s’y substituer.

Il y a fort à parier qu’une fois qu’il aura quitté la Maison blanche, George W. Bush sera hanté dans ses rêves par la montée en influence de ses meilleurs ennemis : Castro, Chávez, Correa et compagnie, surtout s’ils peuvent compter sur le levier chinois pour raffermir leur pouvoir.

L’église d’Obama

Pendant que le président élu constitue, avec son équipe de transition, sa future équipe ministérielle et se familiarise avec ses dossiers en en dressant la priorité, le prestigieux journal Chicago Tribune spécule sur l’église que fréquentera la famille de Barrack Obama.

Sera-ce la Metropolitan Ame Church de la 16th Street où Bill Clinton s’était recueilli avant son entrée officielle à la Maison blanche? Ou encore la Shiloh Baptist Church qui prépare une cérémonie spéciale à l’occasion du 20 janvier et de la commémoration du décès de Martin Luther King Jr qui aura lieu la veille? Ou bien la United Church? Au moins le pasteur de cette dernière église a eu la lucidité de répondre qu’après tout cette décision revenait à la famille Obama et qu’elle devait être prise en toute sérénité.

Mais le reporter ne l’entend pas de cette oreille. « Les experts, dit-il, sont d’avis que cette question est d’intérêt public, que le président élu aime ou pas. » Des pasteurs souhaitent que le choix du président Obama fasse renaître chez les plus jeunes la foi religieuse. Derrière chaque religieux (catholique, protestant, islamiste, juif, hindouiste…) se profile le prosélytisme.

Et si le président élu se contentait d’être un président laïc, pas plus attaché à une quelconque religion qu’à n’importe quel autre lobby actif à Washington?


L’ogre sous sa botte
Laisse des traces profondes
Même écrasée la marmotte
Laisse sa marque sur la mappemonde

jeudi 13 novembre 2008

USA Le tour du proprio direct

Barrack Obama s’est mérité assez aisément la présidence des États-Unis. Au début de la semaine, en compagnie de sa conjointe Michelle, il faisait le tour du propriétaire de la Maison blanche. George W. et Laura ont reçu avec égard le couple qui leur succédera.

Si le nouveau président pourra emménager sur Pennsylvania Avenue, le 20 janvier, des centaines de milliers d’Américains ont déjà dû renoncer à leur propriété et ce n’est qu’à la mi-novembre qu’un plan de sauvetage s’appliquera pour rescaper sont qui sont, à leur tour, sur le bord de couler.

Ironique tout de même, les naufrageurs ont eu leur plan de sauvetage il y a déjà deux mois. Les naufragés auront maintenant le leur… trop tard pour plusieurs et sous des conditions qui en limitent passablement l’application.

Quelque 280 000 ménages américains, selon Realty Trac, ont reçu, en octobre, un avis de saisie, 5% de plus qu’en septembre. En outre, 84 000 propriétés ont été saisies en octobre. Pour le Nevada, cela signifie une maison sur 74 qui ont reçu un avis de saisie, en Arizona c’est une propriété sur 149 et en Floride une sur 157. Quatre villes de la Floride apparaissent dans le top 10 au niveau national: Cape Coral - Fort Meyers se situe au second rang, Miami au troisième, Fort Lauderdale au huitième et Orlanda au dixième.

Rien de trop beau

L’une des entreprises financières largement responsable de la crise pige dans la caisse et maintient son train de vie. AIG (American International Group) est l’un des concepteurs de ce « papier commercial endossé à des actifs » qui ont mené au désastre financier qui frappe maintenant à travers le monde. AIG est, de plus, la plus importante compagnie d’assurance des États-Unis.

Cette vénérable institution a été la première à passer au comptoir d’aide publique de 700 milliards $ adoptée par l’administration Bush en encaissant une somme de 140 milliards $. À peine un mois après cette mise à la disposition de prêts de secours, AIG avait requis les trois quarts de la somme. Mais voilà, cette ressource ne suffit pas.

Les contribuables américains achèteront, qu’ils le souhaitent ou pas, pour 40 milliards $ d’actions privilégiées d’AIG. Valeur de ces actions : nada.
Vous pourriez être portés croire que la mauvaise passe financière subie par AIG traumatise ses hauts dirigeants. Rassurez-vous, ils sont entre bonne mains, les leurs.

Afin de s’assurer que son personnel garde le moral et tienne à jour ses connaissances, l’entreprise a envoyé un contingent de sa haute direction au Pointe Hilton Squaw Peak Resort de Phoenix Arizona pour participer à un colloque, comme l’a découvert un journaliste de la chaîne ABC.

La direction d’AIG n’avait toutefois pas l’intention d’ébruiter l’événement. La direction de l’hôtel avait été avisée de ne mentionner nulle part (tableau d’affichage ou panneau indicateur) le nom de l’entreprise. Ce serait pour protéger le personnel participant qu’AIG a exigé cette discrétion, certains de ses employés ayant déjà été harcelés. Il y a de ces actionnaires et investisseurs vraiment incompréhensifs.

Le mois dernier, des enquêteurs du Congrès avaient révélé qu’un autre événement du genre s’était tenu en Californie auparavant.

La ville de Phoenix a probablement été retenue en souhaitant qu’AIG renaisse de ses cendres. Le colloque aura coûté 343 000 $ juste en frais d’hôtel, le président de la section Royal Alliance d’AIG, Art Tambaro, occupant une suite de deux étages. Évidemment, les participants se sont repus dans les restaurants chics des environs ne lésinant ni sur la qualité de la chère, ni sur la beauté de la robe des grands crus.

Outre Tambaro, le Hilton recevait le président et CEO Mark Schafly, le vice-président aux services conseils, Gary Bender, et le vice-président sénior, Stuart Rogers.

Où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir, c’est connu.
Obama aura sa maison, combien restera-t-il d’Américains pour en dire autant en janvier?


Trop en montrer, voilà l’indécence
Le premier pas franchi
Pourquoi limiter l’outrecuidance
En se préoccupant d’autrui?

lundi 3 novembre 2008

Québec Lise, Grand Prix et élections

-La bourse ou la vie!

-Les deux, réplique Lise, et mettez-moi une caisse de Dom Pérignon avec ça.

L’enquête de la GRC a coûté cher? Sans l’affaire Thibault, ces policiers auraient sans doute travaillé pareil. S’il fallait que la police cesse d’enquêter en raison des coûts, les tribunaux seraient déserts.

1, 2, 3 Legault

Normand Legault a perdu le Grand Prix du Canada et personne, semble-t-il, ne saura jamais pourquoi. Ses comptes, il les garde pour lui seul.

Sitôt connue la catastrophe de la perte de la course, le maire de Montréal, accompagné de deux ministres, un fédéral et un provincial, faisait vrombir les moteurs d’un Airbus ou un Boeing pour aller quémander chez Ecclestone. Le régent de la Formule un les a comme éconduit, si on comprend bien. Sauf que là encore on ne le saura jamais puisque le trio est revenu en déclarant qu’il n’allait pas étaler publiquement sa stratégie.



