L’un des acteurs de la saga des Plouffe de Roger Lemelin portait le surnom de Pète dans l’trèfle, pour la bonne raison que lui faisait tout et réussissait tout mieux que quiconque dans son entourage. Le premier ministre Jean Charest semble imbu de la même fatuité.
En clôturant le conseil général de son parti, dimanche dernier, il s’est autoproclamé « grand bâtisseur » du Québec. Il s’inscrit, selon lui-même, dans la lignée des Godbout, Lesage et Bourassa en annonçant qu’il allait faire harnacher une autre rivière du Québec. De cette lignée, le premier ministre a omis de mentionner un Philippe Hamel qui a fait sa carrière politique sur l’étatisation de l’énergie électrique et dont Adélard Godbout s’est inspiré pour nationaliser deux entreprises et créer Hydro-Québec. Il a également ignoré un certain René Lévesque à qui Jean Lesage avait confié la mission de poursuivre la tâche amorcée sous Godbout 20 ans plus tôt et de donner l’exclusivité à Hydro-Québec pour le développement et la desserte de l’énergie électrique.
Autre question, hypothétique celle-là, mais qui mérite une certaine attention : si Jean Charest avait été au pouvoir à la place de Jean Lesage aurait-il poussé en faveur de la nationalisation des compagnies productrices d’électricité? Connaissant Jean Charest, on peut en douter surtout si, à ses côtés, s’était retrouvé une Monique Jérôme-Forget.
S’il avait été Chinois, Jean Charest se serait-il investi du titre de « grand timonier »?
Bachand repu
Raymond Bachand a pris la relève de Mme Jérôme-Forget qui nous a quittés en nous laissant un sérieux déficit et une Caisse de dépôt et de placement amochée.
Après une commission parlementaire qui a laissé tout le monde sur sa faim, M. Bachand se dit repu de toute l’information qu’il y a glanée. Il y en a pour qui l’appétit est vite assouvi. Et le grand bâtisseur est du même avis, 30 heures de commission parlementaire, ça suffit. 10 milliards $ de moins que le rendement moyen, ça ne mérite pas plus. Qu’a-t-on à camoufler? Qui protège-t-on?
Dupuis vaincu
Dans son entêtement, le ministre de la Sécurité publique, Jacques Dupuis, aura couru après sa perte en refusant d’abord de défrayer le coût des avocats de témoins dans l’affaire Villanueva et, ensuite, de tenir une enquête plus large que celle d’un simple coroner. Il lui aura fallu les remontrances du juge Sansfaçon pour qu’il réalise sa turpitude.
Il se sera arcbouté jusqu’à l’ultime limite pour défendre l’indéfendable. Et le grand bâtisseur dans tout ça? Tout à fait d’accord.
Blais incongrue
N’importe qui, sans formation ou presque, peut s’occuper des personnes résidentes dans les centres d’accueil. Raison : pénurie de personnel. Réaction de Marguerite Blais, la ministre responsable des aînés : y envoyer des clowns.
Est-ce là une application a contrario de la théorie de Maslow? De fait, cet insigne professeur et chercheur de l’Université McGill a élaboré une échelle qui démontre qu’une fois les besoins fondamentaux (se nourrir, se vêtir, etc.) de l’être humain comblés, celui-ci passe à un stade subséquent où il tente de combler des besoins jusque-là complémentaires et ainsi de suite jusqu’à ce qu’il estime avoir atteint l’accomplissement total. Si l’on considère qu’une personne qui vieillit a de moins en moins de besoins, parce qu’elle a de moins en moins de mobilité, d’autonomie et de facultés cognitives, on peut donc la satisfaire avec des distractions de même nature que lorsqu’elle était enfant… d’où les clowns. CQFD.
Et le grand bâtisseur? Pas un mot pour rappeler à sa ministre que ses priorités devraient peut-être se trouver ailleurs.
Bolduc confus
Une étude réalisée par des pathologistes révèle que les femmes diagnostiquées d’un cancer du sein n’ont pas ou n’ont pas eu le traitement approprié, comme ce fut le cas à Terre-Neuve il y a quelques années. Comment réagit le ministre de la Santé Yves Bolduc? « Je vais prendre connaissance de l’étude. » Quand il officiait dans les urgences, disait-il à un patient gisant sur sa civière à la suite d’un accident d’auto : « Je vais d’abord consulter le rapport de police »?
Et le grand bâtisseur d’opiner du bonnet... d’âne? Un boulon mal vissé commande le rappel de dizaine de milliers de véhicules. Un traitement médical erroné : lecture de rapports et comités.
St-Pierre – Chaput
Avant d’enfoncer des portes ouvertes, la ministre Christine St-Pierre eut mieux fait de s’inspirer de Bernard Landry qui avait lancé sur le parquet de l’Assemblée nationale son « audi alteram partem », cette règle fondamentale de droit qui veut qu’on entende d’abord les deux parties avant de rendre jugement.
Que la gestion du président-directeur général de la SODEC, Jean-Guy Chaput, ne soit pas sans lacune, c’est très possible. Mais le congédier sans avoir entendu sa version des faits et sur la base de reportages manifestement incomplets, c’est pas mal fort. Il faut dire que l’international au Québec ça rend le monde frileux. Et le grand bâtisseur de joindre sa voix à la chorale des pourfendeurs de Chaput! En deux temps trois mouvements, out Chaput! Montréal-Nord, le traitement du cancer, 40 milliards $ et les vieux, ça peut attendre!
Ce sont les mêmes libéraux qui continuent d’affirmer qu’ils n’ont pas à se mêler de la gestion quotidienne des sociétés d’État? Annoncer le congédiement d’un président-directeur général sans attendre que le conseil d’administration statue, ça, c’est beaucoup d’ingérence.
Et Normandeau qui refuse d’assumer ses responsabilités face à Montréal et Whissel pour qui l’éthique n’est pas une priorité et puis combien en ignorons-nous?
