vendredi 30 novembre 2007

USA Des présidentielles source d’étincelles

Sans précédent. La course à l’investiture des deux partis qui s’affrontent lors des élections présidentielles américaines a débuté près d’un an avant les premières primaires qui surviendront début janvier prochain en Iowa.

Dès l’amorce des escarmouches, Hillary Rodham Clinton et Rudolph Giuliani, maire de New York lors des événements du 11 septembre 2001, distançaient si bien, dans les médias, leurs adversaires respectifs, que nombreux étaient celles et ceux qui croyaient que les dés en étaient jetés, dans un camp comme dans l’autre, et que le sprint final, entre démocrates et républicains, allait se dérouler entre ces favoris. Avec les mois qui ont passé, les cartes se sont emmêlées et, finalement, les deux camps assistent à une véritable course vers leur investiture respective et les candidats ne se ménagent surtout pas.

Et les nouveaux véhicules médiatiques (un clin d’œil à une jeunesse souvent indifférente aux jeux politiques) viennent ajouter leur grain de sel à l’occasion des débats organisés à l’intention des militants qui souhaitent se faire une idée avant de fixer leur choix sur leur préféré. En juillet dernier, les démocrates ont sollicité les familiers de YouTube pour qu’ils soumettent leur questionnaire. Cette semaine, le jeudi 28 novembre, les internautes « youtubistes » questionnaient les candidats républicains en débat à St.Petersburg en Floride.

La tâche est ardue pour les challengers. Leurs sorties doivent à la fois s’attaquer aux politiques du parti adverse tout en mettant l’emphase sur leur capacité à représenter leur propre parti. Pour atteindre ce dernier objectif, ils doivent remettre en question la crédibilité des adversaires qui, une fois la présidentielle engagée, seront des alliés.

Les républicains

Du côté républicain, les affrontements portent sur l’endiguement de l’immigration et les valeurs religieuses défendues par chacun. L’ancien gouverneur du Massachussetts, Mitt Romney, accuse Giuliani d’avoir fait de New York une ville refuge pour les immigrés clandestins. Giuliani rétorque en révélant que Romney avait employé des travailleurs sans papier sur sa propriété. Pour John McCain, candidat malheureux devant George W. Bush, les immigrants sont « aussi des enfants de Dieu » qui ont besoin « de notre amour et de notre compassion », tout en renforçant les frontières. Enfin, Mike Huckabee, ancien gouverneur de l’Arkansas, est d’avis que les enfants des immigrants, quel que soit leur statut, devraient avoir accès à l’éducation et même à des bourses d’études.

Les sondages réalisés en vue des primaires de l’Iowa, en janvier, sont stupéfiants et placent en tête l’ex-gouverneur de l’Arkansas avec 28% des intentions de vote, contre 25% pour M. Romney qui a dépensé des millions dans cet état ces derniers mois. M. Huckabee, 52 ans, est un ancien pasteur baptiste et appartient à l’aile très conservatrice d’un parti qui l’est déjà suffisamment. Giuliani, à 12%, peine à tirer son épingle du jeu en raison de ses positions, jugées trop libérales, sur le port d’armes, l’avortement et le mariage gai, notamment.

Et sur le président actuel et ses politiques : motus et bouche cousue.

Les démocrates

Chez les démocrates, Hillary Clinton tient tête à un Barack Obama toujours plus agressif. Obama accuse Mme Clinton d’avoir approuvé l’envoi des premières troupes en Irak. Celle-ci soutient qu’elle a voté sur le plan soumis alors par un gouvernement qui, ensuite, devait s’engager sans l’accord de l’ONU.

Ce sont les sondages qui incitent Obama à passer à l’offensive. À la mi-octobre, un Gallup publié par USA Today accordait à Hillary Clinton 50% des votes chez les démocrates contre 21% pour son adversaire. Un autre coup de sonde de l’institut Zogby, survenu une dizaine de jours plus tard, révèle que 50% des répondants ne voteront jamais pour Mme Clinton, un taux en hausse de 4% par rapport à une enquête menée au mois de mars.

Cette même firme publie maintenant un autre sondage, réalisé du 21 au 26 novembre, qui porte un coup dur à Hillary Clinton : si elle devient candidate de son parti, elle serait battue par n’importe quel candidat républicain, alors que ses rivaux, Obama ou John Edwards, battraient l’adversaire républicain. Pourtant, en juillet, Clinton menait par cinq points face à Giuliani.

La millionnaire animatrice de télévision, Oprah Winfrey, montera dans l’autobus de campagne de Barack Obama en vue d’une tournée dans trois états clés des primaires à venir : Iowa, New Hampshire et Caroline du Sud. Selon Gallup, Winfrey est considérée aux États-Unis comme la deuxième femme la plus influente du pays après… Hillary Rodham Clinton.

Insatisfaits et endettés

Les escalades verbales et les écorchures idéologiques portées par les protagonistes des deux camps surviennent devant une nation déçue par ses leaders. Plus des trois quarts des Américains estiment que leur pays souffre d’une crise de leadership.

En outre, la dette publique des États-Unis, pour la première fois de son histoire, a franchi, début novembre, le cap des 9 000 milliards de dollars. Le déficit budgétaire 2007, arrivé à terme en septembre, se chiffre à 162,8 milliards $, tout de même beaucoup plus bas que les 413 milliards $ enregistrés en 2004.

Avec les griffes aussi bien acérées sur leurs concurrents de leur propre camp, les candidats à la présidence ne feront sûrement pas de quartier avec leur adversaire du camp ennemi, à la condition de redonner le goût de la politique à un électorat désabusé.


Le visage impassible et les muscles tendus,
J’anéantis le monde à regarder mon but…
Le coureur intégral prépare sa défaite
S’il ne livre à l’espace une forme parfaite…


Gérard Bessette (Le coureur)

mercredi 28 novembre 2007

FTQ L’irrévérencieux Henri Massé tire sa révérence


Il laissera son empreinte dans le milieu syndical québécois et dans l’évolution des dernières années du tissu social du Québec. Le pragmatique Henri Massé, en quittant la présidence de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), après une dizaine d’années à ce poste, coiffe ainsi 40 ans de militantisme syndical.

Le mouvement syndical a, plus souvent qu’à son tour, mauvaise presse au Québec, même au sein de ses propres troupes. Avec plus de 40 p. cent des travailleuses et travailleurs syndiqués, il va de soi que les syndicats fassent régulièrement parler d’eux au Québec. Peu, lorsqu’ils défendent le droit au maintien au travail de leurs membres lors d’une fermeture d’usine, par exemple; beaucoup lorsque ceux-ci exercent des moyens de pression; énormément lorsqu’ils sont en grève ou en lock-out.

C’est avec justesse que, dans son discours d’adieu, Henri Massé a tenu à rappeler ce que seraient le Canada et le Québec, si le mouvement syndical ne s’y était développé à compter du 19ème siècle. « Adieu assurance-emploi, assurance-maladie, prévention et réparation des accidents de travail, régime public de retraite, congés de maladie, équité en emploi, éducation publique, non discrimination en emploi, heures de travail décentes et juste rémunération, congés de maternité, retrait préventif, droit de refuser un travail dangereux, congés fériés, etc. »

Des monuments

Le président sortant de la FTQ remémore également, à l’intention des membres de son organisation, les travailleuses et travailleurs qui ont pavé la voie aux syndiqués d’aujourd’hui et à la mémoire desquels on a dressé des monuments. « Qu’on pense à cette sculpture monumentale érigée à Salaberry-de-Valleyfield à la mémoire des 3000 travailleuses et travailleurs (sur une population de 10 000) de la Montreal Cotton qui ont fait une grève de 100 jours en 1946 pour la reconnaissance syndicale.

« Qu’on pense encore, poursuit-il, au monument de Buckingham, inauguré le 7 septembre 2006, à la mémoire de Thomas Bélanger et François Thériault, assassinés en 1906 pour s’être battus en faveur de meilleures conditions de travail à la scierie MacLaren… »

Heureusement pour lui, Henri Massé passe sous silence la statue érigée en l’honneur de Jean Lapierre, ex-président des cols bleus de Montréal, qui sévit dans le paysage du boulevard Crémazie à Montréal dans le giron du siège social de la FTQ. Il évite aussi, et cela se comprend, la relecture de pages peu glorieuses de l’époque du saccage de la Baie James, des abus lors de la construction du stade olympique ou du pouvoir démoniaque d’un André Dédé Desjardins sur les membres du local 144 des plombiers.