Si le Grand prix de Montréal est si important pour le milieu commercial de la métropole, comment se fait-il que les propriétaires d’hôtels et de restaurants n’ont pas encore offert de mettre la main dans leurs poches pour rescaper la course? Il faudrait bien sûr que ce soit le gouvernement qui injecte les fonds nécessaires. Ensuite, ce seront ces mêmes gens qui réclameront des baisses d’impôts, qui s’objecteront à l’augmentation du salaire minimum et exigeront la modification, à leur bénéfice, de la Loi sur la santé et la sécurité au travail. Enfin, ils plaideront probablement en faveur d’un gouvernement qui gouverne le moins possible.

Élections

Jean Charest déclenchera des élections : veut, veut pas. Les sondages indiquent que la population québécoise ne souhaite pas retourner aux urnes après y être passée trop souvent à son goût ces dernières années.

Solution à cette démobilisation électorale : des élections à date fixe et le scrutin à la proportionnelle.

Le scrutin à date fixe permet de connaître à l’avance le calendrier électoral sans prise par surprise des adversaires politiques et de l’électorat. Encore faut-il que le premier ministre qui prône ce genre de réforme soit le premier à la respecter; ne pas la « harperiser ».

La proportionnelle confirme à chaque électrice et électeur que son vote compte pour quelque chose dans le système. Voilà qui permet également de faire revenir l’électorat vers les urnes.


Cherche quoique tu trouves
Il te restera au moins un bien
Que tu éprouves
Le besoin d’aller plus loin

jeudi 30 octobre 2008

Mexique La corruption gangrène la société

La société mexicaine est gravement malade. La corruption s’est installée dans le mode de vie des autorités du pays et gangrène le tissu social.

Pendant que dans le nord ouest du pays, dans la région de Tijuana, les forces policières au plus haut niveau sont accusées de complicité avec le crime organisé, où les guerres de clans y ont fait jusqu’à maintenant des milliers de victimes, voilà qu’on apprend que le bureau du procureur général du pays aurait été infiltré, toujours par la mafia, et que même la section DEA (Drug Enforcement Administration) de l’ambassade américaine aurait aussi été la cible des espions.

C’est le procureur général lui-même qui a rendu publique cette situation. Eduardo Medina Mora a révélé que cinq employés de haut rang de son bureau d’enquête sur le crime organisé avaient été arrêtés et qu’il soupçonne qu’il y en ait toujours d’autres en poste.

En outre, un employé de l’ambassade américaine à Mexico, qui travaillait en liaison avec Interpol à l’aéroport de la capitale, aurait avoué qu’il avait transmis de l’information au sujet des opérations de la DEA.

Et ça ne s’arrête pas là, un haut fonctionnaire du ministère de l’Immigration vient d’être appréhendé en Arizona avec quelque 170 livres de marijuana dans son auto.
Pendant ce temps, le président Felipe Calderon continue de clamer qu’il poursuit la lutte contre les cartels criminels à l’origine du trafic de la drogue en y consacrant des sommes imposantes et en mobilisant des milliers de militaires et policiers dans l’opération.

Cible : immigrants

Comme la gangrène est un mal qui se répand, il n’est guère étonnant de constater que de simples policiers rançonnent les immigrants qui empruntent les routes mexicaines pour se rendre de leur pays d’Amérique centrale vers les États-Unis.

De fait, le sud est du Mexique est l’hôte chaque semaine de centaines de personnes originaires des pays d’Amérique centrale (Honduras, Guatemala, Belize) qui fuient leur pays à la quête du rêve américain. Trains de marchandises, autocars brinquebalants et passeurs servent de véhicules pour traverser le Mexique jusqu’à la frontière avec le Nouveau Mexique.

Mais voilà, les policiers mexicains connaissent fort bien les itinéraires empruntés par les migrants, les interceptent et les détiennent jusqu’à ce que ceux-ci leur remettent le peu d’argent qu’ils ont en poche pour pouvoir poursuivre leur chemin. Faute de payer en argent comptant, ces personnes paient de leur vie, soupçonnent les populations locales témoins des exactions policières.

Il y a quelques semaines, les citoyens du village de Rafael Lara Grajales n’ont pas hésité à affronter la police locale qui avait séquestré des immigrants illégaux. Ces citoyens expliquent leur geste en arguant qu’eux-mêmes ont des proches qui vivent maintenant aux États-Unis en ayant passé illégalement la frontière. « Nous ne voulons pas que nos parents vivent la même situation que ces gens à la recherche de la liberté. »

La liberté n’est pas qu’une marque de yogourt, comme l’a écrit Falardeau, non plus qu’une statue, mais souvent un rêve susceptible de tourner au cauchemar.

Rien que d’y penser
Et d’en chercher la route
Fait indubitablement saliver
Jusqu’à en balayer tout doute

mercredi 22 octobre 2008

USA Participation électorale accrue?





La Floride est l’un des états « à bascule » (swing state) sur lequel un candidat à la présidence doit s’appuyer s’il aspire à la victoire. Or, pour la première fois de l’histoire, la liste électorale du comté de Broward (Fort Lauderdale – Hollywood) comptera cette année plus d’un million d’inscrits, rejoignant de la sorte le comté de Miami – Dade, au moment où s’enclenche le vote par anticipation. Au total la Floride compte 11,2 millions d’électeurs, dont 4,72 millions apparaissent à la liste démocrate contre 4,06 millions dans le camp républicain.

Voilà qui indique un intérêt électoral accru des Américains. Et cette croissance est nettement favorable au camp Obama qui a, ces dernières semaines, effectué un blitz d’inscription des nouveaux électeurs en les sollicitant aux portes des bars à la mode, des événements culturels, des concerts, des rassemblements sportifs…
Dans la foulée de cette offensive sur le terrain, il n’est donc pas surprenant de constater que le nombre de démocrates enregistrés sur la liste électorale a augmenté de 17 %, tandis que la liste républicaine ne s’est allongée que de 6 %.

La Floride, avec ses 27 grands électeurs sur les 538 que comptent l’ensemble des États-Unis, est un état-clé qui fait la différence entre une victoire et une défaite pour un candidat présidentiel. On se rappelle qu’en 2000 une poignée de votes non comptabilisés a permis à George W. Bush de remporter l’état et la Maison blanche. De fait, les grands électeurs sont tenus de voter en bloc en faveur du candidat qui remporte la majorité, si mince soit-elle.

Cette semaine (du 19 octobre) d’ailleurs Hilary Clinton et Barrack Obama ont visité plusieurs villes de la Floride dont Fort Lauderdale pour Mme Clinton lundi et Miami pour M. Obama mardi.

Les couteaux volent bas

Lors du dernier débat entre les candidats à la présidence, le mercredi 15 octobre, John McCain aura encore réussi à lancer à son adversaire un pétard mouillé qu’il croyait être de la dynamite. En effet, McCain s’est servi d’un incident survenu en Ohio où un « plombier », surnommé Joe, a apostrophé Obama en le blâmant pour vouloir hausser les impôts des citoyens qui déclareront plus de 250 000 $ de revenus, ce qui pourrait être son cas s’il achète l’entreprise pour laquelle il travaille.

