dimanche 13 septembre 2009

C'est terminé!

Toute bonne chose a une fin. Après trois saisons de commentaires sur l'actualité, un autre projet m'appelle et je compte y consacrer l'énergie nécessaire. Je remercie toutes celles et tous ceux qui m'ont suivi depuis 2006. C'est avec plaisir que je me suis documenté pour vous renseigner le plus précisément possible. J'ai reçu de chaleureux commentaires qui m'ont réjoui.

Salutations cordiales et au plaisir de renouer sur le mode épistolaire.


Sincères remerciements.

Yvan Sinotte

lundi 22 juin 2009

Bonnes vacances et bon été

Voici venu le temps de la pause estivale. Merci à toutes celles et à tous ceux qui suivent Carnets d'Amériques. Une pensée particulière accompagne les anciens collègues et amis qui prennent leur retraite. Au plaisir.

jeudi 18 juin 2009

Québec FTQ – Quebecor, même combat

Arsenault et Péladeau font ensemble une montée en vue de la conquête des Canadiens. Michel Arsenault, président de la FTQ et du Fonds de solidarité de cette même fédération, ne semble pas trop se soucier des fréquentations qu’il entretient.

Il y a quelques mois à peine, la presse révélait ses accointances avec Tony Accurso. Des enquêtes sont en cours au sujet de relations possibles entre le crime organisé et le milieu de la construction, y compris la FTQ-construction.

Et maintenant, le Fonds de solidarité se joint à Quebecor de Pierre-Karl Péladeau pour acquérir le club de hockey. Michel Arsenault trouve que Quebecor s’améliore au plan des relations de travail. L’amnésie l’aurait-elle frappé ou tourne-t-il la tête pour ne rien voir? Vidéotron, syndicat SCFP affilié à la FTQ, le Journal de Québec, syndicat SCFP affilié à la FTQ, le Journal de Montréal, syndicat affilié à la CSN, le Réveil de Saguenay, syndicat affilié à la CSN. Des conflits qui perdurent avec la volonté bien démontrée par la direction de Quebecor, PKP en tête, de mâter les syndicats en place sans distinction d’affiliation. Prochain sur la liste : TVA, syndicat SCFP affilié à la FTQ?

Ce n’est pas la première fois que la FTQ donne un coup de main à Quebecor. De fait, lorsque Quebecor a demandé à la Caisse de dépôt et de placement un soutien financier afin d’acquérir Vidéotron, le président de la FTQ de l’époque, qui siégeait au conseil d’administration de la Caisse, a voté en faveur de Quebecor.

La culture FTQ souffre de graves lacunes et c’est historique. Quand Louis Laberge affirmait qu’il n’était aucunement au courant des agissements de Dédé Desjardins était-ce crédible? Quand Michel Arsenault, aujourd’hui, affirme qu’il ignorait le comportement de Jocelyn Dupuis, directeur général de la FTQ-construction, l’est-il davantage?

Douteuses mœurs
Frayer avec le requin
Élément destructeur
Emporte le dédain

lundi 8 juin 2009

Haïti Pays de tous les maux

Les étudiants manifestent en faveur de la hausse du salaire minimum et vandalisent le centre-ville de Port-au-Prince. L’Association des industries d’Haïti s’oppose à cette mesure adoptée par le Parlement mais qui ne peut s’appliquer sans l’aval du président René Préval. Les fortes pluies du mois de mai ont entraîné des inondations et glissements de terrain et semé la mort dans les Cayes. Des passeurs provoquent la noyade de neuf personnes. Un défenseur des droits des Haïtiens à Miami et partisan de Jean-Bertrand Aristide est décédé.

L’émissaire des Nations Unies auprès d’Haïti, l’ex-président Bill Clinton, a du pain sur la planche s’il souhaite voir se redresser une situation qui ne cesse de s’enliser dans cette partie de l’île d’Hispaniola. Même que Michel Forst, expert indépendant des Nations unies sur la situation des droits de l’homme en Haïti, estime que le pays est à deux cheveux d’un autre soulèvement populaire et le mouvement étudiant pourrait bien en être la bougie d’allumage.

