Elle est ministre des Affaires municipales et des régions; elle est en voie de se laisser entraîner dans l’œil de la tempête médiatique qui secoue ces milieux. Nathalie Normandeau, plutôt que de manifester sa volonté de redresser le parcours, s’enlise dans des explications spécieuses et accuse les partis d’opposition (sauf le whip de l’ADQ peut-être?) de miner la confiance du secteur des affaires.
Dans le dossier de la Société d’habitation de Montréal, la ministre savait que cet organisme était passé de société para-municipale à organisme sans but lucratif, ce qui soustrayait cette entité du regard des conseillers municipaux. La ministre Normandeau aurait dès lors pu intervenir et ordonner que l’organisme revienne dans le giron des élus municipaux. Elle a préféré détourner les yeux et attendre que le scandale éclate, ce qui n’a pas manqué d’arriver. Les médias devaient en effet révéler que des transactions sur des terrains avaient toutes les apparences d’une magouille au profit d’un promoteur immobilier. Encore là, la réaction de la ministre s’est limitée à renvoyer le tout vers la ville de Montréal.
Frank Zampino, du jour au lendemain, passe de président du comité exécutif de la ville de Montréal à la firme d’ingénierie Desseau.
Le maire Tremblay n’y voyait rien d’insolite ou d’intrigant jusqu’à ce que les médias relient ce départ avec le contrat des compteurs d’eau et leurs coûts exorbitants. L’opposition estime que la ministre devrait ordonner la tutelle de la ville. Réaction : rien. Le vérificateur général de la ville fera rapport.
Les FIER, ces fonds régionaux d’investissement mis sur pied pour promouvoir l’essor économique des milieux concernés investissent ailleurs que dans leurs régions. Ainsi, l’argent destiné au Saguenay-Lac-Saint-Jean, par exemple, se retrouve dans la métropole investi dans des entreprises dont les membres du c.a. du FIER en question sont des actionnaires. Nathalie Normandeau, au lieu d’affirmer qu’elle allait y voir de près et rectifier le tir au besoin, s’en prend à l’Opposition et l’accuse de vouloir torpiller l’avenir économique des régions en éloignant les gens d’affaires intéressés à investir. Il est difficile de bousiller quelque chose qui n’existe même pas encore.
Et le président d’Investissement Québec, Jacques Daoust, défend l’indéfendable jusqu’à ce qu’il retourne dans sa coquille devant le déferlement de cas où les mêmes administrateurs jouissent de la générosité d’autres FIER.
L’effet Jérôme-Forget
Nathalie Normandeau est-elle victime du syndrome Jérôme-Forget? Tout porte à le croire, à moins que ce ne soit une politique ministérielle décrétée par le premier ministre lui-même. Mme Jérôme-Forget n’a pas vu venir la récession, donc celle-ci n’existait pas avant les élections de l’automne dernier. Mme Jérôme-Forget ne connaissait pas l’ampleur du déficit à la Caisse de dépôt et de placement. Et qui plus est, elle ne voulait pas le savoir, elle l’a affirmé. Selon elle, le gouvernement n’a pas le droit de parler aux dirigeants de la Caisse et vice-versa. Elle ne l’a donc pas fait même si, à première vue, il s’agit d’un anachronisme évident. Les fonds de la Caisse appartiennent aux contribuables et le gouvernement en est le fiduciaire. Raymond Bachand ne semble pas presser d’agir dans le sens de plus de connaissance face à la Caisse. Jeannette Bertrand voulait savoir, Raymond Bachand ne veut rien voir.
Aurait-on besoin d’un code déontologique clair à l’intention de tous les élus, provinciaux comme municipaux, et des membres des conseils d’administration de sociétés publiques? Cela semble faire l’unanimité, sauf au bureau du premier ministre. Il est vrai qu’un code de conduite n’injecte pas automatiquement une dose de jugement.
Du ménage
Va-t-on vivre encore quatre années dans le vague, ne sachant pas d’un jour à l’autre si un scandale ne va pas éclater et que la ou le ministre responsable va jeter la faute sur l’Opposition avec un premier ministre affirmant tout ignorer de la situation. Si le premier ministre n’a pas le courage de faire le ménage qui s’impose dans son conseil des ministres, les vérificateurs généraux, les commissions parlementaires, voire les commissions d’enquête ne chômeront pas d’ici quatre ans.
La suffisance compense pour l’ignorance
Pénible d’affronter la réalité
Sauver les apparences, avouer les déficiences
Le droit à la vérité doit s’affirmer
dimanche 10 mai 2009
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