Sauf que le Joe en question s’appelle Sam, n’est pas plombier, travaille au noir et n’a pas les moyens de s’acheter quelque entreprise que ce soit. Qui plus est, lundi dernier il a avoué que tout ce qu’il a dit était faux. Ça n’aurait rien d’étonnant que « Joe the plumber » ait été téléguidé par les fins stratèges de McCain.

Au cours de ce débat également, Obama a souligné la campagne bassement personnelle dont il est l’objet de la part des Républicains. Notamment en ce qui a trait à ses supposés liens avec Bill Ayers, un militant subversif des années 1970. Obama aura beau rappeler qu’il n’avait que huit ans au moment des agissements de Ayers, McCain ne désarme pas. Au point où même des Républicains réclament de McCain qu’il cesse ce genre d’attaque. Toutefois, en Floride les téléphones continuent de sonner pour faire entendre un message enregistré supposant des liens étroits unissent Obama et Ayers.

Candidats locaux

Les candidats républicains locaux ne sont pas en reste non plus. Ainsi, Lincoln Diaz-Ballart (candidat au Congrès dans le district 21 à Miami et cousin de Fidel Castro), dans sa publicité télévisée, dépeint son adversaire Raoul Martinez comme un fraudeur en ajoutant : Washington est assez corrompue comme ça, on n’a pas besoin de Martinez en plus. Diaz-Ballart sait de quoi il parle, il est dans la capitale depuis 16 ans et il a déjà été accusé de trafic d’influence.

Libre-échange à tout prix

Revenons au débat avec un autre sujet d’intérêt : le libre-échange. McCain monte encore au créneau pour dénoncer l’intention d’Obama de revoir les accords de libre-échange, notamment celui avec le Canada et les États-Unis, et exprime son dépit de constater que le candidat démocrate ait refusé de voter en faveur d’un tel accord avec la Colombie (entrée en vigueur depuis près de deux ans), lequel, selon lui, permettra d’endiguer le commerce de la drogue.

Obama a rétorqué qu’un accord de libre-échange devait comporter des avantages pour toutes les parties en cause et également tenir compte de question tels les droits de la personne et l’environnement (sables bitumineux de l’Alberta?).

Manque de pot pour M. McCain, dès le jeudi suivant le débat le groupe américain de défense des droits de la personne, Human Rights Watch , déplore l’inaction du gouvernement colombien d’Alvaro Uribe face aux forces paramilitaires que l’organisation décrit comme un réseau du même type que la mafia mis sur pied par des militaires, avec la complicité des politiciens, des officiers de l’armée, des gens d’affaires et des propriétaires terriens.

L’organisme de défense des droits de la personne note que la création des groupes paramilitaires remonte au début des années 1980 à la suite d’une alliance des propriétaires terriens et des barons de la drogue pour combattre les FARC (le Forces armées révolutionnaires de la Colombie). Il ajoute que le gouvernement fait tout en son pouvoir pour mettre des bâtons dans les roues de la cour suprême du pays qui souhaite enquêter sur ces groupes d’extrême-droite. Donc, loin de juguler le trafic de la drogue, l’aide commerciale au gouvernement Uribe contribue plutôt à la protection des trafiquants de coke.

Tendance auto-destructrice?

Si John McCain persiste dans les 20 jours à venir à cultiver la calomnie, le mensonge et le faux-semblant pour contrer son adversaire démocrate, il devient évident qu’il se tire franchement dans le pied et plus ça va, plus l’écart, dans les sondages, s’accroît en faveur de Barrack Obama. Un clou dans le cercueil de McCain? Colin Powell, le manipulé de George W. face à l’O.N.U., apporte son appui à Obama.
Si le comportement de McCain et de ses stratèges suscite un regain participatif au scrutin, tant mieux pour la démocratie. A-t-on atteint les limites de la publicité négative? À voir!

La bouée pour surnager
La mer démontée malmène
Vouloir la mater
Mène à la géhenne

mardi 14 octobre 2008

Cuba Bush n’en démord pas

À cent jours de la fin de ses deux mandats présidentiels, George W. Bush s’est pointé dans la région de Miami afin de collecter des fonds au profit du Parti républicain et, tant qu’à être là, il s’est invité, en privé, auprès du mouvement anticastriste omniprésent dans le sud de la Floride.



Devant une partie de la communauté cubaine qui souhaite une levée temporaire des restrictions de visites d’Américano-cubains vers l’île dans le but d’aider leurs familles qui peinent à se remettre du passage des ouragans Gustave et Ike, Bush est demeuré imperturbable.

Pas moins de 443 000 demeures ont été endommagées par les tempêtes, dont 63 000 ont été entièrement détruites. Déjà, Cuba accusait un déficit de 600 000 logements par rapport à ses besoins. L’objectif de construire 100 000 nouveaux logements par année a été abaissé à 50 000 en raison des dégâts causés par les ouragans.

L’embargo américain face à l’île des Antilles constitue un obstacle de taille pour parvenir à solutionner la crise du logement. La proximité des États-Unis et l’abondance de matériaux disponibles permettraient d’atténuer la crise. Justement, voilà qui réjouit le président américain qui commente ainsi : « Notre gouvernement a été très clair quant à sa stratégie qui se résume par… nous modifierons notre stratégie face à l’embargo quand le gouvernement de Cuba laissera la population de Cuba s’exprimer librement. » Stratégie d’abord, compassion ensuite.

Un nouvel état socialiste

La crise financière qui plombe les grands marchés argentiers amène les États-Unis et son gouvernement ultraconservateur vers un nouveau sentier : le socialisme; les fonds publics venant à la rescousse de la haute finance. Même que les observateurs, qui sont loin d’être animés par l’esprit gauchiste, osent même prononcer le mot honni entre tous dans le monde capitaliste : nationalisation.

Le New York Times souligne ainsi : « Le nouveau plan qui consiste à acquérir des actions des banques, ce qui est devenu l’objectif prioritaire de l’administration (Bush), s’approche le plus d’une nationalisation partielle du système bancaire depuis la Grande dépression. En contrepartie de cette injection de capital, le gouvernement exigerait quelque chose comme une participation minoritaire non votante. »

Expropriation : pire que la recette Chávez

Vraiment une position minoritaire non votante? Pourtant, ce n’est pas ce qui s’est passé avec AIG (American International Group) le plus important assureur et réassureur des États-Unis. Pour en éviter la faillite, le gouvernement américain a consenti un prêt pour le secourir en retour de quoi il acquiert 79 pour cent de l’actionnariat. Un prêt implique un remboursement. Autrement dit, une fois remboursé, le trésor public demeurera propriétaire de l’entreprise. Cette manœuvre peut être facilement assimilée à une expropriation.