Les étudiants de l’Université d’état d’Haïti, depuis plus d’une semaine, sont descendus dans la rue afin d’exercer de la pression sur le président Préval pour qu’il signe la loi décrétant l’augmentation du salaire minimum de 75 à 200 gourdes par jour (environ de 75 cents à 2 $). Le président subit également les pressions des dirigeants d’entreprise qui brandissent la menace de milliers d’emplois abolis si la majoration du salaire minimum est appliquée.

Les émeutes de la faim, en avril 2008, avaient occasionné des dizaines de morts. Encore aujourd’hui, des exécutions sommaires surviennent. Selon un policier de la ville de Montréal en poste à Port-au-Prince, un vol de bétail suffit pour que le coupable soit lynché sans autre forme de procès.

Tout, finalement, est question de droits : droit à la sécurité, droit de se nourrir, droit de se loger, droit de se vêtir, droit de travailler… Droit de vivre quoi!

Inondations et migration meurtrières

Fin mai, au moins 11 personnes ont perdu la vie à la suite d’inondations dans la vallée d’Artibonite, région de culture du riz. Les pluies du mois de mai ont été plus fortes qu’à l’accoutumée dans la région et la saison des pluies qui a débuté le 1er juin risque de drainer encore une fois son lot de malheurs.

Il se trouve toujours des individus pour profiter de la misère des autres. Le capitaine d’un bateau ayant fait naufrage au large de Boynton, ville située au sud de Palm Beach en Floride, fait face à des accusations pouvant lui valoir la peine de mort s’il est trouvé coupable. À la mi-mai, les garde-côtes américains ont repêché 16 personnes qui avaient pris place à bord de l’embarcation de Jimmy Métellus mais neuf personnes avaient péri, dont une femme enceinte. L’un des rescapés a affirmé avoir déboursé 4 000 $ pour effectuer la traversée d’Haïti vers la Floride. Selon le capitaine, le propriétaire du bateau est aux Bahamas.

Les garde-côtes de la Floride ont fait face à un autre incident avec des passeurs à la fin du mois de mai. Une centaine de passagers, qu’on suppose partis de Cap Haïtien, étaient à bord d’un navire repéré près de l’Île à la Tortue. Les gardes côtiers ont intercepté le navire et ont fait monter 35 personnes à leur bord mais les passeurs ne l’entendaient pas ainsi; armés jusqu’aux dents, ils ont réussi à prendre le large avec les 65 restants en menaçant de les tuer si les officiers intervenaient.

Gérard Jean-Juste

Une figure légendaire du pays est décédée à Miami à la fin du mois dernier. Gérard Jean-Juste, figure aussi controversée dans son pays d’origine que sur le sol américain, est mort à la suite d’une crise cardiaque.

Supporteur indéfectible de l’ex-président Jean-Bertrand Aristide, Gérard Jean-Juste, que les autorités haïtiennes ont suspecté un certain temps d’être mêlé à l’assassinat du journaliste Jacques Roche survenu en juillet 2005, s’est installé à Miami en 2006 après que les accusations aient été abandonnées. Jean-Juste a continué d’œuvrer en faveur d’un retour d’Aristide dans son pays et à défendre les droits des réfugiés haïtiens devant les tribunaux. Selon ce qu’il plaidait, ses compatriotes sont victimes de discrimination face aux réfugiés cubains. De fait, une loi américaine autorise les Cubains qui réussissent à mettre le pied sur le territoire à y demeurer. Les Haïtiens, pour leur part, sont retournés manu militari dans leur pays qu’ils aient ou non foulé le sol américain.

La présence de la diaspora haïtienne aux États-Unis est économiquement importante pour les leurs demeurés au pays. Des millions de dollars par mois sont expédiés vers l’île par les Haïtiens qui travaillent en Floride, notamment.

Mario Fournier, le policier montréalais en poste à Port-au-Prince, nous a écrit : « Il reste bien du travail à faire dans cette partie de l’ile… Et pour plusieurs années. Il faudra quelques générations à mon avis pour que cela ressemble à un pays civilisé. »

Fuir ou vaincre la misère
Lutte pour la dignité
Dans les rues la poudrière
En haut lieu ensommeillé

dimanche 31 mai 2009

Québec Pète dans l’trèfle Charest

L’un des acteurs de la saga des Plouffe de Roger Lemelin portait le surnom de Pète dans l’trèfle, pour la bonne raison que lui faisait tout et réussissait tout mieux que quiconque dans son entourage. Le premier ministre Jean Charest semble imbu de la même fatuité.

