mercredi 31 octobre 2007

Au Québec: identité, commission, politique; commission, identité, politique; politique, commission, identité…


Qui n’a pas un jour rêvé d’assister au festival western d’Hérouxville en Mauricie? Pourtant, ça vaut le détour car Hérouxville illustre la profondeur abyssale de certains villages québécois. Il y a aussi Lamarche au Lac Saint-Jean où les Français sont exécrés.

À Hérouxville, donc, un génial conseiller municipal a imaginé un « code de vie » original qui interdit, entre autres choses, la lapidation et l’excision. Le conseiller André Drouin a omis (volontairement?) la lobotomie, ce qui lui permettrait peut-être de recouvrer la raison.

C’est l’élaboration de ce code de vie, qui s’ajoutait à un certain nombre de demandes d’accommodements formulées par quelques membres de groupes religieux, qui a permis à Mario Dumont d’entreprendre la course à la négation de l’autre, de céder le relais à un Jean Charest paniqué par l’ampleur du débat et qui n’a rien trouvé de plus courageux que de s’en décharger sur le dos d’une commission. Cette commission sera finalement appelée à trancher une question politique, l’identité québécoise, à la place des responsables politiques. Ponce Pilate a bien des émules.

L’identité selon Marois

Pauline Marois et le Parti québécois ont pris le taureau par les cornes et ont élaboré un projet de loi sur l’identité québécoise. Réaction de Dumont: horreur! Cachez ce sein que je ne saurais voir. Et Charest, ne voulant pas être en reste face au chef de l’ADQ, dépêche au créneau la porte-parole de la Commission des droits de la personne qui affirme que le projet de loi veut interdire l’éligibilité des nouveaux arrivants qui ne maîtrisent pas le français. Ce n’est pas ce que dit le projet de loi qui parle de l’acquisition de la citoyenneté qui mène à l’éligibilité.

Cette commission, normalement, prend connaissance d’un problème qui lui est soumis, en analyse les tenants et aboutissants et, quelques mois, dans certains cas, quelques années plus tard, rend son jugement sur la question.

Ici, pas de tataouinage. Le bureau du premier ministre a appelé, passé sa commande et subito presto voilà la réaction de la commission. Le tout sans avoir entendu les parties en cause et leur argumentation. Si ce n’est pas de la justice expéditive, qu’est-ce que c’est?

Une autre commission prend le pas sur le politique. Et, dans cette ornière si bien tracée viennent s’enfiler les B’nai Brith et l’Association des manufacturiers et exportateurs, deux groupes marqués d’un esprit notoire de progrès social.

Que dit au juste le projet de loi Marois au sujet de l’identité et de la citoyenneté québécoise? Qu’une commission soit mise sur pied pour proposer une constitution; que la Charte des droits prévoit que, pour obtenir la citoyenneté québécoise, il faille posséder une connaissance appropriée de la langue française; que toute personne ayant sa citoyenneté québécoise soit éligible, puisse financer un parti politique et adresser des pétitions; que toute personne ait droit à l’apprentissage de la langue française; que les diverses modalités de la Charte de la langue française s’appliquent aux entreprises qui comptent au moins 10 salariés au lieu de commencer là où il y en a 50 comme c’est le cas présentement; que le droit d’enseigner soit acquis après la réussite d’un examen attestant de la maîtrise du français; que le régime pédagogique s’attache à l’histoire du Québec, à l’apprentissage et la maîtrise la langue et à la valorisation de la culture québécoise.

La connaissance du français est le préalable à la citoyenneté qui est le préalable à l’éligibilité.

C’est vrai que c’est scandaleux tout ça, ça pourrait donner l’impression qu’on vit dans un état qui nous ressemble. En fait, ce qui est le plus incroyable, c’est que ça ne prévoit pas s’appliquer aux Québécoises et Québécois « de souche » qui pourraient devoir apprendre le français avant de passer à l’assaut des tribunes téléphoniques.

Mais pour B’nai Brith, c’est xénophobe et c’est une réglementation qui minera la rentabilité des PME, selon les manufacturiers. Analyses approfondies.

Un trait caractéristique de l’identité québécoise : savoir gouverner sans le faire. Qu’est-ce qu’on deviendrait s’il n’y avait pas de commissions?

Il vous arrange les mots comme si c’étaient de simples chansons
Et dans ses yeux on peut lire son espiègle plaisir
À voir que sous les mots il déplace toutes choses
Et qu’il en agit avec les montagnes
Comme s’il les possédait en propre.
Il met la chambre à l’envers et vraiment l’on ne s’y reconnaît plus
Comme si c’était un plaisir de berner les gens.


Saint-Denys Garneau (Le jeu)

lundi 29 octobre 2007

Amérique: jamais deux sans trois?


Amérique
Jamais deux sans trois?

Après le Chili, c’est au tour de l’Argentine d’élire une femme à la présidence du pays, les Sud-américains défiant ainsi leur solide réputation de machistes en tous genres. Cristina Fernández de Kirchner succèdera de la sorte à son conjoint, le président sortant, Néstor Kirchner.

Cette ascension des femmes vers le pouvoir au sein de deux pays d’Amérique du sud aux prises avec les reliquats des années dictatoriales de Pinochet, au Chili, et des généraux Videla, Viola et Galtieri, en Argentine démontre à la face du monde que l’histoire et les peuples ne sont pas amnésiques.

Au Chili de Michelle Bachelet, bien que le dictateur Pinochet soit décédé tout en demeurant impuni des crimes odieux commis sous sa gouverne, sa famille hérite des conséquences de ses exactions. De fait, sa veuve, Verónica Pinochet Hiriart, et ses cinq enfants sont confinés à résidence depuis près d’un mois sous des accusations de corruption, de détournement de fonds de l’état et de blanchiment d’argent. Vingt-trois autres membres de familles de militaires de l’entourage de Pinochet sont également visés par ces accusations.

Ce sont 27 millions $ qui sont en jeu, bien que des observateurs bien au fait de la situation, évaluent les sommes dérobées par Pinochet et son entourage atteindraient 100 millions $ et auraient transité par la Riggs Bank de Washington, vendue en 2005.

Cependant, juste retour des choses, en plus du fait que le dossier Pinochet soit toujours actif après sa mort, l’accession à la présidence de la première femme à la tête du pays, marque également une profitable stabilité économique qui se traduit, cette année, par des surplus dans les coffres gouvernementaux. Le débat, dans un Chili rétabli de la situation désastreuse dans laquelle l’avait laissé les années Pinochet, porte maintenant sur la manière dont le gouvernement Bachelet disposera de ces surplus qui proviennent en bonne partie de la production de cuivre dont les prix mondiaux sont à la hausse.

Une Argentine sur les rails

En prenant la relève de son conjoint, Cristina Fernández hérite d’un pays qui s’est rétabli sur le plan politique et économique.

Néstor Kirchner, péroniste de tradition et militant de gauche de conviction, en accédant à la présidence, en 2003, a impulsé à son pays un vigoureux rebond des principaux indicateurs économiques. Cette séquence suivait deux années de dramatique effondrement financier.

Bien qu’il se présente sous un jour péroniste, Perón ayant joué à la fois du populisme et de la répression, les droits de la personne sont demeurés une priorité pour Kirchner qui a notamment parrainé la création d’un musée dans l’École de mécanique de la marine, où fonctionnait l’un des plus importants camps clandestins de détention et de torture pendant la dictature militaire (1976-1983). En 1977, la Commission argentine des droits de la personne à Genève évaluait à 2 300 les assassinats politiques, à quelque 10 000 les arrestations et de 20 000 à 30 000 le nombre de personnes disparues.

L’arrivée de Cristina Fernández en Argentine et la saine administration de Michelle Bachelet au Chili, ouvriront-elles la voie politique à une Hillary Rodham Clinton qui aspire la présidence de son pays? Et la présence de ses femmes progressistes permettra-t-elle de briser le mythe selon lequel les femmes dans le monde politique épousent trop souvent des positions conservatrices?

Et d’autres feuilles vivent
Parmi la clarté vive,
Dansantes dans le vent
Qui fait vibrer l’arbre mouvant
Comme des lyres, autour des nids fervents.