Bien qu’il s’agisse d’un discours de fin de mandat où la politesse et la bienséance sont de mise, Henri Massé ne se gêne pourtant pas pour lancer quelques fléchettes vers des organisations qui devraient, en principe, être considérées comme des alliées du mouvement syndical. Il égratigne ainsi Greenpeace.

« Le rapport de Greenpeace sur la forêt boréale : un véritable épouvantail qui passe sous silence les réalisations de l’industrie et qui prend en otage les travailleurs et les économies régionales… Ils ont choisi le mode confrontation… On croit qu’une forêt, ça se cultive, et qu’il y a moyen de le faire intelligemment sans compromettre les écosystèmes dans leur pérennité… »

Idem quand il est question d’hydro-électricité. « … La quasi-totalité de la douzaine de groupes qui dénonçaient un projet hydro-électrique, cet été à Montréal, étaient d’origine américaine, on comprend mal pourquoi ils ne sont pas chez eux à manifester devant une centrale au charbon. »

Ce qui peut être difficile à comprendre cependant, lorsque Henri Massé aborde la présence américaine en sol québécois et canadien, c’est la présence dans les rangs de la FTQ de syndicats des États-Unis. De fait, des travailleuses et travailleurs québécois versent des cotisations syndicales dont une partie est acheminée vers les voisins du sud (Métallurgistes unis d’Amérique, Teamsters, Association internationale des machinistes et travailleurs et travailleuses de l’aérospatiale, l’Alliance internationale des employés de scène, de théâtre et de cinéma et d’autres encore). Ce problème a-t-il déjà été abordé au sein de la FTQ? Si non, comment se fait-il? Si oui, pourquoi est-ce que cela perdure?

Cette situation est unique au monde. Aucun pays, autre que le Canada, n’accepte que des organisations syndicales étrangères opèrent sur son territoire. En France, les syndicats sont exclusivement français. Il en est de même en Grande-Bretagne, en Italie, en Espagne, en Allemagne, dans les pays scandinaves, en Chine, en Argentine, en Australie ou en Afrique du sud.

Autre précision : la FTQ n’est pas une centrale syndicale, mais une fédération du Congrès du travail du Canada (CTC). Ses syndicats affiliés sont d’abord membres du CTC et adhèrent ensuite volontairement à la FTQ.

Tout cela n’enlève aucunement le mérite qui revient à Henri Massé ou à ses prédécesseurs, non plus qu’aux réalisations que la FTQ a su mener à bien. Ne seraient-ce que la bataille en faveur de la syndicalisation chez Wal-Mart ou la défense des travailleuses et travailleurs agricoles. Salut Henri!

Dès sa source, le fleuve anticipe la mer,
Et la fleur sait le fruit, savoureux et amer,
Qui la prolongera dans le temps et l’espace.

Gilles Hénault (L’invention de la roue…)

lundi 26 novembre 2007

Venezuela vs Colombie Un duel présidentiel

Hugo Chávez du Venezuela traite son homologue colombien, Alvaro Uribe, de menteur; ce dernier accuse son vis-à-vis d’impérialisme. Autrement dit, le torchon brûle entre les gouvernements du Venezuela et de la Colombie.

Au cœur de la prise de bec : les 45 otages détenus par les Forces armées révolutionnaires de la Colombie (FARC) et les 500 guérilleros des FARC qui demeurent emprisonnés dans les prisons colombiennes.

Le président Vénézuélien, l’été dernier, s’est volontairement proposé à titre de médiateur entre le gouvernement colombien et le groupe d’opposition armée. Chávez s’était alors donné jusqu’au 31 décembre pour en arriver à la libération des otages ou reconnaître l’échec de sa démarche.

Au nombre des otages aux mains des FARC depuis 2002 : Ingrid Bétancourt, ex-candidate à la présidence de la Colombie, et toujours détentrice de la nationalité française où résident présentement ses enfants et son ex, ce qui retient l’attention du gouvernement de Nicolas Sarkosy.

Leur flamboyant comportement respectif aidant, la rencontre Chávez-Sarkosy, survenue la semaine dernière aux portes de l’Élysée, n’allait sûrement pas passer inaperçue. De son côté, le président Alvaro Uribe de Colombie, a décidé de gâcher la fête en annonçant, le mercredi 21 novembre, qu’il mettait fin à la médiation de son homologue sud-américain. « Déceptionne! » chantonnerait Charlebois.

La guerre?

À l’origine de la décision Uribe : Chávez, malgré ses engagements, a contacté directement le commandant de l’armée colombienne. Chávez rétorque, cinglant, qu’il n’a posé qu’une innocente question sur le nombre de soldats colombiens détenus par les FARC, avant d’enclencher l’offensive verbale : « Il y a des gens très proches d’Uribe, des gens avec beaucoup de pouvoirs qui ne souhaitent pas qu’il y ait un accord… Je ne m’aventurerais pas à dire qu’il (Uribe) ne le souhaite pas non plus, mais je suis certain qu’il y a des gens très proches de lui qui veulent simplement la guerre. » (Agence France Presse)


La Colombie réplique dans un communiqué: « Il est dans le plus grand intérêt du groupe terroriste des FARC de créer des fissures et l’antagonisme entre la Colombie et le Venezuela. Nous ne devons pas tomber dans le piège du terrorisme. »

Le président français a demandé à M. Uribe de maintenir le dialogue avec Chávez et le porte-parole colombien réagit en affirmant qu’il n’y aura pas de marche arrière. Au sein des familles des otages, en France comme en Colombie, c’est la consternation. « C’est quelque chose de dramatique », selon l’ex-époux de Mme Bétancourt. « On joue avec la douleur des familles victimes », insiste Marleny Orjuela, porte-parole des familles de militaires et policiers gardés en otage. Un diplomate européen estime que depuis la rencontre de Paris, M. Uribe ne cesse de dresser de nouveaux obstacles sur la voie d’un échange. Pour le chef de la majorité au parlement du Venezuela, chaque fois que Chávez prend une initiative pour tenter d’assouplir les positions, il y a une réplique très dure du gouvernement colombien.

Hugo Chávez ne lâche pas le morceau aussi aisément. Il demande ainsi au chef des FARC, Manuel Marulanda, de lui adresser des preuves de vie des otages. D’après Chávez, ces preuves obligeraient son homologue colombien à lui restituer son statut de médiateur.

Et l’orage persiste entre les présidents et il a des allures électriques. À une semaine de la tenue d’un référendum constitutionnel qui se tiendra au Venezuela, le président de la Colombie accuse son homologue de recourir à un vieux stratagème pour alimenter l’hostilité de longue date des Vénézuéliens à l’endroit des Colombiens pour se gagner leurs faveurs et de se servir de ses pétro-dollars pour rallier les autres pays du continent. Pour sa part, le président vénézuélien est d’avis que la Colombie mérite un autre président et, surtout, un meilleur président.

Derrière cette guerre de mots, se profile-t-il un autre acteur qui, tout en demeurant discret, ne manifeste pas moins une efficacité certaine? Les États-Unis, qui financent à coup de milliards de dollars le « Plan Colombie » d’éradication de la drogue, détestent la présence de Chávez à la tête de son pays et, surtout, la mauvaise influence socialisante qu’il exerce sur les autres pays d’Amérique centrale et du Sud.

Comme diraient Chávez et son ami et allié Fidel Castro : quand le démon yanki est dans les parages, le diable est aux vaches.

Sa bêche sur l’épaule entre les arbres noirs,
Le fossoyeur repasse, il voit la croix qui veille.


Alfred Garneau (Devant la grille du cimetière)

vendredi 23 novembre 2007

Wal-Mart La pieuvre commerciale étend ses tentacules


Les états financiers des chaînes d’alimentation Loblaw et Métro se ressentent durement de l’arrivée de Wal-Mart dans leurs plates-bandes. Ces entreprises ne sont pourtant pas au bout de leur peine devant l’offensive féroce que livre le géant Wal-Mart sur tous les fronts.