L’économiste Jacques Lordon, dans la dernière livraison du Monde diplomatique, ironise ainsi : « À côté d’eux (Paulson, secrétaire au Trésor, et Bernanke, président de la Réserve fédérale) le président vénézuélien, Hugo Chávez, est un pantin libéral vendu au grand capital : lui paye quand il nationalise! »

En huit ans, George W. Bush aura fait un tour de piste remarquable : deux guerres, des baisses d’impôts rendant exsangue le trésor public, des déficits à répétition, une dette se chiffrant dans les trillions de dollars, un écroulement du système financier fruit de politiques néolibérales dénuées de toute réglementation, des nationalisations et même de l’expropriation.

Des frissons au Canada et au Québec

Dans ce contexte, il est assez distrayant d’entendre la suave économiste associée Dominique Vachon de l’Institut économique de Montréal qui martèle : non, non et non, le sauvetage des banques américaines, ce n’est pas de la nationalisation, ce n’est qu’une prise de participation minoritaire. Cachez ce sein que je ne saurais voir, dirait Maxime Bernier qui est passé par ce même Institut économique.

Et Clément Gignac, économiste en chef de la Banque nationale, de seriner : il n’y a rien là, le système bancaire canadien est le meilleur au monde, soyez patients la situation se rétablira.

Si ça va si bien dans les milieux bancaires, où sont passés les milliards de dollars de profits mirobolants engrangés ces dernières années par les banques? Pourquoi leur faut-il 25 milliards $ en rachat d’hypothèques par la SCHL? Craint-on, qu’à bout de nerfs, un mouvement généralisé n’en vienne à exiger une inspection fouillée de leurs livres de compte?

En passant, où sont les économistes progressistes pour commenter la crise en cours? Disparus des écrans, des micros et des journaux. Les radiodiffuseurs, public et privé, et les éditeurs préfèrent-ils manipuler la question en rassurant la population ou sont-ce ces spécialistes qui se terrent dans leur chaire universitaire?

Avant d’injecter ces milliers de dollars dans les divers secteurs financiers, qui a pensé d’aller lorgner du côté des paradis fiscaux?

Toute la foudre du ciel
S’abattra sur nos têtes
Que nous ferons notre miel
Du profit de la quête

mercredi 8 octobre 2008

Haïti, USA, Canada Les astres alignés sur le désastre

Fay, Gustave et Hanna ont laissé la dévastation derrière leur passage le mois dernier. Aux Gonaïves : 700 morts, 165 000 sans-abri et 50 000 acres de terres agricoles délavées. Face à la catastrophe, le président René Préval n’a guère d’autre choix que de réclamer l’aide internationale pour épauler son gouvernement.

Proche voisine, la Floride, terre d’accueil d’une importante diaspora haïtienne, est une destination normale pour le président et une surprise l’y attendait en ce début d’octobre. Le comté de Broward, dont l’axe urbain se situe à Fort Lauderdale-Hollywood, met à la disposition du pays 600 classes d’école pré-usinées dont le conseil scolaire n’a plus besoin. La direction scolaire affirme que ces installations seront purement et simplement démantelées et envoyées à la casse si elles ne trouvent pas preneur.

Reste qu’il faut que ces locaux soient acheminés à destination. Le président Préval a profité de l’intervention d’un membre de la Chambre des représentants au Congrès, le démocrate Kendrick Meek, auprès du directeur du port de Miami et de la direction d’une flotte de cargo, pour assurer l’acheminement des 600 structures vers Haïti. D’autres installations semblables seraient disponibles ailleurs en Floride, mais le président Préval devra amasser les fonds nécessaires pour les transporter.

Où trouver les fonds?

Les astres ne sont toutefois pas alignés en faveur d’Haïti. Après les ouragans, le cyclone de la crise économique mondiale ne laisse guère de marge de manœuvre à la communauté internationale pour donner un coup de main financier à Haïti. Une suggestion : le gouvernement américain pourrait peut-être récupérer 50 % des 350 millions $ en sept ans que s’est octroyé le PDG de la Lehman Bank en faillite, Richard Fuld Jr. et consacrer ces sommes au pays le plus pauvre de l’hémisphère.

Un Québec silencieux?

Dans son édito du 4 octobre, André Pratte conclut en affirmant : « Il n’y a qu’un lieu où nous continuons à nous satisfaire du rôle de simples spectateurs : Ottawa ». Pratte vise bien entendu la présence du Bloc québécois aux Communes.



Il rejoint, ce faisant, les allégations des conservateurs, en début de campagne, à l’effet que les députés du Bloc ne contribuent en rien à la défense du Québec. Étrange. Pendant ce temps les Conservateurs ne présentent aucun candidat contre André Arthur dans Portneuf, un député indépendant. Il faut comprendre que la hyène de la radio enrichit les débats, Arthur ayant appuyé le gouvernement au cours des deux dernières années.



Le premier ministre Jean Charest, de son côté, adresse ses doléances aux partis fédéraux et Harper l’envoie paître. Mario Dumont, le coq du Bas du fleuve, incite M. Charest à se taire puisqu’il peut nuire au Québec en minant les chances d’élection de députés conservateurs susceptibles de devenir ministres, ce qui affaiblirait le Québec. C’est vrai que des ministres québécois forts au cabinet, ça sert vraiment le Québec. Pensons à Maxime Berné!

André Pratte et Mario Dumont estiment donc qu’il vaut mieux à Ottawa un Québec muselé. Le silence serait d’or? Dors Québec!

Submergée, la terre se noie
L’appel à l’aide reste vain
Point de crise tais-toi
Et reste sur ta faim

jeudi 5 juin 2008

Répit



Le blogue Carnets d’Amériques se permet une pause estivale souhaitant vous retrouver au temps des pommes mûres et des feuilles rougissantes.

- Automne qui nous mets du plaisir dans le sang,
Qui nous berces, pareil à la bonne nourrice,
Jusqu’à ce que notre âme en tes bras s’assoupisse,
Je t’aime d’un amour sensuel et païen!


Albert Lozeau (À l’automne)

USA Il a cassé la baraque, Obama


« Ce n’est que lorsque la race, la couleur, le sexe et la condition sociale seront considérés comme des facteurs secondaires, et non comme la substance même de la vie, que la parole de la femme sera entendue, que la cause de la femme sera gagnée. »

Née esclave en 1858, Anna Julia Cooper, auteure de ces lignes, aura vécu assez longtemps pour assister aux débuts des mouvements en faveur de l’émancipation des noirs et des femmes, avant s’éteindre en 1964.

Les démocrates auront eu le mérite de réaliser le souhait prophétique de Mme Cooper. Sur la dizaine de candidats à la ligne de départ, dont certains de fort influents au sein de leur parti (Edwards, Richardson), ils auront rapidement opté en faveur de Clinton et Obama. Dès lors, la population savait que se jouait un moment historique du parcours politique des États-Unis. Le Parti démocrate serait représenté par une femme ou un noir lors de la présidentielle 2008. Et cette distinction, sexe ou couleur, à quelques exceptions près, n’a jamais été un sujet de débat, les idées défendues par l’un et l’autre candidat prévalant.

Finalement, après une campagne marathon, Barack Obama passait, le 3 juin, le cap des 2 118 délégués (2136,5 contre 1915,5 pour Clinton) nécessaires pour assurer son élection lors du congrès national du Parti démocrate qui aura lieu fin août à Denver au Colorado.