Edouard Chauvin (Semblables aux filles…)

vendredi 26 octobre 2007

Floride : les Républicains débattent à droite, un Guatémaltèque se débat pour ses droits


Le titre de candidat à la présidence est loin d’être acquis dans le camp républicain, même si l’ex-maire de New York, Rudolph Giuliani, détient une certaine avance sur ses sept adversaires après le débat d’Orlando en Floride qui s’est déroulé dimanche dernier.

Sauf que pour conserver ce mince avantage dans la course, Giuliani doit courtiser, malgré ses évidentes réticences, la droite conservatrice. Et ses adversaires ne cessent de comparer ses valeurs à celles défendues par Hillary Rodham Clinton qui leur apparaît comme l’adversaire à abattre à mesure que progresse dans le camp démocrate la course à l’investiture.

L’ex-maire de la Big Apple, devant le Family Research Council, la semaine dernière, donnait l’assurance que, malgré son appui au droit à l’avortement, il ferait en sorte que leur nombre diminue. En outre, a-t-il ajouté, il nommera des juges d’obédience conservatrice, appuiera le libre choix à l’école et mènera les États-Unis à la victoire en Irak. « Ma foi en Dieu et ma confiance dans sa sagesse est au centre de ce que je suis. N’est-il pas mieux que j’affirme mes croyances au lieu de changer d’opinion selon la direction du vent? »

Un fait demeure, et le débat d’Orlando l’a démontré, les Républicains sont divisés, fortement divisés, et le seul ancrage qui les retient à la fragile plateforme qu’ils défendent est la menace que représente Hillary Clinton, dont le spectre du populaire conjoint, vient hanter leurs nuits perturbées.

La division est si profonde au sein du parti républicain que des observateurs n’écartent pas la possibilité de voir surgir un troisième parti à droite de l’échiquier politique américain, ce qui viendrait amoindrir davantage les chances des Républicains.

La Floride, demeure un état baromètre important, le président Bush lui devant sa victoire de l’an 2000 grâce à la courte avance qui il y a enregistrée.

Giuliani demeure le favori des Républicains floridiens. Les fonds récoltés auprès de son électorat le démontre : Giuliani a amassé, jusqu’ici, près de 950 K $. Le plus près de ses adversaires est Mitt Romney, ancien gouverneur du Massassuchetts, avec près de 700 K $.

Mais en Floride, ce sont les Démocrates qui ratissent le plus, Hillary Clinton ayant recueilli près de 1,5 million $ et Barrack Obama près de 800 K $.

Il veut son butin

Pendant que les candidats démocrates et républicains à la présidence des États-Unis comptabilisent leurs centaines de milliers ou de millions de dollars pour se propulser vers la Maison blanche, un ex-laveur de vaisselle courent après les 49 000 $ qu’il a grappillés de peine et de misère pendant 10 ans.

Pedro Zapeta est un immigrant guatémaltèque sans papiers qui a trimé dans les restos du comté de Stuart en économisant sou par sou jusqu’à ce qu’il se retrouve avec un magot de 59 000 $. Il y a deux ans, M. Zapeta décide de retourner dans son pays avec son argent en poche.

Mal lui en prit. Les agents des douanes de l’aéroport de Fort Lauderdale ne l’entendent pas ainsi. M. Zapeta déclare la somme d’argent qu’il a en sa possession. Rien d’illégal à ce stade. Sauf que, il lui aurait fallu remplir un formulaire à l’effet qu’il avait plus de 10 000 $ en liquide.

Dans sa sagesse, un juge de district lui a permis de conserver les 10 000 $ autorisés, mais a saisi les 49 000 $ restants à titre d’amende civile. La cause a été portée en appel à Atlanta. Mais le temps presse, M. Zapeta doit se conformer, au plus tard en janvier, à un avis de déportation puisqu’il séjourne illégalement aux États-Unis. Pendant ces 10 années vécues aux USA, il a dûment payé taxes et impôts sur les 12 000 $ à 15 000 $ qu’il touchait annuellement.

La riche Amérique n’a que faire des pauvres qui l’entourent. La loi c’est la loi et son ignorance est impardonnable même s’il n’y a que quelques lignes d’un formulaire qui vous sépare de son respect.

Ma voix vibre et tremble
Dans le monde vide.
Ah! Que le monde est sourd,
Ah! Que ma voix tremble.


Anne Hébert (Ballade d’un enfant qui va mourir)

mercredi 24 octobre 2007

Le cœur a ses raisins, que le raisin ne reconnaît point


Le retour de l’automne marque le temps des vendanges. Et les vendanges sont la manifestation de quelques visionnaires qui s’entêtent à donner au Québec une production viticole qui se bonifie d’année en année, au prix d’efforts et de sacrifices sans aucune commune mesure avec les retombées financières qu’ils en récoltent.

Ces vignobles s’appellent l’Orpailleur, les Coteaux blancs, le Domaine du Ridge, le Marathonien, le Mérou, le Cep d’argent et ainsi de suite. Ils récoltent des dizaines de milliers de kilos de raisins chaque année, les pressent, en extraient le jus, le font fermenter, le mettent en bouteille et attendent que les amateurs s’aperçoivent qu’eux et leurs vins (blancs, rouges, rosés, de glace) existent. Ce sont des gens qui ont le cœur aux raisins. La problématique est semblable pour les producteurs de cidre ou d’hydromel.

Un organisme dispose de tous les moyens pour résoudre les difficultés de mise en marché auxquelles se heurtent ces producteurs artisanaux : la Société des alcools du Québec (SAQ). Tentez l’expérience de rechercher un vin régional dans une succursale de la SAQ de la Montérégie ou de l’Estrie. Vous y parviendrez peut-être mais ce sera parce que le directeur de l’endroit aura multiplié les interventions auprès de ses supérieurs pour leur trouver un emplacement intéressant, sous la pression du milieu.

La province de l’Ontario produit également de nombreux crus, certains plus heureux que d’autres… Enfin, la Liquor Control Board of Ontario (LCBO) déploie suffisamment d’énergie et d’espace dans ses succursales pour que 40 pour cent des bouteilles qu’elle vend proviennent de la production viticole locale. Du côté québécois, société distincte quand elle s’en donne la peine, on dénombre un minime 0,4 pour cent des ventes sous l’étiquette production viticole autochtone.

Et que répondent les responsables de la SAQ quand le problème leur est soumis? La LCBO est mandatée pour faire la promotion des alcools ontariens; au Québec, la SAQ a un mandat de détaillant seulement. Or, dans les ouvrages traitant de commerce au détail, ce qui se nomme marketing-mix s’attache à quatre notions : le produit, la promotion, la distribution et le prix. Ainsi, les dirigeants de la SAQ n’ignorent que la promotion dans la mission qui incombe à l’organisme.

Personne à la direction de la SAQ ne s’est jamais penché sur la question pour en déduire que ce serait peut-être une bonne idée de promouvoir les produits du Québec, sans que le gouvernement en donne l’ordre. Quel sens de l’initiative! Quand Wall-Mart est capable d’une politique « québécoise » d’achat, c’est impossible pour la SAQ?

Aborder la question de la promotion des produits viticoles du Québec sous le seul angle du mandat dévolu à l’organisme de détail des produits alcoolisés relève d’une approche bureaucratique maladive qui freine la productivité si chère aux lucides. De toute évidence, dès qu’on organisme atteint une certaine taille, qu’il soit gouvernemental, patronal, syndical, de service public ou autre, la bureaucratie y fait son nid, y multiplie les règles et impose sa loi, même à l’encontre de toute logique.

Les « réglementaristes » ou concepteurs de règles ignorent la réalité du terrain pour prescrire la démarche à suivre pour que rien ne dépasse du cadre bureaucratique esquissé à la force du poignet contre des résistants qui se fondent sur un empirisme vraiment méprisable puisqu’orienté vers la vie quotidienne. Ce paradigme ne peut souffrir d’exceptions, celles-ci risquent de remettre en question un système maintenant compris par la chaîne décisionnelle. Hors de ces règles point de salut.