De fait, même si Wal-Mart poursuit sa progression sur les marchés internationaux, aussi bien en Asie qu’en Europe, elle ne néglige pas pour autant sa base d’opérations : le marché américain qui inclut, il va sans dire, le Canada. Pour juguler les critiques des milieux qui dénoncent l’arrivée de ses super magasins qui menacent les commerces de proximité et les centres-villes, et pour contrer la flambée des prix dans le secteur immobilier, l’entreprise de ventes au détail se lance carrément dans l’alimentation.

Le concept, testé depuis 1998 à Bentonville en Arkansas, où se situe son siège social, porte le nom de Wal-Mart Neighborhood Market, a une superficie qui représente environ le quart de ses supercenters et se concentre dans l’alimentation avec un service de laboratoire photo, une pharmacie et un magasin d’alcool adjacents. Le tout ouvert 24 heures par jour.

Pas moins de 125 de ces commerces de détail sont déjà ouverts à travers les États-Unis, dont 16 en Floride, l’un des états où Wal-Mart démontrera spécialement son agressivité en raison de la forte croissance économique qui y est constatée. Pour ce faire, elle ouvrira de 15 à 20 de ses nouveaux magasins par année.

Arrêt-achat

Selon la direction de Wal-Mart, ces commerces de proximité (neighborhood market) se veulent un endroit où vous vous arrêtez rapidement pour acheter quelques articles en regagnant le domicile après le travail.

Ce faisant, Wal-Mart entre de plain-pied sur le territoire des Publix et Winn-Dixie, acquérant d’ailleurs les emplacements de cette dernière dans le comté de Broward pour y implanter ses nouveaux magasins. Rappelons que Winn-Dixie a dû procéder à une restructuration, à la suite d’un recours à la loi sur la protection de la faillite, et se départir de plusieurs emplacements.

Wal-Mart détient présentement la première place aux États-Unis pour les ventes en alimentation, puisque ses supercenters offrent des aliments aussi que du linge, des meubles ou des produits électroniques et tout ce qui se peut vendre. Sauf, que ce n’est pas le cas en Floride et la compagnie n’entend pas en rester là.

Exemple : il y a deux ans, Wal-Mart n’occupait, en alimentation, que 6 pour cent du marché du sud de la Floride, derrière Publix à 56 pour cent et Winn Dixie à 16 pour cent. Aujourd’hui Wal-Mart affiche 12 pour cent de parts de marché grugeant lentement celles des magasins Publix (54%) et de Winn-Dixie (15 %).

Et si, selon les analystes du marché du commerce de détail Strategic Ressources Group, Winn-Dixie est susceptible d’écoper davantage de l’éclosion des nouveaux magasins de Wal-Mart, les épiceries Publix, les pharmacies Walgreens et les magasins à rayons Kmart doivent prévoir des temps difficiles qui les obligeront à innover.

Avec les résultats financiers enregistrés par Wal-Mart à la mi-novembre (des profits valant 70 cents par action, trois cents de plus que prévu par les experts), celle-ci n’hésitera pas longtemps à exporter son concept au Canada.

Il semble que Loblaw et Métro n’aient encore qu’une faible idée de ce dont est capable Wal-Mart avec ses ramifications tentaculaires. Prochaines proies : les dépanneurs? Alimentation couche-tard risque de passer des nuits blanches.

Ma pensée est couleur de lunes d’or lointaines.

Émile Nelligan (Clair de lune intellectuel)

mercredi 21 novembre 2007

Québec Une « boulet » à traîner aux transports



Incroyable mais vrai. Le premier ministre Jean Charest exprime « publiquement toute sa confiance en Julie Boulet ». Il avait fait de même lors des révélations à l’effet que sa ministre avait accordé des faveurs à des médecins locataires de l’édifice qui abrite sa pharmacie en Mauricie.

Le premier ministre veut-il absolument exposer son incapacité à s’écarter du manque de jugement de Mme Boulet? Et, plus profondément, sommes-nous en mesure de compter sur un gouvernement responsable et qui s’assume comme tel? Les médias semblent traiter de manière anecdotique les dernières bourdes de la ministre, alors qu’elles mettent au jour une tournure d’esprit méprisante à l’endroit de la population.

Influencée sans doute par le mode d’emploi adéquiste de récupération des événements du jour, la ministre des Transports a choisi le lendemain des funérailles de la fillette de l’Île Perrot, pour annoncer le resserrement du système policier répressif qui sera en vigueur sur nos routes si son projet de loi est adopté tel quel.

De toute évidence, Julie Boulet comptait sur les réactions émotives ressenties dans la population pour escompter des gains politiques de la présentation de son projet, et ce, en dépit des entorses faites aux règles de l’Assemblée nationale.

La ministre, quand elle s’est fait reprocher sa contravention aux règlements du Parlement, a minimisé le tout en arguant que l’annonce de son projet de loi urgeait davantage que sa présentation aux élus. L’annonce d’un projet de loi deux jours avant ou après a-t-elle vraiment une incidence sur la date où il entrera en vigueur? On peut en douter; mais sur l’opportunisme politique, oui.

Vroum, vroum

Et la ministre des Transports sort de la conférence de presse où elle vient d’annoncer qu’elle entend serrer la vis aux contrevenants au Code de la sécurité routière et son chauffeur, la menant vers d’autres rendez-vous au volant de sa voiture de fonction, effectue une série de manœuvres interdites. Réaction de la ministre : elle n’avait pas le pied sur l’accélérateur et n’a pas vu l’odomètre. Même qu’elle sommeillait. Ce n’est donc pas sa faute. Qui n’a pas entendu de semblables propos de la part de ses ados? Sauf que, justement, ce sont des ados, pas des ministres en fonction. Et peut-on vraiment croire que c’était la première fois que le chauffeur se conduisait de la sorte? Quiconque emprunte les routes 20 ou 40 régulièrement est en mesure de répondre par la négative.

Et le premier ministre de passer à autre chose de plus important. Pour l’imputabilité ministérielle, on repassera.

Quand le ciel nous tombe sur la tête

Le même phénomène a été observé lors de l’écrasement du viaduc, pardon du saut de mouton, du boulevard de la Concorde à Laval. C’était la faute aux concepteurs, aux ingénieurs, aux fournisseurs, aux inspecteurs, aux organisateurs politiques du temps et tutti quanti. Pas de celle du gouvernement.

Les parents des victimes n’y comprenaient rien. Ils s’attendaient à des excuses de la part du gouvernement. Quelle naïveté! Le gouvernement n’était pas responsable. Une commission d’enquête allait les identifier, les responsables. Vous les connaissez maintenant?

Quand survient un incident, grave ou pas, à partir d’installations dont un gouvernement assume la gestion, c’est lui le responsable et il doit l’admettre d’entrée de jeu et présenter des excuses et regrets officiels, et sur-le-champ, quitte à enquêter pour connaître le fin fond de l’affaire afin d’éviter la répétition de tels événements. Voilà qui s’appelle l’imputabilité gouvernementale.

Il semble de plus en plus ardu au Québec d’assumer ses responsabilités. Qu’elles soient individuelles ou collectives. Et notre gouvernement, notre ministre des Transports et notre premier ministre nous en servent de bons exemples par les temps qui courent. Nous n’avions qu’à ne pas voter pour eux. C’est notre faute. Nous en sommes les responsables. Oups!

Étoiles! Tourbillon de poussière sublime
Qu’un vent mystique emporte au fond du ciel désert,
À vouloir vous compter, notre calcul se perd
Dans le vertigineux mystère de l’abîme.


Charles Gill (Stances aux étoiles)

lundi 19 novembre 2007

Haïti L’enlisement persiste


La situation politique est à l’image des bouleversements atmosphériques qui assaillent le pays le plus pauvre des Amériques : Haïti.

Aux dires du gouvernement des États-Unis, sur le parquet des Nations unies à New York en 2004, le départ du président Jean-Bertrand Aristide du Palais national de Port-au-Prince allait mettre fin au chaos existant dans le pays et résoudre l’essentiel des difficultés rencontrées par sa population de 8,7 millions de personnes.

Les observations relevées par le nouveau chef de mission de l’Organisation des nations unies en Haïti, M. Hedi Annabi de Tunisie, révèlent que rien n’a vraiment changé depuis 2004, année du départ forcé d’Aristide. Non seulement rien ne semble s’être amélioré, on croirait que la situation empire.

Sur les fronts humanitaire, politique et économique, le gouvernement démontre une impuissance chronique et les forces de l’ONU ne sont pas sur place pour se substituer aux autorités locales.

