mercredi 21 novembre 2007

Québec Une « boulet » à traîner aux transports



Incroyable mais vrai. Le premier ministre Jean Charest exprime « publiquement toute sa confiance en Julie Boulet ». Il avait fait de même lors des révélations à l’effet que sa ministre avait accordé des faveurs à des médecins locataires de l’édifice qui abrite sa pharmacie en Mauricie.

Le premier ministre veut-il absolument exposer son incapacité à s’écarter du manque de jugement de Mme Boulet? Et, plus profondément, sommes-nous en mesure de compter sur un gouvernement responsable et qui s’assume comme tel? Les médias semblent traiter de manière anecdotique les dernières bourdes de la ministre, alors qu’elles mettent au jour une tournure d’esprit méprisante à l’endroit de la population.

Influencée sans doute par le mode d’emploi adéquiste de récupération des événements du jour, la ministre des Transports a choisi le lendemain des funérailles de la fillette de l’Île Perrot, pour annoncer le resserrement du système policier répressif qui sera en vigueur sur nos routes si son projet de loi est adopté tel quel.

De toute évidence, Julie Boulet comptait sur les réactions émotives ressenties dans la population pour escompter des gains politiques de la présentation de son projet, et ce, en dépit des entorses faites aux règles de l’Assemblée nationale.

La ministre, quand elle s’est fait reprocher sa contravention aux règlements du Parlement, a minimisé le tout en arguant que l’annonce de son projet de loi urgeait davantage que sa présentation aux élus. L’annonce d’un projet de loi deux jours avant ou après a-t-elle vraiment une incidence sur la date où il entrera en vigueur? On peut en douter; mais sur l’opportunisme politique, oui.

Vroum, vroum

Et la ministre des Transports sort de la conférence de presse où elle vient d’annoncer qu’elle entend serrer la vis aux contrevenants au Code de la sécurité routière et son chauffeur, la menant vers d’autres rendez-vous au volant de sa voiture de fonction, effectue une série de manœuvres interdites. Réaction de la ministre : elle n’avait pas le pied sur l’accélérateur et n’a pas vu l’odomètre. Même qu’elle sommeillait. Ce n’est donc pas sa faute. Qui n’a pas entendu de semblables propos de la part de ses ados? Sauf que, justement, ce sont des ados, pas des ministres en fonction. Et peut-on vraiment croire que c’était la première fois que le chauffeur se conduisait de la sorte? Quiconque emprunte les routes 20 ou 40 régulièrement est en mesure de répondre par la négative.

Et le premier ministre de passer à autre chose de plus important. Pour l’imputabilité ministérielle, on repassera.

Quand le ciel nous tombe sur la tête

Le même phénomène a été observé lors de l’écrasement du viaduc, pardon du saut de mouton, du boulevard de la Concorde à Laval. C’était la faute aux concepteurs, aux ingénieurs, aux fournisseurs, aux inspecteurs, aux organisateurs politiques du temps et tutti quanti. Pas de celle du gouvernement.

Les parents des victimes n’y comprenaient rien. Ils s’attendaient à des excuses de la part du gouvernement. Quelle naïveté! Le gouvernement n’était pas responsable. Une commission d’enquête allait les identifier, les responsables. Vous les connaissez maintenant?

Quand survient un incident, grave ou pas, à partir d’installations dont un gouvernement assume la gestion, c’est lui le responsable et il doit l’admettre d’entrée de jeu et présenter des excuses et regrets officiels, et sur-le-champ, quitte à enquêter pour connaître le fin fond de l’affaire afin d’éviter la répétition de tels événements. Voilà qui s’appelle l’imputabilité gouvernementale.

Il semble de plus en plus ardu au Québec d’assumer ses responsabilités. Qu’elles soient individuelles ou collectives. Et notre gouvernement, notre ministre des Transports et notre premier ministre nous en servent de bons exemples par les temps qui courent. Nous n’avions qu’à ne pas voter pour eux. C’est notre faute. Nous en sommes les responsables. Oups!

Étoiles! Tourbillon de poussière sublime
Qu’un vent mystique emporte au fond du ciel désert,
À vouloir vous compter, notre calcul se perd
Dans le vertigineux mystère de l’abîme.


Charles Gill (Stances aux étoiles)

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