dimanche 31 mai 2009

Québec Pète dans l’trèfle Charest

L’un des acteurs de la saga des Plouffe de Roger Lemelin portait le surnom de Pète dans l’trèfle, pour la bonne raison que lui faisait tout et réussissait tout mieux que quiconque dans son entourage. Le premier ministre Jean Charest semble imbu de la même fatuité.

En clôturant le conseil général de son parti, dimanche dernier, il s’est autoproclamé « grand bâtisseur » du Québec. Il s’inscrit, selon lui-même, dans la lignée des Godbout, Lesage et Bourassa en annonçant qu’il allait faire harnacher une autre rivière du Québec. De cette lignée, le premier ministre a omis de mentionner un Philippe Hamel qui a fait sa carrière politique sur l’étatisation de l’énergie électrique et dont Adélard Godbout s’est inspiré pour nationaliser deux entreprises et créer Hydro-Québec. Il a également ignoré un certain René Lévesque à qui Jean Lesage avait confié la mission de poursuivre la tâche amorcée sous Godbout 20 ans plus tôt et de donner l’exclusivité à Hydro-Québec pour le développement et la desserte de l’énergie électrique.

Autre question, hypothétique celle-là, mais qui mérite une certaine attention : si Jean Charest avait été au pouvoir à la place de Jean Lesage aurait-il poussé en faveur de la nationalisation des compagnies productrices d’électricité? Connaissant Jean Charest, on peut en douter surtout si, à ses côtés, s’était retrouvé une Monique Jérôme-Forget.

S’il avait été Chinois, Jean Charest se serait-il investi du titre de « grand timonier »?

Bachand repu

Raymond Bachand a pris la relève de Mme Jérôme-Forget qui nous a quittés en nous laissant un sérieux déficit et une Caisse de dépôt et de placement amochée.

Après une commission parlementaire qui a laissé tout le monde sur sa faim, M. Bachand se dit repu de toute l’information qu’il y a glanée. Il y en a pour qui l’appétit est vite assouvi. Et le grand bâtisseur est du même avis, 30 heures de commission parlementaire, ça suffit. 10 milliards $ de moins que le rendement moyen, ça ne mérite pas plus. Qu’a-t-on à camoufler? Qui protège-t-on?

Dupuis vaincu

Dans son entêtement, le ministre de la Sécurité publique, Jacques Dupuis, aura couru après sa perte en refusant d’abord de défrayer le coût des avocats de témoins dans l’affaire Villanueva et, ensuite, de tenir une enquête plus large que celle d’un simple coroner. Il lui aura fallu les remontrances du juge Sansfaçon pour qu’il réalise sa turpitude.

Il se sera arcbouté jusqu’à l’ultime limite pour défendre l’indéfendable. Et le grand bâtisseur dans tout ça? Tout à fait d’accord.


Blais incongrue

N’importe qui, sans formation ou presque, peut s’occuper des personnes résidentes dans les centres d’accueil. Raison : pénurie de personnel. Réaction de Marguerite Blais, la ministre responsable des aînés : y envoyer des clowns.

Est-ce là une application a contrario de la théorie de Maslow? De fait, cet insigne professeur et chercheur de l’Université McGill a élaboré une échelle qui démontre qu’une fois les besoins fondamentaux (se nourrir, se vêtir, etc.) de l’être humain comblés, celui-ci passe à un stade subséquent où il tente de combler des besoins jusque-là complémentaires et ainsi de suite jusqu’à ce qu’il estime avoir atteint l’accomplissement total. Si l’on considère qu’une personne qui vieillit a de moins en moins de besoins, parce qu’elle a de moins en moins de mobilité, d’autonomie et de facultés cognitives, on peut donc la satisfaire avec des distractions de même nature que lorsqu’elle était enfant… d’où les clowns. CQFD.

Et le grand bâtisseur? Pas un mot pour rappeler à sa ministre que ses priorités devraient peut-être se trouver ailleurs.

Bolduc confus

Une étude réalisée par des pathologistes révèle que les femmes diagnostiquées d’un cancer du sein n’ont pas ou n’ont pas eu le traitement approprié, comme ce fut le cas à Terre-Neuve il y a quelques années. Comment réagit le ministre de la Santé Yves Bolduc? « Je vais prendre connaissance de l’étude. » Quand il officiait dans les urgences, disait-il à un patient gisant sur sa civière à la suite d’un accident d’auto : « Je vais d’abord consulter le rapport de police »?

Et le grand bâtisseur d’opiner du bonnet... d’âne? Un boulon mal vissé commande le rappel de dizaine de milliers de véhicules. Un traitement médical erroné : lecture de rapports et comités.

St-Pierre – Chaput

Avant d’enfoncer des portes ouvertes, la ministre Christine St-Pierre eut mieux fait de s’inspirer de Bernard Landry qui avait lancé sur le parquet de l’Assemblée nationale son « audi alteram partem », cette règle fondamentale de droit qui veut qu’on entende d’abord les deux parties avant de rendre jugement.

Que la gestion du président-directeur général de la SODEC, Jean-Guy Chaput, ne soit pas sans lacune, c’est très possible. Mais le congédier sans avoir entendu sa version des faits et sur la base de reportages manifestement incomplets, c’est pas mal fort. Il faut dire que l’international au Québec ça rend le monde frileux. Et le grand bâtisseur de joindre sa voix à la chorale des pourfendeurs de Chaput! En deux temps trois mouvements, out Chaput! Montréal-Nord, le traitement du cancer, 40 milliards $ et les vieux, ça peut attendre!

Ce sont les mêmes libéraux qui continuent d’affirmer qu’ils n’ont pas à se mêler de la gestion quotidienne des sociétés d’État? Annoncer le congédiement d’un président-directeur général sans attendre que le conseil d’administration statue, ça, c’est beaucoup d’ingérence.

Et Normandeau qui refuse d’assumer ses responsabilités face à Montréal et Whissel pour qui l’éthique n’est pas une priorité et puis combien en ignorons-nous?

Jean Charest voulait les clés de la voiture pour lui tout seul afin d’avoir en exclusivité les mains sur le volant. Quand va-t-il se mettre à conduire au lieu de bâtir?

Grand bâtisseur piètre chauffeur
Au premier ministre venu
Devant la troupe comme éclaireur
À la recherche du chemin perdu

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