dimanche 7 octobre 2007

Québécois ou Chinois : le retour des choses


Le bras de fer entre le président de l’aile québécoise du Parti libéral du Canada (PLC), Robert Fragasso, et le directeur général de l’organisation nationale, Jamie Carroll, continue de susciter la grogne chez les militants du Québec et la sénatrice Céline Hervieux-Payette appelle au calme.

Les propos de M. Carroll, homme de confiance du chef Stéphane Dion, n’ont pourtant rien de scandaleux pour un militant libéral fidèle aux traditions de son parti. Le multiculturalisme prôné et défendu par Pierre Elliott Trudeau s’inscrivait dans la droite ligne de la réaction qu’a eue Jamie Carroll quand on lui a demandé que le parti fasse plus de place aux Québécois et aux francophones, tant au quartier général que dans l’entourage du chef.

La réplique de Jamie Carroll, à croire M. Fragasso, a été aussi spontanée que sincère pour un Canadien inspiré de l’esprit du multiculturalisme lequel a été défendu par Mme Hervieux-Payette, ce qui explique sans doute son appel au calme. En effet, pourquoi jouer les vierges offensées quand le PLC a toujours été le parti de l’infériorisation des Québécois?

M. Carroll a simplement dit ce que tout Canadien du ROC (rest of Canada par rapport au Québec) pense profondément, soit : « Si j’embauche plus de Québécois, est-ce que je vais devoir embaucher plus de Chinois aussi? » Pourquoi des Chinois? On ne sait trop. Mais pourquoi accorder la priorité à des Québécois? Ça on le comprend.

La thèse « trudeauisque », endossée par tous les libéraux, d’hier à aujourd’hui, à moins que certains d’entre eux la dénoncent, ce qui n’est toujours pas fait, avance que les Québécois sont une partie de la population canadienne française; que les Canadiens français forment un groupe linguistique et culturel tout comme les Canadiens anglais; que les Canadiens anglais et français accordent aux groupes ethniques qui s’installent au Canada les mêmes droits et libertés qui sont les leurs. Donc, pas d’intégration culturelle, chaque groupe conserve la sienne. Pour la langue, le pragmatisme rendra évident pour tous que l’usage de l’anglais s’impose, qu’on soit Québécois, Chinois, Indien, Pakistanais, Jamaïcain ou autre. Le contenu de la charte canadienne des droits reflète cette volonté, surtout pour ce qui concerne les différences religieuses et culturelles, et les cours de justice traduisent dans leurs décisions ce qui est tacitement exprimé dans la charte.

Que Stéphane Dion, homme de clarté s’il en est un, ne se limite pas au stade référendaire, qu’il applique cette notion en expliquant l’absence de clivage entre Québécois et autres Canadiens, puisque le multiculturalisme s’impose. Beau sujet à développer en campagne électorale. Ensuite, on pourra parler clairement de nation canadienne anglaise, de nation chinoise, de nation indienne, de nation pakistanaise, de nation jamaïcaine, de nation… au même titre que de nation québécoise.

Les militants du PLC ne semblent pas encore comprendre, ils sont durs d’oreille. Convainquez-les quelqu’un!

Que de progrès nous vivrons alors!

Je n’ai que d’humbles mots
Pour parler de ma joie
Je n’ai que d’humbles mots
Pour parler de ma mort
Je n’ai que d’humbles mots
Pour dire la bonté
Des hommes de mon sang
Je n’ai que d’humbles mots
Pour vivre ma clarté
Homme trituré je fus
Homme de joie je suis.

Maurice Beaulieu (La terre que je suis)

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