lundi 19 janvier 2009

USA Fidèles reflets du président et la religion s’emmêle

Un général reconnaît avoir donné de mauvais conseils à son président, une conseillère avoue qu’il y a torture à Guantanamo, un cadre voulant se débarrasser d’employés trop « libéraux », déficit et dette sans précédent, et voilà que la religion vient se mêler de l’investiture de Barack Obama.

Le général à la retraite Peter Pace a conseillé George W. Bush de 2005 à 2007 quant à la conduite de la guerre en Irak et, aujourd’hui, il reconnaît : « J’ai certainement fait de mauvaises estimations et j’ai sûrement donné des conseils que j’aimerais pouvoir reprendre et modifier. »

À première vue, on pourrait croire qu’il s’agit là de l’expression de regrets face aux 4 000 morts américaines et aux plus de 100 000 morts irakiennes provoquées par ce conflit initié sous de fausses représentations. Que non! Le général poursuit : « Avec exactement les mêmes données, au même moment de l’histoire, je ferais exactement les mêmes recommandations. »

Susan Crawford est chargée de décider si les détenus de Guantanamo doivent être poursuivis en justice. Elle a décidé de ne pas déférer Mohammed al-Qahtani devant un tribunal parce qu’il a été torturé. « Nous avons torturé Qahtani. Son traitement correspond à la définition légale de la torture. Et c’est pour cette raison que je ne renvoie pas ce cas. »

Voilà qui laisse entendre : c’est pas correct de torturer des prisonniers et on ne devrait pas le faire. Erreur! La conseillère présidentielle ajoute : « Les techniques utilisées étaient toutes autorisées mais la façon dont elles ont été appliquées était trop agressive et trop prolongée. » Autrement dit, la torture doit être dosée.

Bradley Scholzman, responsable de la division des droits de la personne au ministère de la Justice, est soupçonné d’avoir rédigé de faux rapports à l’intention du Congrès et d’avoir tenté d’évincer certains de ses employés qu’il estimait trop « libéraux » pour les remplacer par de « vrais » Américains. Malgré cela, le procureur général du pays n’entreprendra pas de poursuite judiciaire contre Scholzman.

Ces cas reflètent la mentalité qui prévaut à la Maison blanche depuis l’arrivée dans ses murs de George W. Bush. Dans ce contexte peut-on s’étonner que le président sortant ne voie pas de raison d’avouer quelque faute?

Mensonge et négation de la réalité, depuis huit ans, sont à la base du menu servi par la Maison blanche à la population des États-Unis.

La prison cubaine

Guantanamo est sans doute le symbole de l’inflexibilité démontrée par le président Bush, même lorsqu’il erre dans ses jugements. Des 800 détenus qui sont passés par la prison cubaine, une vingtaine ont été inculpés. 520 détenus ont ensuite été renvoyés dans leur pays après leur séjour à Guantanamo. On peut imaginer quel a été leur traitement pendant ce séjour.

Or le Pentagone affirme que 61 ex-détenus de Guantanamo ont repris les armes après leur libération. En mars 2008, le Pentagone en avait dénombré 37. Geoff Morrell, porte-parole du Pentagone, en conclut ingénument : « Il est clair qu’il y a à Guantanamo des gens qui souhaitent toujours nuire à l’Amérique, aux Américains et à nos alliés. Donc, il faudra trouver des solutions pour ceux-là. » En d’autres mots, plutôt que de conclure qu’un prisonnier torturé sans motif, puisqu’il a été relâché, puisse un jour vouloir se venger de son tortionnaire, le Pentagone se demande comment neutraliser ceux qui sont toujours en cellule. Moralité fidèle à l’image de la gouverne présidentielle sous Bush.

Stephen Harper ne voit toujours pas pourquoi il rapatrierait Omar Khader.

Ce ne sont là que quelques aspects de l’héritage de l’administration Bush. Viennent s’y ajouter un déficit de plus de 1 200 milliards $ en 2008, une dette de 11 000 milliards $, deux guerres, 2 500 000 emplois perdus en un an, un taux de chômage à 7,2 % et un anti-américanisme généralisé.

Comment le pays le plus puissant de la planète a-t-il pu assister bras croisés face à la tentative de génocide palestinien perpétrée par Israël dans le « camp de concentration » de Gaza?

La course aux curés

Barack Obama a soulevé l’ire de la communauté homosexuelle quand il a choisi Rick Warren, un pasteur baptiste qui s’oppose au mariage entre personnes de même sexe, pour prononcer la prière d’ouverture de son investiture. Afin de contrebalancer l’effet provoqué par ce choix, il a demandé à Gene Robinson de lancer dès le dimanche 18 janvier les cérémonies d’investiture. Robinson est un évêque gai de l’église épiscopale.

Le sermon du 21 janvier, qui clôturera les cérémonies d’investiture, sera prononcé par Sharon Watkins, une pasteure des disciples du Christ de l’église chrétienne. Mais ça ne s’arrête pas là : une prière sera aussi récitée par la première femme présidente de la Société islamique de l’Amérique du Nord. Trois rabbins prononceront aussi des prières. Et un évêque catholique servira également sa prestation. Comment a-t-on pu oublier un handicapé et un ou une transgenre?

Et le président Obama assistera, avant son assermentation, à un service religieux à l’église St.John de Washington, surnommée « l’église des présidents ».

Tout cela se déroule dans un pays laïc où la religion devrait regagner les églises, synagogues et mosquées au lieu de se faufiler dans le bureau ovale.

Le président regagne ses pénates
Le président prend ses quartiers
Le président n’a cessé d’armer ses frégates
Le président de l’écheveau ainsi laissé aura à se dépêtrer

1 commentaire:

michel rioux a dit…

Voilà qui est bien envoyé, Yvan.

Bonne journée.

Michel Rioux