mardi 18 novembre 2008

Les Amériques : convoitise de Pékin et la messe d'Obama

Oscar Arias, président du Costa Rica, recevait ce lundi le président chinois Hu Jintao, un an après avoir coupé les ponts avec Taïwan pour établir des relations diplomatiques avec la Chine. Le but de cette visite : conclusion d’un accord de libre-échange et de 11 accords de coopération.

L’étape costaricaine accomplie, le président de la Chine atterrissait à Cuba lundi soir « au milieu des vivats et des manifestations de joie de nombreux membres de la communauté chinoise à Cuba et de leurs descendants et d’une représentation d’étudiants de cette nation qui étudient l’espagnol dans l’île » (La Gramma, 18 nov.).

Dans une déclaration écrite, le président Jintao dit souhaiter la consolidation et le développement de l’amitié sino-cubaine. Il ajoute qu’il entend travailler de concert avec les Cubains à la création d’un avenir prometteur. Enfin, tout en rappelant le fait que Cuba a été le premier pays à établir des relations diplomatiques avec la Chine, le président de l’empire du milieu espère pour Cuba l’obtention de nouvelles avancées dans la construction du socialisme.

L’escale cubaine effectuée, le président chinois se dirige vers le Pérou où s’ouvre, le 22 novembre, le Forum de coopération économique Asie-Pacifique.

Cette tournée de la présidence chinoise s’inscrit dans la foulé du sommet du G20 de la fin de la semaine dernière à Washington où la Chine s’est montrée plutôt discrète, laissant le président Bush se dépatouiller dans le chaos économique provoqué par ses politiques de déréglementation. Il était en effet éloquent d’entendre le président sortant affirmer que les États-Unis n’étaient pas seuls dans cette crise et que les pays européens, plus réglementés, vivaient aussi des difficultés énormes. Cela va de soi, les institutions capitalistes européennes voyaient des occasions en or de faire fructifier leurs avoirs en puisant aux mêmes sources que les entreprises américaines. Aujourd’hui, les unes comme les autres risquent la noyade de s’être trop abreuvées.

Réserves chinoises

Discrètement mais sûrement, la Chine, pendant que la crise secoue le grand capital, joue de ses imposantes réserves financières, qui reposent sur autre chose que du « papier commercial adossé à des actifs » sans valeur, pour multiplier les visites économiques en Amérique latine. Le Vénézuéla, le Mexique, le Brésil, l’Équateur, l’Argentine et la Colombie, tous producteurs de pétrole ont signé des ententes d’investissement et d’exploitation avec la Chine dont la soif énergétique est insatiable. Même en état de ralentissement économique, la Chine connaît une croissance de 5% de son produit intérieur brut.

Cette offensive chinoise sur l’Amérique du Sud et l’Amérique centrale vient donner un joyeux soufflet à la doctrine Munroe affirmant, à la fin du XIXème siècle, que cette région était la cour arrière des États-Unis et que nul ne devait s’y substituer.

Il y a fort à parier qu’une fois qu’il aura quitté la Maison blanche, George W. Bush sera hanté dans ses rêves par la montée en influence de ses meilleurs ennemis : Castro, Chávez, Correa et compagnie, surtout s’ils peuvent compter sur le levier chinois pour raffermir leur pouvoir.

L’église d’Obama

Pendant que le président élu constitue, avec son équipe de transition, sa future équipe ministérielle et se familiarise avec ses dossiers en en dressant la priorité, le prestigieux journal Chicago Tribune spécule sur l’église que fréquentera la famille de Barrack Obama.

Sera-ce la Metropolitan Ame Church de la 16th Street où Bill Clinton s’était recueilli avant son entrée officielle à la Maison blanche? Ou encore la Shiloh Baptist Church qui prépare une cérémonie spéciale à l’occasion du 20 janvier et de la commémoration du décès de Martin Luther King Jr qui aura lieu la veille? Ou bien la United Church? Au moins le pasteur de cette dernière église a eu la lucidité de répondre qu’après tout cette décision revenait à la famille Obama et qu’elle devait être prise en toute sérénité.

Mais le reporter ne l’entend pas de cette oreille. « Les experts, dit-il, sont d’avis que cette question est d’intérêt public, que le président élu aime ou pas. » Des pasteurs souhaitent que le choix du président Obama fasse renaître chez les plus jeunes la foi religieuse. Derrière chaque religieux (catholique, protestant, islamiste, juif, hindouiste…) se profile le prosélytisme.

Et si le président élu se contentait d’être un président laïc, pas plus attaché à une quelconque religion qu’à n’importe quel autre lobby actif à Washington?


L’ogre sous sa botte
Laisse des traces profondes
Même écrasée la marmotte
Laisse sa marque sur la mappemonde

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