lundi 23 mars 2009

Radio-Canada Encore et toujours dans le collimateur



Radio-Canada se retrouve encore une fois au cœur de la tourmente. Le gouvernement conservateur de Stephen Harper lui coupe les vivres et la haute direction de la société jongle avec des scénarios qui lui permettraient de boucler son budget.

Étonnamment, toutefois, le journal La Presse nous apprend que des primes au rendement sont versées à 80 membres de la haute direction. La société ne s’en est jamais vantée. Ainsi, de 2000 à 2007 ces primes ont augmenté de plus de 65 %, passant de 1 061 650 $ à 7 627 445 $ par année. Le porte-parole de la direction explique ingénument que les primes étant versées en pourcentage du salaire il est normal qu’elles aient cru. Il est certain que la rémunération des employés syndiqués de Radio-Canada/CBC n’a pas augmenté de 65 % pendant la même période. Qui plus est, la société conteste toujours l’existence de disparité salariale entre les hommes et les femmes dans certains de ses secteurs d’emploi.

Apprendre que la haute direction s’attribue de généreuses primes au rendement n’a rien pour attirer la sympathie à l’endroit du radiodiffuseur public. Et les conservateurs n’hésiteront pas à monter au créneau pour fustiger la société et ses dirigeants, poursuivant de la sorte une offensive déjà entreprise.

Les conservateurs sur le pied de guerre

Le groupe torontois Friends of Canadian Broadcasting a relevé toute une série de déclarations ou de gestes posés par les conservateurs démontrant toute leur aversion face à Radio-Canada/CBC.

Les libéraux, le 30 mai 2006, ont soumis à la Chambre des communes une résolution réclamant, entre autres choses, l’accroissement du financement gouvernemental en faveur de la radiodiffusion publique. Résultat du vote : 155 pour, 121 contre. Les contre étaient tous conservateurs.

En février 2008, un rapport du comité permanent du Patrimoine recommandait que, sur une période de sept ans, le financement public vers Radio-Canada/CBC soit porté de 33 $ per capita à 40 $. Les membres conservateurs du comité ont inscrit leur dissidence.

Le fin connaisseur de la culture québécoise, le ministre du Patrimoine, James Moore, dans une entrevue accordée à la radio de la CBC niait, le 21 janvier dernier, qu’il y ait des coupes financières en vue concernant Radio-Canada/CBC dans le prochain budget. Or, dans les estimés financiers entrant en vigueur le 1er avril prochain et déposés en Chambre le 26 février apparaît une diminution de 5,6 % des sommes allouées au radiodiffuseur public, soit 63 millions $ en moins. L’allocation gouvernementale passe ainsi de 1 115 424 000 $ à 1 052 608 000 $. 63 millions $ à Radio-Canada/CBC équivalent à environ 800 à 900 emplois à temps plein.

Dans l’édition du 6 mars 2009 du National Post, l’ex vice-président de la très conservatrice Coalition nationale des citoyens expliquait pourquoi Stephen Harper avait été choisi pour présider son organisme en 1997. Pour occuper ce poste, disait Gerry Nichols, il faut « premièrement posséder une idéologie conservatrice pure, avec un petit « c ». Cela signifie répudier d’abord tout l’héritage de Pierre Elliott Trudeau. Vous devez ensuite voir dans la CBC un compagnon de route des socialistes. Plus généralement, vous devez être convaincu que tout ce que fait le secteur privé, le public peut le faire… en pire. » M. Harper répondait à tous ses critères et son opinion à l’égard de la CBC ne semble pas avoir changé.

Au cours de la campagne électorale de 2004, le candidat conservateur dans Vancouver Quadra, Stephen Rogers, qualifiait la CBC de Communist Broadcasting Corporation. Il n’a jamais été rappelé à l’ordre par son chef.

Un président fossoyeur?

Hubert Lacroix a été nommé par Stephen Harper président de la Société Radio-Canada/CBC le 5 novembre 2007. Parmi les antécédents de M. Lacroix figurent quelques aspects intéressants. Celui-ci provient du cabinet montréalais Stikeman Elliott spécialisé dans les fusions et acquisitions d’entreprises. Il a contribué 1 000 $ (le maximum permis par la loi) à la caisse d’un candidat conservateur lors de la campagne électorale de 2006. Son expérience en radiodiffusion se limite à avoir présidé le conseil d’administration de Télémédia quand la famille de Gaspé-Beaubien a décidé de se départir de ses stations de radio.

Quel est le véritable mandat de M. Lacroix? Liquider en pièces détachées Radio-Canada/CBC? En présider l’hémorragie financière jusqu’à ce qu’elle soit réduite en peau-de chagrin?

À quand le jour où Céline Galipeau, Pascale Nadeau, René-Homier Roy et Michel Désautels animeront un télé-radiothon afin d’amasser des fonds pour financer les activités de notre radiodiffuseur national?

À la guignolée des fêtes, sera-ce Enfants soleil qui fera des dons à Radio-Canada/CBC?

L’argent est le nerf de la guerre
Les conservateurs mènent le combat
Souhaitent nous ramener où naguère
L’information était sous contrôle d’État

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