Jean Charest voulait les clés de la voiture pour lui tout seul afin d’avoir en exclusivité les mains sur le volant. Quand va-t-il se mettre à conduire au lieu de bâtir?
Grand bâtisseur piètre chauffeur
Au premier ministre venu
Devant la troupe comme éclaireur
À la recherche du chemin perdu
dimanche 31 mai 2009
dimanche 24 mai 2009
El Salvador Le FMLN au pouvoir
Le Front Farabundo Marti de libération nationale (FMLN) a marqué, dans les années 1980, l’imaginaire de tous les idéalistes nord-américains qui voyaient, dans ce groupuscule en lutte contre un intraitable régime d’extrême droite, un espoir de libération de tous les peuples d’Amérique centrale subissant une politique étrangère américaine inspirée de la doctrine Monroe considérant cette partie de l’hémisphère cour arrière des USA.
Oscar Romero, évêque de San Salvador, icône de cette lutte armée, apôtre de la théologie de la libération, était assassiné, en 1980, après sa messe dominicale. Voilà qui mettait le feu aux poudres!
La lutte armée entre les escadrons de la mort, sous la coupe du président Roberto D’Aubuisson du parti ARENA ( Alianza Republicana Nacionalista), et les militantes et militants du FMLN s’est soldée par l’accord de paix du 16 janvier 1992 signé à Chapultepec au Mexique. Bilan : 75 000 morts (plus de 10 % de la population), dont 85 % attribués à l’armée et aux escadrons de la mort. Cette guerre civile n’aurait pu perdurer de la sorte sans le soutien des États-Unis de Ronald Reagan qui ont financé l’ARENA, selon les chiffres connus, à hauteur de six milliards de dollars.
Victoire par les urnes
Dix-sept ans après la signature du traité de paix, le candidat FMLN à la présidentielle du 15 mars dernier, Mauricio Funes, remporte la majorité des voix exprimées avec 51,3 % du vote. La semaine prochaine, le lundi 1er juin, Funes sera assermenté en présence de la secrétaire d’État des États-Unis, Hilary Clinton.
Mauricio Funes, journaliste à la station de télévision 12, est aussi un ancien correspondant de la chaîne CNN. Il n’a pas participé à la lutte armée, mais son vice-président, Sánchez Céren, est un ex-commandant de la guérilla.
Le parcours du FMLN aura été cahoteux, depuis son entrée sur la scène politique, devant se confronter, en plus de l’ARENA, à deux autres partis : le PCN (Parti de conciliation nationale), formation composée de militaires, et le PDC (Parti démocrate-chrétien) ont renoncé à présenter leur candidat respectif et se sont ralliés à l’ARENA. Du côté de l’assemblée législative, le FMLN a fait élire, le 18 janvier dernier, 35 députés, l’ARENA 32, le PCN 10, le PDC 5, et le CD (Cambio democrático) 1.
Héritage : un pays délabré
La situation économique de l’Amérique latine est sombre et celle du Salvador désastreuse. Maurice Lemoyne, dans le numéro de mai du Monde diplomatique, note : « Début des années 1990. La démocratie a repris ses droits. Ex-paradis des dictateurs, l’Amérique latine devient le laboratoire du libéralisme le plus débridé. Elle comptait cent vingt millions de pauvres en 1980; vingt ans plus tard, on en dénombrera deux cent vingt-cinq millions. »
Sur une population de près de six millions d’habitants, deux millions et demi de Salvadoriens ont émigré, principalement aux États-Unis. Près de la moitié du pays (47,5 %) vit sous le seuil de la pauvreté et le cinquième dans l’extrême pauvreté, alors que 0,3 % de la population accaparent 44 % du revenu national. En plus d’un niveau de chômage massif, le Salvador est aux prises avec le taux d’homicides le plus élevé du continent (67,8 par 1 000 habitants).
La diaspora salvadorienne, qui représente le tiers de la population, contribue largement au maintien d’une situation économique plus vivable pour les siens demeurés au pays. Les remesas (transferts d’argent de la diaspora vers la parenté) représentaient, en 2008, 17 % du produit intérieur brut du pays ou 3,8 milliards $. Lors des élections de 2004, le président George W. Bush avait menacé, advenant l’élection du FMLN, de bloquer l’envoi des remesas. Le président réélu Antonio Sacca, en retour, a été le dernier des dirigeants d’Amérique latine à maintenir des troupes armées en Irak. Depuis, le Colombien Alvaro Uribe a pris la relève.
À la veille des élections du mois de mars, les Républicains au Congrès des États-Unis, malgré leur défaite, maintenaient le cap fixé par Bush : « Si le FMLN gagne ce dimanche, le Salvador se transformera rapidement en un satellite du Venezuela, de la Russie et peut-être de l’Iran. » Pour sa part, le département d’État a affirmé sa volonté de coopérer avec quelque président que ce soit.
Lemarass
Si, grâce à l’émigration, un flot d’argent bienvenu provient des États-Unis, celle-ci draine également un courant de violence qui explique le taux élevé d’homicides qui prévaut au Salvador avec 16 000 assassinats enregistrés depuis 2004, dont, selon la justice, la moitié serait attribuable aux gangs, les maras.
Les jeunes Salvadoriens vivant aux États-Unis sont aux prises avec les difficultés économiques qui frappent particulièrement les immigrants et les classes défavorisées. Ces jeunes se joignent aux gangs qui évoluent dans les ghettos. Épinglés et condamnés par les tribunaux, ceux-ci sont retournés dans leur pays d’origine. Devenus experts en armes et violence, revenus chez eux, ils intègrent les bandes locales et établissent un réseau de sous-traitants à la solde du crime organisé.
Mara est le nom de la fourmi légionnaire, comme c’est également le diminutif de marabunta, une migration massive et destructrice de ces fourmis. C’est aussi le nom d’une rue de San Salvador. En Amérique centrale, sa signification est passée de « groupe d’amis » à « gang de criminels ».
