lundi 5 janvier 2009

Québec La sacoche généreuse?

Tout discrètement, en plein cœur du temps des fêtes, loin des journalistes teigneux et fouineurs, l’inflexible Monique Jérôme-Forget verse 1,3 milliard $ à l’aide à la restructuration du PCAA (le papier commercial adossé à des actifs).

Il revient à dire que la madame bec-sec des finances québécoises, qui tient à sa sacoche (l’expression est d’elle-même) comme à la prunelle de ses yeux, n’hésite donc pas à venir en aide à des institutions financières dont le niveau de rendement prime sur la sécurité des investissements des déposants qui leur ont fait confiance. Autrement dit, leur rentabilité a compté davantage que l’avenir financier de leurs clients.

Ainsi donc, des banques et compagnies d’assurance bénéficieront d’une générosité inconnue de la part du tempérament de la ministre Jérôme-Forget. Pourtant, dans les années passées, ces entreprises amassaient profits faramineux par-dessus profits records provenant de frais de service toujours à la hausse, de chiches taux d’intérêt sur les comptes d’épargne, de primes toujours en hausse et tutti quanti.

À quoi ont servi ces profits du temps passé? À verser des dividendes aux actionnaires? À arroser abondamment leurs dirigeants en bonus de toute sorte? À accumuler une provision pour difficultés possibles dans l’avenir? Il semble que cette dernière option n’ait jamais fait partie des stratégies de ces compagnies affamées d’argent.

Non seulement la ministre des Finances du Québec se montre aussi débonnaire avec l’argent des contribuables mais elle en rajoute en se réjouissant puisque, explique-t-elle, cette mesure assurera la stabilité du système financier canadien.

Et Norbourg?

Face aux petits investisseurs de Norbourg, floués par Vincent Lacroix, la ministre Jérôme-Forget avait été catégorique : pas question que le gouvernement compense des gens qui ont pris des risques avec leur argent.

Que d’équité dans ce jugement de la ministre! D’un côté de riches institutions financières et, de l’autre, de petits investisseurs qui ont laissé les économies de toute une vie entre les mains d’un personnage qui a abusé d’eux sous les yeux de la Commission des valeurs mobilières du Québec. Qui plus est, bon nombre d’entre eux avaient investi leur argent dans le Fonds Évolution de la Caisse de dépôt et de placement du Québec. Sans mot dire, la caisse a vendu ces avoirs à Norbourg pour ensuite se laver les mains face aux pertes subies. Compensation : aucune.

Mais là, la caisse en question, comme d’autres institutions financières, a acheté du papier commercial sans valeur ou presque et la ministre leur vient en aide. Si la ministre avait soulevé ses intentions au cours de la campagne électorale, il n’est pas certain que ce gouvernement aurait obtenu la majorité parlementaire.

Et c’est sans gène aucune que la ministre affirme : « Le Québec a accepté de participer à cette facilité de financement parce qu’un échec de la restructuration du PCAA aurait eu des conséquences majeures pour de nombreux investisseurs petits (sic) et grands, et des institutions financières canadiennes. »

Pour sa part, le Centre canadien de politiques alternatives nous apprend que dès le 1er janvier une centaine de dirigeants d’entreprises ont déjà gagné le salaire moyen du travailleur canadien, soit 40 237 $. En une journée! Et de ce nombre, plusieurs d’entre eux sont des banquiers qui empochent un salaire moyen de 10 millions $ par année. On ne prête qu’aux riches!

Il est utile de rappeler que les actifs adossés à ce papier commercial étaient des hypothèques consenties à des acheteurs américains qui n’avaient pas les moyens d’acquérir une propriété, le tout dans un marché déréglementé qui a implosé quand les banques et autres prêteurs ont dû reprendre ces propriétés dont la valeur était devenue inférieure au prix d’achat.

Le message de la ministre aux investisseurs semble être : perdez 100 000 $, on vous enverra paître, perdez 100 milliards $, on vous viendra en aide. Que de grandeur d’âme et de compassion!

La lutte des classes
Du monde est chassée
On fait main basse
Sur le peu amassé

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