lundi 8 octobre 2007

Canada-Québec à la une


Pour que le Canada fasse la une d’un quotidien aux États-Unis, il faudrait que son premier ministre s’immole par le feu devant le président américain en visite à Ottawa ou encore qu’il s’associe avec un ennemi honni : Cuba.

La dernière option vaut la une du Miami Herald à deux entreprises canadiennes spécialisées en soins de santé, dont une de la Beauce au Québec. Celles-ci offrent des services opératoires rapides et à un prix abordable aux Canadiens et, horreur!, aux Américains.

L’embargo américain, toujours en vigueur à l’endroit de Cuba, inclut effectivement les services de santé et les réactions face à l’initiative des compagnies canadiennes soulèvent le scepticisme du milieu médical étatsunien.

Quiconque a subi l’épreuve financière de devoir subir des traitements médicaux en milieu américain sait que les coûts y sont exorbitants. Quelques exemples : le remplacement d’une hanche coûte chez l’oncle Sam 38 000 $. Selon Daren Jorgenson de Choice Medical Services, de Winnipeg, la même intervention se règle 7 600 $ à Cuba. Aplatir un ventre trop proéminent revient à 2 800 $ à Cuba, contre 5 200 $ aux USA, et cette opération est souvent nécessaire au royaume du fast-food.

Mais ce qui fait grincer des dents les professionnels de la santé des États-Unis, ce sont les propos de M. Jorgenson qui affirme : « Cuba est reconnu pour ses standards élevés en soins de santé. » La réaction des experts médicaux est davantage politique que scientifique lorsqu’ils répliquent que les étrangers qui en ont les moyens financiers sont mieux traités que les Cubains.

Il n’empêche que la situation qui prévaut et la tendance qui s’installe de voir des Canadiens, des Espagnols, des Italiens sollicités des soins de santé à Cuba pique la curiosité des Américains, d’autant plus que des citoyens des États-Unis transitent par ces pays pour obtenir des soins à Cuba, en toute illégalité. Milica Z. Bookman, co-auteure du bouquin Tourisme médical dans les pays en développement reconnaît que ce pays dispose « des infrastructures nécessaires et d’un personnel bien entraîné » prêt à fonctionner si l’embargo américain à l’endroit de Cuba vient à être levé.

Mme Bookman attend d’ailleurs une autorisation gouvernementale pour aller observer, dès le mois prochain si possible, le travail qui se réalise à Cuba.

Les promoteurs canadiens des services de soins de santé dispensés au pays du lider maximo tournent, au passage, en ridicule le documentaire de Michael Moore qui décrit comme idylliques les services hospitaliers canadiens. « Michael Moore devait être sorti pour le lunch quand son équipe a visité les hôpitaux canadiens. »

Alexandre « Sandy » Rhéaume, de Frampton, près de Sainte-Marie-de Beauce au Québec, dirige Health Services International (HSI) et décrit ainsi l’accès aux soins médicaux au Canada : « C’est un scandale politique quand on sait que les gens doivent patienter de 12 à 18 mois avant de profiter de certains types d’interventions chirurgicales. » Cette entreprise sans but lucratif a été mise sur pied par Lucie Vermette qui s’est intéressé à Cuba après avoir dû attendre six mois pour voir un spécialiste. HSI réclame 250 $ pour ouvrir et préparer le dossier, le patient paie directement les frais aux services cubains, dont 10 p. cent reviennent à HSI.

Voilà de la pression supplémentaire exercée sur le système de santé canadien où les soins sont de première classe en autant que les malades réussissent à y accéder, ce qui est démontré sondage après sondage.

M. Couillard a-t-il avalé la clé de la serrure?

Oh! L’infini m’étreint. Mon cœur avide
Tel l’éponge des mers se gonfle et se remplit.
Mais ma bouche qui s’ouvre est comme un antre vide
Où la morne impuissance habite et fait son lit…

Robert Choquette (Vivre et créer)

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