Au cours des seuls trois premiers mois de cette année, une douzaine de personnes par jour sont retrouvées mortes, selon un relevé officiel. Selon Antonio Rodriguez, qui pilote un programme de prévention de la violence auprès des jeunes, vous pouvez engager un tueur à gage pour 50 $ et il en coûtera 100 $ si le client veut voir le corps. Per capita, le Salvador est plus criminalisé que le Mexique. Sur son cellulaire, M. Rodriguez conserve la photo du corps d’un garçon de 12 ans décapité. Ses meurtriers, selon lui, ne sont probablement pas plus vieux que lui.
Économie exsangue
Avec une émigration galopante et son retour criminalisé, l’économie nationale est anémique et souffre de la crise mondiale. Les exportations n’ont cessé de diminuer depuis le début de l’année. Déjà, en décembre 2008, le pays connaissait six mois de chute constante de son volume d’activité économique. Et le crédit commercial se resserre, le niveau de prêt des banques n’ayant atteint que 3,5 % l’an dernier, comparés à des niveaux de 9,8 % et 13 % pour les deux années précédentes.
Visite au Venezuela
Pour sa première visite à l’étranger, Mauricio Funes a répondu à l’invitation du président vénézuélien Hugo Chávez. Pragmatique, Chávez a offert au Salvador du pétrole à bas prix qui lui permettrait de générer, à la revente, des surplus qui pourraient être acheminés vers des projets de développement social.
Les défis sont nombreux pour la nouvelle administration du Salvador et l’aide internationale est indispensable pour résoudre les problèmes qui se manifestent sur tous les fronts. Le FMLN conservera la fidélité de son électorat en autant que la situation économico-sociale du pays s’assainisse.
Sous-sols d’églises et salles communautaires
Témoins d’un FMLN militant
Syndicats et mouvements populaires
Sensibilisés en 1980 comme maintenant?
NDLR : Qu’attend Marguerite Blais pour envoyer des clowns aux jeunes des maras?
dimanche 17 mai 2009
USA et assurance maladie Le combat s’engage et le Canada y goûte
À peine engagé, le débat s’enrage. Le président Obama appuie sur l’accélérateur, ses opposants freinent à fond la pédale et placent le Canada socialiste sur la sellette.
La semaine dernière aura été consacrée à l’assurance maladie au sein de la Maison blanche et le président Barack Obama est sérieux : un projet de réforme doit être soumis à la chambre des représentants dès le mois de juillet et le Congrès doit s’en saisir en août au plus tard.
Les adversaires traditionnels de toute réforme du système de santé, les naufrageurs du plan Clinton des années 90, devant la ferme intention d’agir du président Obama, semblent vouloir ouvrir deux fronts : un premier manifestant de l’ouverture et une volonté de coopération, un second tirant à boulets rouges sur toute velléité de réforme défendant les privilèges d’une industrie florissante à même les tombes de ses clients.
Le dimanche 10 mai, les grands journaux américains, téléguidés par les stratèges présidentiels, abordaient tous la question de la réforme des soins de santé insistant sur le terrain d’entente sur lequel Obama souhaite atterrir : une révision du système en place offrant un libre-choix aux citoyens des États-Unis entre une assurance privée et une publique; un système mitoyen entre l’universalité d’un régime public et le tout au privé.
Dès le lendemain, une délégation formée de représentants d’hôpitaux et de cliniques médicales, de groupes pharmaceutiques et de compagnies d’assurance pavanait à la Maison blanche en jurant ses grands dieux que le milieu allait travailler de conserve avec le politique afin de réduire le coût des soins de santé. L’engagement : une économie de 2 500 $ par année par ménage. Ainsi, ces acteurs viseraient à réduire de 1,5 % par année les augmentations de tarifs prévues, ce qui n’empêcherait pas les coûts de croître de 7 % par année. Trois fois l’inflation prévue. Quel esprit de collaboration!
L’autre face de la médaille corporative du milieu de la santé attaque derechef et cible le démon canadien. « Les conservateurs, note le correspondant de la chaîne de journaux Tribune, qualifient déjà la volonté du président de tendance en faveur d’un système s’apparentant à celui du Canada où les bureaucrates fédéraux dictent leurs propres décisions au personnel médical et hospitalier. » (Même si la santé est de compétence provinciale). Et le groupe Conservatives for Patients’ Rights consacre un million $ en publicité pour amorcer sa campagne en vue de torpiller les intentions présidentielles. Ils entendent répéter l’exploit de 1994 où ils avaient fait dérailler la réforme Clinton en utilisant un couple fictif, Harry et Louise, qui ne cessaient de s’inquiéter du fait que les bureaucrates allaient s’immiscer dans leur vie de couple pour prendre à leur place les décisions concernant leur santé.
Des faits lourds de conséquences
Si le président Obama place si haut la réforme de la santé dans sa liste de priorités, c’est sans doute qu’il y a, selon lui, urgence d’agir.
Sur les 304 millions de citoyennes et citoyens que comptent les États-Unis, 46 millions étaient dépourvus d’assurance maladie, en 2007, ou 18 % de la population âgée de moins de 65 ans. La récession, les fermetures d’entreprises, les mises à pied, partielles et permanentes, et le glissement des emplois de l’industrie vers les services occasionnent une hausse continue du nombre de personnes se retrouvant sans protection s’il survient une maladie ou un accident. Résultat : de plus en plus de personnes malades ne se font pas traiter par manque d’argent. Et la prévention?
Selon l’institut de recherche de la Kaiser Family Foundation, en 2008, les dépenses dans le secteur de la santé se sont élevées à 2,4 trillions $ (2,400 millions de dollars), soit 17 % du produit intérieur brut (PIB) ou 7 900 $ par personne. En France, c’est 9,5 % du PIB, au Canada 9,7 %, en Allemagne 10,7 % et en Suisse 10,9 %, par exemple. À noter que 30 % des revenus encaissés par les hôpitaux, les cliniques et les entreprises pharmaceutiques sont utilisés à des fins de gestion et de marketing, une fois versés les dividendes aux actionnaires.