En clôturant le conseil général de son parti, dimanche dernier, il s’est autoproclamé « grand bâtisseur » du Québec. Il s’inscrit, selon lui-même, dans la lignée des Godbout, Lesage et Bourassa en annonçant qu’il allait faire harnacher une autre rivière du Québec. De cette lignée, le premier ministre a omis de mentionner un Philippe Hamel qui a fait sa carrière politique sur l’étatisation de l’énergie électrique et dont Adélard Godbout s’est inspiré pour nationaliser deux entreprises et créer Hydro-Québec. Il a également ignoré un certain René Lévesque à qui Jean Lesage avait confié la mission de poursuivre la tâche amorcée sous Godbout 20 ans plus tôt et de donner l’exclusivité à Hydro-Québec pour le développement et la desserte de l’énergie électrique.

Autre question, hypothétique celle-là, mais qui mérite une certaine attention : si Jean Charest avait été au pouvoir à la place de Jean Lesage aurait-il poussé en faveur de la nationalisation des compagnies productrices d’électricité? Connaissant Jean Charest, on peut en douter surtout si, à ses côtés, s’était retrouvé une Monique Jérôme-Forget.

S’il avait été Chinois, Jean Charest se serait-il investi du titre de « grand timonier »?

Bachand repu

Raymond Bachand a pris la relève de Mme Jérôme-Forget qui nous a quittés en nous laissant un sérieux déficit et une Caisse de dépôt et de placement amochée.

Après une commission parlementaire qui a laissé tout le monde sur sa faim, M. Bachand se dit repu de toute l’information qu’il y a glanée. Il y en a pour qui l’appétit est vite assouvi. Et le grand bâtisseur est du même avis, 30 heures de commission parlementaire, ça suffit. 10 milliards $ de moins que le rendement moyen, ça ne mérite pas plus. Qu’a-t-on à camoufler? Qui protège-t-on?

Dupuis vaincu

Dans son entêtement, le ministre de la Sécurité publique, Jacques Dupuis, aura couru après sa perte en refusant d’abord de défrayer le coût des avocats de témoins dans l’affaire Villanueva et, ensuite, de tenir une enquête plus large que celle d’un simple coroner. Il lui aura fallu les remontrances du juge Sansfaçon pour qu’il réalise sa turpitude.

Il se sera arcbouté jusqu’à l’ultime limite pour défendre l’indéfendable. Et le grand bâtisseur dans tout ça? Tout à fait d’accord.


Blais incongrue

N’importe qui, sans formation ou presque, peut s’occuper des personnes résidentes dans les centres d’accueil. Raison : pénurie de personnel. Réaction de Marguerite Blais, la ministre responsable des aînés : y envoyer des clowns.

Est-ce là une application a contrario de la théorie de Maslow? De fait, cet insigne professeur et chercheur de l’Université McGill a élaboré une échelle qui démontre qu’une fois les besoins fondamentaux (se nourrir, se vêtir, etc.) de l’être humain comblés, celui-ci passe à un stade subséquent où il tente de combler des besoins jusque-là complémentaires et ainsi de suite jusqu’à ce qu’il estime avoir atteint l’accomplissement total. Si l’on considère qu’une personne qui vieillit a de moins en moins de besoins, parce qu’elle a de moins en moins de mobilité, d’autonomie et de facultés cognitives, on peut donc la satisfaire avec des distractions de même nature que lorsqu’elle était enfant… d’où les clowns. CQFD.

Et le grand bâtisseur? Pas un mot pour rappeler à sa ministre que ses priorités devraient peut-être se trouver ailleurs.

Bolduc confus

Une étude réalisée par des pathologistes révèle que les femmes diagnostiquées d’un cancer du sein n’ont pas ou n’ont pas eu le traitement approprié, comme ce fut le cas à Terre-Neuve il y a quelques années. Comment réagit le ministre de la Santé Yves Bolduc? « Je vais prendre connaissance de l’étude. » Quand il officiait dans les urgences, disait-il à un patient gisant sur sa civière à la suite d’un accident d’auto : « Je vais d’abord consulter le rapport de police »?

