mardi 9 octobre 2007
Le Che vendu à la pièce
Quarante ans qu’il est mort. Ernesto « Che » Guevara, après avoir secondé Fidel Castro dans son soulèvement contre le régime dictatorial de Fulgencio Batista à Cuba, avoir occupé le poste de ministre des Finances dans ce pays, avoir séjourné en Afrique, a finalement échoué en Bolivie où il s’est placé à la tête d’une guérilla contestant les régimes en place en Amérique du Sud et l’influence des États-Unis dans la région.
Arrivé en novembre 1966 en Bolivie, l’Argentin d’origine était capturé par les militaires boliviens aidés par des agents de la CIA le 8 octobre 1967 puis exécuté le lendemain, 9 octobre, dans le village de La Higuera.
Pendant que des médecins cubains tentent à leur façon de préserver un certain héritage du Che, lui-même médecin, d’autres mettent en doute son courage ou en profitent pour en soutirer quelque bénéfice.
À l’hôpital Nuestro Senor de Malta, à Vallegrande, un village du sud-est de la Bolivie, là où le cadavre du Che a été exposé après son exécution, 33 médecins cubains dispensent des soins gratuits à la population locale. Au total, plus de 800 médecins cubains sont dispersés à travers la Bolivie et Cuba aura financé, à la fin de 2007, la construction de plus d’une quarantaine d’hôpitaux.
Le président de la Bolivie, Évo Morales, qui maintient d’étroites relations avec le régime de Fidel Castro, défend aujourd’hui les paysans et indigènes de son pays, qui, il y a 40 ans, n’ont pas adhéré aux vues défendues par Ernesto Guevara, au point même de dénoncer sa présence aux autorités, en rappelant leur état de subordination au pouvoir en place.
Pour Gary Prado, capitaine du détachement de l’armée bolivienne qui a capturé le Che, ce dernier n’avait rien d’un héros de guérilla quand il l’a fait prisonnier. « Il était triste à voir… sale et abattu. Il semblait dépressif, bien entendu en raison des circonstances, mais aussi conscient que son rêve venait de prendre fin et que son aventure avait été un échec. »
Si le capitaine Prado est capable d’une certaine analyse objective des événements passés, l’un de ses alliés de l’époque démontre que la cupidité surmonte l’obstacle des ans.
Gustavo Villoldo, un résidant de Miami, ancien agent de la CIA chargé de localiser Che Guevara, met en vente aujourd’hui une mèche de cheveux qu’il aurait taillée de la tête du révolutionnaire. Les enchères démarreront à 50 000 $ à l’Heritage Auction Galleries de Houston au Texas lors de la vente prévue pour les 25 et 26 octobre. Villoldo se vante, entre autres, d’avoir enterré lui-même le Che ce qui lui aurait permis de prélever cette mèche de cheveux.
Ces cheveux ne sont qu’un des articles mis en vente à l’encan. Il y a aussi la carte qui a permis à l’armée bolivienne de localiser Che et ses combattants, des télégrammes du président bolivien de l’époque quant aux progrès réalisés pour capturer le Che, des photos du cadavre de Guevara a demi dénudé , des messages interceptés qui ont permis la capture du Che et un jeu d’empreintes digitales relevées avant qu’il ne soit enseveli, l’autre ayant été remis au gouvernement cubain. Ces mains ont par la suite été sectionnées pour que le gouvernement cubain ne puisse facilement l’identifier.
Villoldo, qui a pris part au débarquement raté de la baie des Cochons en 1961, ne se formalise guère des critiques soulevées par sa décision de vendre les pièces en sa possession. « Je n’ai aucun dilemme moral et je ne me préoccupe pas de ce que les gens ou Cuba peuvent en dire. » Villoldo tient Che Guevara partiellement responsable du suicide de son père survenu dans le sillage de la prise du pouvoir de Fidel Castro à Cuba.
Le Che survivra donc désormais sous forme de touffe de cheveux sous verre dans quelque collection anticastriste, en plus de continuer à arpenter le monde sur des sacs à dos ou à orner, sur posters, des chambres d’ados.
Quand il allait par la foule,
Personne ne le voyait;
Il allait
Par les rues pavées de désastres
Et par les champs plafonnés d’astres.
Rosaire Dion-Lévesque (Ballade du solitaire)
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