Autre fait remarquable de cette campagne à l’investiture démocrate : le taux de participation. Plus de 35 millions de personnes auront exprimé leur choix lors de ces primaires et caucus. Dans un pays où la participation à l’élection générale plafonne autour de 35 pour cent, mobiliser plus de 10 pour cent de la population pour l’investiture d’un parti, c’est exceptionnel.

Sommes-nous témoins d’un moment plus profondément historique de l’évolution des États-Unis qu’il n’y paraît au premier abord? Les misogynes et racistes seraient-ils disparus de la composition démographique de ce pays? Le fait est qu’ils n’ont pas osé se manifester trop ouvertement à l’occasion de cette campagne. Mais sera-ce le cas lors de l’élection générale? Les auditoires des Howard Stern, Rush Limbaugh et autres poubelles médiatiques, se seraient-ils évaporés? Si oui, enfin!

Il ne se peut pas, que j’aie
Attendu l’aurore en vain.
Il faut qu’il y ait, pour moi,
Le commencement, aussi,
De quelque chose…


Jean-Aubert Loranger (Moments)

vendredi 30 mai 2008

Mexique La guerre sévit


C’est une véritable guerre civile qui a cours présentement au Mexique. Plus de 4 000 personnes sont mortes depuis un an et demi dans des affrontements entre la police et l’armée face aux cartels de la drogue.

Dès son arrivée à la présidence du pays, en décembre 2006, Filipe Calderón a annoncé qu’il allait mettre fin au pouvoir des cartels de la drogue qui, au fil des années, ont infiltré tous les paliers du pouvoir, politique, financier, policier et militaire.

Début mai, par exemple, le commandant de la police fédérale, Édgar Millán Gómez a été tiré à bout portant en arrivant à son appartement. Pourtant, ses déplacements, tout comme son emploi du temps, étaient gardés secrets. Il dormait à différents endroits tous les soirs, ne se rendant dans sa résidence de fonction que sporadiquement. Il semble que le tueur ait été embauché par un officier de la police fédérale lié au cartel de Sinaloa. C’est lui qui lui aurait remis les clés de l’appartement en l’informant du moment où le commandant s’y rendrait.

L’état de Sinaloa est situé au nord-ouest du pays sur la frontière des états américains de l’Arizona, du Nouveau-Mexique et du Texas. Les cartels de la drogue y opèrent principalement dans les villes de Nuevo Laredo, de Juárez et, dans l’état voisin de Baja California, à Tijuana.

Pour soutenir les efforts du président Calderón à l’encontre des cartels, l’administration Bush soutient que le Congrès doit voter d’urgence une somme 1,4 milliard de dollars en équipement et centres d’entraînement à l’intention de la police mexicaine. Il va de soi que les États-Unis sont préoccupés par l’activité des cartels, la drogue traversant la frontière pour se retrouver dans les rues des grandes villes du pays.

Démission généralisée

Le président Calderón a mobilisé jusqu’ici pas moins de 20 000 policiers et soldats pour combattre les barons de la drogue qui ne reculent devant rien pour intimider l’ennemi. Ainsi, en début d’année, à Juárez, une liste de 22 officiers de police a été affichée sur un monument à la mémoire des policiers morts en service les prévenant qu’ils allaient être assassinés s’ils ne cessaient pas leur travail. De fait, sept d’entre eux ont été victimes d’attentats et en sont morts, trois ont été blessés. Les autres, sauf un, ont remis leur démission dont le chef de police de Juárez après l’exécution de son adjoint.

Comment se fait-il que malgré des effectifs aussi imposants et l’aide du voisin américain, il soit impossible de neutraliser les cartels? L’économie du Mexique bat de l’aile. Les délocalisations vers les pays émergents se succèdent, laissant dans leur sillage du chômage. La corruption a toujours eu cours au Mexique dans les milieux politiques, financiers et policiers. Les touristes qui louent une voiture en savent quelque chose lorsqu’ils se font intercepter par la police pour des broutilles et qu’ils s’en sortent en glissant quelques pesos dans la poche de l’agent zélé.

Les cartels de la drogue peuvent opérer parce qu’ils ont un marché gigantesque à portée de la main, des moyens d’approvisionnement (culture et transformation) et une main d’œuvre d’autant plus disponible que le chômage augmente. La répression, dont les moyens croissent sans cesse, ne semble guère efficace. Quelle est donc la recette qui permettra de mettre fin au trafic des drogues? D’abord un assainissement des mœurs, de part et d’autre des deux mille milles de frontière entre le Mexique et les États-Unis? Et de l’emploi?

Verser quelques gouttes de miel,
Comme une divine ambroisie,
Dans la coupe pleine de fiel
Qu’à nos lèvres offre la vie!


Moïse-Joseph Marsile (Les abeilles)

vendredi 23 mai 2008

Le NPD À l'assaut du Québec


Capitaine Jack et son lieutenant québécois Thomas lanceraient le NPD à l’assaut du Québec dans le but de gruger dans l’électorat du Bloc québécois.

C’est la conclusion à laquelle en arrive le journaliste de La Presse en constatant que le duo avait assisté à une soirée pour souligner le 25ème anniversaire du Fonds de solidarité de la FTQ. Selon le reporter, « l’objectif de cette visite des deux ténors du NPD visait à souligner l’anniversaire, mais aussi à rappeler aux dirigeants de ce syndicat que le NPD est un parti qui défend les intérêts des travailleurs syndiqués à Ottawa ».

Le lieutenant Mulcair a affirmé avoir reçu un accueil d’autant plus chaleureux que Michel Arsenault, le nouveau président de la FTQ, souhaitait se faire photographier avec le capitaine Layton.

Cependant, selon la porte-parole du Bloc québécois, les deux mousquetaires seraient arrivés sur place en retard pour quitter trois quarts d’heure après, puisqu’ils n’étaient pas invités au cocktail des invités d’honneur.

Pour étayer son assurance de percer au Québec, Thomas Mulcair soutient être allé chercher 70 pour cent du vote du Bloc à l’élection partielle qui l’a conduit aux Communes.

Optimisme candide ou constat réaliste?



Les dirigeants du Fonds de solidarité de la FTQ sont des gens polis. Ils n’allaient sûrement pas ignorer la présence d’un chef de parti politique et de son unique député québécois. D’autant que la FTQ est une fédération du Congrès du travail du Canada (CTC) qui appuie, élection après élection, en ressources humaines et financières, le NPD. Que le NPD épouse les positions syndicales face à la caisse de l’assurance emploi ou à un projet de loi anti briseurs de grève, par exemple, n’a rien d’exceptionnel.

Par ailleurs, le nouveau président de la FTQ, Michel Arsenault, a travaillé pendant cinq ans au siège canadien des Métallurgistes unis d’Amérique (les Métallos) à Toronto, à l’époque où, notamment, Jack Layton était maire de la ville. Il n’est pas étonnant que tous deux posent pour la postérité.