Titre d’un prochain ouvrage sur la bureaucratie : ces raisins qui nous gouvernent ou les raisins de la colère?

La SAQ commandite toutefois une émission télévisée à TVA au titre original de « Tchin, tchin » qui fait la promotion (oups! il semblait que ce n’était pas dans le mandat) des produits payants en vente dans les succursales de la société. Ça, c’est de l’heureuse initiative! Parce que ça paie!

La direction de la SAQ voudrait susciter un mouvement favorable à la privatisation de ses activités qu’elle ne saurait mieux s’y prendre et les candidats à la relève seraient légion.

Dans un théâtre de verre
Fidèle à son geste de plâtre
Il joue le pas
D’une robe
Arrêtée


Cécile Cloutier (Mains de sable)

lundi 22 octobre 2007

Bolivie : rapprochement avec l’Iran, ONU hors USA, ex-ministre poursuivi et saisie d’un aéroport


La Bolivie du président Evo Morales vit des moments singuliers et énigmatiques.

Le président bolivien a profité de la visite controversée du président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, à l’assemblée générale de l’Organisation des nations unies (ONU) à New York, pour l’inviter à lui rendre visite dans son pays, voulant de la sorte démontrer qu’il fait partie du club des pays riches en ressources énergétiques qui sont opposés aux États-Unis et à leur politique extérieure.

Déjà dans le collimateur du département d’État américain, en raison des liens étroits qu’il entretient avec le président cubain, Fidel Castro et son homologue vénézuélien, Hugo Chavez, Evo Morales semble s’ingénier à provoquer George W. Bush pour qui les mots Irak, Iran, Castro, Chavez sont non seulement honnis, mais bannis de son vocabulaire sauf pour les vilipender un à un ou ensemble.

L’objectif de cette rencontre irano-bolivienne, affirme le gouvernement bolivien, se limite au rétablissement de relations diplomatiques entre les deux pays et à la signature d’accords commerciaux. Mais cela est déjà trop pour un gouvernement américain tenant, plus que jamais, de la doctrine Monroe qui veut que l’Amérique du Sud demeure la cour-arrière des États-Unis où ne viennent jouer que les nations qui y sont invitées.

Délocaliser l’ONU

Dans son discours prononcé devant l’assemblée générale de l’ONU, le président Morales a suggéré la « délocalisation » de l’organisation internationale dont le siège est à New York. Les propos du président, rapportés par le journal La Razón de La Paz, découlaient des difficultés rencontrées par les membres de sa délégation à obtenir des visas. « Mes ministres indiens, affirme Morales, sont soumis à des contrôles heure par heure et certains d’entre nous ont subi des menaces du maître de maison, le président Bush… Je pense que nous, les présidents, les nations, devons penser à déplacer le siège des Nations unies. »

Un coup de fil au maire Gérald Tremblay de Montréal qui a des projets pour l’ONU.

Tout pour détendre l’atmosphère avec Washington.

Ex-ministre poursuivi

Des accusations de crimes contre l’humanité, déposées au Maryland et en Floride, visent l’ex-président et l’ex-ministre de la Défense de la Bolivie qui auraient, selon ces poursuites, provoqué la mort de 67 personnes, dont des enfants, lors d’émeutes survenues il y a quatre ans.

Carlos Sanchez-Berzain, ex-ministre de la Défense, se dit heureux de ces accusations qui lui permettront de faire éclater la vérité. De fait, M. Sanchez-Berzain impute les faits survenus au président Morales qui, à l’époque, était, selon lui, à la tête des planteurs de coca et des chefs syndicaux qui menaient la rébellion anti-gouvernementale. Le mouvement, d’après l’ex-ministre, s’inspirait de l’idéologie cubaine et était même financée par le gouvernement vénézuélien.

« Je suis un réfugié politique, poursuit le politicien, persécuté par l’actuel gouvernement bolivien. » Sanchez-Berzain vit maintenant à Pinecrest en Floride.

Les mêmes accusations ont aussi été déposées dans l’état du Maryland à l’endroit de l’ex-président du pays, Gonzálo Sanchez de Lozada, qui impute lui aussi la responsabilité des événements à l’actuel président.

Saisie d’un aéroport

Le principal aéroport de Bolivie, situé à Santa Cruz, est passé aux mains des résidants de cette localité qui réclament des compagnies aériennes qu’elles leur versent directement les droits d’atterrissage et de décollage, plutôt que de les remettre aux autorités gouvernementales.

Armée et police militaire ont été dépêchées sur les lieux pour redonner le contrôle des lieux à l’administration des installations aéroportuaires, en vain. Les habitants du lieu ont résisté aux soldats et policiers qui n’ont pu faire fléchir la résistance.

La région de Santa Cruz, financièrement plus à l’aise que les autres du pays, réclame davantage d’autonomie du gouvernement central avec, à sa tête, le président local Rubén Costas qui incite les résidants à poursuivre leur action.

Le président Morales semble, pour le moment, décider à se rendre aux exigences régionales afin d’éviter un affrontement. La région de Santa Cruz s’est opposée systématiquement aux politiques gouvernementales de nationalisation et de redistribution des richesses envers les populations démunies du pays.

Un président sud-américain indomptable qui se permet de vouloir punir des crimes commis dans son pays et qui défie le dirigeant de la plus forte armée du monde, ça mérite peut-être une bonne leçon.

La saisie de l’aéroport donne une impression de déjà vu alors qu’un président chilien, démocratiquement élu, s’est buté, en 1973, à une grève générale des camionneurs, et surtout des employeurs de ces camionneurs, qui a affaibli le pays au point de rendre possible un coup d’état, fomenté par la Central Intelligence Agency (CIA) américaine. Si, effectivement, on assiste à un scénario inspiré du drame chilien, on ne peut dire que l’imagination est à l’honneur à Langley, Virginie.

Je suis Caïn, je suis Judas, je suis tout homme
Qui frappe son semblable et fait périr son Dieu;
Je suis le déicide et le frère envieux.
Des crimes des humains j’ai fait en moi la somme.


Gustave Lamarche (Refugium peccatorum)

vendredi 19 octobre 2007

Un présent affiché dans la discorde


L’affichage ostentatoire de symboles religieux ne cause pas des remous qu’au pays du Québec. Si le maire de Saguenay tient à sa prière publique et l’Assemblée nationale à son crucifix, voilà que le gouverneur de la Floride, Charlie Crist, orne la porte de son bureau du Capitole de Thallahassee, capitale de la Floride, d’un symbole religieux juif.

Bien qu’il ne soit pas de religion juive, le Républicain Charlie Crist a décidé d’apposer, bien en vue, un « mezuzah » : un écrin contenant l’extrait d’un texte sacré hébraïque, cadeau du leader en chambre de la majorité républicaine, M. Adam Hasner, de Delray Beach.

Il n’en fallait pas plus pour soulever l’ire de l’Union américaine des doits civiques, dont le directeur exécutif de la section Floride, Howard Simon, note : « Un symbole religieux est un symbole religieux, qu’il soit chrétien, juif ou islamique. Les gens ont parfaitement le droit d’installer de tels symboles sur leur propriété privée, mais le gouvernement a le devoir de demeurer impartial. Je crois que le gouverneur erre gravement en faisant endosser par l’état un symbole religieux juif. »

Charlie Crist lui réplique : « Je souligne la diversité de la Floride avec ses multiples religions, ses diverses nationalités et ses occasions de réussite. » Et, dans un communiqué remis aux médias juifs, le gouverneur en rajoute : « Pouvoir exposer un symbole religieux est aussi fondamental que le fait d’exercer ses croyances religieuses. » Cependant, le gouvernement semble oublier qu’en 2005, la Cour suprême des États-Unis a statué que le Kentucky ne pouvait installer une copie des « dix commandements » dans un palais de justice de l’état.

Il n’est guère étonnant de constater qu’un politicien républicain affiche de la sorte son penchant en faveur de la religiosité. En effet, les candidats à l’investiture présidentielle du Parti républicain courtisent à qui mieux mieux la droite religieuse qui dispose d’un poids politique disproportionné eu égard à son poids démographique. Mais il s’agit d’un groupe tenace qu’aucune épreuve ou dénonciation ne terrasse.

