lundi 9 février 2009

Haïti Carence généralisée

Le président haïtien, René Préval, a séjourné toute la semaine dernière à Washington et est devenu le premier chef d’état étranger à obtenir un tête-à-tête avec la nouvelle secrétaire d’État du pays, Hillary Clinton. Le but de cette visite : convaincre le gouvernement des États-Unis de lui consentir une aide substantielle pour reconstruire son pays.

Préval espère recueillir de 75 à 100 millions $ en aide économique, somme qui serait essentiellement consacrée à la création d’emplois. 80 % de la population haïtienne gagne moins de 2 $ par jour. « Je crois que nous sommes dans une phase cruciale, déclare le président Préval. Et nous pouvons aussi bien réussir ou échouer. »

Cette visite survient au moment où les États-Unis eux-mêmes doivent composer avec la conjoncture économique la plus difficile depuis la grande dépression. Les emplois tombent comme des mouches (près de 600 000 perdus en janvier) et le président Obama a toutes les misères du monde à faire adopter son plan de relance de quelque 850 milliards $. Même John McCain qui clamait, pendant la campagne présidentielle, qu’il saurait mettre de côté ses vues partisanes pour travailler de concert avec tous les élus du Congrès, quelle que soit leur allégeance, s’entête à s’opposer au plan mis de l’avant par le président Obama.

La situation qui prévaut en Haïti n’a cependant rien de comparable avec les difficultés rencontrées en Amérique du Nord. Le pays est témoin d’émeutes fréquentes provoquées par la hausse des prix des aliments et ceux de l’essence, quatre ouragans survenus coup sur coup dans le courant de l’été ont laissé dans leur sillage des milliers de sans abri, ravagé les récoltes et détruit routes et ponts.

L’aide internationale se fait timide du fait que le pays ne semble pas avancer vers la stabilité politique dont il aurait besoin, sans compter la corruption qui sévit à tous les paliers de l’administration. « Pour être en mesure de rétablir la stabilité souhaitée nous avons besoin d’aide maintenant, souligne Préval. Ce n’est pas le temps de réduire l’aide, c’est le temps de l’augmenter. » Selon lui, l’argent qu’il réussira à récolter sera dirigé directement vers la création d’emplois ce qui entrainera une stabilité sociale et politique.

Les États-Unis, le Canada, La France et les Nations Unies tentent présentement d’organiser une conférence à Washington en avril pour débattre des moyens de venir en aide rapidement à Haïti.

Désespoir

Depuis le début de l’année 2009 quelque 600 Haïtiens, à bord d’embarcations de fortune, ont été interceptés par les garde-côtes américains et retournés dans leur pays. Deux représentants républicains de la Floride réclament du président Obama qu’il accorde aux Haïtiens le statut de protégés temporaires, statut que le précédent président a toujours refusé à consentir. Ce statut est accordé aux étrangers entrés aux États-Unis qui ne peuvent retourner dans leur pays en sécurité à la suite, par exemple, d’un conflit armé ou d’un désastre environnemental.

Il y a longtemps que la communauté haïtienne de la Floride, qui totalise environ 300 000 personnes, dénonce la disparité de traitement réservée aux Cubains et Haïtiens qui réussissent à gagner la terre ferme en Floride. Les premiers bénéficient de la politique dite « des pieds secs » voulant que s’ils touchent effectivement la terre ferme ils pourront demander le statut d’immigrant. Les seconds sont purement et simplement embarqués sur un navire de la garde côtière américaine qui les ramène à leur point de départ.

Cahot électoral

Des élections sont prévues le 19 avril pour combler 12 postes au sénat. 105 candidats ont déjà déposé leur candidature, mais la Commission électorale en a rejeté une quarantaine invoquant qu’il s’agissait de membres du parti de la famille Lavalas de Jean-Bertrand Aristide et d’un ancien chef rebelle.

Radio Métropole affirme que les membres de la commission se sont barricadés dans leur quartier général craignant que des manifestations de protestation ne surviennent cette semaine.

Le parti Lavalas, ces derniers temps, s’est partagé en deux factions qui ont toutes deux présenté leur propre liste de candidats. Par ailleurs, la candidature de Guy Philippe a été rejetée parce qu’il a mené la rébellion qui a finalement poussé Aristide vers l’exil avec le concours des États-Unis en 2004. Philippe est présentement visé par un mandat d’arrestation émis aux États-Unis pour trafic de drogue.