Et le grand bâtisseur d’opiner du bonnet... d’âne? Un boulon mal vissé commande le rappel de dizaine de milliers de véhicules. Un traitement médical erroné : lecture de rapports et comités.

St-Pierre – Chaput

Avant d’enfoncer des portes ouvertes, la ministre Christine St-Pierre eut mieux fait de s’inspirer de Bernard Landry qui avait lancé sur le parquet de l’Assemblée nationale son « audi alteram partem », cette règle fondamentale de droit qui veut qu’on entende d’abord les deux parties avant de rendre jugement.

Que la gestion du président-directeur général de la SODEC, Jean-Guy Chaput, ne soit pas sans lacune, c’est très possible. Mais le congédier sans avoir entendu sa version des faits et sur la base de reportages manifestement incomplets, c’est pas mal fort. Il faut dire que l’international au Québec ça rend le monde frileux. Et le grand bâtisseur de joindre sa voix à la chorale des pourfendeurs de Chaput! En deux temps trois mouvements, out Chaput! Montréal-Nord, le traitement du cancer, 40 milliards $ et les vieux, ça peut attendre!

Ce sont les mêmes libéraux qui continuent d’affirmer qu’ils n’ont pas à se mêler de la gestion quotidienne des sociétés d’État? Annoncer le congédiement d’un président-directeur général sans attendre que le conseil d’administration statue, ça, c’est beaucoup d’ingérence.

Et Normandeau qui refuse d’assumer ses responsabilités face à Montréal et Whissel pour qui l’éthique n’est pas une priorité et puis combien en ignorons-nous?

Jean Charest voulait les clés de la voiture pour lui tout seul afin d’avoir en exclusivité les mains sur le volant. Quand va-t-il se mettre à conduire au lieu de bâtir?

Grand bâtisseur piètre chauffeur
Au premier ministre venu
Devant la troupe comme éclaireur
À la recherche du chemin perdu

dimanche 24 mai 2009

El Salvador Le FMLN au pouvoir



Le Front Farabundo Marti de libération nationale (FMLN) a marqué, dans les années 1980, l’imaginaire de tous les idéalistes nord-américains qui voyaient, dans ce groupuscule en lutte contre un intraitable régime d’extrême droite, un espoir de libération de tous les peuples d’Amérique centrale subissant une politique étrangère américaine inspirée de la doctrine Monroe considérant cette partie de l’hémisphère cour arrière des USA.

Oscar Romero, évêque de San Salvador, icône de cette lutte armée, apôtre de la théologie de la libération, était assassiné, en 1980, après sa messe dominicale. Voilà qui mettait le feu aux poudres!

La lutte armée entre les escadrons de la mort, sous la coupe du président Roberto D’Aubuisson du parti ARENA ( Alianza Republicana Nacionalista), et les militantes et militants du FMLN s’est soldée par l’accord de paix du 16 janvier 1992 signé à Chapultepec au Mexique. Bilan : 75 000 morts (plus de 10 % de la population), dont 85 % attribués à l’armée et aux escadrons de la mort. Cette guerre civile n’aurait pu perdurer de la sorte sans le soutien des États-Unis de Ronald Reagan qui ont financé l’ARENA, selon les chiffres connus, à hauteur de six milliards de dollars.

Victoire par les urnes

Dix-sept ans après la signature du traité de paix, le candidat FMLN à la présidentielle du 15 mars dernier, Mauricio Funes, remporte la majorité des voix exprimées avec 51,3 % du vote. La semaine prochaine, le lundi 1er juin, Funes sera assermenté en présence de la secrétaire d’État des États-Unis, Hilary Clinton.

Mauricio Funes, journaliste à la station de télévision 12, est aussi un ancien correspondant de la chaîne CNN. Il n’a pas participé à la lutte armée, mais son vice-président, Sánchez Céren, est un ex-commandant de la guérilla.