Et s’assurer est loin d’être à la portée de toutes les bourses. Pour une famille de quatre personnes, relève toujours la Kaiser Family Foundation, il en coûtait, en 2008, 12 700 $ et, pour une personne seule, 4 700 $. Qui dit indemnités, dit également franchise, puisque les compagnies d’assurance n’assument pas les frais dès le premier dollar déboursé. Une telle franchise est en moyenne de quelque 560 $ pour une personne seule et va jusqu’à 1 300 $ pour une famille de quatre.
Une visite chez le médecin coûte, en franchise, de 20 $ à 26 $, dépendant des services requis. Les pharmaciens demandent en argent comptant, en plus du remboursement de l’assurance, de 10 $ à 75 $, 10$ étant pour un premier médicament, 75 $ pour le quatrième médicament nécessaire.
Cette situation comporte ses dommages collatéraux, dont la faillite : 50 % des faillites enregistrées au cours de la dernière année trouvaient leur origine dans les dépenses en soins de santé.
Le USA Today du mercredi 13 mai rapporte la proposition d’un comité du sénat en vue de couvrir les citoyens non assurés : imposer aux travailleurs une taxe sur les primes payées par leurs employeurs et taxer les boissons gazeuses. Ces mesures rapporteraient quelque 226 milliards $ au trésor et l’assurance d’un ouragan politique de catégorie 5.
Medicare sans le sou
Comme un malheur n’arrive jamais seul, le conseil d’administration du régime Medicare, destiné aux personnes retraitées, annonce que dans huit ans le système sera à sec. Ce régime procure sans frais les soins de santé aux quelque 46 millions d’Américains ayant plus de 65 ans. L’origine de la crise? Le régime passe par les compagnies d’assurance pour protéger les retraités, tant en soins hospitaliers qu’en médicaments.
L’une des publicités télévisées payées par le groupe Conservatives for Patient’s Rights montre un éleveur de poulet de la Colombie britannique qui affirme qu’il devait être opéré pour le cœur, que la liste d’attente au Canada était trop longue et qu’il a été traité illico dans un hôpital américain. Ce que ne dit pas l’histoire de ce Canadien errant, c’est la somme dont il a dû se délester pour obtenir sa chirurgie. C’est loin d’être à la portée de toutes les bourses.
Diane la chasseresse
Il se trouve tout de même des défenseurs du système canadien de santé, dont Diane Francis, l’éditorialiste du National Post, qui est elle-même d’origine américaine. Oui, oui, l’amazone du Québec bashing qui sévit à Toronto.
Elle soutient, dans son blogue, que les publicités des conservateurs anti-réforme devraient être bannies des ondes par la Federal Communications Commission (FCC) en raison de la fausseté de l’argumentation diffusée.
Elle soulève notamment que le système canadien couvre toute la population et coûte moins cher per capita que le régime américain; que les poursuites représentent jusqu’à 3 % des frais de santé aux États-Unis; que l’espérance de vie est plus longue au Canada qu’aux États-Unis; que les médicaments, même s’ils sont inventés aux États-Unis, y sont plus chers qu’au Canada parce que les achats centralisés par les régimes publics d’assurance permettent des économies d’échelle; qu’aux États-Unis les personnes les plus à risques, vétérans, personnes âgées et population très pauvre, dépendent du système public, les régimes privés recueillant les primes des personnes jeunes et en santé.
Elle conclut en affirmant que le système canadien est loin d’être parfait mais que cela ne justifie pas la médisance et le mensonge.
Petit baume sur la plaie
Pfizer, l’un des géants de l’industrie pharmaceutique est consciente, elle, du désarroi dans lequel se retrouve les travailleuses et travailleurs victimes de la récession. Ainsi, celles et ceux qui ont perdu leur emploi depuis le 1er janvier pourront se procurer gratuitement et pendant un an 70 des médicaments de la firme les plus en demande dont le Lipitor, contre le cholestérol, et le… Viagra. Voilà qui raffermit la position d’un des acteurs du système de santé en faveur du redressement d’une situation sans autre issue qu’une sérieuse réforme.
Quelques à-côtés en Floride
La Floride regroupe un nombre important de personnes retraitées, donc un bassin on ne peut plus convoité par les hôpitaux, cliniques et pharmacies, ces gens étant sous le régime Medicare. Les établissements de soins de santé multiplient les espaces publicitaires dans les quotidiens, l’affichage autoroutier, etc. pour attirer cette clientèle.
Les cliniques de diagnostic par résonnance magnétique ont pignon sur rue environ tous les cinq kilomètres. Il leur faut ainsi, pour rentabiliser leurs opérations, inciter les résidants des alentours à s’y rendre. Résultat : alerte à la prévention et faux résultats afin que la clinique soit remboursée par le régime Medicare. Sans maladie ou malformation identifiée, pas de facture acquittée.
Le laxisme qui prévaut dans le domaine de la santé a fait émerger un nouveau type de soins : des cliniques spécialisées dans le traitement de la douleur qui, en fait, sont des pourvoyeuses de narcotiques pour les revendeurs dans les rues et les bars. Le Sun Sentinel de Fort Lauderdale a identifié une dizaine de cliniques dont les opérateurs ont un passé criminel et une douzaine dont les propriétaires ont déjà fait faillite. Un médecin exerçant dans l’une de ces cliniques avoue que celle-ci a enregistré un chiffre d’affaires d’un million $ en quatre mois. Un autre médecin s’est vu offrir 100 000 $ par mois pour rédiger des ordonnances pour diverses cliniques. Le propriétaire de l’une de ces cliniques déclare, dans un affidavit rédigé en vue d’un divorce, des revenus de 5 000 $ par semaine. Le médicament le plus populaire : l’oxycodone, un dérivé de l’opium plus puissant que la codéine et qui crée une dépendance en peu de temps.