Ces élections étaient d’abord prévues pour la fin de 2007, mais le président Préval avait dissous la commission électorale et repoussé leur tenue plusieurs fois en raison des catastrophes qui se sont abattues sur le pays et de la difficulté à nommer un premier ministre.

Le contexte social, politique, économique qui caractérise Haïti est le pire de tous les scénarios qui pouvaient être imaginés après l’expulsion de Jean-Bertrand Aristide, geste qui n’a aucunement redressé la situation, ni remédié à la misère généralisée.

Le ciel s’assombrit et tonne
L’île essuie les rigueurs de la foudre
Les chefs de file reposent sur un baril de poudre
Paix et réconciliation dans la donne?

2 commentaires:

Dmitri Benjamin a dit…

A monsieur Yvan sinotte,

Je suis un fan de radio Floride, chaque matin, je ne rate jamais votre chronique.Lors d'une journee porte ouverte a' l'hopital West Boca, je n'avais pas manque' de demander pour vous.Je viens visiter votre blog et je trouve un papier sur mon pays Haiti.Ah,je l'ai bien suce'.En tant qu'haitien, j'ai eu la chance de visiter pas mal de pays developpe's et en voie de developpement,j'en arrive a' cette conclusion qu'Haiti est un pays unique.Son developpement n'est pas pour demain.Les elites et le peuple se confondent trop dans leurs pratiques.Le constat:suivant les circonstances,les elites se mettent derriere un president pour regler les affaires personnelles au detriment du pays.D'un autre cote',les masses urbaines et rurales pourraient rester attacher a' un president a' cause de quelques miettes qu'elles s'en tiraient et le fait qu'elles pouvaient au besoin mettre le pays a' feu et a' sang en toute impunite'.Ici,il est plus qu'evident,Haiti est absente.Des elites ici et ailleurs(diaspora)qui plebiscitaient une Premiere ministre qui,aujourd'hui n'existe que de nom.Ces memes elites restent bouche cousue face au tournure des evenements.

Pour le moment, il n'y a pas de solutions aux problemes d'Haiti.Dans un passe' recent,une ressortissante d'Haiti jouant le role de chef d'Etat au Canada,lors d'une visite dans son pays d'origine disait que l'heure est au travail.Ce qui sonnait tres mal dans mes oreilles.Soit dit au passage,la Menusta, des sommes faramineuses ne pourraient pas apporter la stabilite sociale et politique.Dans le cadre d'un Etat suranne',il n'y a rien de serieux qui pourrait etre realiser.Les fonds destine's au projet de developpement seront toujours engloutis sans laisser de traces et s'en vont tout droit vers les paradis fiscaux.

Hier et aujourd'hui, le desespoir est de rigueur.Les couches moyennes consequentes s'emigrent. les paysans suivent sa terre arabe qui s'en va a' la mer en se faisant boat people.

Quant au parti lavalas,ces cadres paient les consequences de leurs inconsequences.En dehors de son chef a' vie en exil dore',il n'y a point de salut,a dit en substance un article de l'acte constitutif du parti.

Parlant de M.Guy Philippe, il est un homme courageux,ici et la' ', il a ete' trahi.Aujourd'hui,j'espere qu'il a su tirer bien des lecons.

Apres le carnaval,le pays va s'embarquer dans des elections ou de projet d'amendement de Constitution.Qui vivra verra.D'autres secteurs sur le banc de touche va essayer de rentrer sur la scene pour prendre sa part du gateau.La Constitution n'empeche pas de lutter contre la corruption, de rendre fonctionnel l'appareil judiciaire et d'engager le pays dans la voie de la democratie reelle et le progres social.
Il y a de cela 205 ans, les esclaves trouvaient le feu Jean Jacques Dessalines pour les liberer du joug de l'esclavage, en seuil de ce 21eme siecle, les compatriotes sont a' la recherche d'un Barack Hussein Obama haitien en compagnie d'une bonne equipe pour les liberer de cette descente en enfer qui n'a que trop durer.

autrevision a dit…

Monsieur Yvan Sinotte, je commence par construire mon Blog, il me ferait un tres grand plaisir de le visiter et de laisser quelques commentaires.

autrevision-autrevision.blogsport.com

Avec mes salutations,

Dmitri Benjamin