Le parcours du FMLN aura été cahoteux, depuis son entrée sur la scène politique, devant se confronter, en plus de l’ARENA, à deux autres partis : le PCN (Parti de conciliation nationale), formation composée de militaires, et le PDC (Parti démocrate-chrétien) ont renoncé à présenter leur candidat respectif et se sont ralliés à l’ARENA. Du côté de l’assemblée législative, le FMLN a fait élire, le 18 janvier dernier, 35 députés, l’ARENA 32, le PCN 10, le PDC 5, et le CD (Cambio democrático) 1.


Héritage : un pays délabré

La situation économique de l’Amérique latine est sombre et celle du Salvador désastreuse. Maurice Lemoyne, dans le numéro de mai du Monde diplomatique, note : « Début des années 1990. La démocratie a repris ses droits. Ex-paradis des dictateurs, l’Amérique latine devient le laboratoire du libéralisme le plus débridé. Elle comptait cent vingt millions de pauvres en 1980; vingt ans plus tard, on en dénombrera deux cent vingt-cinq millions. »

Sur une population de près de six millions d’habitants, deux millions et demi de Salvadoriens ont émigré, principalement aux États-Unis. Près de la moitié du pays (47,5 %) vit sous le seuil de la pauvreté et le cinquième dans l’extrême pauvreté, alors que 0,3 % de la population accaparent 44 % du revenu national. En plus d’un niveau de chômage massif, le Salvador est aux prises avec le taux d’homicides le plus élevé du continent (67,8 par 1 000 habitants).

La diaspora salvadorienne, qui représente le tiers de la population, contribue largement au maintien d’une situation économique plus vivable pour les siens demeurés au pays. Les remesas (transferts d’argent de la diaspora vers la parenté) représentaient, en 2008, 17 % du produit intérieur brut du pays ou 3,8 milliards $. Lors des élections de 2004, le président George W. Bush avait menacé, advenant l’élection du FMLN, de bloquer l’envoi des remesas. Le président réélu Antonio Sacca, en retour, a été le dernier des dirigeants d’Amérique latine à maintenir des troupes armées en Irak. Depuis, le Colombien Alvaro Uribe a pris la relève.

À la veille des élections du mois de mars, les Républicains au Congrès des États-Unis, malgré leur défaite, maintenaient le cap fixé par Bush : « Si le FMLN gagne ce dimanche, le Salvador se transformera rapidement en un satellite du Venezuela, de la Russie et peut-être de l’Iran. » Pour sa part, le département d’État a affirmé sa volonté de coopérer avec quelque président que ce soit.

Lemarass

Si, grâce à l’émigration, un flot d’argent bienvenu provient des États-Unis, celle-ci draine également un courant de violence qui explique le taux élevé d’homicides qui prévaut au Salvador avec 16 000 assassinats enregistrés depuis 2004, dont, selon la justice, la moitié serait attribuable aux gangs, les maras.

Les jeunes Salvadoriens vivant aux États-Unis sont aux prises avec les difficultés économiques qui frappent particulièrement les immigrants et les classes défavorisées. Ces jeunes se joignent aux gangs qui évoluent dans les ghettos. Épinglés et condamnés par les tribunaux, ceux-ci sont retournés dans leur pays d’origine. Devenus experts en armes et violence, revenus chez eux, ils intègrent les bandes locales et établissent un réseau de sous-traitants à la solde du crime organisé.

Mara est le nom de la fourmi légionnaire, comme c’est également le diminutif de marabunta, une migration massive et destructrice de ces fourmis. C’est aussi le nom d’une rue de San Salvador. En Amérique centrale, sa signification est passée de « groupe d’amis » à « gang de criminels ».

Au cours des seuls trois premiers mois de cette année, une douzaine de personnes par jour sont retrouvées mortes, selon un relevé officiel. Selon Antonio Rodriguez, qui pilote un programme de prévention de la violence auprès des jeunes, vous pouvez engager un tueur à gage pour 50 $ et il en coûtera 100 $ si le client veut voir le corps. Per capita, le Salvador est plus criminalisé que le Mexique. Sur son cellulaire, M. Rodriguez conserve la photo du corps d’un garçon de 12 ans décapité. Ses meurtriers, selon lui, ne sont probablement pas plus vieux que lui.

