dimanche 13 avril 2008

Cuba déstabilisée Haïti délaissée



La mise au jour d’une simple affaire de détournement de fonds à Washington jette un éclairage méconnu sur les sommes d’argent consacrés à l’aide aux pays en développement par les États-Unis par le canal de l’Agence de développement international (USAID).

Il appert que quelque 75 millions $ auraient été utilisés à des fins personnelles (achat de jeux vidéos, de mets fins et de manteaux de cuir) par Felipe Sixto, adjoint spécial du président Bush. M. Sixto, qui a discrètement remis sa démission le 20 mars, aurait commis ses larcins alors qu’il agissait à titre de directeur du personnel du Centre pour un Cuba libre entre 1996 et 2005. Cette organisation, financée par USAID, travaille à déstabiliser le régime politique cubain en acheminant des fonds vers les groupes cubains de Washington et Miami qui soutiennent l’embargo américain à l’encontre de l’île antillaise. En sous-main, bien entendu, ces groupes financent les dissidents qui diffusent la propagande anti-castriste dans l’île même ou encore organisent la défection des Cubains en visite à l’étranger.

Et Haïti

Pendant ce temps, les Haïtiens, depuis le départ en exil de Jean-Bertrand Aristide, végètent sur leur partie de l’île d’Hispaniola (partagée avec la République dominicaine), où les enlèvements contre rançon prennent des proportions épidémiques et où la famine a provoqué ces dernières semaines des émeutes meurtrières.

Comme par hasard, « l’aide » américaine à Haïti a atteint 425 millions $ en 2004, année où les États-Unis ont placé le président Aristide sur un avion vers la France afin de pacifier le pays aux prises avec des mouvements de contestation. Selon le plan stratégique de la USAID, les États-Unis ont versé au gouvernement haïtien 156 millions $ en 2006, comme si la situation qui prévaut dans ce pays nécessitait moins d’aide.

Au total, toujours selon les données de USAID, ce sont 25 milliards $ annuellement qui sont consacrés par les États-Unis à l’aide internationale. Une goutte d’eau à comparer avec les 3 000 milliards $ ( trois trillions $) qu’ont coûté jusqu’ici l’invasion et l’occupation de l’Irak.

Au sujet de Cuba, le représentant au Congrès américain Jeff Flake de l’Arizona, le 4 avril, commentait ainsi le versement des fonds de l’USAID en faveur des groupes cubains dissidents : « Je crois que cela ne fait qu’ajouter du poids à l’opinion de ceux qui jugent qu’on devrait permettre aux Américains de voyager à Cuba et entrer en contact avec sa population. Je ne conçois pas qu’on puisse payer pour ce genre de programmes alors que la démocratie pourrait s’y implanter naturellement. »

Que prônent les groupes communautaires haïtiens pour rétablir la situation dans leur pays? Accès à l’éducation, à du logement salubre, à des soins de santé et un redressement économique.

Qu’a fait le gouvernement cubain pour sa population : éducation gratuite, logement gratuit, soins de santé gratuits. Pour l’économie, il fait ce qu’il peut en composant avec l’embargo américain qui lui ferme le plus grand marché du monde. Pour la démocratie, d’immenses progrès restent à faire mais les États-Unis ne contribuent guère à son avènement.

En investissant si peu dans l’aide internationale, le gouvernement des États-Unis pousse-t-il Haïti vers le modèle cubain?

Et je marche à travers, vers ma lumière
Dressée de mes mains devant moi
Ces mains qui tremblent de sueur
Ces mains qui pleurent

Mais je ne sais aucun pardon aux lassitudes
Et je marche! Je marche! Je marche!


Louise Pouliot (Portes sur la mer)

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