lundi 16 février 2009

USA Républicains et Wall Street, même combat

Pendant que le président Barack Obama appose sa signature sur la loi décrétant le plan de relance économique de 787 milliards $, les Républicains, à trois exceptions près, s’y opposent en bloc, et à Wall Street, contrairement à ce qui était anticipé, les indices tardent à reprendre de la vigueur.

John McCain, pendant la campagne présidentielle américaine, clamait sur toutes les tribunes qu’il était en mesure de s’élever au-dessus des lignes de partis et de rallier la classe politique du pays pour le remettre sur les rails si la population lui accordait son appui. McCain battu l’esprit partisan s’impose : tous les Républicains siégeant à la Chambre des représentants et au Sénat ont voté contre le plan de relance soumis par le président Obama, sauf trois sénateurs, deux du Maine et un de la Pennsylvanie.

Cette opposition systématique intervient alors que les économistes, toutes tendances confondues, soutiennent que le contexte économique nécessite un tel plan d’action. Malgré cela, les Républicains font le pari que le plan, ultimement, échouera ou encore entraînera des effets secondaires indésirables comme des hausses d’impôts et une poussée inflationniste. Leur stratégie consiste donc à faire en sorte que le plan apparaisse comme une mesure strictement démocrate conservant ainsi la possibilité d’en dénoncer l’application et, en fin de course, reprendre le pouvoir.

Pourtant Barack Obama a tout fait pour rallier les Républicains à son plan d’action. Il a recruté des Républicains à son cabinet, il a négocié diverses mesures susceptibles de plaire à leurs leaders, dont des réductions d’impôts et de taxes. Rien n’y fit. Les Républicains ont voté contre la volonté exprimée par la majorité des politiciens de leurs états respectifs.

Certains aspects du plan d’action heurtent de front les valeurs mises de l’avant par le Parti républicain, notamment tout ce qui concerne l’assurance maladie (Medicare) ou l’assurance chômage ou encore la réglementation des marchés.

En effet, le plan viendra soulager une partie des 46 millions de personnes qui n’ont aucune couverture d’assurance en cas de maladie ou d’accident. Ainsi, les travailleurs ayant perdu leur emploi après le mois de septembre 2008 seront protégés par le régime Medicare. En outre, le plan injecte 87 milliards $ dans les programmes Medicaid des états qui dispensent des services de santé à 55 millions d’enfants et de personnes handicapées. D’autre part, le plan prolonge la période de versement des prestations d’assurance chômage tout en les augmentant.

Et Wall Street

Et qu’est-ce qui fait tiquer les financiers de Wall Street, puisque le plan prévoit d’injecter des milliards $ dans des entreprises en difficulté? C’est un amendement de dernière minute que le sénateur Christopher Dodd, président du comité sur les banques, a glissé dans le plan de relance. Celui-ci limite à un tiers du salaire tout bonus versé aux dirigeants de sociétés. Et ces bonus doivent être versés seulement en options d’achat d’actions qui ne peuvent être exercées tant que la société concernée n’aura pas remboursé l’aide reçue par le gouvernement.

L’amendement Dodd s’applique, de plus, rétroactivement aux 350 sociétés qui ont déjà reçu l’aide gouvernementale sous le plan adopté par l’ex-président George W. Bush. La mesure touche les 20 plus hauts salariés d’une entreprise.

Réaction des milieux d’affaires : la mesure forcera les sociétés visées à augmenter le salaire de leurs hauts dirigeants, entraînera le départ des dirigeants vers des entreprises qui ne sont pas affectées par cette réglementation ou vers des entreprises étrangères ou encore fera en sorte que les sociétés remboursent l’aide reçue plus tôt qu’elle de devrait le faire risquant ainsi de connaître de nouvelles difficultés.

Wall Street est probablement située sur une autre planète que la nôtre. Personne ne trouve quoi que ce soit à redire quand six dirigeants d’une banque en faillite, qui a perdu plus de 30 milliards $ au dernier trimestre de 2008, se versent trois milliards $ en bonus avant que leur institution ne soit absorbée par la Bank of America. Heureusement, le procureur général de l’état de New York, Mario Cuomo, a ouvert une enquête criminelle sur cette affaire.

Le politique perd tout sens critique
Le pouvoir est l’enjeu majeur
La finance défie toute logique
Et que passe ailleurs la rigueur

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