vendredi 30 novembre 2007

USA Des présidentielles source d’étincelles

Sans précédent. La course à l’investiture des deux partis qui s’affrontent lors des élections présidentielles américaines a débuté près d’un an avant les premières primaires qui surviendront début janvier prochain en Iowa.

Dès l’amorce des escarmouches, Hillary Rodham Clinton et Rudolph Giuliani, maire de New York lors des événements du 11 septembre 2001, distançaient si bien, dans les médias, leurs adversaires respectifs, que nombreux étaient celles et ceux qui croyaient que les dés en étaient jetés, dans un camp comme dans l’autre, et que le sprint final, entre démocrates et républicains, allait se dérouler entre ces favoris. Avec les mois qui ont passé, les cartes se sont emmêlées et, finalement, les deux camps assistent à une véritable course vers leur investiture respective et les candidats ne se ménagent surtout pas.

Et les nouveaux véhicules médiatiques (un clin d’œil à une jeunesse souvent indifférente aux jeux politiques) viennent ajouter leur grain de sel à l’occasion des débats organisés à l’intention des militants qui souhaitent se faire une idée avant de fixer leur choix sur leur préféré. En juillet dernier, les démocrates ont sollicité les familiers de YouTube pour qu’ils soumettent leur questionnaire. Cette semaine, le jeudi 28 novembre, les internautes « youtubistes » questionnaient les candidats républicains en débat à St.Petersburg en Floride.

La tâche est ardue pour les challengers. Leurs sorties doivent à la fois s’attaquer aux politiques du parti adverse tout en mettant l’emphase sur leur capacité à représenter leur propre parti. Pour atteindre ce dernier objectif, ils doivent remettre en question la crédibilité des adversaires qui, une fois la présidentielle engagée, seront des alliés.

Les républicains

Du côté républicain, les affrontements portent sur l’endiguement de l’immigration et les valeurs religieuses défendues par chacun. L’ancien gouverneur du Massachussetts, Mitt Romney, accuse Giuliani d’avoir fait de New York une ville refuge pour les immigrés clandestins. Giuliani rétorque en révélant que Romney avait employé des travailleurs sans papier sur sa propriété. Pour John McCain, candidat malheureux devant George W. Bush, les immigrants sont « aussi des enfants de Dieu » qui ont besoin « de notre amour et de notre compassion », tout en renforçant les frontières. Enfin, Mike Huckabee, ancien gouverneur de l’Arkansas, est d’avis que les enfants des immigrants, quel que soit leur statut, devraient avoir accès à l’éducation et même à des bourses d’études.

Les sondages réalisés en vue des primaires de l’Iowa, en janvier, sont stupéfiants et placent en tête l’ex-gouverneur de l’Arkansas avec 28% des intentions de vote, contre 25% pour M. Romney qui a dépensé des millions dans cet état ces derniers mois. M. Huckabee, 52 ans, est un ancien pasteur baptiste et appartient à l’aile très conservatrice d’un parti qui l’est déjà suffisamment. Giuliani, à 12%, peine à tirer son épingle du jeu en raison de ses positions, jugées trop libérales, sur le port d’armes, l’avortement et le mariage gai, notamment.

Et sur le président actuel et ses politiques : motus et bouche cousue.

Les démocrates

Chez les démocrates, Hillary Clinton tient tête à un Barack Obama toujours plus agressif. Obama accuse Mme Clinton d’avoir approuvé l’envoi des premières troupes en Irak. Celle-ci soutient qu’elle a voté sur le plan soumis alors par un gouvernement qui, ensuite, devait s’engager sans l’accord de l’ONU.

Ce sont les sondages qui incitent Obama à passer à l’offensive. À la mi-octobre, un Gallup publié par USA Today accordait à Hillary Clinton 50% des votes chez les démocrates contre 21% pour son adversaire. Un autre coup de sonde de l’institut Zogby, survenu une dizaine de jours plus tard, révèle que 50% des répondants ne voteront jamais pour Mme Clinton, un taux en hausse de 4% par rapport à une enquête menée au mois de mars.

Cette même firme publie maintenant un autre sondage, réalisé du 21 au 26 novembre, qui porte un coup dur à Hillary Clinton : si elle devient candidate de son parti, elle serait battue par n’importe quel candidat républicain, alors que ses rivaux, Obama ou John Edwards, battraient l’adversaire républicain. Pourtant, en juillet, Clinton menait par cinq points face à Giuliani.

La millionnaire animatrice de télévision, Oprah Winfrey, montera dans l’autobus de campagne de Barack Obama en vue d’une tournée dans trois états clés des primaires à venir : Iowa, New Hampshire et Caroline du Sud. Selon Gallup, Winfrey est considérée aux États-Unis comme la deuxième femme la plus influente du pays après… Hillary Rodham Clinton.

Insatisfaits et endettés

Les escalades verbales et les écorchures idéologiques portées par les protagonistes des deux camps surviennent devant une nation déçue par ses leaders. Plus des trois quarts des Américains estiment que leur pays souffre d’une crise de leadership.

En outre, la dette publique des États-Unis, pour la première fois de son histoire, a franchi, début novembre, le cap des 9 000 milliards de dollars. Le déficit budgétaire 2007, arrivé à terme en septembre, se chiffre à 162,8 milliards $, tout de même beaucoup plus bas que les 413 milliards $ enregistrés en 2004.

Avec les griffes aussi bien acérées sur leurs concurrents de leur propre camp, les candidats à la présidence ne feront sûrement pas de quartier avec leur adversaire du camp ennemi, à la condition de redonner le goût de la politique à un électorat désabusé.


Le visage impassible et les muscles tendus,
J’anéantis le monde à regarder mon but…
Le coureur intégral prépare sa défaite
S’il ne livre à l’espace une forme parfaite…


Gérard Bessette (Le coureur)

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