Pourtant les loisirs préférés de cette droite, qui s’incarne dans le « newbornisme » du président Bush, celui qui est né de nouveau après avoir touché les bas-fonds, semblent être la politique, tant son lobby est puissant, le tir au pistolet, tant elle défend la National Rifle Association et son plaidoyer en faveur de la possession d’armes et… le sexe, surtout avec des mineurs. Pas une semaine ne se passe sans qu’un religieux, un organisateur politique, ou un politicien de cette droite ne se voient accuser d’agression sexuelle ou autre délit en découlant. Ces gens n’hésitent pas à s’identifier sous le vocable de majorité morale.

Ce sont ces personnes qui affirment que les gais sont malades, qui combattent le recours à l’avortement, qui voulaient destituer Bill Clinton pour ses incartades et qui, bien entendu, soutiennent le recours à la peine de mort. Leur slogan serait-il : faites ce que je dis, pas ce que je fais?

Le gouverneur Crist, en agissant comme il le fait lance un message : que ce soit la bible, le coran ou l’évangile, le Parti républicain demeure le parti de la droite religieuse et qu’il faudra se le rappeler au moment d’aller aux urnes le 4 novembre 2008. C’est ce qui s’appelle gouverner accommodant son monde.

Ah frères, tressaillez de joie en m’accueillant!
Dieu fit surgir la fleur d’au-dedans de la graine;
Lui seul sait nous guérir sous le fer ruisselant :
Il arrache le fruit de l’inutile gaine
Et de se trouver nu le cœur est tout tremblant.


Simone Routier (Psaume)

mercredi 17 octobre 2007

Le NPD flotte mais pourra-t-il surfer?


Avec l’élection de Thomas Mulcair au cours de l’élection partielle dans la circonscription d’Outremont, le Nouveau parti démocratique (NPD) de Jack Layton flotte comme sur un nuage. Mais saura-t-il surfer sur cette vague d’enthousiasme et ce succès d’estime jusqu’à l’élection générale?

Le NPD n’a jamais entretenu beaucoup d’espoir au Québec, sauf au milieu des années 80 où un sursaut est survenu et s’est concrétisé dans l’élection de Phil Edmonston, ex-président de l’Association pour la protection des automobilistes (APA), sur la Rive-sud en 1990. Edmonston démissionnera en cours de route et le NPD retournera dans les limbes politiques québécois.

Mais cette éclaircie dans le sombre passage du NPD au Québec a été pour le moins furtive quand ce parti a montré son vrai visage à l’occasion des discussions autour de l’accord du Lac Meech. Le NPD a tergiversé estimant que le palier fédéral cédait trop de pouvoirs aux provinces, affaiblissant de la sorte le gouvernement central. Finalement, à l’est, le libéral Clyde Wells, premier ministre de Terre-Neuve, reniait sa parole, et, à l’ouest, le néo-démocrate manitobain, devenu député indépendant, Elijah Harper, profitait d’une égalité des voix dans son parlement pour s’opposer à l’accord et le torpiller corps et biens.

Bob Rae a fait élire, en 1990, un premier gouvernement du NPD à l’Assemblée législative de l’Ontario. Après avoir subi la défaite dans sa province, Bob Rae a accepté divers mandats du gouvernement fédéral pour, finalement, cette année, se lancer dans la course au leadership du… Parti libéral du Canada (PLC). Le jupon peut-il dépasser davantage?

Lors des négociations constitutionnelles de 1981, qui devaient mener au rapatriement unilatéral de la constitution en 1982, on retrouvait parmi les principaux alliés de Pierre Elliott Trudeau, de la ligne dure de la centralisation des pouvoirs entre les mains d’Ottawa, Allan Blakeney, premier ministre du Manitoba, et Roy Romanow, procureur général de la Saskatchewan, tous deux élus sous les couleurs du Nouveau parti démocratique dans leur provinces respective. Roy Romanow, notamment, a joué un rôle particulièrement crucial à l’occasion de cette fameuse nuit des longs couteaux qui devait isoler le Québec et l’écarter de toute entente.

Aujourd’hui, donc, le sauveur néo-démocrate québécois serait Thomas Mulcair, démissionnaire amère du Parti libéral du Québec. Offusqué de se voir écarter du cabinet des ministres par Jean Charest, M. Mulcair claque la porte et joint les rangs du NPD. Élu dans Outremont à la faveur d’une élection partielle, il se voit maintenant à la tête d’une aile néo-démocrate québécoise capable de se mesurer au PLC, c’est possible, au Parti conservateur, possible aussi, et au Bloc québécois, ça reste à voir.

D’évidence, Jack Layton et Thomas Mulcair sont fascinés par ce miroir aux alouettes que constituent les résultats d’une élection partielle. Outremont n’est pas le Québec; et le Outremont d’une partielle n’est pas le milieu naturel de l’électorat de l’endroit.
Le NPD et Thomas Mulcair gonflent leurs biceps en intervenant sur divers dossiers concernant le Québec, tentant de la sorte de créer un intérêt au sein de l’électorat sur la transformation en cours au sein du NPD. Dernière intervention en date : dénonciation du projet de port méthanier à Lévis.

Aux accusations de centralisme historique observé chez le NPD, MM. Layton et Mulcair rétorquent en citant des prises de position qui vont dans le sens des courants politiques épousés par la population québécoise : scepticisme à l’endroit de l’Afghanistan, les frais aux guichets automatiques, les prix de l’essence… (La Presse 28 septembre 2007).

Une chose est cependant certaine : Thomas Mulcair est un fédéraliste convaincu, il l’a toujours démontré et le NPD représente pour lui un nid douillet en autant qu’il réussisse à se faire réélire, seul ou avec d’autres.

D’autres autour de toi, comme de riches fûts,
Poussaient leurs troncs noueux vers la voûte céleste.
Ils sont tombés, et rien de leur beauté ne reste;
Et toi-même, aujourd’hui, sait-on ce que tu fus?


Phamphile Le May (À un vieil arbre)

lundi 15 octobre 2007

Dumont : le syndrome de la sangsue



Ainsi, le ministre de la Sécurité publique, Jacques Dupuis, reproche à l’acharné défenseur des familles de personnes assassinées ou disparues, Pierre-Hugues Boisvenu, de se commettre un peu trop avec l’Action démocratique du Québec (ADQ) et son chef, Mario Dumont.

Si le ministre Dupuis décolle sur cette tangente de dénoncer tous ceux qui semblent accrocher leur wagon à l’ADQ, il ferait mieux d’ajuster sa lorgnette et de s’adresser directement à Mario Dumont qui, flair oblige, s’accroche à toutes les causes qui semblent recueillir la faveur des sondages ou la faveur populaire. À défaut d’équipe politique consistante et d’un entourage crédible, Mario Dumont joue sur les penchants d’une population toujours prête à adopter des causes qui s’inscrivent dans un courant dominant et qui n’obligent à rien d’autre qu’un bon mot d’encouragement ou une dénonciation sans explication.

Et comme il est de bon ton de trouver une référence à un point de vue superficiel, quoi de mieux que d’adopter Mario qui trouve le moyen d’adhérer à tout en autant que ça semble rapporter auprès de l’opinion publique et que ça demande le moins d’interprétation et de justification possible.

Ce fut le cas des fusions/défusions, tantôt d’un côté, tantôt de l’autre. Des baisses d’impôts, sachant bien que toutes et tous cherchent à conserver le plus possible d’argent dans ses poches. Les accommodements raisonnables? Sentant le fond xénophobe qui caractérise les Québécois, Mario saute sur l’occasion pour dénoncer les exigences des communautés culturelles et le premier ministre ne trouve rien d’autre à faire, pour calmer le jeu, que de former une commission d’enquête qui alimente encore davantage un penchant qui n’osait jusque-là s’affirmer. Les bulletins scolaires? C’est vrai que les notes ça fait plus simple; allons-y pour les notes et si ça ne va pas, on verra; Mario ne manque pas d’imagination. Jusqu’à la fécondation in vitro aux frais des contribuables qui reçoit l’aval de Mario Dumont. Encore là, comment aller à l’encontre d’une cause défendue par Julie Schneider et Céline Dion, deux idoles de tout le Québec?