La FTQ, toutefois, a toujours eu les coudées franches, en matière électorale, par rapport au CTC. Pas question d’accrocher son wagon partisan à celui de la locomotive de l’organisation pan canadienne. Polie oui, mais c’est tout.

Pour se faire élire, Thomas Mulcair a choisi Outremont, un château fort… libéral. Dans l’état où étaient les troupes libérales au Québec au moment de cette élection partielle, il y a fort à parier que même Léo-Paul Lauzon y aurait été élu si sa santé le lui avait alors permis.

Le premier député québécois du NPD de l’ère moderne s’était aussi fait élire dans une élection partielle dans Chambly en 1990. Philip Edmonston a vite fait de tirer sa révérence dépité des positions de son parti face au Québec et à ses revendications.

Car, il faut bien le rappeler, le NPD est un parti fédéraliste centralisateur. Très centralisateur. Autant sinon plus que le Parti libéral du Canada. Rappelons également que l’accord du lac Meech a coulé à la Chambre des communes grâce au vote d’un néo-démocrate de l’ouest.

En absence du Bloc québécois à Ottawa, où iraient les revendications du Québec? Une chose est sûre, il ne faudrait pas compter sur le NPD pour les défendre. Les députés québécois du parti seraient vite rabroués par leurs collègues des autres provinces.

Une percée néo-démocrate au Québec n’aura de chance de se produire que le jour où l’aile québécoise aura fait adopter en congrès national une autonomie suffisante qui lui permette de se démarquer de la politique centralisatrice du parti. Cela signifie que l’aile québécoise pourrait porter des revendications non partagées par les députés des autres provinces et que ceux-ci pourraient voter contre. Autrement dit, le Québec n’aurait guère progressé.

Que le NPD continue de défendre l’indépendance canadienne; ce qu’il sait bien faire! Qu’il continue de porter les causes du milieu du travail canadien; ce qu’il réussit! Pour ce qui est du Québec, l’électorat québécois sait qui et quoi il veut à Ottawa.

Grisés par les parfums qui montaient du gramen,
Nous avions modulé, d’une voix un peu haute,
L’hymne dont un baiser est quelquefois l’Amen.


Pamphile Lemay (Candeur)

vendredi 16 mai 2008

Floride Allstate perd de l’assurance


Les législateurs floridiens ont eu raison d’interdire à Allstate de vendre toute nouvelle police d’assurance jusqu’à ce que la compagnie soumette aux parlementaires tous les documents requis par le comité spécial mis sur pied pour analyser le marché des assurances. Ainsi en a décidé la cour d’appel de la Floride.

Si, comme le veut le slogan publicitaire d’Allstate « vous êtes entre bonnes mains » quand vous achetez une police d’assurance de cette entreprise, l’état de la Floride croit plutôt qu’elle les a trop longues et qu’elles nourrissent un appétit financier trop grand. Résultat : en janvier dernier, l’état ordonnait à la compagnie d’assurance et à ses filiales de cesser de vendre ses polices. Tout de même étonnant au pays par excellence du libre marché.

Les démêlés d’Allstate avec la législature de Thallahassee, capitale de la Floride, remonte au mois de janvier 2007, alors que le parlement adoptait une loi qui permettait à l’état d’avancer des fonds afin d’amortir les coûts de réassurance que devaient supporter les compagnies d’assurance en sol floridien à la suite des huit ouragans survenus en 2004 et 2005. Ce faisant, les législateurs réclamaient des assureurs qu’ils diminuent leurs primes de 25 pour cent.

Non seulement Allstate n’a pas réduit le coût de ses assurances, elle les a même augmenté de 10 à 50 pour cent dans certains cas. Devant ce constat, les élus de la Floride ont formé un comité spécial du sénat pour étudier la question. Celui-ci a fait comparaître toutes les compagnies d’assurance opérant dans l’état en visant tout particulièrement Allstate. Le comité a réclamé, entre autre chose, la production de toutes les pièces pouvant expliquer la réduction ou l’augmentation du prix des polices d’assurance, que ce soit en automobile ou en résidentiel.

Allstate a expédié au comité 150 000 pages de documents, espérant de la sorte submerger les parlementaires et paralyser leurs travaux. C’était sans compter sur la pugnacité des sénateurs. Ceux-ci ont dépouillé cette volumineuse documentation pour constater qu’essentiellement il s’agissait d’information déjà publique, une bonne partie apparaissant même sur le site Internet de l’entreprise. Les représentants d’Allstate, pointés du doigt, ont expliqué que l’information qui n’apparaît pas au dossier est confidentielle et ne peut être rendue publique car elle comporte des secrets commerciaux.

Des sénateurs têtus

Les sénateurs ne l’ont pas entendu de cette oreille et ont exigé du Bureau de réglementation de l’assurance qu’il retire à Allstate ses permis d’opération en Floride. Il va de soi qu’Allstate a répliqué en s’adressant au tribunal pour faire casser l’ordonnance. La Cour d’appel de la Floride vient de rendre sa décision en reconnaissant que les sénateurs ont raison et qu’ils peuvent prononcer l’interdit à l’endroit d’Allstate.

Non satisfaite de narguer les élus de la Floride, Allstate a affiché, pour l’année 2007, des bénéfices record de l’ordre de quelque cinq milliards de dollars qu’elle a versés sous forme de dividende à ses actionnaires plutôt que d’en faire profiter ses assurés.

L’attitude des sénateurs de la Floride constitue sans doute une première dans le monde de l’assurance, et ce, d’autant plus que ce sont les Républicains qui sont au pouvoir sous la houlette de Charlie Crist, gouverneur de l’état. L’intervention de l’état dans les affaires commerciales est loin d’être monnaie courante aux États-Unis. Il fallait que la coupe soit pleine pour qu’une intervention de la sorte survienne.

Allstate, par son comportement, illustre bien l’attitude courante des compagnies d’assurance : collecter les primes, ça va; verser des indemnités, le moins possible.

D’autre part, le courage politique démontré par les élus de la Floride devrait inspirer leurs homologues de Washington face aux pétrolières qui forent, extraient l’or noir, le raffinent puis se le vendent sous forme d’essence avec des profits faramineux.

Du plus haut des nuées, du pôle des espaces,
Ils descendront d’un vol éclair les grands rapaces,
Ils fondront sur le Corps au signal de leur faim
Mieux qu’un homme excité par le tourment du vin.


Gustave Lamarche (L’assemblée des aigles)

vendredi 9 mai 2008

Paraguay Rupture avec 61 ans d’un régime corrompu



Le pape Benoit XVI a quitté l’Amérique en avril sans même jeter un coup d’œil du côté du nouveau président élu du Paraguay, Fernando Lugo. L’église catholique romaine, n’a jamais apprécié l’émergence de la théologie de la libération dans les années 1970 en Amérique latine. Le pape a donc choisi d’ignorer l’élection d’un ancien évêque qui a démissionné de ses fonctions pour briguer les suffrages lors de la présidentielle du 20 avril.

Ce pays vit un épisode sans précédent. C’est la première fois, depuis son accession à l’indépendance, en 1811, que le Paraguay connaîtra un régime politique librement élu à la suite d’une campagne électorale menée par un parti d’opposition contre le régime en place.