Lorsque l’ouragan Noël s’est abattu sur Haïti, le 28 octobre, les terres du pays étaient déjà gorgées de l’eau de la pluie tombée dans les semaines précédentes. Résultat : 66 morts et des milliers de sans-abri. Face à l’incapacité des autorités d’affronter l’épreuve, les forces de l’ONU ont été déployées dans le pays pour aménager les refuges nécessaires et baliser le flux des personnes déplacées. Ce faisant, les militaires ont délaissé leurs tâches habituelles et laissé à eux-mêmes des quartiers nécessitant une surveillance constante.

Fragilité

M. Annabi est clair : « La situation sécuritaire est extrêmement fragile. Si nous devions réduire nos effectifs radicalement, cela créerait un vide qui serait aussitôt comblé par les mêmes gens qui étaient là au moment de notre arrivée. » Alors pendant combien de temps les forces de l’ONU devront-elles demeurées sur place? « Vous ne pouvez, soutient M. Annabi, mettre sur pied une force de sécurité ou de police en deux ou trois ans… Il faut 10, 15, 20 ans. »

La mission de l’ONU, renouvelée pour une autre année en octobre, tente de contrer les gestes violents commis par les gangs criminels dans les diverses villes, mais l’état affligeant de la pauvreté et le chômage endémique menacent à tout moment de rompre la paix précaire qui prévaut.

Nombreux sont les Haïtiens qui réclament des forces de l’ONU un soutien au développement économique du pays. « Ce n’est pas le rôle des forces de l’ONU », réplique le diplomate tunisien. « Nous pouvons veiller à la création d’un environnement propice à la création d’emplois, à l’investissement et au redressement économique du pays. Mais nous ne pouvons le faire nous-mêmes. »

Pour sortir de l’actuelle instabilité politique, le président René Préval propose une série d’amendements à la constitution, ce qui, selon lui, accorderait au gouvernement plus de flexibilité pour promouvoir le développement économique et combattre la corruption. Les propositions Préval visent notamment à permettre des réélections à la présidence, au lieu d’une limite à deux mandats consécutifs, la mise sur pied d’une cour constitutionnelle habilitée à interprétée les lois et la possibilité pour le président d’évincer le premier ministre qui, présentement, est nommé par la présidence mais ne peut être démis que par le parlement.

Mais voilà. Le plan du président Préval ne mentionne nulle part comment la situation économique peut évoluer favorablement et créer les emplois et la richesse nécessaires pour entraîner la stabilité sociale.

Le fantôme de Bébé doc

Et pendant que la plupart des observateurs s’attendent à ce que ses supporters et l’ex-président Aristide lui-même se manifestent en évoquant un éventuel retour, c’est Bébé doc qui réapparaît. De son exil français, l’ex-dictateur implore le pardon de son peuple 20 ans après sa chute et sa fuite avec des millions de dollars accumulés dans les coffres familiaux et prélevés à même la caisse nationale.

Le président Préval a d’ailleurs demandé aux autorités suisses de prolonger d’une autre année le gel de 4,6 millions d’euros détenus dans des banques helvétiques par Bébé doc.

Il devient de plus en plus difficile de concevoir que toutes ces difficultés soient vécues aux portes mêmes de pays aussi riches que les États-Unis ou le Canada et qui, de surcroît, comptent des diasporas haïtiennes importantes. D’où peuvent bien provenir les millions de dollars d’investissement nécessaires pour remettre sur pied ce petit pays? Les États-Unis dépensent sans compter en Irak et en Afghanistan, tout en supputant une possible agression vers l’Iran. Le Canada s’est engagé en Afghanistan dans une politique d’occupation qui risque de lui coûter cher, financièrement, humainement et politiquement. L’argent consacré jusqu’ici à l’aide à Haïti c’est de la petite monnaie par rapport aux sommes astronomiques destinées à l’Afghanistan.

Haïti, ce n’est pas le Darfour ou le Kosovo, c’est un voisin. Ça ne mérite pas un peu de considération?

Et si on y découvrait du pétrole?

Mon insomnie a vu naître les clartés grises.
Le vent contre ma vitre, où cette aurore luit,
Souffle les flèches d’eau d’un orage qui fuit.
Un glas encore sanglote aux lointaines églises…


Alfred Garneau (Glas matinal)

vendredi 16 novembre 2007

États-Unis Relance du débat sur la peine de mort?


Deux événements viennent ranimer le débat sur l’application de la peine de mort aux États-Unis, en général, et dans l’état de la Floride, en particulier. D’ici le 8 janvier 2008, les législateurs du New Jersey décideront s’ils abolissent définitivement la peine de mort et la Cour suprême des États-Unis a ordonné, le 12 novembre, la suspension de toutes les exécutions capitales pour se donner le temps de se pencher sur l’utilisation des injections mortelles.

Le décès de l’écrivain américain Norman Mailer, survenu le 10 novembre, permet de rappeler l’un de ses ouvrages les plus critiques au sujet de la violence de la société américaine. Dans Le chant du bourreau, Mailer racontait la vie et la carrière criminelle de Gary Gilmore premier détenu exécuté après le rétablissement de la peine de mort aux États-Unis en 1976. En suivant ainsi le parcours de Gilmore, Mailer décrit l’être humain, capable de sentiments et d’émotion, qui se profile derrière l’impitoyable individu qu’une société peut engendrer par sa propre cruauté à l’endroit de ses marginaux.

Le répressif système judiciaire américain est un parcours imprégné de violence dont la peine de mort n’est que la manifestation extrême. La clémence, la réhabilitation et la réinsertion en société sont des concepts étrangers à l’application de lois rigoureuses qui tendent plus vers la recherche de la vengeance que vers l’émergence d’une justice sociale.

Des jeunes, auteurs de bêtises assez courantes pour leur âge, et davantage quand ils n’ont connu que la vie de misère des ghettos, sont soumis à des traitements inimaginables qui peuvent mener à la mort.

Des ados se voient condamner à la prison à vie, pour des crimes sordides souvent commis par des complices plus âgés. Y a-t-il des moyens de les récupérer?

Et la prison attend aussi d’autres jeunes contrevenants pour des gestes que la société peut trouver déplacés, sans toutefois les punir si violemment.

Les immigrants sans statut n’échappent pas non plus à la rigueur des traitements infligés dans les établissements carcéraux.

Les boot camps

Sept gardiens d’un boot camp de la région de Tampa, de même qu’une infirmière, ont été innocentés, le 12 octobre, de la mort d’un adolescent de 14 ans survenue en janvier 2006. Ce verdict de non culpabilité s’est basé sur le témoignage d’un médecin expert de la défense venu affirmer que le garçon était décédé des suites d’un dérèglement cellulaire de son organisme survenu avant qu’il ne soit battu et privé d’oxygène.

Le procès des huit inculpés a cependant permis d’apprendre les pratiques surprenantes, pour ne pas dire dégradantes, ayant cours dans ces centres de détention destinés aux plus récalcitrants des usagers du système de correction juvénile.
Les témoignages entendus, de la part des gardiens eux-mêmes, révèlent que ceux-ci sont intervenus quand, pendant une course forcée d’un mille et demi, le garçon a démontré des signes de détresse. Croyant qu’il feignait, les gardiens l’ont maîtrisé physiquement pour ensuite lui appliquer les mains sur la bouche et lui faire respirer de l’ammoniac afin qu’il reprenne ses esprits, ce qui l’aurait conduit à la suffocation. L’infirmière, témoin de la scène, n’est pas intervenue arguant qu’elle aussi soupçonnait une simulation.

La scène, enregistrée sur bande vidéo, montre les gardiens en train de violenter l’ado pendant une trentaine de minutes avant qu’ils n’appellent une ambulance.

À vie

Un rapport de l’organisme « Equal Justice Initiative », publié dans la troisième semaine d’octobre, affirme que les prisons américaines comptent 73 détenus condamnés à perpétuité pour des crimes commis quand ils n’avaient que 13 ou 14 ans. Cette situation n’existerait dans aucun autre pays au monde.

De plus, toujours selon ce rapport, 2 225 mineurs purgent une peine de réclusion à perpétuité sans libération conditionnelle, une sanction interdite par la Convention internationale des droits de l’enfant que les États-Unis refusent toujours de signer.