Doit-on alors s’étonner de voir Mario Dumont aller étreindre la cause de Pierre-Hugues Boisvenu? Qui va oser aller dire qu’un tueur ou un kidnappeur d’enfant a encore certains droits? Il suffit de dire que c’est un écoeurant et qu’il est choyé par la société par rapport à la victime et le tour est joué.

Les criminologues et leurs analyses peuvent aller se rhabiller. Et tout cela va directement dans le sens du discours qu’entretient Mario Dumont. Pourquoi des analyses quand on peut défendre l’évidence? Pourquoi gratter quand le superficiel semble tout dire?

Mario Dumont est de toutes les causes en autant qu’elles se justifient par les sondages ou la sympathie que la population lui porte.

Donc quand le ministre Dupuis, pour défendre son projet de loi sur le contrôle des armes à feu, s’attaque à M. Boisvenu, il choisit la mauvaise cible; c’est Dumont qu’il faut tirer, euh!, qu’il viser. D’ailleurs, M. Boisvenu explique très bien ce qu’il en est : « Ce n’est pas qu’on est adéquistes. C’est parce que l’ADQ véhicule des idées semblables aux nôtres. » Et le nombre de personnes et de causes qui pourraient faire la même affirmation s’étire d’une déclaration de Mario Dumont à l’autre; aussi bien dire toutes les semaines.

Il est vrai que le ministre est bien mal venu, en passant, d’attaquer Dumont sur son opportunisme à tout crin, lui-même présentant un projet de loi qui ne résoudra aucunement le fond du problème de possession d’armes, la question relevant du fédéral. Mais le gouvernement de MM. Charest et Dupuis a choisi de donner à cette loi le nom d’Anastasia, la victime de la fusillade de septembre 2006 au Collège Dawson. Ce n’est pas de l’opportunisme cela?

Ce fut un grand vaisseau taillé dans l’or massif :
Ses mâts touchaient l’azur sur des mers inconnues;
La Cyprine d’amour, cheveux épars, chairs nues,
S’étalait à sa proue, au soleil excessif.

Mais il vint une nuit frapper le grand écueil
Dans l’océan trompeur où chantait la Sirène...


Émile Nelligan (Le vaisseau d’or)

vendredi 12 octobre 2007

Miami et Sommet des Amériques : la police trinque pour un demi million $



Les protestataires se partageront plus d’un demi million $ en compensation pour les assauts subis de la part de la police lors du Sommet des Amériques sur le libre-échange tenu en novembre 2003 à Miami.

Ce sont les autorités de Miami, de Miami-Dade County, Hialeah et de Broward County qui se cotiseront pour verser la somme due en vertu d’une entente à l’amiable qui concerne 21 manifestants. Au nombre de ceux-ci, Paul Bame, 48 ans, de l’état du Colorado, a été accusé d’avoir obstrué un trottoir, ce qui lui a valu arrestation, menottes et quelques coups. L’accusation a ensuite été levée.

Ce sont 2 500 agents de police qui avaient été déployés au centre-ville de Miami pour contrôler les manifestations anticipées à l’occasion du sommet qui a suivi ceux de Seattle et de Québec. La Chambre de commerce du Grand Miami, enchantée du travail policier, avait remis, deux semaines après la tenue du sommet, une plaque au directeur du service de police pour son « épatant travail professionnel ».

Le désenchantement suit rapidement, quand des accusations d’usage excessif de la force et de contrôle de foule selon des procédés violant la constitution des États-Unis s’abattent sur les forces policières.

Ce règlement s’inscrit dans la foulée de celui versé, l’an dernier, à Karl Kesser, un documentariste indépendant de Miami, qui a reçu 180 000 $ de compensation à la suite d’une blessure qui l’a laissé partiellement paralysé à la figure.

D’autres poursuites sont toujours pendantes et la période pour en déposer de nouvelles n’est toujours pas révolue.

Morale : un coup de matraque de trop peut toujours frapper un nœud.

Un ordinateur à 100 $


C’est une firme de Miami, Brightstar, qui a décroché le contrat de mise en marché des ordinateurs portables avec accès Internet à 100 $ mis au point au Massachusetts Institute of Technology (MIT) à l’intention des enfants des pays en développement.

Cette firme, déjà présente dans 49 pays, mènera bénévolement l’opération baptisée « One Laptop per Child », une idée lancée par Nicolas Negroponte du Media Lab du MIT et auteur de nombreux ouvrages sur les nouvelles technologies de l’information et des communications.

L’opération s’adresse aux enfants des pays en développement, en commençant par l’Uruguay et le Pérou, et le président de Brightstar, Marcelo Claure, prévoit distribuer quelques centaines de milliers d’appareils par mois d’ici la fin de l’année et pas moins de 10 millions l’an prochain.

Le programme s’étendra également à l’Amérique du Nord où Canadiens et Américains pourront acquérir deux de ces ordinateurs pour 399 $, l’un pour leur propre usage, l’autre pour un enfant d’un pays défavorisé, dans le cadre de l’opération « Give One, Get One ». Les initiateurs souhaitent que ce programme s’étende à d’autres pays économiquement favorisés.

Préséance de l’information sur le bâton.

Qu’elle garde (la terre) toujours dans les plis de sa robe,
Pour les déshérités de tous les points du globe,
Du pain avec la liberté!
Louis Fréchette (La découverte du Mississipi)

mercredi 10 octobre 2007

Coderre à la guerre


L’ineffable Denis Coderre a finalement réussi à se rendre en Afghanistan, malgré les louvoiements et magouilles du ministre des Affaires étrangères du Canada, Maxime Bernier. De fait, ce dernier a agi comme s’il avait quelque chose à camoufler. Les troupes canadiennes déployées en Afghanistan, à ce que l’on sache, ne sont pas la propriété exclusive du gouvernement du Parti conservateur du Canada, mais de l’ensemble de la population du pays.

Or, l’ensemble de la population du pays est représenté aux Communes, outre par le Parti conservateur, par le Parti libéral du Canada, le Bloc québécois et le Nouveau parti démocratique.

Il apparaît logique qu’une simple demande du député responsable du dossier des affaires étrangères de l’un des partis d’opposition devrait suffire pour que le ministère acquiesce à sa demande et lui prépare une visite des troupes sur place et, dans la mesure du possible, du théâtre des opérations. Ceci ne devrait même pas relever d’une décision politique, mais d’une procédure administrative.

Mais le parti de Stephen Harper se conduit comme si la présence de militaires canadiens en Afghanistan n’était que de son ressort.

Non pas que le périple de Denis Coderre, que ce soit à Kaboul ou à Kandahar, apparaisse comme indispensable pour remonter le moral des troupes présentes là-bas. Non plus que sa personnalité garantisse une conclusion hâtive du conflit qui sévit dans ce pays.

Si le ministre Maxime Bernier avait expliqué aux Canadiens qu’il voulait éviter aux Afghans ce que nous devons, nous, subir quand Denis Coderre décide de faire une sortie médiatique, peut-être alors son attitude nous aurait semblé moins suspecte. En effet, qui voudrait infliger à tout autre peuple de la terre un Denis Coderre?

À bien y penser, ce voyage de Denis Coderre en terre afghane ne serait-il pas un complot ourdi par l’entourage de Stéphane Dion?

D’abord, le temps qu’il a passé à dénoncer l’attitude du ministère des Affaires étrangères à son égard l’a écarté des querelles intestines qui sévissent à l’intérieur du Parti libéral du Canada. Une sortie de Denis Coderre sur la question, avec toute la diplomatie qui le caractérise, n’aurait certainement pas assaini le climat. Ensuite, le temps qu’il passe en Afghanistan accorde un répit à son chef qui peut risquer une déclaration officielle sans que celle-ci soit interprétée à travers le prisme politique, souvent déformant, du député de Bourassa. Enfin, la présence du député libéral dans un Tim Horton’s de Kandahar pourrait être susceptible d’en faire une victime collatérale de cette guerre. Pas une victime mortelle, mais une victime politique, M. Coderre ayant la propension de se comporter aussi subtilement sur la scène publique qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine, ce qui pourrait lui valoir, qui sait, une remontrance de quelque officier de l’armée canadienne, ce qui serait sans doute bien vu tant du chef du Parti libéral, qui y trouverait une raison valable d’écarter son gênant porte-parole, que du ministre Bernier à qui il donnerait des munitions pour interdire d’autres visites du genre et conserver pour lui l’exclusivité de cette guerre.

