lundi 8 juin 2009

Haïti Pays de tous les maux

Les étudiants manifestent en faveur de la hausse du salaire minimum et vandalisent le centre-ville de Port-au-Prince. L’Association des industries d’Haïti s’oppose à cette mesure adoptée par le Parlement mais qui ne peut s’appliquer sans l’aval du président René Préval. Les fortes pluies du mois de mai ont entraîné des inondations et glissements de terrain et semé la mort dans les Cayes. Des passeurs provoquent la noyade de neuf personnes. Un défenseur des droits des Haïtiens à Miami et partisan de Jean-Bertrand Aristide est décédé.

L’émissaire des Nations Unies auprès d’Haïti, l’ex-président Bill Clinton, a du pain sur la planche s’il souhaite voir se redresser une situation qui ne cesse de s’enliser dans cette partie de l’île d’Hispaniola. Même que Michel Forst, expert indépendant des Nations unies sur la situation des droits de l’homme en Haïti, estime que le pays est à deux cheveux d’un autre soulèvement populaire et le mouvement étudiant pourrait bien en être la bougie d’allumage.

Les étudiants de l’Université d’état d’Haïti, depuis plus d’une semaine, sont descendus dans la rue afin d’exercer de la pression sur le président Préval pour qu’il signe la loi décrétant l’augmentation du salaire minimum de 75 à 200 gourdes par jour (environ de 75 cents à 2 $). Le président subit également les pressions des dirigeants d’entreprise qui brandissent la menace de milliers d’emplois abolis si la majoration du salaire minimum est appliquée.

Les émeutes de la faim, en avril 2008, avaient occasionné des dizaines de morts. Encore aujourd’hui, des exécutions sommaires surviennent. Selon un policier de la ville de Montréal en poste à Port-au-Prince, un vol de bétail suffit pour que le coupable soit lynché sans autre forme de procès.

Tout, finalement, est question de droits : droit à la sécurité, droit de se nourrir, droit de se loger, droit de se vêtir, droit de travailler… Droit de vivre quoi!

Inondations et migration meurtrières

Fin mai, au moins 11 personnes ont perdu la vie à la suite d’inondations dans la vallée d’Artibonite, région de culture du riz. Les pluies du mois de mai ont été plus fortes qu’à l’accoutumée dans la région et la saison des pluies qui a débuté le 1er juin risque de drainer encore une fois son lot de malheurs.

Il se trouve toujours des individus pour profiter de la misère des autres. Le capitaine d’un bateau ayant fait naufrage au large de Boynton, ville située au sud de Palm Beach en Floride, fait face à des accusations pouvant lui valoir la peine de mort s’il est trouvé coupable. À la mi-mai, les garde-côtes américains ont repêché 16 personnes qui avaient pris place à bord de l’embarcation de Jimmy Métellus mais neuf personnes avaient péri, dont une femme enceinte. L’un des rescapés a affirmé avoir déboursé 4 000 $ pour effectuer la traversée d’Haïti vers la Floride. Selon le capitaine, le propriétaire du bateau est aux Bahamas.

Les garde-côtes de la Floride ont fait face à un autre incident avec des passeurs à la fin du mois de mai. Une centaine de passagers, qu’on suppose partis de Cap Haïtien, étaient à bord d’un navire repéré près de l’Île à la Tortue. Les gardes côtiers ont intercepté le navire et ont fait monter 35 personnes à leur bord mais les passeurs ne l’entendaient pas ainsi; armés jusqu’aux dents, ils ont réussi à prendre le large avec les 65 restants en menaçant de les tuer si les officiers intervenaient.

Gérard Jean-Juste

Une figure légendaire du pays est décédée à Miami à la fin du mois dernier. Gérard Jean-Juste, figure aussi controversée dans son pays d’origine que sur le sol américain, est mort à la suite d’une crise cardiaque.

Supporteur indéfectible de l’ex-président Jean-Bertrand Aristide, Gérard Jean-Juste, que les autorités haïtiennes ont suspecté un certain temps d’être mêlé à l’assassinat du journaliste Jacques Roche survenu en juillet 2005, s’est installé à Miami en 2006 après que les accusations aient été abandonnées. Jean-Juste a continué d’œuvrer en faveur d’un retour d’Aristide dans son pays et à défendre les droits des réfugiés haïtiens devant les tribunaux. Selon ce qu’il plaidait, ses compatriotes sont victimes de discrimination face aux réfugiés cubains. De fait, une loi américaine autorise les Cubains qui réussissent à mettre le pied sur le territoire à y demeurer. Les Haïtiens, pour leur part, sont retournés manu militari dans leur pays qu’ils aient ou non foulé le sol américain.

La présence de la diaspora haïtienne aux États-Unis est économiquement importante pour les leurs demeurés au pays. Des millions de dollars par mois sont expédiés vers l’île par les Haïtiens qui travaillent en Floride, notamment.

Mario Fournier, le policier montréalais en poste à Port-au-Prince, nous a écrit : « Il reste bien du travail à faire dans cette partie de l’ile… Et pour plusieurs années. Il faudra quelques générations à mon avis pour que cela ressemble à un pays civilisé. »

Fuir ou vaincre la misère
Lutte pour la dignité
Dans les rues la poudrière
En haut lieu ensommeillé

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