La moitié des détenus à vie sont noirs. Cette minorité ne représente que 12 pour cent de la population américaine.

« Le plus souvent, note l’organisme, ils ont participé à des braquages dans lesquels des plus âgés qu’eux ont tué. Considérés comme tout aussi coupables que leurs ainés, ils ont subi la loi des peines plancher.

Fellation

La Cour suprême de Georgie a libéré, le 26 octobre, un jeune homme emprisonné depuis plus de deux ans pour une fellation pratiquée par une jeune fille de 15 ans, consentante, alors que le consentement pour une relation sexuelle était fixé à 16 ans à cette époque.

Aujourd’hui âgé de 21 ans, le jeune en question avait 17 ans au moment des faits; il a été accusé de viol et condamné à 10 ans de prison.

Immigrants

Les centres d’incarcération à l’intention des immigrants ne sont guère plus hospitaliers que les pénitenciers américains même si les personnes détenues n’ont commis aucun crime autre que celui d’être immigrant sans statut.

En 2006, 300 000 hommes, femmes et enfants étaient incarcérés dans des centres de détention pour immigrants, selon le représentant démocrate Zoe Lofgren de la Californie. Les avocats appelés à aider les personnes ainsi détenues affirment qu’ils doivent menacer l’Agence de contrôle des douanes et de l’immigration pour obtenir de l’information sur l’état de santé de leur client, de même que pour connaître les causes d’un décès, le cas échéant.

Les jeunes confinés dans ce type d’établissement apprennent rapidement à se méfier d’un pays aussi menaçant à l’endroit des nouveaux venus et sont susceptibles de devenir la proie d’adultes mal intentionnés qui peuvent les aider à s’échapper de ce milieu pour ensuite les initier à la criminalité.

L’univers carcéral américain en se durcissant, s’est transformé, au cours des ans, en un système d’apprentissage du crime qui fait rapidement comprendre à sa clientèle que l’issue, dans leur existence, se trouve dans une criminalité organisée et agissant à plus grande échelle. Le système pénal s’avère ensuite impuissant à contrer le banditisme et sa violence dont les rouages ont été promus dans ses propres écoles.

Et ne voilà-t-il pas que le gouvernement canadien de M. Harper a décidé de cesser de demander automatiquement la clémence pour tout citoyen canadien condamné à mort à l’étranger! Faut-il y voir une tentation d’adopter au Canada un système carcéral inspiré de celui des États-Unis avec peine de mort à la clé? Heureusement, 50 pour cent des Canadiens interrogés à ce sujet sont contre la décision du gouvernement, avec un appui de 43 pour cent, selon un sondage de la Presse canadienne publié le lundi 12 novembre.

Vois-tu ce chemin misérable
Dont jamais n’ont foulé le sable
Que les pas du désespoir?...
C’est par là que je m’en irai.



Lionel Léveillé (Vois-tu ce chemin?)

mercredi 14 novembre 2007

Radio Floride Propos d'actualité en direct ou par Internet

En direct: du lundi au vendredi, après 8h05, au 980 AM

Internet: radiofloride.com

Les ratés du parcours Mulroney

Le rat est un animal à l’esprit grégaire qui s’adapte facilement à son milieu. En liberté, il est une véritable peste, allant jusqu’à propager cette maladie. En captivité, il devient un précieux partenaire dans la recherche médicale en laboratoire, mais c’est là l’exception.

Il vaut mieux savoir quelle espèce de rat se présente à soi avant d’entreprendre une relation avec lui. Car, le rat le plus courant, lorsqu’il se sent coincé et que sa peau est menacée, préfère attaquer son partenaire devenu adversaire, même au risque d’y laisser sa peau.

Et on sait qu’en affaire, les rats pullulent. Ratoureux, comme il se doit, ils sont à la fois généreux et gourmands, et, surtout, vindicatifs, quand leur appétit n’est pas assouvi. Besoin d’un coup de pouce pour se sortir d’une passe momentanément difficile? Le rat affiche présent et n’attend que le prochain tournant pour réclamer le retour d’ascenseur qu’il estime être maintenant son dû.

Brian Mulroney a-t-il accepté de frayer en compagnie de Karlheinz Schreiber, homme d’affaires germano-canadien? Si oui, aurait-il accepté de celui-ci certaines sommes d’argent pour lui faciliter le travail à titre d’entremetteur ou d’investisseur?

Si ce fut le cas avant que M. Mulroney quitte le 24 Sussex Drive à Ottawa, il n’en pipe mot dans ses mémoires. Pourtant, en plus de 1200 pages, il aurait eu tout le loisir de le faire.

Une bourde de la Gendarmerie royale du Canada, qui avait laissé entendre que M. Mulroney avait été gratifié, par M. Schreiber, de généreux pot-de-vin dans l’affaire de l’achat d’avions de la firme Airbus par la compagnie Air Canada, a valu à l’ex-premier ministre une compensation de 2,1 millions $.

Un livre publié par deux journalistes de Toronto, au milieu des années 90, avait aussi tenté d’établir des liens d’argent entre MM. Mulroney et Schreiber.

Pendant l’épisode GRC, poursuites et règlement, Karlheinz Schreiber est demeuré coi en évitant de soulever quelque vague que ce soit.

Mais voilà que dans son édition du 30 octobre, le quotidien « The Globe and Mail » soutient que M. Mulroney a reçu, en 1993 et 1994, 300 K $ en argent comptant de l’homme d’affaires sans verser d’impôt sur ces revenus. Il l’a fait plus tard en soumettant une divulgation volontaire à cet effet, ce qui est légal.

Assaut

Autre hic : Karlheinz Schreiber, détenu dans une prison de Toronto et sur le point d’être déporté en Allemagne pour des affaires de fraude et d’évasion fiscale, poursuit M. Mulroney pour récupérer ses 300 K $ et a déclaré, dans un document de 87 pages, soumis au tribunal, qu’il a remis une lettre à M. Mulroney à l’intention du premier ministre Stephen Harper. Le rat attaque.

M. Harper a confirmé la visite de M. Mulroney à sa résidence d’été mais a nié avoir pris connaissance de la lettre mentionnée par M. Schreiber.

Lui-même compromis par les propos de l’homme d’affaires, M. Harper, talonné par l’opposition depuis deux semaines, décide, le 8 novembre, de nommer un enquêteur indépendant pour faire la lumière sur cette histoire et rompt, dit-il, tout lien avec Brian Mulroney et en demande autant aux membres de son gouvernement.

Sauf que, M. Mulroney n’est pas du genre à attendre patiemment que les nuages viennent se déverser en trombes sur lui. Il monte au créneau à son tour, par la voie de son fidèle et indéfectible porte-parole, Luc Lavoie, également vice-président de Quebecor, pour réclamer la tenue d’une enquête indépendante et publique. Le gouvernement Harper s’est rendu à cette requête.

Et qu’adviendra-t-il de l’homme d’affaires en question si, comme prévu, il est déporté en Allemagne et que son témoignage est requis plus tard en cours d’enquête? Et combien coûtera toute cette saga aux contribuables canadiens qui ont déjà déboursé plus de deux millions $? Plus les frais d’enquête de la police, plus les frais juridiques, plus le temps des fonctionnaires, plus…

Si l’enquête n’y parvient-pas, Brian Mulroney nous révèlera-t-il le fin fond de cette histoire dans le second tome de ses mémoires?

Marche seul et sois fier; plein de morgue, relève
Ta tête altière, et fuis les contacts infamants;
Ne choisis pour sentier que celui de ton rêve.


Albert Dreux (Le mauvais passant)

lundi 12 novembre 2007

Amérique latine Bête noire assise sur or noir


Hugo Chávez est actif sur tous les fronts en ce moment : il pilote une mouvementée réforme de la constitution de son pays, il mène des tractations en vue de la libération des otages détenus par les FARC en Colombie, il tente de mettre sur pied une organisation des pays sud-américains producteurs de pétrole en vue d’aider les pays consommateurs, il poursuit sont entreprise diplomatique pour contrer l’influence des États-Unis en Amérique du sud, les Caraïbes et les Antilles et, impardonnable faute aux yeux de l’aigle américain, il fréquente assidûment le président cubain Fidel Castro.