Au fait, en disant préparer une éventuelle visite de son chef en Afghanistan, comment les Canadiens profitent-ils de la visite de Denis Coderre? Par un constat que nos soldats sont braves? Qu’ils sont utiles ou pas pour les Afghans? Que la mission devrait se poursuivre ou pas, immédiatement, en 2009 ou au-delà? Que nous rapporte Denis Coderre?

Vois-tu ce chemin misérable
Dont jamais n’ont foulé le sable
Que les pas du désespoir? …
C’est par là que je m’en irai.

Lionel Léveillé (Vois-tu ce chemin)

mardi 9 octobre 2007

Le Che vendu à la pièce


Quarante ans qu’il est mort. Ernesto « Che » Guevara, après avoir secondé Fidel Castro dans son soulèvement contre le régime dictatorial de Fulgencio Batista à Cuba, avoir occupé le poste de ministre des Finances dans ce pays, avoir séjourné en Afrique, a finalement échoué en Bolivie où il s’est placé à la tête d’une guérilla contestant les régimes en place en Amérique du Sud et l’influence des États-Unis dans la région.

Arrivé en novembre 1966 en Bolivie, l’Argentin d’origine était capturé par les militaires boliviens aidés par des agents de la CIA le 8 octobre 1967 puis exécuté le lendemain, 9 octobre, dans le village de La Higuera.

Pendant que des médecins cubains tentent à leur façon de préserver un certain héritage du Che, lui-même médecin, d’autres mettent en doute son courage ou en profitent pour en soutirer quelque bénéfice.

À l’hôpital Nuestro Senor de Malta, à Vallegrande, un village du sud-est de la Bolivie, là où le cadavre du Che a été exposé après son exécution, 33 médecins cubains dispensent des soins gratuits à la population locale. Au total, plus de 800 médecins cubains sont dispersés à travers la Bolivie et Cuba aura financé, à la fin de 2007, la construction de plus d’une quarantaine d’hôpitaux.

Le président de la Bolivie, Évo Morales, qui maintient d’étroites relations avec le régime de Fidel Castro, défend aujourd’hui les paysans et indigènes de son pays, qui, il y a 40 ans, n’ont pas adhéré aux vues défendues par Ernesto Guevara, au point même de dénoncer sa présence aux autorités, en rappelant leur état de subordination au pouvoir en place.

Pour Gary Prado, capitaine du détachement de l’armée bolivienne qui a capturé le Che, ce dernier n’avait rien d’un héros de guérilla quand il l’a fait prisonnier. « Il était triste à voir… sale et abattu. Il semblait dépressif, bien entendu en raison des circonstances, mais aussi conscient que son rêve venait de prendre fin et que son aventure avait été un échec. »

Si le capitaine Prado est capable d’une certaine analyse objective des événements passés, l’un de ses alliés de l’époque démontre que la cupidité surmonte l’obstacle des ans.

Gustavo Villoldo, un résidant de Miami, ancien agent de la CIA chargé de localiser Che Guevara, met en vente aujourd’hui une mèche de cheveux qu’il aurait taillée de la tête du révolutionnaire. Les enchères démarreront à 50 000 $ à l’Heritage Auction Galleries de Houston au Texas lors de la vente prévue pour les 25 et 26 octobre. Villoldo se vante, entre autres, d’avoir enterré lui-même le Che ce qui lui aurait permis de prélever cette mèche de cheveux.

Ces cheveux ne sont qu’un des articles mis en vente à l’encan. Il y a aussi la carte qui a permis à l’armée bolivienne de localiser Che et ses combattants, des télégrammes du président bolivien de l’époque quant aux progrès réalisés pour capturer le Che, des photos du cadavre de Guevara a demi dénudé , des messages interceptés qui ont permis la capture du Che et un jeu d’empreintes digitales relevées avant qu’il ne soit enseveli, l’autre ayant été remis au gouvernement cubain. Ces mains ont par la suite été sectionnées pour que le gouvernement cubain ne puisse facilement l’identifier.

Villoldo, qui a pris part au débarquement raté de la baie des Cochons en 1961, ne se formalise guère des critiques soulevées par sa décision de vendre les pièces en sa possession. « Je n’ai aucun dilemme moral et je ne me préoccupe pas de ce que les gens ou Cuba peuvent en dire. » Villoldo tient Che Guevara partiellement responsable du suicide de son père survenu dans le sillage de la prise du pouvoir de Fidel Castro à Cuba.

Le Che survivra donc désormais sous forme de touffe de cheveux sous verre dans quelque collection anticastriste, en plus de continuer à arpenter le monde sur des sacs à dos ou à orner, sur posters, des chambres d’ados.

Quand il allait par la foule,
Personne ne le voyait;
Il allait
Par les rues pavées de désastres
Et par les champs plafonnés d’astres.

Rosaire Dion-Lévesque (Ballade du solitaire)

lundi 8 octobre 2007

Canada-Québec à la une


Pour que le Canada fasse la une d’un quotidien aux États-Unis, il faudrait que son premier ministre s’immole par le feu devant le président américain en visite à Ottawa ou encore qu’il s’associe avec un ennemi honni : Cuba.

La dernière option vaut la une du Miami Herald à deux entreprises canadiennes spécialisées en soins de santé, dont une de la Beauce au Québec. Celles-ci offrent des services opératoires rapides et à un prix abordable aux Canadiens et, horreur!, aux Américains.

L’embargo américain, toujours en vigueur à l’endroit de Cuba, inclut effectivement les services de santé et les réactions face à l’initiative des compagnies canadiennes soulèvent le scepticisme du milieu médical étatsunien.

Quiconque a subi l’épreuve financière de devoir subir des traitements médicaux en milieu américain sait que les coûts y sont exorbitants. Quelques exemples : le remplacement d’une hanche coûte chez l’oncle Sam 38 000 $. Selon Daren Jorgenson de Choice Medical Services, de Winnipeg, la même intervention se règle 7 600 $ à Cuba. Aplatir un ventre trop proéminent revient à 2 800 $ à Cuba, contre 5 200 $ aux USA, et cette opération est souvent nécessaire au royaume du fast-food.

Mais ce qui fait grincer des dents les professionnels de la santé des États-Unis, ce sont les propos de M. Jorgenson qui affirme : « Cuba est reconnu pour ses standards élevés en soins de santé. » La réaction des experts médicaux est davantage politique que scientifique lorsqu’ils répliquent que les étrangers qui en ont les moyens financiers sont mieux traités que les Cubains.

Il n’empêche que la situation qui prévaut et la tendance qui s’installe de voir des Canadiens, des Espagnols, des Italiens sollicités des soins de santé à Cuba pique la curiosité des Américains, d’autant plus que des citoyens des États-Unis transitent par ces pays pour obtenir des soins à Cuba, en toute illégalité. Milica Z. Bookman, co-auteure du bouquin Tourisme médical dans les pays en développement reconnaît que ce pays dispose « des infrastructures nécessaires et d’un personnel bien entraîné » prêt à fonctionner si l’embargo américain à l’endroit de Cuba vient à être levé.

Mme Bookman attend d’ailleurs une autorisation gouvernementale pour aller observer, dès le mois prochain si possible, le travail qui se réalise à Cuba.

