mercredi 10 octobre 2007

Coderre à la guerre


L’ineffable Denis Coderre a finalement réussi à se rendre en Afghanistan, malgré les louvoiements et magouilles du ministre des Affaires étrangères du Canada, Maxime Bernier. De fait, ce dernier a agi comme s’il avait quelque chose à camoufler. Les troupes canadiennes déployées en Afghanistan, à ce que l’on sache, ne sont pas la propriété exclusive du gouvernement du Parti conservateur du Canada, mais de l’ensemble de la population du pays.

Or, l’ensemble de la population du pays est représenté aux Communes, outre par le Parti conservateur, par le Parti libéral du Canada, le Bloc québécois et le Nouveau parti démocratique.

Il apparaît logique qu’une simple demande du député responsable du dossier des affaires étrangères de l’un des partis d’opposition devrait suffire pour que le ministère acquiesce à sa demande et lui prépare une visite des troupes sur place et, dans la mesure du possible, du théâtre des opérations. Ceci ne devrait même pas relever d’une décision politique, mais d’une procédure administrative.

Mais le parti de Stephen Harper se conduit comme si la présence de militaires canadiens en Afghanistan n’était que de son ressort.

Non pas que le périple de Denis Coderre, que ce soit à Kaboul ou à Kandahar, apparaisse comme indispensable pour remonter le moral des troupes présentes là-bas. Non plus que sa personnalité garantisse une conclusion hâtive du conflit qui sévit dans ce pays.

Si le ministre Maxime Bernier avait expliqué aux Canadiens qu’il voulait éviter aux Afghans ce que nous devons, nous, subir quand Denis Coderre décide de faire une sortie médiatique, peut-être alors son attitude nous aurait semblé moins suspecte. En effet, qui voudrait infliger à tout autre peuple de la terre un Denis Coderre?

À bien y penser, ce voyage de Denis Coderre en terre afghane ne serait-il pas un complot ourdi par l’entourage de Stéphane Dion?

D’abord, le temps qu’il a passé à dénoncer l’attitude du ministère des Affaires étrangères à son égard l’a écarté des querelles intestines qui sévissent à l’intérieur du Parti libéral du Canada. Une sortie de Denis Coderre sur la question, avec toute la diplomatie qui le caractérise, n’aurait certainement pas assaini le climat. Ensuite, le temps qu’il passe en Afghanistan accorde un répit à son chef qui peut risquer une déclaration officielle sans que celle-ci soit interprétée à travers le prisme politique, souvent déformant, du député de Bourassa. Enfin, la présence du député libéral dans un Tim Horton’s de Kandahar pourrait être susceptible d’en faire une victime collatérale de cette guerre. Pas une victime mortelle, mais une victime politique, M. Coderre ayant la propension de se comporter aussi subtilement sur la scène publique qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine, ce qui pourrait lui valoir, qui sait, une remontrance de quelque officier de l’armée canadienne, ce qui serait sans doute bien vu tant du chef du Parti libéral, qui y trouverait une raison valable d’écarter son gênant porte-parole, que du ministre Bernier à qui il donnerait des munitions pour interdire d’autres visites du genre et conserver pour lui l’exclusivité de cette guerre.

Au fait, en disant préparer une éventuelle visite de son chef en Afghanistan, comment les Canadiens profitent-ils de la visite de Denis Coderre? Par un constat que nos soldats sont braves? Qu’ils sont utiles ou pas pour les Afghans? Que la mission devrait se poursuivre ou pas, immédiatement, en 2009 ou au-delà? Que nous rapporte Denis Coderre?

Vois-tu ce chemin misérable
Dont jamais n’ont foulé le sable
Que les pas du désespoir? …
C’est par là que je m’en irai.

Lionel Léveillé (Vois-tu ce chemin)

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