mercredi 17 octobre 2007

Le NPD flotte mais pourra-t-il surfer?


Avec l’élection de Thomas Mulcair au cours de l’élection partielle dans la circonscription d’Outremont, le Nouveau parti démocratique (NPD) de Jack Layton flotte comme sur un nuage. Mais saura-t-il surfer sur cette vague d’enthousiasme et ce succès d’estime jusqu’à l’élection générale?

Le NPD n’a jamais entretenu beaucoup d’espoir au Québec, sauf au milieu des années 80 où un sursaut est survenu et s’est concrétisé dans l’élection de Phil Edmonston, ex-président de l’Association pour la protection des automobilistes (APA), sur la Rive-sud en 1990. Edmonston démissionnera en cours de route et le NPD retournera dans les limbes politiques québécois.

Mais cette éclaircie dans le sombre passage du NPD au Québec a été pour le moins furtive quand ce parti a montré son vrai visage à l’occasion des discussions autour de l’accord du Lac Meech. Le NPD a tergiversé estimant que le palier fédéral cédait trop de pouvoirs aux provinces, affaiblissant de la sorte le gouvernement central. Finalement, à l’est, le libéral Clyde Wells, premier ministre de Terre-Neuve, reniait sa parole, et, à l’ouest, le néo-démocrate manitobain, devenu député indépendant, Elijah Harper, profitait d’une égalité des voix dans son parlement pour s’opposer à l’accord et le torpiller corps et biens.

Bob Rae a fait élire, en 1990, un premier gouvernement du NPD à l’Assemblée législative de l’Ontario. Après avoir subi la défaite dans sa province, Bob Rae a accepté divers mandats du gouvernement fédéral pour, finalement, cette année, se lancer dans la course au leadership du… Parti libéral du Canada (PLC). Le jupon peut-il dépasser davantage?

Lors des négociations constitutionnelles de 1981, qui devaient mener au rapatriement unilatéral de la constitution en 1982, on retrouvait parmi les principaux alliés de Pierre Elliott Trudeau, de la ligne dure de la centralisation des pouvoirs entre les mains d’Ottawa, Allan Blakeney, premier ministre du Manitoba, et Roy Romanow, procureur général de la Saskatchewan, tous deux élus sous les couleurs du Nouveau parti démocratique dans leur provinces respective. Roy Romanow, notamment, a joué un rôle particulièrement crucial à l’occasion de cette fameuse nuit des longs couteaux qui devait isoler le Québec et l’écarter de toute entente.

Aujourd’hui, donc, le sauveur néo-démocrate québécois serait Thomas Mulcair, démissionnaire amère du Parti libéral du Québec. Offusqué de se voir écarter du cabinet des ministres par Jean Charest, M. Mulcair claque la porte et joint les rangs du NPD. Élu dans Outremont à la faveur d’une élection partielle, il se voit maintenant à la tête d’une aile néo-démocrate québécoise capable de se mesurer au PLC, c’est possible, au Parti conservateur, possible aussi, et au Bloc québécois, ça reste à voir.

D’évidence, Jack Layton et Thomas Mulcair sont fascinés par ce miroir aux alouettes que constituent les résultats d’une élection partielle. Outremont n’est pas le Québec; et le Outremont d’une partielle n’est pas le milieu naturel de l’électorat de l’endroit.
Le NPD et Thomas Mulcair gonflent leurs biceps en intervenant sur divers dossiers concernant le Québec, tentant de la sorte de créer un intérêt au sein de l’électorat sur la transformation en cours au sein du NPD. Dernière intervention en date : dénonciation du projet de port méthanier à Lévis.

Aux accusations de centralisme historique observé chez le NPD, MM. Layton et Mulcair rétorquent en citant des prises de position qui vont dans le sens des courants politiques épousés par la population québécoise : scepticisme à l’endroit de l’Afghanistan, les frais aux guichets automatiques, les prix de l’essence… (La Presse 28 septembre 2007).

Une chose est cependant certaine : Thomas Mulcair est un fédéraliste convaincu, il l’a toujours démontré et le NPD représente pour lui un nid douillet en autant qu’il réussisse à se faire réélire, seul ou avec d’autres.

D’autres autour de toi, comme de riches fûts,
Poussaient leurs troncs noueux vers la voûte céleste.
Ils sont tombés, et rien de leur beauté ne reste;
Et toi-même, aujourd’hui, sait-on ce que tu fus?


Phamphile Le May (À un vieil arbre)

Aucun commentaire: