lundi 23 février 2009

Antilles Relents esclavagistes


Les manifestants guadeloupéens, qui réclament des hausses salariales et une baisse de prix des produits, accusent les descendants des colons français esclavagistes d’être la cause de la crise économique qui sévit, ceux-ci contrôlant les leviers financiers de la Guadeloupe et de la Martinique.

Les protestataires des deux îles pointent du doigt les Békés (Blancs créoles), qui représentent 1 % de la population, de détenir l’essentiel de la richesse des îles dans tous les secteurs (agricoles, commerciaux et financiers). Les dernières semaines ont fortement secoué les îles antillaises et, particulièrement, la Guadeloupe : manifestations, incendies, affrontements entre policiers et protestataires, dont la mort d’un syndicaliste, ont ponctué la vie quotidienne.

Le chômage en Guadeloupe affecte 23 % des 401 000 personnes qui y vivent, comparativement à 8 % en France. De plus, 12 % des Guadeloupéens vivent dans la pauvreté, le double de ce qui est observé sur le continent.

Jacques Binot, syndicaliste de la Confédération générale du travail de la Guadeloupe (CGTG), est décédé mercredi dernier quand il a été pris entre deux feux au volant de sa voiture, des jeunes échangeant des tirs avec des policiers.

Ses funérailles ont eu lieu dimanche. À Petit-Canal, où il résidait, le gymnase, où se sont déroulées les funérailles du militant syndical, était bondé et l’atmosphère lourde de tristesse. Les grévistes ont repris, devant le corps de leur camarade, le slogan ayant cours depuis un mois dans les rues : « La Gwadloup sé tan nou, la Gwadloup a pa ta yo » (La Guadeloupe est à nous, la Guadeloupe c’est pas à eux), qui illustre la fracture sociale entre les descendants des propriétaires terriens et ceux de leurs esclaves.

L’esclavage a été officiellement aboli en 1794 dans ces territoires français. En 1802, le gouverneur Lacoste tente de renvoyer de l’armée les officiers noirs intégrés après l’abolition de l’esclavage. Napoléon envoie ses troupes à la Guadeloupe pour mater la rébellion et rétablit l’esclavage qui sera définitivement aboli en 1848.

Accord

Le gouvernement français et les représentants syndicaux des îliens en sont venus à un accord sur une diminution du coût d’une centaine de produits de l’ordre de 20 %. La pomme de discorde demeure donc la rémunération, les syndicats réclamant, notamment, une augmentation de 200 Euros pour les bas salariés.

Le président français, Nicolas Sarkozi, qui en 2005 avait entériné la proposition d’un texte de loi visant à reconnaître le « rôle positif » joué par le colonialisme dans l’histoire, tente maintenant de calmer les esprits en affirmant qu’il est conscient du sentiment d’injustice ressenti dans les îles qui est, selon lui, à la source de l’iniquité et de la discrimination.

La Guadeloupe traîne avec elle un passé trouble au plan social. Lor d'une grève à l'usine Gardel, le 14 février 1952, les policiers ouvrent le feu sur les grévistes faisant quatre morts et 14 blessés. Lors de manifestations ouvrières, les 25, 26 et 27 mai 1967, les CRS recourent une autre fois à leurs armes faisant entre cinq et 87 morts, selon diverses estimations.

Il faudra plus qu’un règlement salarial pour rétablir une paix sociale durable dans les Antilles françaises. Un changement de mentalité s’impose pour éliminer le clivage existant.

À Pointe-à-Pitre et Fort-de-France
Deux Français cohabitent
L'un fait bombance
L'autre subit l'assaut des parasites

lundi 16 février 2009

USA Républicains et Wall Street, même combat

Pendant que le président Barack Obama appose sa signature sur la loi décrétant le plan de relance économique de 787 milliards $, les Républicains, à trois exceptions près, s’y opposent en bloc, et à Wall Street, contrairement à ce qui était anticipé, les indices tardent à reprendre de la vigueur.

John McCain, pendant la campagne présidentielle américaine, clamait sur toutes les tribunes qu’il était en mesure de s’élever au-dessus des lignes de partis et de rallier la classe politique du pays pour le remettre sur les rails si la population lui accordait son appui. McCain battu l’esprit partisan s’impose : tous les Républicains siégeant à la Chambre des représentants et au Sénat ont voté contre le plan de relance soumis par le président Obama, sauf trois sénateurs, deux du Maine et un de la Pennsylvanie.

Cette opposition systématique intervient alors que les économistes, toutes tendances confondues, soutiennent que le contexte économique nécessite un tel plan d’action. Malgré cela, les Républicains font le pari que le plan, ultimement, échouera ou encore entraînera des effets secondaires indésirables comme des hausses d’impôts et une poussée inflationniste. Leur stratégie consiste donc à faire en sorte que le plan apparaisse comme une mesure strictement démocrate conservant ainsi la possibilité d’en dénoncer l’application et, en fin de course, reprendre le pouvoir.

Pourtant Barack Obama a tout fait pour rallier les Républicains à son plan d’action. Il a recruté des Républicains à son cabinet, il a négocié diverses mesures susceptibles de plaire à leurs leaders, dont des réductions d’impôts et de taxes. Rien n’y fit. Les Républicains ont voté contre la volonté exprimée par la majorité des politiciens de leurs états respectifs.

Certains aspects du plan d’action heurtent de front les valeurs mises de l’avant par le Parti républicain, notamment tout ce qui concerne l’assurance maladie (Medicare) ou l’assurance chômage ou encore la réglementation des marchés.

En effet, le plan viendra soulager une partie des 46 millions de personnes qui n’ont aucune couverture d’assurance en cas de maladie ou d’accident. Ainsi, les travailleurs ayant perdu leur emploi après le mois de septembre 2008 seront protégés par le régime Medicare. En outre, le plan injecte 87 milliards $ dans les programmes Medicaid des états qui dispensent des services de santé à 55 millions d’enfants et de personnes handicapées. D’autre part, le plan prolonge la période de versement des prestations d’assurance chômage tout en les augmentant.

Et Wall Street

Et qu’est-ce qui fait tiquer les financiers de Wall Street, puisque le plan prévoit d’injecter des milliards $ dans des entreprises en difficulté? C’est un amendement de dernière minute que le sénateur Christopher Dodd, président du comité sur les banques, a glissé dans le plan de relance. Celui-ci limite à un tiers du salaire tout bonus versé aux dirigeants de sociétés. Et ces bonus doivent être versés seulement en options d’achat d’actions qui ne peuvent être exercées tant que la société concernée n’aura pas remboursé l’aide reçue par le gouvernement.

L’amendement Dodd s’applique, de plus, rétroactivement aux 350 sociétés qui ont déjà reçu l’aide gouvernementale sous le plan adopté par l’ex-président George W. Bush. La mesure touche les 20 plus hauts salariés d’une entreprise.

Réaction des milieux d’affaires : la mesure forcera les sociétés visées à augmenter le salaire de leurs hauts dirigeants, entraînera le départ des dirigeants vers des entreprises qui ne sont pas affectées par cette réglementation ou vers des entreprises étrangères ou encore fera en sorte que les sociétés remboursent l’aide reçue plus tôt qu’elle de devrait le faire risquant ainsi de connaître de nouvelles difficultés.

Wall Street est probablement située sur une autre planète que la nôtre. Personne ne trouve quoi que ce soit à redire quand six dirigeants d’une banque en faillite, qui a perdu plus de 30 milliards $ au dernier trimestre de 2008, se versent trois milliards $ en bonus avant que leur institution ne soit absorbée par la Bank of America. Heureusement, le procureur général de l’état de New York, Mario Cuomo, a ouvert une enquête criminelle sur cette affaire.

Le politique perd tout sens critique
Le pouvoir est l’enjeu majeur
La finance défie toute logique
Et que passe ailleurs la rigueur

lundi 9 février 2009

Haïti Carence généralisée

Le président haïtien, René Préval, a séjourné toute la semaine dernière à Washington et est devenu le premier chef d’état étranger à obtenir un tête-à-tête avec la nouvelle secrétaire d’État du pays, Hillary Clinton. Le but de cette visite : convaincre le gouvernement des États-Unis de lui consentir une aide substantielle pour reconstruire son pays.

Préval espère recueillir de 75 à 100 millions $ en aide économique, somme qui serait essentiellement consacrée à la création d’emplois. 80 % de la population haïtienne gagne moins de 2 $ par jour. « Je crois que nous sommes dans une phase cruciale, déclare le président Préval. Et nous pouvons aussi bien réussir ou échouer. »

Cette visite survient au moment où les États-Unis eux-mêmes doivent composer avec la conjoncture économique la plus difficile depuis la grande dépression. Les emplois tombent comme des mouches (près de 600 000 perdus en janvier) et le président Obama a toutes les misères du monde à faire adopter son plan de relance de quelque 850 milliards $. Même John McCain qui clamait, pendant la campagne présidentielle, qu’il saurait mettre de côté ses vues partisanes pour travailler de concert avec tous les élus du Congrès, quelle que soit leur allégeance, s’entête à s’opposer au plan mis de l’avant par le président Obama.

La situation qui prévaut en Haïti n’a cependant rien de comparable avec les difficultés rencontrées en Amérique du Nord. Le pays est témoin d’émeutes fréquentes provoquées par la hausse des prix des aliments et ceux de l’essence, quatre ouragans survenus coup sur coup dans le courant de l’été ont laissé dans leur sillage des milliers de sans abri, ravagé les récoltes et détruit routes et ponts.

L’aide internationale se fait timide du fait que le pays ne semble pas avancer vers la stabilité politique dont il aurait besoin, sans compter la corruption qui sévit à tous les paliers de l’administration. « Pour être en mesure de rétablir la stabilité souhaitée nous avons besoin d’aide maintenant, souligne Préval. Ce n’est pas le temps de réduire l’aide, c’est le temps de l’augmenter. » Selon lui, l’argent qu’il réussira à récolter sera dirigé directement vers la création d’emplois ce qui entrainera une stabilité sociale et politique.

Les États-Unis, le Canada, La France et les Nations Unies tentent présentement d’organiser une conférence à Washington en avril pour débattre des moyens de venir en aide rapidement à Haïti.

Désespoir

Depuis le début de l’année 2009 quelque 600 Haïtiens, à bord d’embarcations de fortune, ont été interceptés par les garde-côtes américains et retournés dans leur pays. Deux représentants républicains de la Floride réclament du président Obama qu’il accorde aux Haïtiens le statut de protégés temporaires, statut que le précédent président a toujours refusé à consentir. Ce statut est accordé aux étrangers entrés aux États-Unis qui ne peuvent retourner dans leur pays en sécurité à la suite, par exemple, d’un conflit armé ou d’un désastre environnemental.

Il y a longtemps que la communauté haïtienne de la Floride, qui totalise environ 300 000 personnes, dénonce la disparité de traitement réservée aux Cubains et Haïtiens qui réussissent à gagner la terre ferme en Floride. Les premiers bénéficient de la politique dite « des pieds secs » voulant que s’ils touchent effectivement la terre ferme ils pourront demander le statut d’immigrant. Les seconds sont purement et simplement embarqués sur un navire de la garde côtière américaine qui les ramène à leur point de départ.

Cahot électoral

Des élections sont prévues le 19 avril pour combler 12 postes au sénat. 105 candidats ont déjà déposé leur candidature, mais la Commission électorale en a rejeté une quarantaine invoquant qu’il s’agissait de membres du parti de la famille Lavalas de Jean-Bertrand Aristide et d’un ancien chef rebelle.

Radio Métropole affirme que les membres de la commission se sont barricadés dans leur quartier général craignant que des manifestations de protestation ne surviennent cette semaine.

Le parti Lavalas, ces derniers temps, s’est partagé en deux factions qui ont toutes deux présenté leur propre liste de candidats. Par ailleurs, la candidature de Guy Philippe a été rejetée parce qu’il a mené la rébellion qui a finalement poussé Aristide vers l’exil avec le concours des États-Unis en 2004. Philippe est présentement visé par un mandat d’arrestation émis aux États-Unis pour trafic de drogue.

Ces élections étaient d’abord prévues pour la fin de 2007, mais le président Préval avait dissous la commission électorale et repoussé leur tenue plusieurs fois en raison des catastrophes qui se sont abattues sur le pays et de la difficulté à nommer un premier ministre.

Le contexte social, politique, économique qui caractérise Haïti est le pire de tous les scénarios qui pouvaient être imaginés après l’expulsion de Jean-Bertrand Aristide, geste qui n’a aucunement redressé la situation, ni remédié à la misère généralisée.

Le ciel s’assombrit et tonne
L’île essuie les rigueurs de la foudre
Les chefs de file reposent sur un baril de poudre
Paix et réconciliation dans la donne?

lundi 2 février 2009

Québec Le champ de bataille des plaines

La ville de Montréal aurait pensé à organiser un grand happening sur l’île Sainte-Hélène, en 2010, pour fêter le 55ème anniversaire de l’émeute du Forum à la suite de la suspension de Maurice Richard par Clarence Campbell, alors président de la Ligue nationale de hockey et anti-francophone notoire.

Les autorités municipales, pour cette occasion, ont l’intention d’inviter les descendants des principaux acteurs de l’époque pour reconstituer l’événement. Ainsi, des invitations seront envoyées aux enfants et petits-enfants de Campbell, aux héritiers du juge de ligne qui retenait Richard pendant qu’il se faisait battre par l’adversaire bostonnien et à qui Richard à passé le K.O et aux familles des émeutiers de la rue Sainte-Catherine.

Selon le maire de Montréal, cela permettra de rappeler l’importance du hockey dans notre société, de même que l’affirmation du fait francophone dans le monde du sport. Même que Saku Koïvu aurait promis à nos édiles de prononcer une phrase complète en français, une fois qu’il aura complété sa formation de six mois chez Berlitz offerte gracieusement par le trésor municipal.

Il va inévitablement s’en trouver pour s’objecter en prétendant que c’est insultant pour les admirateurs de Maurice Richard de voir ses « bourreaux », qui l’ont mortifié pendant toute sa carrière, ainsi appelés à fraterniser avec les Montréalais qui conserve du rocket un souvenir impérissable et, surtout, une admiration sans borne pour ce farouche combattant qui, pendant son passage dans la LNH a dû trimer sans relâche sur la patinoire, subir les assauts physiques de ses adversaires et la discrimination en raison de ses origines.

Bon, admettons que tout cela n’est que le fruit de l’imagination débridée de l’auteur.

Ce qui est bien réel toutefois : le gouvernement canadien organisera une reconstitution de la bataille des plaines d’Abraham pour en souligner le 250ème anniversaire et la défaite de l’armée française, le Québec devenant de la sorte une colonie anglaise et sa population des citoyens de seconde classe.


Le maire de la vieille capitale, Régis Labeaume ne veut pas faire de chicane avec ça. Rêve-t-il d’argent fédéral pour surfer sur les succès du 400ème anniversaire de la fondation de Québec? Montrer un peu d’échine en dénonçant le ridicule du projet ne ferait pas de tort ni au maire ni aux autres politiciens, qu’ils soient de Québec ou d’ailleurs. Fidèle à sa notoire subtilité, le lieutenant québécois du Parti libéral du Canada, Denis Coderre, songe à assister à l’événement en « touriste ».

Quant à l’affûtée Josée Verner, elle a tranché : « Ceux qui s’offusquent n’ont qu’à rester chez eux. » On ne peut dire qu’elle soit tricotée de fibre patriotique, cette dame!

Un petit bonus

Les cinq premiers dirigeants de la Banque nationale ont touché une somme totale de 18,7 millions $ en 2008, année où l’institution a connu un rendement négatif d’un peu plus de 13 %. Le président Louis Vachon a eu une augmentation de 85 % par rapport à l’année précédente. Le vice-président principal, Luc Paiement (nom prédestiné), a reçu 300 000 $ de salaire de base, 1,5 million$ de prime au rendement et 5,9 millions en actions.

Ces gens doivent être heureux de ne pas travailler au Journal de Montréal; et les gouvernements délient les cordons de « notre » bourse pour aider les institutions financières qui ont provoqué la crise économique qui sévit.

Triomphe le vainqueur
Subit le vaincu
S’organise le frondeur
Reste tapi ou irrésolu