lundi 5 novembre 2007

Antilles et Mexique pas de cadeau de Noël


L’ouragan Noël aura été le plus meurtrier et dévastateur de la saison 2007. Et c’est l’île d’Hispaniola, partagée en la République dominicaine et Haïti, qui présente le pire bilan : 141 morts jusqu’ici (84 en République, 57 en Haïti); la Jamaïque et les Bahamas rapportent également un décès chacun.

La présence des troupes de maintien de la paix des Nations unies, sous le commandement du major général Carlos Alberto Dos Santos Cruz, du Brésil, n’a pas empêché les pillages et les menaces à la sécurité personnelle de la population. Ainsi, des réfugiés de Cité Soleil, en banlieue de Port-au-Prince, rassemblés dans des abris, ont accusé les forces de l’ONU d’avoir déserté l’endroit et ainsi permis que des hommes armés de machettes envahissent les lieux en menaçant violer les jeunes femmes présentes.

Les autorités haïtiennes sont prises à partie avec véhémence, par les forces extérieures en place et par l’intérieur.

Le général responsable des forces de l’ONU soutient que c’est au gouvernement haïtien d’assumer la responsabilité d’aider les 10 000 évacués à la recherche de secours et de refuges.

Un responsable du ministère de l’Intérieur, Laine Pierre Raymond, est également critique à l’égard de son gouvernement qui le taxe d’inactif. Le gouvernement se défend en invoquant le travail de reconstruction incessant auquel il est confronté et de sa dépendance face à l’aide internationale.

Les États-Unis, si prompts à évincer Jean-Bertrand Aristide du pouvoir, en 2004, sont pour le moins discrets face au désastre et les 1,4 milliard de dollars promis à la suite de l’ouragan Jeanne, survenu également en 2004, se font toujours attendre. D’où proviendra l’aide maintenant?

La déforestation est en bonne partie responsable de la vulnérabilité d’Haïti face aux tempêtes tropicales, la population utilisant les arbres pour le chauffage et la cuisson des aliments, laissant le sol en proie à l’érosion.

République dominicaine, Cuba et Mexique

Pays touristique fort populaire, surtout auprès des Québécois, la République dominicaine déplore 67 000 sans abris. Cependant, des ponts aériens ont été établis avec des pays donateurs afin de faire parvenir aux populations affectées les produits de première nécessité dont elles ont besoin.

Le phénomène de déforestation ne touche pas la République mais l’escarpement des montagnes, lors de fortes pluies, drainent, jusqu’à ce qu’elles débordent, les rivières en bordure desquelles vivent plusieurs personnes.

À Cuba, 30 000 personnes ont été évacuées à la suite des inondations qui ont aussi emportées de nombreux tronçons de routes. Le vice-président Carlos Lage affirme toutefois que la situation demeure sous contrôle pour le moment et tient informé, bien évidemment, le président hospitalisé Fidel Castro.

Au Mexique, ce n’est pas à cause de Noël mais en raison de pluies diluviennes que les états de Tabasco et du Chiapas gisent sous les flots et que deux millions de personnes subissent le pire désastre naturel des dernières années dans ce pays, selon le président Felipe Calderon. Là aussi la grogne s’est installée face à la lenteur de l’aide d’urgence.

Les images provenant de l’état de Tabasco, riche en pétrole, ne sont pas sans rappeler les prises de vue saisies lors de l’ouragan Katrina en 2005 à la Nouvelle-Orléans avec ses milliers de personnes arc-boutées à des embarcations de fortune, d’autres nageant dans des eaux nauséabondes, d’autres encore attendant du secours sur les toits de ce qui reste de leurs demeures ou de celles des voisins…

La situation d’urgence prévaut à la grandeur du pays pour venir en aide à la population de Tabasco aux prises avec de nombreux cas de choléra ou d’hépatite A. Le président Calderon a, bien sûr, annulé tous ses déplacements afin de superviser le travail des équipes de sauvetages en provenance de tous les coins du Mexique et de l’extérieur du pays. Mais, d’évidence, les ressources internes ne suffisent pas à la tâche.

L’aide internationale ne sait plus où donner de la tête en Amérique centrale et dans les Antilles, en autant qu’elle se manifeste.

Ah! Pour ces parias de la famille humaine,
Qui, lourdement chargés de leur fardeau de peine,
Ont monté jusqu’au bout l’échelle de douleur,
Que votre cœur touché vienne donner l’obole…


Octave Crémazie (Les morts)

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