vendredi 23 mai 2008

Le NPD À l'assaut du Québec


Capitaine Jack et son lieutenant québécois Thomas lanceraient le NPD à l’assaut du Québec dans le but de gruger dans l’électorat du Bloc québécois.

C’est la conclusion à laquelle en arrive le journaliste de La Presse en constatant que le duo avait assisté à une soirée pour souligner le 25ème anniversaire du Fonds de solidarité de la FTQ. Selon le reporter, « l’objectif de cette visite des deux ténors du NPD visait à souligner l’anniversaire, mais aussi à rappeler aux dirigeants de ce syndicat que le NPD est un parti qui défend les intérêts des travailleurs syndiqués à Ottawa ».

Le lieutenant Mulcair a affirmé avoir reçu un accueil d’autant plus chaleureux que Michel Arsenault, le nouveau président de la FTQ, souhaitait se faire photographier avec le capitaine Layton.

Cependant, selon la porte-parole du Bloc québécois, les deux mousquetaires seraient arrivés sur place en retard pour quitter trois quarts d’heure après, puisqu’ils n’étaient pas invités au cocktail des invités d’honneur.

Pour étayer son assurance de percer au Québec, Thomas Mulcair soutient être allé chercher 70 pour cent du vote du Bloc à l’élection partielle qui l’a conduit aux Communes.

Optimisme candide ou constat réaliste?



Les dirigeants du Fonds de solidarité de la FTQ sont des gens polis. Ils n’allaient sûrement pas ignorer la présence d’un chef de parti politique et de son unique député québécois. D’autant que la FTQ est une fédération du Congrès du travail du Canada (CTC) qui appuie, élection après élection, en ressources humaines et financières, le NPD. Que le NPD épouse les positions syndicales face à la caisse de l’assurance emploi ou à un projet de loi anti briseurs de grève, par exemple, n’a rien d’exceptionnel.

Par ailleurs, le nouveau président de la FTQ, Michel Arsenault, a travaillé pendant cinq ans au siège canadien des Métallurgistes unis d’Amérique (les Métallos) à Toronto, à l’époque où, notamment, Jack Layton était maire de la ville. Il n’est pas étonnant que tous deux posent pour la postérité.

La FTQ, toutefois, a toujours eu les coudées franches, en matière électorale, par rapport au CTC. Pas question d’accrocher son wagon partisan à celui de la locomotive de l’organisation pan canadienne. Polie oui, mais c’est tout.

Pour se faire élire, Thomas Mulcair a choisi Outremont, un château fort… libéral. Dans l’état où étaient les troupes libérales au Québec au moment de cette élection partielle, il y a fort à parier que même Léo-Paul Lauzon y aurait été élu si sa santé le lui avait alors permis.

Le premier député québécois du NPD de l’ère moderne s’était aussi fait élire dans une élection partielle dans Chambly en 1990. Philip Edmonston a vite fait de tirer sa révérence dépité des positions de son parti face au Québec et à ses revendications.

Car, il faut bien le rappeler, le NPD est un parti fédéraliste centralisateur. Très centralisateur. Autant sinon plus que le Parti libéral du Canada. Rappelons également que l’accord du lac Meech a coulé à la Chambre des communes grâce au vote d’un néo-démocrate de l’ouest.

En absence du Bloc québécois à Ottawa, où iraient les revendications du Québec? Une chose est sûre, il ne faudrait pas compter sur le NPD pour les défendre. Les députés québécois du parti seraient vite rabroués par leurs collègues des autres provinces.

Une percée néo-démocrate au Québec n’aura de chance de se produire que le jour où l’aile québécoise aura fait adopter en congrès national une autonomie suffisante qui lui permette de se démarquer de la politique centralisatrice du parti. Cela signifie que l’aile québécoise pourrait porter des revendications non partagées par les députés des autres provinces et que ceux-ci pourraient voter contre. Autrement dit, le Québec n’aurait guère progressé.

Que le NPD continue de défendre l’indépendance canadienne; ce qu’il sait bien faire! Qu’il continue de porter les causes du milieu du travail canadien; ce qu’il réussit! Pour ce qui est du Québec, l’électorat québécois sait qui et quoi il veut à Ottawa.

Grisés par les parfums qui montaient du gramen,
Nous avions modulé, d’une voix un peu haute,
L’hymne dont un baiser est quelquefois l’Amen.


Pamphile Lemay (Candeur)

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