Les étudiants de Caracas multiplient les manifestations contre les amendements à la constitution soumises à un vote référendaire prévu pour le 2 décembre. Des incidents sont survenus la semaine dernière alors que des « partisans » réformistes se sont attaqués aux étudiants qui regagnaient leurs quartiers universitaires. Sitôt, le vice-recteur de l’institution a accusé les alliés du président Chávez d’intimidation à l’endroit des manifestants.

Avouons que le président n’a guère redoré son blason en répliquant qu’il n’allait pas laisser quelques privilégiés élevés la cuiller d’argent à la bouche bousiller sa réforme constitutionnelle. En manifestant comme ils le font, les étudiants ont rejoint le camp des partis d’opposition et du général à la retraite et ex-ministre de la Défense, Raúl Baduel, qui qualifient d’entreprise dictatoriale la réforme Chávez.

Mais, aux dires même des analystes, l’opposition est trop faible pour contrer le mouvement d’appui aux amendements constitutionnels approuvés par l’assemblée nationale la semaine dernière. Au nombre de ces amendements : levée de la limite du mandat présidentiel, règles plus complexes en vue d’entreprendre une procédure de destitution à l’endroit du président, création de provinces sous la responsabilité de l’état fédéral et contrôle gouvernemental de la banque centrale.

Les opposants, groupes de défense des droits de la personne, clergé catholique et dirigeants d’entreprises, notamment, affirment que ces amendements accordent trop de pouvoir à Chávez et menacent les libertés individuelles, alors que le président qualifie cette réforme de « socialisme du 21ème siècle ».

Colombie

Si la situation intérieure du Venezuela est accaparante pour Hugo Chávez, ceci ne l’empêche pas de poursuivre les négociations entreprises il y a quelques mois en vue de résoudre la crise des otages en Colombie. En contact avec le président Alvaro Uribe et des pays comme la France, préoccupée par le sort d’Ingrid Bétancourt, Chávez a rencontré, le 7 novembre, un représentant des Forces armée révolutionnaires de la Colombie (FARC).

Chávez devrait s’entretenir sous peu avec le commandant des FARC, Manuel Marulanda, pour mettre au point un échange humanitaire : les otages, dont Mme Bétancourt et trois Américains, contre 500 guérilleros emprisonnés par le gouvernement colombien.

Pétrole

Le sommet ibéro-américain qui s’est terminé le samedi 10 novembre à Santiago du Chili a donné à Chávez l’occasion d’inviter le Brésil à se joindre à un nouveau cercle pétrolier : Pétroamericas. Ce cartel prendrait la relève des projets en cours : Petrosur, Petrocaribe et Petroandina.

Cette invitation vient à point nommé. L’entreprise étatique chilienne d’exploration pétrolière vient de découvrir un gisement d’une capacité potentielle de huit milliards de barils qui pourra atteindre sa pleine production vers 2013.Il s’agit d’une nouvelle importante pour le gouvernement de Luis Ignacio da Silva, Lula, qui peine à placer sur les rails de la prospérité un pays riche en ressources de toute nature.

L’appel du président Vénézuélien vise à affaiblir l’influence des États-Unis sur les pays de l’hémisphère en sud en garantissant à ceux d’entre eux, dépourvus de ressources pétrolières, un approvisionnement à coût abordable.

Politique

Et le rayonnement de Chávez, au grand agacement des États-Unis, ne cesse de progresser. Déjà les Morales de Bolivie, Lula du Brésil, Bachelet du Chili, Ortega du Nicaragua et, au premier rang, Castro à Cuba montrent, tantôt, une certaine sympathie à l’égard de leur homologue, tantôt, une sympathie certaine. S’y ajoutent maintenant Rafael Correa en Équateur et Alavaro Colom au Guatemala. Tous étaient présents au sommet ibéro américain qui a réuni, la semaine dernière au Chili, les pays d’Amérique latine, l’Espagne et le Portugal.

Hugo Chávez, y a révélé son côté un brin frondeur. À tel point, de fait, qu’il n’a pu se retenir face à son vis-à-vis espagnol José Luis Zapatero, en traitant son prédécesseur de fasciste, ce que n’a pas apprécié le président d’Espagne qui le lui a fait savoir devant un Chávez qui a persisté et signé en envoyant balader le roi Juan Carlos qui appuyait son président.

Pour ne pas être en reste, Hugo Chávez s’en est également pris à l’église catholique vénézuélienne et le pape, en plus d’accuser les États-Unis et l’Union européenne d’avoir approuvé le coup d’état fomenté contre lui en avril 2002.

Il faut bien reconnaître, toutefois, que les adversaires du président du Venezuela ne le ménagent guère. Lune des dernières offensives diplomatiques, dans le contexte nord-américain où la liberté de presse apparaît comme un droit sacré : le 13 octobre, l’Association inter-américaine de la presse, en assemblée générale à Miami, a accusé le gouvernement Chavez de tentative de censure à son endroit en l’accusant d’avoir ordonné aux hôtels de Caracas de refuser toute réservation de chambre en vue de la tenue de son assemblée générale de l’an prochain qui doit avoir lieu dans la capitale vénézuélienne.
Or, quand on y regarde de près, cette association n’en n’est pas une de journalistes mais de propriétaires et d’éditeurs de médias des États-Unis et d’Amérique latine. Tous ont été et sont plus critiques les uns que les autres sur tout ce qui semble orienter la politique de l’hémisphère sud vers une voie trop socialisante par rapport à leur credo fondé sur la seule propriété privée.

Que Chávez veuille servir à ces médias quelques crocs en jambe n’est sans doute pas très habile, mais pas non plus surprenant, quoique pas une seule preuve d’entrave n’ait été déposée par l’association lors de sa conférence de presse, les journalistes présents ayant pris ces affirmations pour argent comptant. Peut-on douter de la parole de ses patrons?

Ma pensée est couleur de lumières lointaines
Du fond de quelque crypte aux vagues profondeurs.
Elle a l’éclat parfois des subtiles verdeurs
D’un golfe où le soleil abaisse ses antennes.


Émile Nelligan (Clair de lune intellectuel)

jeudi 8 novembre 2007

États-Unis Cuba Bush ignore l’ONU et repousse la main tendue de Castro


L’ONU, pour une 16ème année, a voté en faveur de la levée de l’embargo commercial et économique des États-Unis à l’endroit de Cuba qui perdure maintenant depuis 46 ans. Le président Bush fait fi du vote des 192 pays qui réclament la fin de ce blocus et puise sa détermination au sein de la diaspora cubaine de Miami. Celle-ci ne désarme pas face au lider maximo et réclame rien de moins que le retour de propriétés ayant appartenu aux familles exilées prétendument spoliées par le régime castriste.

Dès avant le vote intervenu à la fin du mois d’octobre, à l’occasion de l’assemblée générale de l’ONU, le président Bush avait clairement annoncé ses couleurs, deux semaines plus tôt, en organisant une rencontre avec un groupe cubain de Miami trié sur le volet. « Il ne nous a pas dit qu’il allait faire un discours sur le sujet, affirme Ninoska Pérez Castellón, l’un des leaders de la communauté cubaine présent, mais qu’il voulait en savoir davantage sur les familles des prisonniers politiques détenus à Cuba et nous entendre au sujet de l’épreuve qu’ils subissent. »

Cette rencontre faisait suite à une sortie de Raúl Castro, en juillet, qui déclarait : « Quelle qu’elle soit la prochaine administration (des États-Unis) devra décider si elle maintient l’absurde, illégale et stérile politique à l’endroit de Cuba ou si elle acceptera la branche d’olivier que nous lui tendons. »

Le directeur de Radio Mambí, craignant que le gouvernement des États-Unis ne prenne au sérieux l’approche cubaine, a indiqué au président que la seule politique possible était le maintien de la politique actuelle. Ce qui a fait dire à George W. Bush, à l’issue de cette rencontre que le mot d’ordre dans les discussions avec Cuba n’allait pas être « stabilité ». « Le mot d’ordre est « liberté », scande-t-il, en songeant sans doute à son allié du Pakistan qui concrétise présentement son deuxième coup d’état.

Le discours du président américain, qui a suivi sa rencontre avec les exilés, a, à la surprise des observateurs, fait l’objet d’une page complète de citations textuelles dans le quotidien La Gramma et d’une diffusion d’un quart d’heure sur la télévision nationale cubaine.

