mardi 23 décembre 2008

USA Obama devant le fait accompli

Barack Obama compose son nouveau cabinet, élabore un plan de résolution de crise, se penche sur des comptes publics largement déficitaires, étaye les futures politiques de relations internationales du pays, envisage une couverture universelle d’un régime d’assurance maladie… Pendant ce temps, l’administration sortante de George W. Bush met de l’avant des mesures qui vont à l’encontre des convictions du nouveau président pour le placer devant le fait accompli une fois en poste le 26 janvier.

Ainsi, le ministère du Travail (Labor Department) met les bouchées doubles afin de créer le plus d’embûches possibles pouvant compliquer la volonté du nouveau gouvernement s’il veut resserrer les règles portant sur la présence et l’utilisation de produits toxiques en milieu de travail.

La réglementation concoctée par l’actuel ministère du travail modifierait la Loi sur la santé et la sécurité du travail et vise à ce que le recours à un produit potentiellement dangereux soit analysé industrie par industrie, que la preuve soit faite cas par cas que le produit est vraiment toxique, que les employés y sont effectivement exposés et que cela constitue une menace réelle pour leur santé.

Délais plus délais

La mesure, à laquelle s’est déjà objecté Barack Obama en septembre dernier, exigerait la publication d’un avis public concernant le produit en question, commanderait des études plus poussées sur les substances visées, ferait l’objet d’audiences publiques sur les études soumises et l’information scientifique afférente, puis sur les restrictions devant en prescrire l’utilisation sécuritaire ou l’interdiction.

Cette façon de faire, selon la directrice en santé et sécurité au travail de l’AFL-CIO, Margaret Seminario, prolongerait de deux ans le processus en place qui peut prendre jusqu’à huit ans.

« La proposition à l’étude ne modifierait pas l’esprit et la méthode d’évaluation des risques et n’affaiblirait pas les normes sanitaires », affirme Leon Sequeira, sous-ministre adjoint au Travail. Cependant, les mesures mises de l’avant reçoivent l’appui des représentants des entreprises. Ce doit être parce qu’elles les considèrent moins contraignantes que celles qui existent.

Présentement des produits comme la silice et le béryllium sont sous étude et leur présence en milieu de travail n’est pas encore encadrée malgré les nombreuses études qui ont démontré leur toxicité.

Le président George W. Bush avait promis, au lendemain de l’élection de Barack Obama, que la transition s’effectuerait en douceur. Sauf que l’administration républicaine a poursuivi, à rythme accéléré, le travail sur une vingtaine de lois qui confrontent l’administration à venir. Celles-ci concernent notamment l’avortement, la sécurité des véhicules automobiles et l’environnement.
Le nouveau gouvernement en aura déjà pas plein les bras avec la situation dont il héritera et il lui faudra encore découdre ce que le précédent aura tissé pour l’embêter.

Bush a beau avoir trouvé chaussure à son pied et par la tête, il ne désarme pas si facilement.

Cette tradition américaine, inscrite dans la constitution, d’étaler sur deux mois et demi la période de transition entre l’élection d’un nouveau président et son entrée en fonction démontre ici assez bien ses limites et ses risques.

Le peuple se prononce
Devant sa volonté
Le vaincu ne renonce
De marbre sa pugnacité

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