Les coûts des soins de santé encouragent les compagnies d’assurance à rechercher des solutions plus économiques. Elles se tournent alors vers une dizaine de pays comme l’Inde, la Thaïlande, le Costa Rica, l’Irlande et Taïwan… pour y expédier leurs clients et obtenir des soins (interventions chirurgicales) à meilleur prix. Une chirurgie à cœur ouvert coûte dans les 100 000 $ aux États-Unis, environ 10 000 $ en Inde. Selon la firme McKinsey au moins 8 500 patients se font traiter à l’étranger chaque année. La firme Deloitte, elle, chiffre à 750 000 le nombre de personnes traitées à l’extérieur pour diverses raisons, dont les soins dentaires et la chirurgie esthétique.
Quand la santé se mue en industrie, le privé s’impose et le patient devient client : pour les uns, plus il paie, mieux c’est; pour les autres, moins il coûte cher, mieux c’est. Confortable comme position!
Intoxication de l’opinion par doses massives
Potions homéopathiques de vérité et de subtilité
La santé garantit revenus et forces vives
Profits faramineux, industrie assiégée
La semaine dernière aura été consacrée à l’assurance maladie au sein de la Maison blanche et le président Barack Obama est sérieux : un projet de réforme doit être soumis à la chambre des représentants dès le mois de juillet et le Congrès doit s’en saisir en août au plus tard.
Les adversaires traditionnels de toute réforme du système de santé, les naufrageurs du plan Clinton des années 90, devant la ferme intention d’agir du président Obama, semblent vouloir ouvrir deux fronts : un premier manifestant de l’ouverture et une volonté de coopération, un second tirant à boulets rouges sur toute velléité de réforme défendant les privilèges d’une industrie florissante à même les tombes de ses clients.
Le dimanche 10 mai, les grands journaux américains, téléguidés par les stratèges présidentiels, abordaient tous la question de la réforme des soins de santé insistant sur le terrain d’entente sur lequel Obama souhaite atterrir : une révision du système en place offrant un libre-choix aux citoyens des États-Unis entre une assurance privée et une publique; un système mitoyen entre l’universalité d’un régime public et le tout au privé.
Dès le lendemain, une délégation formée de représentants d’hôpitaux et de cliniques médicales, de groupes pharmaceutiques et de compagnies d’assurance pavanait à la Maison blanche en jurant ses grands dieux que le milieu allait travailler de conserve avec le politique afin de réduire le coût des soins de santé. L’engagement : une économie de 2 500 $ par année par ménage. Ainsi, ces acteurs viseraient à réduire de 1,5 % par année les augmentations de tarifs prévues, ce qui n’empêcherait pas les coûts de croître de 7 % par année. Trois fois l’inflation prévue. Quel esprit de collaboration!
L’autre face de la médaille corporative du milieu de la santé attaque derechef et cible le démon canadien. « Les conservateurs, note le correspondant de la chaîne de journaux Tribune, qualifient déjà la volonté du président de tendance en faveur d’un système s’apparentant à celui du Canada où les bureaucrates fédéraux dictent leurs propres décisions au personnel médical et hospitalier. » (Même si la santé est de compétence provinciale). Et le groupe Conservatives for Patients’ Rights consacre un million $ en publicité pour amorcer sa campagne en vue de torpiller les intentions présidentielles. Ils entendent répéter l’exploit de 1994 où ils avaient fait dérailler la réforme Clinton en utilisant un couple fictif, Harry et Louise, qui ne cessaient de s’inquiéter du fait que les bureaucrates allaient s’immiscer dans leur vie de couple pour prendre à leur place les décisions concernant leur santé.
Des faits lourds de conséquences
Si le président Obama place si haut la réforme de la santé dans sa liste de priorités, c’est sans doute qu’il y a, selon lui, urgence d’agir.
Sur les 304 millions de citoyennes et citoyens que comptent les États-Unis, 46 millions étaient dépourvus d’assurance maladie, en 2007, ou 18 % de la population âgée de moins de 65 ans. La récession, les fermetures d’entreprises, les mises à pied, partielles et permanentes, et le glissement des emplois de l’industrie vers les services occasionnent une hausse continue du nombre de personnes se retrouvant sans protection s’il survient une maladie ou un accident. Résultat : de plus en plus de personnes malades ne se font pas traiter par manque d’argent. Et la prévention?
Selon l’institut de recherche de la Kaiser Family Foundation, en 2008, les dépenses dans le secteur de la santé se sont élevées à 2,4 trillions $ (2,400 millions de dollars), soit 17 % du produit intérieur brut (PIB) ou 7 900 $ par personne. En France, c’est 9,5 % du PIB, au Canada 9,7 %, en Allemagne 10,7 % et en Suisse 10,9 %, par exemple. À noter que 30 % des revenus encaissés par les hôpitaux, les cliniques et les entreprises pharmaceutiques sont utilisés à des fins de gestion et de marketing, une fois versés les dividendes aux actionnaires.
Et s’assurer est loin d’être à la portée de toutes les bourses. Pour une famille de quatre personnes, relève toujours la Kaiser Family Foundation, il en coûtait, en 2008, 12 700 $ et, pour une personne seule, 4 700 $. Qui dit indemnités, dit également franchise, puisque les compagnies d’assurance n’assument pas les frais dès le premier dollar déboursé. Une telle franchise est en moyenne de quelque 560 $ pour une personne seule et va jusqu’à 1 300 $ pour une famille de quatre.
Une visite chez le médecin coûte, en franchise, de 20 $ à 26 $, dépendant des services requis. Les pharmaciens demandent en argent comptant, en plus du remboursement de l’assurance, de 10 $ à 75 $, 10$ étant pour un premier médicament, 75 $ pour le quatrième médicament nécessaire.
Cette situation comporte ses dommages collatéraux, dont la faillite : 50 % des faillites enregistrées au cours de la dernière année trouvaient leur origine dans les dépenses en soins de santé.
Le USA Today du mercredi 13 mai rapporte la proposition d’un comité du sénat en vue de couvrir les citoyens non assurés : imposer aux travailleurs une taxe sur les primes payées par leurs employeurs et taxer les boissons gazeuses. Ces mesures rapporteraient quelque 226 milliards $ au trésor et l’assurance d’un ouragan politique de catégorie 5.