Économie exsangue

Avec une émigration galopante et son retour criminalisé, l’économie nationale est anémique et souffre de la crise mondiale. Les exportations n’ont cessé de diminuer depuis le début de l’année. Déjà, en décembre 2008, le pays connaissait six mois de chute constante de son volume d’activité économique. Et le crédit commercial se resserre, le niveau de prêt des banques n’ayant atteint que 3,5 % l’an dernier, comparés à des niveaux de 9,8 % et 13 % pour les deux années précédentes.

Visite au Venezuela

Pour sa première visite à l’étranger, Mauricio Funes a répondu à l’invitation du président vénézuélien Hugo Chávez. Pragmatique, Chávez a offert au Salvador du pétrole à bas prix qui lui permettrait de générer, à la revente, des surplus qui pourraient être acheminés vers des projets de développement social.

Les défis sont nombreux pour la nouvelle administration du Salvador et l’aide internationale est indispensable pour résoudre les problèmes qui se manifestent sur tous les fronts. Le FMLN conservera la fidélité de son électorat en autant que la situation économico-sociale du pays s’assainisse.

Sous-sols d’églises et salles communautaires
Témoins d’un FMLN militant
Syndicats et mouvements populaires
Sensibilisés en 1980 comme maintenant?


NDLR : Qu’attend Marguerite Blais pour envoyer des clowns aux jeunes des maras?

dimanche 17 mai 2009

USA et assurance maladie Le combat s’engage et le Canada y goûte

À peine engagé, le débat s’enrage. Le président Obama appuie sur l’accélérateur, ses opposants freinent à fond la pédale et placent le Canada socialiste sur la sellette.

La semaine dernière aura été consacrée à l’assurance maladie au sein de la Maison blanche et le président Barack Obama est sérieux : un projet de réforme doit être soumis à la chambre des représentants dès le mois de juillet et le Congrès doit s’en saisir en août au plus tard.

Les adversaires traditionnels de toute réforme du système de santé, les naufrageurs du plan Clinton des années 90, devant la ferme intention d’agir du président Obama, semblent vouloir ouvrir deux fronts : un premier manifestant de l’ouverture et une volonté de coopération, un second tirant à boulets rouges sur toute velléité de réforme défendant les privilèges d’une industrie florissante à même les tombes de ses clients.

Le dimanche 10 mai, les grands journaux américains, téléguidés par les stratèges présidentiels, abordaient tous la question de la réforme des soins de santé insistant sur le terrain d’entente sur lequel Obama souhaite atterrir : une révision du système en place offrant un libre-choix aux citoyens des États-Unis entre une assurance privée et une publique; un système mitoyen entre l’universalité d’un régime public et le tout au privé.

Dès le lendemain, une délégation formée de représentants d’hôpitaux et de cliniques médicales, de groupes pharmaceutiques et de compagnies d’assurance pavanait à la Maison blanche en jurant ses grands dieux que le milieu allait travailler de conserve avec le politique afin de réduire le coût des soins de santé. L’engagement : une économie de 2 500 $ par année par ménage. Ainsi, ces acteurs viseraient à réduire de 1,5 % par année les augmentations de tarifs prévues, ce qui n’empêcherait pas les coûts de croître de 7 % par année. Trois fois l’inflation prévue. Quel esprit de collaboration!

L’autre face de la médaille corporative du milieu de la santé attaque derechef et cible le démon canadien. « Les conservateurs, note le correspondant de la chaîne de journaux Tribune, qualifient déjà la volonté du président de tendance en faveur d’un système s’apparentant à celui du Canada où les bureaucrates fédéraux dictent leurs propres décisions au personnel médical et hospitalier. » (Même si la santé est de compétence provinciale). Et le groupe Conservatives for Patients’ Rights consacre un million $ en publicité pour amorcer sa campagne en vue de torpiller les intentions présidentielles. Ils entendent répéter l’exploit de 1994 où ils avaient fait dérailler la réforme Clinton en utilisant un couple fictif, Harry et Louise, qui ne cessaient de s’inquiéter du fait que les bureaucrates allaient s’immiscer dans leur vie de couple pour prendre à leur place les décisions concernant leur santé.