Depuis 1957, le Parti Colorado a dominé le paysage politique paraguayen, dont 35 ans sous la férule du général dictateur Alfredo Stroessner au pouvoir de 1954 à 1989. La recette imaginée par le Parti Colorado pour accaparer le pouvoir pendant tout ce temps : se constituer un noyau de loyaux supporteurs rouages d’un système de patronage qui ne faisait aucune distinction entre le gouvernement et le parti, le tout soutenu par une armée à la solde de ce même parti.

Fernando Lugo, qui entrera en fonction le 15 août prochain, a fait campagne en prônant la renégociation avec le Brésil et l’Argentine de contrats de fourniture d’énergie et une équitable distribution des terres entre les paysans. Le Brésil a déjà signifié une fin de non-recevoir quant à la révision des contrats en hydro-électricité et les 500 000 Brésiliens d’origine qui exploitent la culture du soya au Paraguay n’entendent pas se laisser déposséder. La tâche qui attend Fernando Lugo ne sera donc pas de tout repos.

Autre rupture

L’élection de Fernando Lugo s’inscrit dans la foulée d’une suite de ruptures des pays d’Amérique latine avec des pouvoirs autoritaires : Chavez au Venezuela, Bachelet au Chili, Correa en Équateur, Garcia au Pérou; et les voisins immédiats : Morales en Bolivie, Lula au Brésil et Kirchner en Argentine. Ce remue-ménage politique n’est pas sans inquiéter les grandes entreprises installées dans ces pays, surtout quand ces nouveaux dirigeants fréquentent le gouvernement cubain.

Il va sans dire que Fernando Lugo a du pain sur la planche. Le revenu annuel moyen par habitant est de 4 000 $ au Paraguay, la pauvreté touche 43 pour cent de sa population de 6,8 millions de personnes et 13 pour cent de la main d’oeuvre est au chômage. Il devient évident, dans un tel contexte, qu’un coup de barre radical s’impose avec toutes les embûches qui ne manqueront pas de se manifester au sein de la classe possédante. Par ailleurs, le Paraguay étant, avec la Bolivie, l’un des deux pays enclavés d’Amérique du Sud, il a besoin de ses voisins qui ont accès au transport maritime afin d’exporter ses produits agricoles, miniers et forestiers, ses principales ressources avec l’hydro-électricité.

Au sein même de la coalition qui l’a porté au pouvoir, Fernando Lugo devra composer avec des éléments radicaux impatients de voir s’implanter des réformes fondamentales et d’autres qui l’inciteront à mettre la pédale douce. De fait, Lugo est à la tête de l’Alliance patriotique pour le changement, rassemblement de huit petits partis, dont le Parti démocrate chrétien, dont il est issu. Ce regroupement arc-en-ciel compte également le Parti libéral radical authentique de centre-droit qui, jusqu’à l’élection d’avril, était le principal parti d’opposition. Frederico Franco, co-listier de Lugo, dirigeait ce parti et il deviendra vice-président du pays en août.

Franco a d’ailleurs obtenu l’adhésion au nouveau gouvernement d’un ancien ministre de l’Économie qui avait été évincé par le régime précédent en raison des mesures d’austérité qu’il prônait, tout en plaidant pour un assainissement des mœurs politiques. Ce sont ses budgets appliqués de 2003 à 2006 qui auraient conduit à une croissance de l’économie paraguayenne de l’ordre de six pour cent l’an dernier.

Fernando Lugo n’a qu’à regarder par-dessus son épaule pour constater que les réformes se butent à forte résistance quand elles veulent se concrétiser. Evo Morales, en Bolivie, fait face à une fronde bien organisée depuis qu’il a parlé de nationaliser l’industrie pétrolière dans son pays. L’opposition à ses politiques s’est traduite par la tenue d’un référendum réclamant l’indépendance du riche état de Santa Cruz. Cette aspiration à l’indépendance n’a rien à voir avec le nationalisme; il s’agit d’une opération strictement économique, cet état souhaitant profiter en exclusivité de la richesse produite par l’exploitation des puits de pétrole et en éviter l’étatisation.

Les cinq années que vivra Fernando Lugo à la présidence de son pays (le mandat présidentiel n’est pas renouvelable) seront ardues. Comment en cinq ans rompre avec plus de 60 ans de corruption, de népotisme et d’autoritarisme?

L’infidèle



Ses sorties publiques, que ce soit à Miami ou ailleurs en Amérique du Nord, ne passent jamais inaperçues. Alina Fernandez, la fille de Fidel Castro, étale sa déception devant les réformes en cours dans son pays d’origine maintenant sous la direction de son oncle Raúl.

Mme Fernandez estime qu’à Cuba tout est à faire. « En commençant par ouvrir le pays à tous les marchés. » Il demeure étrange qu’elle ne réclame pas du même souffle que les États-Unis lèvent l’embargo qui frappe Cuba depuis le début des années 1960. Craint-elle de contrarier la diaspora anti castriste qui s’active bruyamment à partir de Miami? Si les millions de dollars versés par le gouvernement des États-Unis à l’opposition cubaine en Floride pour déstabiliser l’île des Antilles étaient canalisées vers des échanges commerciaux, est-ce que cela faciliterait la libéralisation du régime réclamée par le peuple cubain et leurs compatriotes exilés?

Les astres qui brillaient pour d’autres, je les porte,
Et je vais attentive, à travers les humains,
Songeant que mon étoile, un autre me l’apporte,
Et nous échangerons nos astres en chemin.


Jovette Bernier (Au chemin des étoiles)

vendredi 2 mai 2008

Aux USA comme au Canada Les services secrets torpillent leur crédibilité


Ironique coïncidence. Les substituts du procureur général de l’Ontario abandonnent les accusations de terrorisme portées contre quatre résidants de Brampton; moins de 48 heures plus tard, un jury, pour la deuxième fois, est incapable de rendre un verdict dans le cas des « sept de Liberty City » à Miami.

Les deux cas se ressemblent tellement que s’il s’agissait d’une production cinématographique, il y aurait certainement des poursuites pour violation de droits d’auteurs et plagiat : des suspects reliés à Al-Qaeda, des projets terroristes tellement ambitieux qu’on peut mettre en doute l’équilibre mental de leurs auteurs, des agents provocateurs très zélés, des agences de renseignements gourmandes de fonds d’opération et des substituts de procureur général et District Attorneys dépourvus de tout esprit d’objectivité dans l’analyse de leurs dossiers.

Sauf que les scénaristes, ici, sont des agents très spéciaux et secrets : le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) et le Federal Bureau of Investigation (FBI). Il apparaît que leurs méthodes de travail se ressemblent tellement qu’elles débouchent sur le même résultat : néant.