Cuba réplique

Le ministre cubain des Affaires étrangères, Felipe Perez Roque, au lendemain du vote de l’ONU, a mis en garde les États-Unis s’ils tentaient de renverser de force le gouvernement en place à La Havane.

« Nous ne menaçons pas et nous ne bufflons jamais. Nous respectons les États-Unis et nous demandons le même respect pour nous. Nous défendrons notre pays contre n’importe quelle agression étrangère. »

Et commentant le mot d’ordre de « liberté » utilisé par le président Bush une semaine auparavant, l’ambassadeur ajoute : « Si l’utilisation de cette expression annonce une tentative de renversement de régime à Cuba, celle-ci se butera à la résistance du peuple cubain et ce peuple est prêt… Cuba ne représente pas une menace et souhaiterait entretenir des relations normales avec les États-Unis. »

La diaspora

Les exilés cubains ne désarment pas et la diaspora entretient la flamme anti castriste parmi la génération montante principalement regroupée à Miami.

Dernière offensive : la réclamation de propriétés en territoire cubain au lendemain de la chute du régime en place. Se basant sur une étude menée par une université du Nebraska, les Cubains de Miami estiment à près de deux milliards de dollars la valeur des biens saisis, confisqués ou étatisés par le régime de Fidel Castro. Ceux-ci vont de la possession d’une automobile jusqu’à celle d’une distillerie.

Les Cubains s’inspirent ainsi du mantra d’un opposant au régime de 88 ans, Pedro Miyares. Celui-ci ne cesse de répéter à ses proches, depuis quatre décennies: quand Fidel Castro tombera, vous devez retourner vous battre pour récupérer la ferme familiale.

La mémoire des opposants castristes est directement proportionnelle à l’entêtement présidentiel : Cuba doit regagner le giron étatsunien, sans quoi, point de salut.

Aurore, Soleil et Crépuscule;
Le Passé, le Présent, l’Avenir;
Toujours devant Jamais qui recule.


Guy Delahaye (Amour)

mercredi 7 novembre 2007

Québec et Ottawa derby d’abolitions


Mario Dumont et son ADQ se sentaient coincés ces dernières semaines entre la quête d’identité québécoise de Pauline Marois et du PQ et un Jean Charest qui n’hésite pas à prendre d’assaut les pages d’opinions des journaux pour vilipender les nationalistes. Pour se remettre en selle, Mario Dumont prend prétexte du famélique taux de participation aux élections scolaires du dimanche 4 novembre pour réclamer l’abolition des commissions scolaires.

Stephen Harper et le Parti conservateur minoritaire à Ottawa, las de toujours devoir rendre des comptes sur la nature de la participation de l’armée canadienne en Afghanistan, en plus de se faire casser les pieds par un sénat à majorité libérale qui tatillonne sur chacun des projets de loi en provenance de la Chambre des communes, accroche son wagon à la locomotive anti-sénat du NPD de Jack Layton pour réclamer l’abolition de cette institution.

L’un et l’autre ont raison d’agir de la sorte mais ils ne semblent pas le faire pour les bons motifs.

Une fois enfourchée sa monture, Mario Dumont perd le contrôle des rênes et met dans un même sac le coût des élections scolaires, 8 millions $, associé à un taux de participation de huit pour cent pour l’ensemble du Québec et la moitié de ce niveau dans l’île de Montréal, pour menacer de renverser le gouvernement s’il ne se rend pas à son exigence.
Il place ainsi le PQ dans l’obligation de soutenir le parti au pouvoir ce qui lui permettra ensuite de le vilipender sur toutes les tribunes pour collaboration avec l’ennemi.

Mais le motif réel de la position adéquiste est ailleurs et c’est l’auteur de la résolution abolitionniste des commissions scolaires qui le révèle candidement. « Les écoles privées ne sont pas soumises aux commissions scolaires et s’en sortent très bien », avance le député de La Peltrie, Eric Caire. Voilà qui ressemble davantage à l’ADQ : gruger au public pour alimenter le privé.

Pourtant les mobiles en faveur de cette abolition ne manquent pas, il suffit de prendre connaissance de la Loi sur l’instruction publique pour s’en convaincre en ayant à l’esprit que les parents recherchent dans une école un lieu d’apprentissage efficace pour leurs enfants. Aussi simple que cela. Or, une commission scolaire c’est tout le contraire de cette simplicité attendue.

Les commissions scolaires ont, avec les années, multiplié à outrance les paliers décisionnels et consultatifs sans toutefois avoir un mot à dire directement sur la qualité de l’enseignement dispensée dans les écoles sous leur responsabilité. Un parent tente-t-il de référer à la commission scolaire un cas de déficience pédagogique dans un établissement qu’il se fait répondre que ce n’est pas du ressort de cet ordre de gouvernement.

En fait, toutes les responsabilités dévolues aux commissions scolaires pourraient être confiées à d’autres structures déjà en place avec transfert du personnel et des budgets et le système ne s’en porterait que mieux. Et les emplois en jeu pourraient être transférés là où ils seront vraiment utiles sans devoir tergiverser avec des élus qui n’ont qu’une raison d’être : justifier leur présence. Unique perte : un terrain d’exercice pour politicien provincial en devenir.


Le sénat

Les conservateurs ont depuis longtemps fait de la réforme du sénat leur cheval de bataille avec, par exemple, la résolution triple E : élu, égal, efficace, la limite de la durée des mandats ou la consultation des électeurs avant une nomination. Toutes idées rejetées par les sénateurs eux-mêmes qui refusent, il est aisé de le concevoir, de scier la branche sur laquelle ils sont assis.

Mais la vraie raison de l’obsession conservatrice sur l’existence du sénat : ils y sont minoritaires parce que les libéraux ont accumulé plus d’années qu’eux au pouvoir et, par le fait même, ont eu l’occasion de nommer plus de sénateurs.

Pour le NPD, l’abolition du sénat est à son ordre du jour depuis la fondation du CCF (Commonwealth Cooperative Party), son ancêtre.

Là encore, les vrais raisons ne manquent pourtant pas pour justifier l’abolition de chambre haute. Le sénat, de défenseur des causes régionales et des politiques défendues par les provinces, s’est rapidement mué en espace de stationnement pour organisateurs politiques et en généreux pourboire pour services rendus.

Pour s’en convaincre, un coup d’œil au mémoire de l’ex-premier ministre Brian Mulroney qui élabore sur la nomination de Norman Atkins, un réputé organisateur de la Big Blue Machine conservatrice ontarienne : « … Il n’y eut pratiquement aucune critique quand j’ai nommé Norman au Sénat, la plus importante rétribution qu’un premier ministre peut accorder et qui représentait pour Norman, compte tenu de son âge, une somme de cinq millions de dollars sur (sic) le restant de ses jours! » (Brian Mulroney, Mémoires, p. 804.)

Voilà deux institutions aussi nécessaires à l’évolution de la vie démocratique qu’une balle de golf dans un tournoi tennis.

Malgré des jours nombreux, ma fin semble hâtive;
Je dis l’adieu suprême à tout ce qui m’entend.


Phamphile Le May (Ultima verba)

lundi 5 novembre 2007

Antilles et Mexique pas de cadeau de Noël


L’ouragan Noël aura été le plus meurtrier et dévastateur de la saison 2007. Et c’est l’île d’Hispaniola, partagée en la République dominicaine et Haïti, qui présente le pire bilan : 141 morts jusqu’ici (84 en République, 57 en Haïti); la Jamaïque et les Bahamas rapportent également un décès chacun.

La présence des troupes de maintien de la paix des Nations unies, sous le commandement du major général Carlos Alberto Dos Santos Cruz, du Brésil, n’a pas empêché les pillages et les menaces à la sécurité personnelle de la population. Ainsi, des réfugiés de Cité Soleil, en banlieue de Port-au-Prince, rassemblés dans des abris, ont accusé les forces de l’ONU d’avoir déserté l’endroit et ainsi permis que des hommes armés de machettes envahissent les lieux en menaçant violer les jeunes femmes présentes.

Les autorités haïtiennes sont prises à partie avec véhémence, par les forces extérieures en place et par l’intérieur.

Le général responsable des forces de l’ONU soutient que c’est au gouvernement haïtien d’assumer la responsabilité d’aider les 10 000 évacués à la recherche de secours et de refuges.