Des faits lourds de conséquences

Si le président Obama place si haut la réforme de la santé dans sa liste de priorités, c’est sans doute qu’il y a, selon lui, urgence d’agir.

Sur les 304 millions de citoyennes et citoyens que comptent les États-Unis, 46 millions étaient dépourvus d’assurance maladie, en 2007, ou 18 % de la population âgée de moins de 65 ans. La récession, les fermetures d’entreprises, les mises à pied, partielles et permanentes, et le glissement des emplois de l’industrie vers les services occasionnent une hausse continue du nombre de personnes se retrouvant sans protection s’il survient une maladie ou un accident. Résultat : de plus en plus de personnes malades ne se font pas traiter par manque d’argent. Et la prévention?

Selon l’institut de recherche de la Kaiser Family Foundation, en 2008, les dépenses dans le secteur de la santé se sont élevées à 2,4 trillions $ (2,400 millions de dollars), soit 17 % du produit intérieur brut (PIB) ou 7 900 $ par personne. En France, c’est 9,5 % du PIB, au Canada 9,7 %, en Allemagne 10,7 % et en Suisse 10,9 %, par exemple. À noter que 30 % des revenus encaissés par les hôpitaux, les cliniques et les entreprises pharmaceutiques sont utilisés à des fins de gestion et de marketing, une fois versés les dividendes aux actionnaires.

Et s’assurer est loin d’être à la portée de toutes les bourses. Pour une famille de quatre personnes, relève toujours la Kaiser Family Foundation, il en coûtait, en 2008, 12 700 $ et, pour une personne seule, 4 700 $. Qui dit indemnités, dit également franchise, puisque les compagnies d’assurance n’assument pas les frais dès le premier dollar déboursé. Une telle franchise est en moyenne de quelque 560 $ pour une personne seule et va jusqu’à 1 300 $ pour une famille de quatre.

Une visite chez le médecin coûte, en franchise, de 20 $ à 26 $, dépendant des services requis. Les pharmaciens demandent en argent comptant, en plus du remboursement de l’assurance, de 10 $ à 75 $, 10$ étant pour un premier médicament, 75 $ pour le quatrième médicament nécessaire.

Cette situation comporte ses dommages collatéraux, dont la faillite : 50 % des faillites enregistrées au cours de la dernière année trouvaient leur origine dans les dépenses en soins de santé.

Le USA Today du mercredi 13 mai rapporte la proposition d’un comité du sénat en vue de couvrir les citoyens non assurés : imposer aux travailleurs une taxe sur les primes payées par leurs employeurs et taxer les boissons gazeuses. Ces mesures rapporteraient quelque 226 milliards $ au trésor et l’assurance d’un ouragan politique de catégorie 5.

Medicare sans le sou

Comme un malheur n’arrive jamais seul, le conseil d’administration du régime Medicare, destiné aux personnes retraitées, annonce que dans huit ans le système sera à sec. Ce régime procure sans frais les soins de santé aux quelque 46 millions d’Américains ayant plus de 65 ans. L’origine de la crise? Le régime passe par les compagnies d’assurance pour protéger les retraités, tant en soins hospitaliers qu’en médicaments.

L’une des publicités télévisées payées par le groupe Conservatives for Patient’s Rights montre un éleveur de poulet de la Colombie britannique qui affirme qu’il devait être opéré pour le cœur, que la liste d’attente au Canada était trop longue et qu’il a été traité illico dans un hôpital américain. Ce que ne dit pas l’histoire de ce Canadien errant, c’est la somme dont il a dû se délester pour obtenir sa chirurgie. C’est loin d’être à la portée de toutes les bourses.

Diane la chasseresse

Il se trouve tout de même des défenseurs du système canadien de santé, dont Diane Francis, l’éditorialiste du National Post, qui est elle-même d’origine américaine. Oui, oui, l’amazone du Québec bashing qui sévit à Toronto.

Elle soutient, dans son blogue, que les publicités des conservateurs anti-réforme devraient être bannies des ondes par la Federal Communications Commission (FCC) en raison de la fausseté de l’argumentation diffusée.