Medicare sans le sou
Comme un malheur n’arrive jamais seul, le conseil d’administration du régime Medicare, destiné aux personnes retraitées, annonce que dans huit ans le système sera à sec. Ce régime procure sans frais les soins de santé aux quelque 46 millions d’Américains ayant plus de 65 ans. L’origine de la crise? Le régime passe par les compagnies d’assurance pour protéger les retraités, tant en soins hospitaliers qu’en médicaments.
L’une des publicités télévisées payées par le groupe Conservatives for Patient’s Rights montre un éleveur de poulet de la Colombie britannique qui affirme qu’il devait être opéré pour le cœur, que la liste d’attente au Canada était trop longue et qu’il a été traité illico dans un hôpital américain. Ce que ne dit pas l’histoire de ce Canadien errant, c’est la somme dont il a dû se délester pour obtenir sa chirurgie. C’est loin d’être à la portée de toutes les bourses.
Diane la chasseresse
Il se trouve tout de même des défenseurs du système canadien de santé, dont Diane Francis, l’éditorialiste du National Post, qui est elle-même d’origine américaine. Oui, oui, l’amazone du Québec bashing qui sévit à Toronto.
Elle soutient, dans son blogue, que les publicités des conservateurs anti-réforme devraient être bannies des ondes par la Federal Communications Commission (FCC) en raison de la fausseté de l’argumentation diffusée.
Elle soulève notamment que le système canadien couvre toute la population et coûte moins cher per capita que le régime américain; que les poursuites représentent jusqu’à 3 % des frais de santé aux États-Unis; que l’espérance de vie est plus longue au Canada qu’aux États-Unis; que les médicaments, même s’ils sont inventés aux États-Unis, y sont plus chers qu’au Canada parce que les achats centralisés par les régimes publics d’assurance permettent des économies d’échelle; qu’aux États-Unis les personnes les plus à risques, vétérans, personnes âgées et population très pauvre, dépendent du système public, les régimes privés recueillant les primes des personnes jeunes et en santé.
Elle conclut en affirmant que le système canadien est loin d’être parfait mais que cela ne justifie pas la médisance et le mensonge.
Petit baume sur la plaie
Pfizer, l’un des géants de l’industrie pharmaceutique est consciente, elle, du désarroi dans lequel se retrouve les travailleuses et travailleurs victimes de la récession. Ainsi, celles et ceux qui ont perdu leur emploi depuis le 1er janvier pourront se procurer gratuitement et pendant un an 70 des médicaments de la firme les plus en demande dont le Lipitor, contre le cholestérol, et le… Viagra. Voilà qui raffermit la position d’un des acteurs du système de santé en faveur du redressement d’une situation sans autre issue qu’une sérieuse réforme.
Quelques à-côtés en Floride
La Floride regroupe un nombre important de personnes retraitées, donc un bassin on ne peut plus convoité par les hôpitaux, cliniques et pharmacies, ces gens étant sous le régime Medicare. Les établissements de soins de santé multiplient les espaces publicitaires dans les quotidiens, l’affichage autoroutier, etc. pour attirer cette clientèle.
Les cliniques de diagnostic par résonnance magnétique ont pignon sur rue environ tous les cinq kilomètres. Il leur faut ainsi, pour rentabiliser leurs opérations, inciter les résidants des alentours à s’y rendre. Résultat : alerte à la prévention et faux résultats afin que la clinique soit remboursée par le régime Medicare. Sans maladie ou malformation identifiée, pas de facture acquittée.
Le laxisme qui prévaut dans le domaine de la santé a fait émerger un nouveau type de soins : des cliniques spécialisées dans le traitement de la douleur qui, en fait, sont des pourvoyeuses de narcotiques pour les revendeurs dans les rues et les bars. Le Sun Sentinel de Fort Lauderdale a identifié une dizaine de cliniques dont les opérateurs ont un passé criminel et une douzaine dont les propriétaires ont déjà fait faillite. Un médecin exerçant dans l’une de ces cliniques avoue que celle-ci a enregistré un chiffre d’affaires d’un million $ en quatre mois. Un autre médecin s’est vu offrir 100 000 $ par mois pour rédiger des ordonnances pour diverses cliniques. Le propriétaire de l’une de ces cliniques déclare, dans un affidavit rédigé en vue d’un divorce, des revenus de 5 000 $ par semaine. Le médicament le plus populaire : l’oxycodone, un dérivé de l’opium plus puissant que la codéine et qui crée une dépendance en peu de temps.
Les coûts des soins de santé encouragent les compagnies d’assurance à rechercher des solutions plus économiques. Elles se tournent alors vers une dizaine de pays comme l’Inde, la Thaïlande, le Costa Rica, l’Irlande et Taïwan… pour y expédier leurs clients et obtenir des soins (interventions chirurgicales) à meilleur prix. Une chirurgie à cœur ouvert coûte dans les 100 000 $ aux États-Unis, environ 10 000 $ en Inde. Selon la firme McKinsey au moins 8 500 patients se font traiter à l’étranger chaque année. La firme Deloitte, elle, chiffre à 750 000 le nombre de personnes traitées à l’extérieur pour diverses raisons, dont les soins dentaires et la chirurgie esthétique.
Quand la santé se mue en industrie, le privé s’impose et le patient devient client : pour les uns, plus il paie, mieux c’est; pour les autres, moins il coûte cher, mieux c’est. Confortable comme position!
Intoxication de l’opinion par doses massives
Potions homéopathiques de vérité et de subtilité
La santé garantit revenus et forces vives
Profits faramineux, industrie assiégée
dimanche 10 mai 2009
Québec Défense d’ignorance?
Elle est ministre des Affaires municipales et des régions; elle est en voie de se laisser entraîner dans l’œil de la tempête médiatique qui secoue ces milieux. Nathalie Normandeau, plutôt que de manifester sa volonté de redresser le parcours, s’enlise dans des explications spécieuses et accuse les partis d’opposition (sauf le whip de l’ADQ peut-être?) de miner la confiance du secteur des affaires.