Un responsable du ministère de l’Intérieur, Laine Pierre Raymond, est également critique à l’égard de son gouvernement qui le taxe d’inactif. Le gouvernement se défend en invoquant le travail de reconstruction incessant auquel il est confronté et de sa dépendance face à l’aide internationale.

Les États-Unis, si prompts à évincer Jean-Bertrand Aristide du pouvoir, en 2004, sont pour le moins discrets face au désastre et les 1,4 milliard de dollars promis à la suite de l’ouragan Jeanne, survenu également en 2004, se font toujours attendre. D’où proviendra l’aide maintenant?

La déforestation est en bonne partie responsable de la vulnérabilité d’Haïti face aux tempêtes tropicales, la population utilisant les arbres pour le chauffage et la cuisson des aliments, laissant le sol en proie à l’érosion.

République dominicaine, Cuba et Mexique

Pays touristique fort populaire, surtout auprès des Québécois, la République dominicaine déplore 67 000 sans abris. Cependant, des ponts aériens ont été établis avec des pays donateurs afin de faire parvenir aux populations affectées les produits de première nécessité dont elles ont besoin.

Le phénomène de déforestation ne touche pas la République mais l’escarpement des montagnes, lors de fortes pluies, drainent, jusqu’à ce qu’elles débordent, les rivières en bordure desquelles vivent plusieurs personnes.

À Cuba, 30 000 personnes ont été évacuées à la suite des inondations qui ont aussi emportées de nombreux tronçons de routes. Le vice-président Carlos Lage affirme toutefois que la situation demeure sous contrôle pour le moment et tient informé, bien évidemment, le président hospitalisé Fidel Castro.

Au Mexique, ce n’est pas à cause de Noël mais en raison de pluies diluviennes que les états de Tabasco et du Chiapas gisent sous les flots et que deux millions de personnes subissent le pire désastre naturel des dernières années dans ce pays, selon le président Felipe Calderon. Là aussi la grogne s’est installée face à la lenteur de l’aide d’urgence.

Les images provenant de l’état de Tabasco, riche en pétrole, ne sont pas sans rappeler les prises de vue saisies lors de l’ouragan Katrina en 2005 à la Nouvelle-Orléans avec ses milliers de personnes arc-boutées à des embarcations de fortune, d’autres nageant dans des eaux nauséabondes, d’autres encore attendant du secours sur les toits de ce qui reste de leurs demeures ou de celles des voisins…

La situation d’urgence prévaut à la grandeur du pays pour venir en aide à la population de Tabasco aux prises avec de nombreux cas de choléra ou d’hépatite A. Le président Calderon a, bien sûr, annulé tous ses déplacements afin de superviser le travail des équipes de sauvetages en provenance de tous les coins du Mexique et de l’extérieur du pays. Mais, d’évidence, les ressources internes ne suffisent pas à la tâche.

L’aide internationale ne sait plus où donner de la tête en Amérique centrale et dans les Antilles, en autant qu’elle se manifeste.

Ah! Pour ces parias de la famille humaine,
Qui, lourdement chargés de leur fardeau de peine,
Ont monté jusqu’au bout l’échelle de douleur,
Que votre cœur touché vienne donner l’obole…


Octave Crémazie (Les morts)

vendredi 2 novembre 2007

Californie et Floride Bush une catastrophe pour les désastres et les assurances soignent leur image


Les foyers d’incendie sont maintenant maîtrisés dans les banlieues qui s’étendent de Los Angeles à San Diego. Enfin! S’il y a des centaines de millions de dollars de perte, dans le sillage de ces feux, c’est que les propriétés incendiées valaient chacune des dizaines de millions $.

Au désastre des dernières semaines dans le sud californien, s’ajoute maintenant une nouvelle pitoyable. L’un des incendies serait d’origine criminelle et son auteur un jeune garçon. Les risques de feux de broussailles, à la fin d’un été californien, sont déjà suffisamment élevés sans qu’y contribue un ou des incendiaires inconscients de l’ampleur des dégâts qui peuvent survenir.

Comme un malheur n’arrive jamais seul, la Californie a vu débarquer à sa rescousse le président des États-Unis lui-même, George W. Bush. Et quelle réception devait-on lui réserver! Le lieutenant-gouverneur de l’état, John Garamendi, apprenant l’arrivée de son président dans quelques heures, déclarait que cette visite était d’abord et avant tout une « opération de relations publiques »; avant d’ajouter : « Franchement, je doute de la valeur de la visite du président ici… Combien de fois est-il allé à New York ou à la Nouvelle-Orléans pour lancer des promesses qui n’ont pas toujours été remplies? Nous avons le Terminator ici, le gouverneur Swarzenegger, qui fait du bon travail… »

Et les journalistes, qui ne sont jamais en reste, ont tenté de faire une comparaison entre l’attitude laconique du président, lors de Katrina à l’été 2005, et sa relative célérité de cette année. « Les historiens, de répliquer M. Bush, auront amplement le temps de se pencher là-dessus, de comparer telle situation avec telle autre. » De la grande esquive!

Il convient d’avouer que la feuille de route de M. Bush face aux désastres est plutôt catastrophique. En apprenant la tragédie du World Trade Center, en septembre 2001, le président poursuivait tout bonnement sa visite d’une maternelle avant d’aller se terrer dans un refuge des forces armées, laissant le maire de la métropole seul à la conduite politique des opérations.

Dans le cas de Katrina, l’ouragan qui a dévasté le sud de la Louisiane il y a deux ans, le président avait tardé, non seulement à se rendre sur les lieux, mais encore à décréter l’état d’urgence. Une fois ce geste posé, l’un de ses amis, à la tête de la FEMA, les services d’aide d’urgence à la population sinistrée, tergiversait à un point tel que l’aide n’est parvenue que très tard et au compte-gouttes pour ne s’attirer que des critiques.

Aujourd’hui encore, plus de 170 plaintes de corruption et de pots de vin visant des officiels de l’état de la Louisiane sont devant les tribunaux.

L’ouragan Wilma, qui a ravagé le sud-est de la Floride, en octobre 2005, n’a même pas réussi à faire se déplacer le président pas plus qu’à l’inciter à décréter l’état d’urgence.

Les assurances se rachètent et Allstate lâche

Les sinistrés californiens, au plus fort des feux dévastateurs, ont reçu la visite de leurs compagnies d’assurances. De très nombreux règlements sont effectivement intervenus avant même que les flammes soient éteintes. Un rendement supérieur à ce qui s’est déroulé dans le cas de la Floride après le 24 octobre 2005.

L’une des compagnies d’assurance très présente dans les zones touchées par les ouragans de 2005, Allstate, décidait, peu après ces calamités qui lui ont coûté 1,5 milliard $ en indemnités, de lâcher ses assurés résidentiels pour se concentrer sur l’automobile ce qui lui vaut, aux dernières nouvelles, des profits records de 5 milliards $ au troisième trimestre du présent exercice financier.

Par ailleurs, de nombreux sinistrés de Wilma sont toujours sans logis ou en attente de règlements de la part de leur compagnie d’assurance. Bien qu’il n’existe pas de statistiques officielles, les responsables municipaux du milieu de l’habitation estiment à plusieurs douzaines le nombre d’édifices toujours inhabitables. Ceux-ci se retrouvent principalement dans les municipalités de Lauderhill, Lauderdale Lakes, Tamarac et dans le secteur ouest de Delray Beach.

Plusieurs personnes font toujours face à des paiements de loyers sans pouvoir y habiter ou avec des versements de frais mensuels ou de contributions spéciales pour des condos toujours non réparés.

À la tragédie collective, que représente le passage d’un ouragan ou d’un incendie dévastateur, s’ajoute des centaines de tragédies individuelles qui se traduisent par des dépressions, des séparations, des faillites… des rêves brisés quoi.

Quelle assurance avons-nous que demain nous serons à l’abri de l’indifférence généralisée si le ciel nous tombe sur la tête? On a beau payer ses primes rubis sur l’ongle, quand vient le moment, après un malheur, de réclamer son dû, on passe du mauvais côté du miroir. Heureusement qu’on est entre bonnes mains!

Les heures couleront à la lampe de l’attente
Le jour rejoindra les eaux de ma prière
Je ne sais si tu viendras
Comme le premier soleil à la mort de la nuit

Fernand Dumont (Qu’importe le limon)