Elle soulève notamment que le système canadien couvre toute la population et coûte moins cher per capita que le régime américain; que les poursuites représentent jusqu’à 3 % des frais de santé aux États-Unis; que l’espérance de vie est plus longue au Canada qu’aux États-Unis; que les médicaments, même s’ils sont inventés aux États-Unis, y sont plus chers qu’au Canada parce que les achats centralisés par les régimes publics d’assurance permettent des économies d’échelle; qu’aux États-Unis les personnes les plus à risques, vétérans, personnes âgées et population très pauvre, dépendent du système public, les régimes privés recueillant les primes des personnes jeunes et en santé.

Elle conclut en affirmant que le système canadien est loin d’être parfait mais que cela ne justifie pas la médisance et le mensonge.

Petit baume sur la plaie

Pfizer, l’un des géants de l’industrie pharmaceutique est consciente, elle, du désarroi dans lequel se retrouve les travailleuses et travailleurs victimes de la récession. Ainsi, celles et ceux qui ont perdu leur emploi depuis le 1er janvier pourront se procurer gratuitement et pendant un an 70 des médicaments de la firme les plus en demande dont le Lipitor, contre le cholestérol, et le… Viagra. Voilà qui raffermit la position d’un des acteurs du système de santé en faveur du redressement d’une situation sans autre issue qu’une sérieuse réforme.

Quelques à-côtés en Floride

La Floride regroupe un nombre important de personnes retraitées, donc un bassin on ne peut plus convoité par les hôpitaux, cliniques et pharmacies, ces gens étant sous le régime Medicare. Les établissements de soins de santé multiplient les espaces publicitaires dans les quotidiens, l’affichage autoroutier, etc. pour attirer cette clientèle.

Les cliniques de diagnostic par résonnance magnétique ont pignon sur rue environ tous les cinq kilomètres. Il leur faut ainsi, pour rentabiliser leurs opérations, inciter les résidants des alentours à s’y rendre. Résultat : alerte à la prévention et faux résultats afin que la clinique soit remboursée par le régime Medicare. Sans maladie ou malformation identifiée, pas de facture acquittée.

Le laxisme qui prévaut dans le domaine de la santé a fait émerger un nouveau type de soins : des cliniques spécialisées dans le traitement de la douleur qui, en fait, sont des pourvoyeuses de narcotiques pour les revendeurs dans les rues et les bars. Le Sun Sentinel de Fort Lauderdale a identifié une dizaine de cliniques dont les opérateurs ont un passé criminel et une douzaine dont les propriétaires ont déjà fait faillite. Un médecin exerçant dans l’une de ces cliniques avoue que celle-ci a enregistré un chiffre d’affaires d’un million $ en quatre mois. Un autre médecin s’est vu offrir 100 000 $ par mois pour rédiger des ordonnances pour diverses cliniques. Le propriétaire de l’une de ces cliniques déclare, dans un affidavit rédigé en vue d’un divorce, des revenus de 5 000 $ par semaine. Le médicament le plus populaire : l’oxycodone, un dérivé de l’opium plus puissant que la codéine et qui crée une dépendance en peu de temps.

Les coûts des soins de santé encouragent les compagnies d’assurance à rechercher des solutions plus économiques. Elles se tournent alors vers une dizaine de pays comme l’Inde, la Thaïlande, le Costa Rica, l’Irlande et Taïwan… pour y expédier leurs clients et obtenir des soins (interventions chirurgicales) à meilleur prix. Une chirurgie à cœur ouvert coûte dans les 100 000 $ aux États-Unis, environ 10 000 $ en Inde. Selon la firme McKinsey au moins 8 500 patients se font traiter à l’étranger chaque année. La firme Deloitte, elle, chiffre à 750 000 le nombre de personnes traitées à l’extérieur pour diverses raisons, dont les soins dentaires et la chirurgie esthétique.

Quand la santé se mue en industrie, le privé s’impose et le patient devient client : pour les uns, plus il paie, mieux c’est; pour les autres, moins il coûte cher, mieux c’est. Confortable comme position!

Intoxication de l’opinion par doses massives
Potions homéopathiques de vérité et de subtilité
La santé garantit revenus et forces vives
Profits faramineux, industrie assiégée