lundi 1 octobre 2007

Au fédéral le trésor s’enrichit, au Québec l’emploi dépérit



Fermetures d’entreprises, mises à pied temporaires ou définitives, débâcle dans le milieu forestier, délocalisation du secteur de la fabrication. Autant d’épreuves sociales qui risquent de mener l’économie du Québec vers l’anémie; et, plus encore, à l’échelle humaine, des drames de la vie de tous les jours où le vrai monde victime des rationalisations planétaires recherche la bouée qui lui permettra de demeurer à flot le temps de retrouver une raison de vivre : un revenu de travail décent afin d’évoluer dans son milieu sans s’y sentir stigmatisé par l’oisiveté forcée.

Les travailleurs de Paccar de Sainte-Thérèse, dont le carnet de commandes ne suffit plus, subissent les affres des mises à pied; les 380 travailleurs de Norsk Hydro de Bécancour voient s’envoler tout espoir de reprise avec le démantèlement de leur usine; les 450 travailleurs de GE Hydro du secteur Lachine à Montréal verront de leur salon l’installation de turbines sur le futur chantier de la Rupert, des turbines qu’ils cesseront de fabriquer en juin 2008; des centaines de travailleurs de moulins à scie et d’usines de papier, comme la Kruger de Trois-Rivières, se retrouvent au chômage du jour au lendemain.

Les 450 travailleurs de l’Alcan à Shawinigan, eux, lancent un cri d’alarme face à la fermeture appréhendée de leur usine en 2015 en raison de la vétusté des cuves Soderberg actuellement en opération.

Où aller quand toute une vie professionnelle a été consacrée à la mécanique et qu’il n’y a plus de constructeurs d’automobiles ou de camions? Quand sa spécialité est celle de machiniste et qu’il n’y a plus de tours disponibles? Quand le bois coûte de plus en plus cher à récolter, que la concurrence l’offre à prix dérisoire ou interdit son territoire en contravention des traités en vigueur? Quand des propriétaires d’usines ont préféré accumuler les profits au lieu de moderniser leur équipement? Quand les intérêts financiers distribuaient de généreux dividendes issus de la faiblesse du dollar canadien en lieu et place d’une stratégie de compétitivité accrue? Quand, sans gêne, ces intérêts prétextent maintenant la force du dollar pour expliquer la dérive?

Mais où se trouvent les ponts permettant de passer de l’emploi stable depuis cinq, 10, 15, 20 ou 25 ans vers de nouveaux horizons? Dans les goussets du trésor fédéral. Où se trouve les outils politiques pour bâtir ces ponts? Dans les poches de Stephen Harper.

Effectivement, il s’agit bien ici de ponts, au pluriel. Le tissu industriel québécois, comme le nord-américain en général, a bien évolué ces dernières décennies.

14 milliards $ de surplus budgétaires, près de cinq milliards $ de plus que prévus au budget 2006 – 2007; 6,4 milliards $ pour le premier trimestre de 2007 – 2008; plus de 90 milliards $ de surplus depuis 10 ans. Tout cet argent, notre argent, pourrait contribuer à reconfigurer le tissu industriel canadien et, entretemps, à soutenir la réorientation des carrières des personnes affectées par les mises à pied vécues semaine après semaine.

Le milieu québécois du travail, lourdement affecté par la transformation radicale du profil industriel qui suit son cours, sans considération pour les drames humains qui s’ensuivent, attend toujours que ses préoccupations soient relayées par les Maxime Bernier, Michael Fortier, Josée Verner et autres Lawrence Cannon du cabinet conservateur.
Un gouvernement qui a les moyens d’intervenir pour atténuer les difficultés vécues par sa population et qui y renonce en toute connaissance de cause est un gouvernement qui capitule. Un gouvernement qui capitule fait mieux d’abdiquer. Les Québécois jugeront dès lors à l’aune des efforts qu’il aura ou n’aura pas déployés pour atténuer les effets malfaisants de la désindustrialisation rampante.

Le travail c’est la santé. La paresse des conservateurs québécois à travailler pour le Québec démontre l’apathie chronique de ce parti perverti par son idéologie de laisser-aller du libre- marché. Ces forces du marché dédaignent la faiblesse et la vulnérabilité de celles et ceux qui doivent gagner leur vie à l’écart des revenus boursiers.

La bourse ou la vie!

Chaque matin je suis mordu
Du besoin d’aller vers un but
Que mon désir découpe au lointain dans la paix.

Alphonse Beauregard (Impuissance)

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