dimanche 23 mars 2008
USA Les tribulations d’un candidat à la présidence
Assuré de conquérir l’investiture présidentielle du Parti républicain, John McCain a passé la dernière semaine en voyage. Il est passé de l’Irak à l’Europe, souhaitant se doter de la stature internationale qui faisait défaut à George W. Bush au lendemain de son élection controversée en 2000.
Si le but officiel de ce périple est de prendre contact avec divers chefs d’État et de gouvernement afin de sonder leur perception des États-Unis, il apparaît évident qu’il cherche également à se placer au-dessus de la mêlée face à son éventuel concurrent démocrate, que ce soit Barrack Obama ou Hillary Clinton, et de marquer des points face à l’électorat américain en se présentant comme celui qui est fin prêt pour occuper le poste de personnage le plus influent de la planète.
Mais voilà, tandis que son discours en terre américaine tend à se gagner les faveurs de l’électorat conservateur en maintenant que la guerre d’Irak durera le temps qu’il faudra, qu’il demeurera ferme à l’endroit du terrorisme comme envers des politiques libérales comme la limitation de la circulation des armes à feu ou l’accès à l’avortement.
Il appert, cependant, qu’à certaines occasions les bonnes intentions se butent à l’ignorance. Ainsi en a-t-il été lorsqu’il a déclaré que l’Iran servait de terrain d’entraînement à Al Qaeda pour ensuite commettre ses exactions en sol iraquien. Il aura fallu que son accompagnateur, l’ex-candidat à la présidence Joe Liberman, lui glisse à l’oreille que les militants d’Al Qaeda sont d’obédience sunnite, alors que le chiisme est la religion des Iraniens. Il s’est donc repris en dénonçant la politique terroriste du groupe d’Ossama Ben Laden.
Barrack Obama, lui-même aux prises avec un pasteur gênant, Jeremia Wright, qui accuse les États-Unis d’avoir provoqué le désastre du 9 septembre 2001 par son attitude impérialiste, n’allait pas laissé passer une aussi belle occasion de dénoncer cette méconnaissance de son peut-être prochain adversaire à la présidentielle de novembre prochain.
La tournée européenne de John McCain se déroule tout de même mieux que cette incartade iraquienne et la bourde commise. Fait étonnant, il se démarque nettement des politiques mises de l’avant par George W. Bush, ce qu’il n’a jamais fait pendant sa campagne à l’investiture. Il assure notamment qu’il faut des mesures visant à stopper le réchauffement climatique, problème fréquemment nié par le président Bush ; il dénonce le recours à la torture, après que Bush ait apposé son veto à une loi interdisant à la CIA d’utiliser la simulation de noyade en cours d’interrogatoire ; il promet même la fermeture du centre de détention de la baie de Guantanamo à Cuba, ce que Bush n’a nullement l’intention de faire.
L’appui aux États-Unis est en chute libre dans tous les pays d’Europe, à commencer par la Grande-Bretagne, son allié contre vents et marées. De 83 %, avant la guerre d’Irak, le soutien populaire aux États-Unis y a glissé à 51 %. En France, où les États-Unis ne reçoivent de 39 % d’appuis, le candidat républicain a affirmé : « Je crois que nos relations avec la France continueront à s’améliorer quelque soit le prochain président des États-Unis. » Étonnante affirmation quand on sait en quelle basse estime les Américains tiennent les Français.
Il y a maintenant cinq ans que la guerre se poursuit en Irak. Après 4000 militaires américains morts au combat et plus de 100 000 irakiens, tout va pour le mieux aux yeux du président Bush pour qui la victoire est à portée de main, même s’il faut pour cela « demeurer 100 ans en Irak », comme il l’a martelé. On ne peut guère réaliser mieux comme discours paradoxal.
Nous sommes au point mort
De la désertion tragique
Nous attendons la parole de délivrance
Sans aider la porte à tourner sur ses gonds.
Jean-Guy Pilon (Et brûleront les navires)
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