Ignatieff mènera la coalition anti-Harper à la tête du Parti libéral du Canada. Mais jusqu’où pourra aller cette coalition? Le premier ministre Stephen Harper, en entrevue télévisée, joue à l’innocent qui ne comprend pas pourquoi une crise a éclaté à la suite de l’énoncé économique de son ministre des Finances.
Un énoncé économique qui, non seulement, ne contenait aucun plan pour affronter la crise amorcée mais encore venait amputer des droits déjà durement acquis. Ainsi en est-il du droit de grève, que ce soit pour des questions salariales ou pas, et de l’équité salariale.
Quand un gouvernement, d’autant plus s’il est conservateur, abolit le droit de grève de son personnel de la fonction publique c’est qu’il a en tête d’étendre la mesure au plus grand nombre, ce qui ne correspond pas à l’idée que les Canadiens et les Québécois se font de leur milieu de travail lorsqu’ils sont syndiqués. Le recours à la grève s’applique dans une faible minorité de cas lors des négociations patronales-syndicales au pays. Il est vrai que lorsque la situation survient, surtout dans le secteur public, les médias en parlent abondamment. Mais ce n’est pas une raison pour l’abolir.
Équité salariale
Après avoir liquidé la question du droit de grève, le ministre James Flaherty s’attaque à l’équité salariale, un gain majeur des femmes réalisé dans les années 80. Le ministre se veut inoffensif dans la formulation de sa proposition. « C’est pourquoi nous présenterons une proposition législative qui fera de l’équité salariale un élément à part entière de la négociation collective. »
Autrement dit, ne vous inquiétez pas, le principe de l’équité salariale est maintenu sauf que, dorénavant, ce sera négocié entre les parties à l’échéance de la convention collective.
Si la vie était aussi simple, il y a longtemps qu’on aurait adopté cette approche. D’abord l’équité salariale ne s’applique pas qu’aux employées syndiquées, mais à toutes les femmes en milieu de travail. Ensuite, c’est une question fort complexe qui exige une démarche minutieuse et une mécanique particulière pour arriver à fixer les balises nécessaires à l’avènement de l’équité salariale.
Si l’équité salariale devenait matière à négociation au même titre que toutes les autres questions salariales dans les négociations patronale-syndicales, surgirait inévitablement un clivage entre hommes et femmes membres du syndicat. En effet, les compensations qui seraient consenties aux femmes seraient incluses dans le calcul de la masse salariale ce qui pourrait limiter sensiblement les augmentations salariales consenties à l’ensemble, donc aux hommes et aux femmes qui ne font pas partis du processus d’équité salariale. Belle façon de torpiller un droit.
Par ailleurs, l’application d’une politique d’équité salariale est un processus qui exige des dizaines d’heures de recherche, d’analyse, de calculs… et le recours à des experts en la matière. De quoi décourager n’importe quel comité de négociation. Qui plus est, même dans le contexte actuel, les diverses commissions d’équité salariale sont obligées d’intervenir pour arbitrer les positions défendues par les parties.
Donc remettre l’équité salariale dans le cadre de la négociation traditionnelle des conditions de travail, ça revient à l’éliminer.
Le Canada, contrairement aux États-Unis, semble vouloir reculer de 25 ans, à l’époque où le reaganisme niait sans vergogne les droits des employés syndiqués. Et nos chantres conservateurs québécois, genre Denis Lebel du Lac Saint-Jean et Christian Paradis du Lac Mégantic, défendaient l’énoncé du ministre Flaherty, belle façon de défendre les valeurs partagées par les Québécois.
Il y a eu Reagan, il y a eu Bush, les Américains en ont eu assez. Et Obama prendra le pouvoir en janvier. Nous on a Harper. Aurons-nous aussi une coalition en face de lui le 26 janvier?
Défendre des droits
Devient obligation
Quand la menace un sournois
Qu’il soit ou pas de même confession
jeudi 11 décembre 2008
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