Dans le dossier de la Société d’habitation de Montréal, la ministre savait que cet organisme était passé de société para-municipale à organisme sans but lucratif, ce qui soustrayait cette entité du regard des conseillers municipaux. La ministre Normandeau aurait dès lors pu intervenir et ordonner que l’organisme revienne dans le giron des élus municipaux. Elle a préféré détourner les yeux et attendre que le scandale éclate, ce qui n’a pas manqué d’arriver. Les médias devaient en effet révéler que des transactions sur des terrains avaient toutes les apparences d’une magouille au profit d’un promoteur immobilier. Encore là, la réaction de la ministre s’est limitée à renvoyer le tout vers la ville de Montréal.
Frank Zampino, du jour au lendemain, passe de président du comité exécutif de la ville de Montréal à la firme d’ingénierie Desseau.
Le maire Tremblay n’y voyait rien d’insolite ou d’intrigant jusqu’à ce que les médias relient ce départ avec le contrat des compteurs d’eau et leurs coûts exorbitants. L’opposition estime que la ministre devrait ordonner la tutelle de la ville. Réaction : rien. Le vérificateur général de la ville fera rapport.
Les FIER, ces fonds régionaux d’investissement mis sur pied pour promouvoir l’essor économique des milieux concernés investissent ailleurs que dans leurs régions. Ainsi, l’argent destiné au Saguenay-Lac-Saint-Jean, par exemple, se retrouve dans la métropole investi dans des entreprises dont les membres du c.a. du FIER en question sont des actionnaires. Nathalie Normandeau, au lieu d’affirmer qu’elle allait y voir de près et rectifier le tir au besoin, s’en prend à l’Opposition et l’accuse de vouloir torpiller l’avenir économique des régions en éloignant les gens d’affaires intéressés à investir. Il est difficile de bousiller quelque chose qui n’existe même pas encore.
Et le président d’Investissement Québec, Jacques Daoust, défend l’indéfendable jusqu’à ce qu’il retourne dans sa coquille devant le déferlement de cas où les mêmes administrateurs jouissent de la générosité d’autres FIER.
L’effet Jérôme-Forget
Nathalie Normandeau est-elle victime du syndrome Jérôme-Forget? Tout porte à le croire, à moins que ce ne soit une politique ministérielle décrétée par le premier ministre lui-même. Mme Jérôme-Forget n’a pas vu venir la récession, donc celle-ci n’existait pas avant les élections de l’automne dernier. Mme Jérôme-Forget ne connaissait pas l’ampleur du déficit à la Caisse de dépôt et de placement. Et qui plus est, elle ne voulait pas le savoir, elle l’a affirmé. Selon elle, le gouvernement n’a pas le droit de parler aux dirigeants de la Caisse et vice-versa. Elle ne l’a donc pas fait même si, à première vue, il s’agit d’un anachronisme évident. Les fonds de la Caisse appartiennent aux contribuables et le gouvernement en est le fiduciaire. Raymond Bachand ne semble pas presser d’agir dans le sens de plus de connaissance face à la Caisse. Jeannette Bertrand voulait savoir, Raymond Bachand ne veut rien voir.
Aurait-on besoin d’un code déontologique clair à l’intention de tous les élus, provinciaux comme municipaux, et des membres des conseils d’administration de sociétés publiques? Cela semble faire l’unanimité, sauf au bureau du premier ministre. Il est vrai qu’un code de conduite n’injecte pas automatiquement une dose de jugement.
Du ménage
Va-t-on vivre encore quatre années dans le vague, ne sachant pas d’un jour à l’autre si un scandale ne va pas éclater et que la ou le ministre responsable va jeter la faute sur l’Opposition avec un premier ministre affirmant tout ignorer de la situation. Si le premier ministre n’a pas le courage de faire le ménage qui s’impose dans son conseil des ministres, les vérificateurs généraux, les commissions parlementaires, voire les commissions d’enquête ne chômeront pas d’ici quatre ans.
La suffisance compense pour l’ignorance
Pénible d’affronter la réalité
Sauver les apparences, avouer les déficiences
Le droit à la vérité doit s’affirmer
Dans le dossier de la Société d’habitation de Montréal, la ministre savait que cet organisme était passé de société para-municipale à organisme sans but lucratif, ce qui soustrayait cette entité du regard des conseillers municipaux. La ministre Normandeau aurait dès lors pu intervenir et ordonner que l’organisme revienne dans le giron des élus municipaux. Elle a préféré détourner les yeux et attendre que le scandale éclate, ce qui n’a pas manqué d’arriver. Les médias devaient en effet révéler que des transactions sur des terrains avaient toutes les apparences d’une magouille au profit d’un promoteur immobilier. Encore là, la réaction de la ministre s’est limitée à renvoyer le tout vers la ville de Montréal.
Frank Zampino, du jour au lendemain, passe de président du comité exécutif de la ville de Montréal à la firme d’ingénierie Desseau.
Le maire Tremblay n’y voyait rien d’insolite ou d’intrigant jusqu’à ce que les médias relient ce départ avec le contrat des compteurs d’eau et leurs coûts exorbitants. L’opposition estime que la ministre devrait ordonner la tutelle de la ville. Réaction : rien. Le vérificateur général de la ville fera rapport.
Les FIER, ces fonds régionaux d’investissement mis sur pied pour promouvoir l’essor économique des milieux concernés investissent ailleurs que dans leurs régions. Ainsi, l’argent destiné au Saguenay-Lac-Saint-Jean, par exemple, se retrouve dans la métropole investi dans des entreprises dont les membres du c.a. du FIER en question sont des actionnaires. Nathalie Normandeau, au lieu d’affirmer qu’elle allait y voir de près et rectifier le tir au besoin, s’en prend à l’Opposition et l’accuse de vouloir torpiller l’avenir économique des régions en éloignant les gens d’affaires intéressés à investir. Il est difficile de bousiller quelque chose qui n’existe même pas encore.