Au Canada

Le hasard faisant bien les choses, les fins limiers du SCRS tombaient, en juin 2007, sur un groupe menaçant de 17 personnes (18 quelques mois plus tard) d’origine arabe, et donc facile à relier à Al-Qaeda, qui projetait, notamment, d’investir le Parlement d’Ottawa, de prendre en otage des politiciens, de décapiter le premier ministre; rien que ça. Lors de l’arrestation du groupe, la police avait mentionné que les présumés terroristes étaient inspirés par l’idéologie de l’organisation terroriste Al-Qaeda. « Inspirés », juste le recours à cette terminologie n’aurait pu sonner une cloche à l’oreille du substitut du procureur général affecté au dossier?

Et comment ont-il été arrêtés ces présumés terroristes? En prenant livraison de trois tonnes de nitrate d’ammonium, fertilisant qui devient explosif une fois mélangé à l’acide nitrique. Avez-vous déjà déplacé trois tonnes de n’importe quoi? Ça prend de l’espace et ça se voit. Le fertilisant est le même qui avait servi à l’attentat d’Oklahoma City. Il faut croire que n’importe qui peut encore en acheter. Et l’acide nitrique, comment on se la procure? Les suspects en avaient-ils en leur possession?

Enfin, qui livrait la commande? Un agent du SCRS.

Aux États-Unis

Dans le cas de Miami, les suspects sont des Haïtiens. Dans ce cas, il devenait plus difficile de lier le groupe à Al-Qaeda. Mais avec un peu d’imagination, tout est possible. Ainsi, les Haïtiens, dont la nature religieuse est fondamentalement catholique et teinté de vaudou, donc loin de l’Islam, ont tout bonnement prêté serment d’allégeance à Al-Qaeda. Qui leur a demandé de procéder ainsi? Mohamed (cela va de soi), un agent du FBI qui se disait commanditaire et financier du groupe terroriste international.

Quelles étaient les cibles terroristes du groupe? La destruction de la tour Sears de Chicago, rien de moins, et le quartier général du FBI à … Miami. Dans ce dernier cas, les renseignements étaient aisés à fournir au groupe puisque l’informateur était de la maison. L’agent du FBI au dossier se faisant passer pour quelqu’un qui avait l’argent nécessaire pour financer les opérations et les supposés suspects étant des manœuvres du secteur de la construction où les salaires sont pitoyables, il devenait facile de persuader les membres de ce groupe de signer n’importe quoi en retour du moindre pécule. Le quartier de Liberty City de Miami (où s’entassent entre autres les immigrants fraîchement débarqués d’Haïti) n’est pas exactement comparable à ceux de Coral Gables ou de Key Biscayne.

Après deux rebuffades par deux jurys, le procureur au dossier n’en démord pas. Il veut tenter sa chance une troisième fois. Et la juge laisse passer.

La cause a déjà coûté des millions de dollars aux contribuables américains. Qu’à cela ne tienne. Un ex-procureur, Guy Lewis, affirme : « Si la tolérance zéro fait partie de votre mandat, je ne m’assoirais pas là à griffonner des X et des O. La réponse, c’est oui on y va, on doit procéder. »

Croupir en prison

Que deviennent ces « suspects » engagés dans un engrenage dont ils ne comprendront jamais les rouages? Ils croupissent en prison sans liberté sous caution. Et les agences de contre-espionnage passent à la caisse en faisant miroiter des menaces terroristes qui n’existent que dans leurs plans machiavéliques. Contribuent-elles de la sorte à la sécurité de leur pays? À trop crier au loup…

Dans l’ombre des bouffons composaient des grimaces
Et les empaquetaient dans des caisses de bois
Ou de carton gaufré de peur qu’on ne les casse
Ils y mettaient aussi des brins de mimosas


Claude Mathieu (Voyage en chimérie)

vendredi 25 avril 2008

USA L’éthique des analystes


Devant la montée des critiques face au nombre de soldats expédiés en Irak qui y laissent leur vie ou reviennent au pays handicapés à vie et des dénonciations quant à la carence des équipements en leur possession et à l’offensive de groupes comme Amnistie internationale qui ont qualifié la prison de Guantanamo de goulag du temps présent, le gouvernement américain est passé à l’assaut de la presse en envoyant au front des analystes militaires au service des grands réseaux de télévision.

De fait, les réseaux ABC, CBS, NBC, FOX et CNN recourent à d’ex-hauts gradés militaires pour analyser les événements qui surviennent sur les fronts de l’Irak et de l’Afghanistan, les troupes qui y sont déployées, la stratégie à l’origine des tactiques utilisées, l’équipement nécessaire pour parvenir à leurs fins, les méthodes de collecte de renseignements, notamment les interrogatoires musclées qui contreviennent aux accords de Genève.

Ce sont ces analystes que le Pentagone a pris en charge pour les escorter sur les terrains d’affrontements et vers Guantanamo en souhaitant qu’à leur retour leurs commentaires soient moins vitrioliques à l’endroit des politiques de la Maison blanche. Il est même arrivé que ces analystes, payés de 500 $ à 1 000 $ de la prestation, contredisent carrément les reportages des journalistes affectés à la couverture de ces guerres ou la conclusion d’enquêtes menées sur le théâtre des opérations.

Qui plus est, nombre de ces analystes, tout à fait crédibles étant donné leurs états de services, auraient des liens très étroits avec des entreprises à contrat avec le Pentagone pour la fourniture d’équipement militaire, soit en siégeant sur leur conseil d’administration, soit en agissant à titre de conseils-experts auprès de ces compagnies.

Tous ces faits sont révélés dans une série de documents (plus de 8 000 pages) obtenus par le New York Times en vertu de la loi américaine d’accès à l’information.

Éthique?

Il va de soi qu’un gouvernement en bute à d’acerbes critiques utilise des « spin doctors », ces spécialistes en relations de presse appelés à amadouer les médias, afin de pondérer les propos des journalistes et autres commentateurs à son endroit. Ce qui est plus inquiétant, cependant, c’est l’absence de critères dans ces médias influents avant de procéder à l’embauche de ces anciens militaires.

Certains dirigeants de ces réseaux de télévision, sous le couvert de l’anonymat, reconnaissent ignorer les liens possibles de ces analystes avec l’administration Bush ou les entreprises transigeant avec le Pentagone. Ils avouent également ne peut appliquer à leur endroit les mêmes normes que celles auxquelles doivent se soumettre le personnel de leur salle de nouvelles.

Voilà qui démontre que la moindre faille perçue dans l’armure apparente des médias sera tôt ou tard exploitée par leurs cibles et que baisser la garde en croyant que des personnes comme d’anciens militaires, jusque-là considérés comme intègres, pouvaient être manipulés par le pouvoir en place peut mener les médias qui influent le plus sur l’opinion publique à devenir de simples courroies de transmission d’information biaisée.

Quand le quatrième pouvoir devient le porte-voix de l’un des trois autres, il cesse d’exister et sa crédibilité ainsi perdue sera pour longtemps remise en question. On s’interroge ensuite pourquoi le public est sceptique face aux médias.

Je voulais simplement t’apporter le monde
Comme on transporte une montagne
Dans la haute ferveur du mensonge nécessaire
Tissé sous nos pas en filet protecteur


Jean-Guy Pilon (On ne choisit pas ses armes)