Les promoteurs canadiens des services de soins de santé dispensés au pays du lider maximo tournent, au passage, en ridicule le documentaire de Michael Moore qui décrit comme idylliques les services hospitaliers canadiens. « Michael Moore devait être sorti pour le lunch quand son équipe a visité les hôpitaux canadiens. »

Alexandre « Sandy » Rhéaume, de Frampton, près de Sainte-Marie-de Beauce au Québec, dirige Health Services International (HSI) et décrit ainsi l’accès aux soins médicaux au Canada : « C’est un scandale politique quand on sait que les gens doivent patienter de 12 à 18 mois avant de profiter de certains types d’interventions chirurgicales. » Cette entreprise sans but lucratif a été mise sur pied par Lucie Vermette qui s’est intéressé à Cuba après avoir dû attendre six mois pour voir un spécialiste. HSI réclame 250 $ pour ouvrir et préparer le dossier, le patient paie directement les frais aux services cubains, dont 10 p. cent reviennent à HSI.

Voilà de la pression supplémentaire exercée sur le système de santé canadien où les soins sont de première classe en autant que les malades réussissent à y accéder, ce qui est démontré sondage après sondage.

M. Couillard a-t-il avalé la clé de la serrure?

Oh! L’infini m’étreint. Mon cœur avide
Tel l’éponge des mers se gonfle et se remplit.
Mais ma bouche qui s’ouvre est comme un antre vide
Où la morne impuissance habite et fait son lit…

Robert Choquette (Vivre et créer)

dimanche 7 octobre 2007

Québécois ou Chinois : le retour des choses


Le bras de fer entre le président de l’aile québécoise du Parti libéral du Canada (PLC), Robert Fragasso, et le directeur général de l’organisation nationale, Jamie Carroll, continue de susciter la grogne chez les militants du Québec et la sénatrice Céline Hervieux-Payette appelle au calme.

Les propos de M. Carroll, homme de confiance du chef Stéphane Dion, n’ont pourtant rien de scandaleux pour un militant libéral fidèle aux traditions de son parti. Le multiculturalisme prôné et défendu par Pierre Elliott Trudeau s’inscrivait dans la droite ligne de la réaction qu’a eue Jamie Carroll quand on lui a demandé que le parti fasse plus de place aux Québécois et aux francophones, tant au quartier général que dans l’entourage du chef.

La réplique de Jamie Carroll, à croire M. Fragasso, a été aussi spontanée que sincère pour un Canadien inspiré de l’esprit du multiculturalisme lequel a été défendu par Mme Hervieux-Payette, ce qui explique sans doute son appel au calme. En effet, pourquoi jouer les vierges offensées quand le PLC a toujours été le parti de l’infériorisation des Québécois?

M. Carroll a simplement dit ce que tout Canadien du ROC (rest of Canada par rapport au Québec) pense profondément, soit : « Si j’embauche plus de Québécois, est-ce que je vais devoir embaucher plus de Chinois aussi? » Pourquoi des Chinois? On ne sait trop. Mais pourquoi accorder la priorité à des Québécois? Ça on le comprend.

La thèse « trudeauisque », endossée par tous les libéraux, d’hier à aujourd’hui, à moins que certains d’entre eux la dénoncent, ce qui n’est toujours pas fait, avance que les Québécois sont une partie de la population canadienne française; que les Canadiens français forment un groupe linguistique et culturel tout comme les Canadiens anglais; que les Canadiens anglais et français accordent aux groupes ethniques qui s’installent au Canada les mêmes droits et libertés qui sont les leurs. Donc, pas d’intégration culturelle, chaque groupe conserve la sienne. Pour la langue, le pragmatisme rendra évident pour tous que l’usage de l’anglais s’impose, qu’on soit Québécois, Chinois, Indien, Pakistanais, Jamaïcain ou autre. Le contenu de la charte canadienne des droits reflète cette volonté, surtout pour ce qui concerne les différences religieuses et culturelles, et les cours de justice traduisent dans leurs décisions ce qui est tacitement exprimé dans la charte.

Que Stéphane Dion, homme de clarté s’il en est un, ne se limite pas au stade référendaire, qu’il applique cette notion en expliquant l’absence de clivage entre Québécois et autres Canadiens, puisque le multiculturalisme s’impose. Beau sujet à développer en campagne électorale. Ensuite, on pourra parler clairement de nation canadienne anglaise, de nation chinoise, de nation indienne, de nation pakistanaise, de nation jamaïcaine, de nation… au même titre que de nation québécoise.

Les militants du PLC ne semblent pas encore comprendre, ils sont durs d’oreille. Convainquez-les quelqu’un!

Que de progrès nous vivrons alors!

Je n’ai que d’humbles mots
Pour parler de ma joie
Je n’ai que d’humbles mots
Pour parler de ma mort
Je n’ai que d’humbles mots
Pour dire la bonté
Des hommes de mon sang
Je n’ai que d’humbles mots
Pour vivre ma clarté
Homme trituré je fus
Homme de joie je suis.

Maurice Beaulieu (La terre que je suis)

samedi 6 octobre 2007

États-Unis : salmigondis


L’absence de compassion du président des États-Unis envers les plus démunis de sa société a, une fois de plus, frappé de plein fouet quand George W. Bush a opposé son veto à l’application d’une loi qui aurait permis à près de quatre millions d’enfants d’être protégés par le service public d’assurance-maladie.

Les motifs de ce refus sont de trois ordres, selon le président : cette mesure n’aiderait pas davantage les enfants les plus pauvres (ils sont déjà « couverts »), ce serait un pas vers un régime universel d’assurance et cela coûterait trop cher. Pourtant la législation prévoyait piger dans les poches des fumeurs pour financer l’extension du programme, pas dans le budget de la défense.

L’actuelle protection offerte aux enfants défavorisés remonte à 10 ans. Sa mise à jour aurait permis à 3,8 millions d’autres enfants d’en bénéficier d’ici 2012 en étendant la protection offerte aux ménages gagnant moins de 60 000 $ par année. Les coûts du programme seraient ainsi passés, sur cinq ans, de 35 à 60 milliards $.

Avouons qu’il est dans l’ordre des priorités de consacrer l’essentiel des efforts financiers des États-Unis vers la guerre en Irak où 170 000 jeunes américains sont déployés. Les coûts de cette guerre sont tellement astronomiques que les 25 milliards $ supplémentaires sur cinq ans, pour le programme de protection d’assurance-maladie apparaissent dérisoires à quiconque prend la peine d’y penser.

Une autre dopée

En pleurs devant les caméras, après des messages épistolaires adressés à toute sa famille et ses amis, la quintuple médaillée des Jeux olympiques de 2000 à Sydney, Marion Jones, avoue avoir consommé des stéroïdes indétectables (à l’époque en tout cas).

Le Comité international olympique (CIO) entend réagir prestement en lui retirant les médailles acquises, dont la plus importante, l’or, qui reviendra à Katerina Thanou, elle-même impliquée dans un scandale de dopage lors des jeux de 2004 à Athènes.

Une fois de plus, c’est l’entraîneur qui est visé. Les suppléments que lui faisait ingurgiter Trevor Graham étaient censés être de l’huile de lin, selon Mme Jones. Et, encore une fois, l’affaire remonte vers les laboratoires Balco. Plus ça va, moins Geneviève Jeanson va se sentir seul dans ses mensonges et regrets.

Villeneuve soulève la polémique

Notre Jacques Villeneuve ne fait pas que chauffer l’asphalte lorsqu’il se présente sur un circuit automobile, il réchauffe également l’atmosphère et fait grogner certains de ses concurrents.

Même pas encore qualifié pour la course du dimanche 7 octobre à Taladega en Alabama, le coureur-restaurateur essuie les foudres de coureurs en position de se mériter le championnat NASCAR dans cette catégorie. Selon quelques-uns des 12 coureurs en tête de liste de cette compétition, l’arrivée de Villeneuve, comme celle de John Hornish Jr, trois fois champion en Indy et une fois vainqueur de l’Indy 500, risque de mêler les cartes et ils ne comprennent pas pourquoi les autorités du circuit ont autorisé leur arrivée, ce week-end-ci en particulier. « Je ne doute pas du talent de Jacques Villeneuve, raconte Kyle Busch, ni de son habileté, ni de sa capacité de courir vite. Le seul problème que nous avons, c’est qu’il fasse ses débuts ici à Talladega. Il aurait pu débuter n’importe où ailleurs. »

Philosophe, Villeneuve a répliqué que si la même situation s’était produite en Europe la réaction aurait été 10 fois pire.

