lundi 11 février 2008

Canada Le comité vaudeville


L’ex-chef de cabinet de Brian Mulroney, Norman Spector, avait promis de déballer tous les dessous de la circulation d’enveloppes au 24 Sussex, résidence du premier ministre canadien. Tout ce qu’il aura appris à la population c’est que le Fonds du Parti conservateur (le PC Funds) compensait le couple Mulroney pour les dépenses encourues dans l’exercice de leurs fonctions officielles.

Cela signifie que lorsque Brian et Mila attendaient de la grande visite pour souper, genre Ronald Reagan, la première dame devait se toiletter en conséquence. S’habiller griffé chez Dubuc ou Dior n’est pas gratuit. D’où le recours aux fonds mis à la disposition des Mulroney pour faire face à ces dépenses extraordinaires. Tout le monde sait que Brian Mulroney a subi une baisse de revenus en passant de la présidence d’Iron Ore au poste de premier ministre. Mais ça, M. Mulroney le savait avant de se lancer dans l’aventure politique.

Une fois partie du 24 Sussex, Mila Mulroney a-t-elle remis au Parti conservateur les vêtements acquis pour assumer son rôle d’hôtesse de maison ou encore pour assister à quelque bal de bienfaisance? Ce serait étonnant.

Ce qui étonne surtout, c’est le tour qu’emprunte la tenue de ce comité parlementaire censé creuser l’affaire des liens entre le lobbyiste Schreiber et le premier ministre à qui il remettait des enveloppes d’argent comptant dans des chambres d’hôtel.

Ce qu’il faut retenir des propos de Norman Spector demeure le message transmis aux parlementaires : cessez de chercher des bricoles et fouillez là où se trouvent les millions de dollars qui ont atterri dans les mains de ceux qui ont pris des décisions ayant mené à l’acquisition par Air Canada d’appareils Airbus et par l’armée canadienne d’équipement de défense. Et de combien de millions on parle : d’un, trois, dix?

Députés-vedettes

Lucide, le député Serge Ménard du Bloc québécois est bien conscient des limites imposées au comité parlementaire : on a bien trop peu de temps à consacrer aux témoins pour être en mesure d’approfondir les sujets. De fait, les députés transformés en inquisiteurs semblent davantage intéresser par les effets de toges que par le niveau de connaissance des faits des témoins. Le NPD veut mettre en exergue la pugnacité de Thomas Mulcair, les libéraux souhaitent enfin faire oublier l’épisode des commandites. Tous se comportent comme s’ils souhaitaient voler la vedette pour le prochain bulletin de nouvelles et les manchettes des quotidiens du lendemain.

Résultat : un vaudeville parlementaire qui recherche davantage le personnage absent de la scène en interrogeant le témoin présent et où l’interrogateur s’assure de jouer le premier rôle.

Avec la démolition du théâtre Quat’ sous, l’occasion se présente de construire le théâtre gobe-sous. Quelle évolution! Paul Buissonneau est déjà dans tous ses états… insupportables.

Prendre la fuite ensemble et rire des agents!
La nuit, laisser nos cœurs imaginer des frères,
Des frères de lune, humbles et millionnaires,
Qui laissent s’écouler sur nous tout leur argent.


Sylvain Garneau (Fuite)

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