De quelques accords de guitare, Jacques réussira-t-il à apaiser les esprits?

24 chansons de trop

À 9 250 $ la chanson téléchargée via Internet, l’Américaine Jammie Thomas trouve salée l’exemple qu’un jury de Duluth, Minnesota, lui a servi pour démontrer que s’approvisionner illicitement en musique entraîne une violation des droits d’auteurs. Mme Thomas doit maintenant 222 000 $ à Sony, Arista, Interscope, UMG, Capitol et Warner Bros.

En tout, ce serait 1 702 chansons que l’inculpée aurait téléchargées sans permission par le biais d’un site nommé Kazaa, ce qu’elle a nié. Les plaignants ont toutefois porté leur grief sur les 24 titres dont la preuve était la plus évidente à démontrer. L’avocat des plaignants affirme que cette décision envoie un message clair : « Télécharger et distribuer des enregistrements sans autorisation est incorrect. »

Reste aux auteurs, compositeurs et interprètes à faire comprendre aux compagnies de disques et aux diffuseurs que de toucher des droits raisonnables, pour les artisans, sur la vente et la diffusion d’une chanson c’est également un droit à respecter.

L’air pur prend le frais

En Californie, deux municipalités, Calabasas et Belmont ont décrété l’interdiction de fumer… dans les appartements et condos.

Au Colorado, un couple a reçu un avis de cesser de fumer dans son condo après une décision des trois autres propriétaires survenue trois ans après l’acquisition de leur propriété. Ils ont contesté et ont été déboutés. Ils vivent maintenant dans une maison mobile en banlieue.

Les cas semblables se multiplient aux États-Unis.

Quand touchera-t-on au saumon fumé?

La valse des millions présidentiels

Hilary Clinton dispose, jusqu’ici, de 80,1 millions $ pour mener sa campagne à titre de candidate démocrate à la présidence. Son adversaire, Barack Obama, suit de près avec 1 million $ de moins.

Du côté des Républicains , Rudy Giuliani, compte sur 35,6 millions $, dont 10,5 millions $ récoltés entre les mois de juillet et septembre. S’il lui en manque, il ira puiser dans sa fortune personnelle.

Ce qui est intéressant sur le degré de confiance que possède chacun des candidats en sa capacité de l’emporter est d’observer la somme allouée aux primaires, c’est-à-dire la campagne qui désignera les délégués aux congrès respectifs des partis, par opposition à la campagne présidentielle elle-même.

Ainsi, Hilary Clinton consacre 62,6 millions $ aux primaires, laissant dans sa cagnotte 17,5 millions $ pour la campagne à la présidence. Barrack Obama met vraiment le paquet sur les primaires, ne se laissant que 4 millions $ pour la présidentielle. Giuliani emprunte la même voie en se réservant seulement 3,9 millions $ pour la course à la Maison blanche.

En tout cas, tous les candidats semblent conclure qu’une fois engagée la course pour l’élection de 2008, les fonds seront au rendez-vous, les primaires ayant servi d’amorce pour les intéressés qui préfèrent attendre le développement des tendances avant de se risquer.

Navire qui revient sans émoi, qui repart
Sans regret, impassible et prêt à tout hasard.

Mon âme résignée à toutes les partances
Qui voit d’un œil pareil la joie ou la navrance.

Jovette Bernier (Mon âme était pareille…)

lundi 1 octobre 2007

EN TRANSIT

L'auteur est présentement en transit avec les outardes. D'ici quelques jours, les prochains textes vous parviendront du sud avec quelques nouveautés. Suivez le guide.

Au fédéral le trésor s’enrichit, au Québec l’emploi dépérit



Fermetures d’entreprises, mises à pied temporaires ou définitives, débâcle dans le milieu forestier, délocalisation du secteur de la fabrication. Autant d’épreuves sociales qui risquent de mener l’économie du Québec vers l’anémie; et, plus encore, à l’échelle humaine, des drames de la vie de tous les jours où le vrai monde victime des rationalisations planétaires recherche la bouée qui lui permettra de demeurer à flot le temps de retrouver une raison de vivre : un revenu de travail décent afin d’évoluer dans son milieu sans s’y sentir stigmatisé par l’oisiveté forcée.

Les travailleurs de Paccar de Sainte-Thérèse, dont le carnet de commandes ne suffit plus, subissent les affres des mises à pied; les 380 travailleurs de Norsk Hydro de Bécancour voient s’envoler tout espoir de reprise avec le démantèlement de leur usine; les 450 travailleurs de GE Hydro du secteur Lachine à Montréal verront de leur salon l’installation de turbines sur le futur chantier de la Rupert, des turbines qu’ils cesseront de fabriquer en juin 2008; des centaines de travailleurs de moulins à scie et d’usines de papier, comme la Kruger de Trois-Rivières, se retrouvent au chômage du jour au lendemain.

Les 450 travailleurs de l’Alcan à Shawinigan, eux, lancent un cri d’alarme face à la fermeture appréhendée de leur usine en 2015 en raison de la vétusté des cuves Soderberg actuellement en opération.

Où aller quand toute une vie professionnelle a été consacrée à la mécanique et qu’il n’y a plus de constructeurs d’automobiles ou de camions? Quand sa spécialité est celle de machiniste et qu’il n’y a plus de tours disponibles? Quand le bois coûte de plus en plus cher à récolter, que la concurrence l’offre à prix dérisoire ou interdit son territoire en contravention des traités en vigueur? Quand des propriétaires d’usines ont préféré accumuler les profits au lieu de moderniser leur équipement? Quand les intérêts financiers distribuaient de généreux dividendes issus de la faiblesse du dollar canadien en lieu et place d’une stratégie de compétitivité accrue? Quand, sans gêne, ces intérêts prétextent maintenant la force du dollar pour expliquer la dérive?

Mais où se trouvent les ponts permettant de passer de l’emploi stable depuis cinq, 10, 15, 20 ou 25 ans vers de nouveaux horizons? Dans les goussets du trésor fédéral. Où se trouve les outils politiques pour bâtir ces ponts? Dans les poches de Stephen Harper.

Effectivement, il s’agit bien ici de ponts, au pluriel. Le tissu industriel québécois, comme le nord-américain en général, a bien évolué ces dernières décennies.

14 milliards $ de surplus budgétaires, près de cinq milliards $ de plus que prévus au budget 2006 – 2007; 6,4 milliards $ pour le premier trimestre de 2007 – 2008; plus de 90 milliards $ de surplus depuis 10 ans. Tout cet argent, notre argent, pourrait contribuer à reconfigurer le tissu industriel canadien et, entretemps, à soutenir la réorientation des carrières des personnes affectées par les mises à pied vécues semaine après semaine.

Le milieu québécois du travail, lourdement affecté par la transformation radicale du profil industriel qui suit son cours, sans considération pour les drames humains qui s’ensuivent, attend toujours que ses préoccupations soient relayées par les Maxime Bernier, Michael Fortier, Josée Verner et autres Lawrence Cannon du cabinet conservateur.
Un gouvernement qui a les moyens d’intervenir pour atténuer les difficultés vécues par sa population et qui y renonce en toute connaissance de cause est un gouvernement qui capitule. Un gouvernement qui capitule fait mieux d’abdiquer. Les Québécois jugeront dès lors à l’aune des efforts qu’il aura ou n’aura pas déployés pour atténuer les effets malfaisants de la désindustrialisation rampante.

Le travail c’est la santé. La paresse des conservateurs québécois à travailler pour le Québec démontre l’apathie chronique de ce parti perverti par son idéologie de laisser-aller du libre- marché. Ces forces du marché dédaignent la faiblesse et la vulnérabilité de celles et ceux qui doivent gagner leur vie à l’écart des revenus boursiers.

La bourse ou la vie!

Chaque matin je suis mordu
Du besoin d’aller vers un but
Que mon désir découpe au lointain dans la paix.

Alphonse Beauregard (Impuissance)