Et le président d’Investissement Québec, Jacques Daoust, défend l’indéfendable jusqu’à ce qu’il retourne dans sa coquille devant le déferlement de cas où les mêmes administrateurs jouissent de la générosité d’autres FIER.
L’effet Jérôme-Forget
Nathalie Normandeau est-elle victime du syndrome Jérôme-Forget? Tout porte à le croire, à moins que ce ne soit une politique ministérielle décrétée par le premier ministre lui-même. Mme Jérôme-Forget n’a pas vu venir la récession, donc celle-ci n’existait pas avant les élections de l’automne dernier. Mme Jérôme-Forget ne connaissait pas l’ampleur du déficit à la Caisse de dépôt et de placement. Et qui plus est, elle ne voulait pas le savoir, elle l’a affirmé. Selon elle, le gouvernement n’a pas le droit de parler aux dirigeants de la Caisse et vice-versa. Elle ne l’a donc pas fait même si, à première vue, il s’agit d’un anachronisme évident. Les fonds de la Caisse appartiennent aux contribuables et le gouvernement en est le fiduciaire. Raymond Bachand ne semble pas presser d’agir dans le sens de plus de connaissance face à la Caisse. Jeannette Bertrand voulait savoir, Raymond Bachand ne veut rien voir.
Aurait-on besoin d’un code déontologique clair à l’intention de tous les élus, provinciaux comme municipaux, et des membres des conseils d’administration de sociétés publiques? Cela semble faire l’unanimité, sauf au bureau du premier ministre. Il est vrai qu’un code de conduite n’injecte pas automatiquement une dose de jugement.
Du ménage
Va-t-on vivre encore quatre années dans le vague, ne sachant pas d’un jour à l’autre si un scandale ne va pas éclater et que la ou le ministre responsable va jeter la faute sur l’Opposition avec un premier ministre affirmant tout ignorer de la situation. Si le premier ministre n’a pas le courage de faire le ménage qui s’impose dans son conseil des ministres, les vérificateurs généraux, les commissions parlementaires, voire les commissions d’enquête ne chômeront pas d’ici quatre ans.
La suffisance compense pour l’ignorance
Pénible d’affronter la réalité
Sauver les apparences, avouer les déficiences
Le droit à la vérité doit s’affirmer
dimanche 3 mai 2009
Canada Un CRTC arabophobe?
Le module anglophone de la chaîne arabe d’information continue Al-Jazira, soit Al-Jazira English (AJE), soumettra de nouveau au Conseil de la radiotélévision et des télécommunications canadiennes (CRTC) une requête en vue de sa diffusion au Canada par le biais des télédistributeurs (câble et satellites). Cette fois sera-t-elle la bonne?
En 2004, les télédistributeurs s’étaient vu accorder l’autorisation d’inscrire AJE dans leur bouquet de chaînes d’information continue à la condition de veiller à pratiquer la censure s’ils croyaient que des propos inappropriés allaient être diffusés. Le CRTC adhérait ainsi à un théorème de base voulant que les professionnels de l’information en poste à AJE étaient d’abord et avant tout des anti-occidentalistes dénués de toute objectivité. D’autre part, il faisait porter sur les télédistributeurs l’odieux de pratiquer la censure ou d’assumer la responsabilité de propos choquants qui auraient pu être émis. Les télédistributeurs ont dit : non merci! Et on peut les comprendre.
Qui, il y a cinq ans, a donc fait des pieds et des mains pour empêcher les 150 000 arabophones du Canada et les autres Canadiens intéressés d’obtenir un point de vue différent sur le monde de ce que nous offre CBC Newsworld, CNN, MSNBC et autres Fox News? Le B’Nai Brith. Et qui pensez-vous aurait décortiqué, microscope à l’œil et sonar à l’oreille, la moindre image ou le moindre propos présumément « antisémite »? Le B’Nai Brith. Comprend-on les télédistributeurs d’avoir abdiqué? Et le CRTC de leur avoir refilé ce présent empoisonné?
Le B’Nai Brith, la plus vieille organisation juive du Canada, se présente comme un organisme de défense des droits. En réalité, il s’agit d’un organisme sioniste qui fait flèche de tout bois envers quiconque critique le moindrement les politiques israéliennes ou le comportement du gouvernement d’Israël ou de ses milices à l’endroit des Palestiniens. B’Nai Brith qualifie systématiquement d’antisémite toute remarque visant Israël ou les groupes juifs orthodoxes qui bafouent tous les principes d’accommodement raisonnable et n’en font qu’à leur tête.
Même si le CRTC étudie une demande émanant de AJE, et non d’Al Jazira, cela ne change rien selon B’Nai Brith, c’est la même organisation. Il faut dire que B’Nai Brith a ses entrées au sein du gouvernement conservateur. Son directeur exécutif est Frank Dimant qui a été candidat de l’Alliance canadienne aux élections fédérales de 2000. L’Alliance était justement le parti de M. Harper avant qu’il passe chez les conservateurs.
Al-Jazira English
Quelle est donc cette chaîne de télévision qui diffuse en anglais 24 heures par jour à partir de Doha au Qatar? Elle fait partie d’un réseau dont le navire amiral est bien entendu Al-Jazira arabe fondé en 1996, la chaîne anglaise a suivi , et s’y sont greffés, au cours des ans, les divisions documentaire, sport, Internet, un centre de formation et de développement en médias, un centre d’études, une division de diffusion d’images en direct et une de téléphonie cellulaire.
Al-Jazira s’est démarqué dès le début de ses concurrents en présentant le monde arabe vu de l’intérieur, ce qui n’a pas été nécessairement de tout repos. De fait, Al-Jazira est basé au Qatar et a reçu l’aval et le financement de l’émir de ce pays du golfe persique pour s’établir avec la garantie de jouir de toute la latitude nécessaire dans l’exercice de sa mission d’information. Voilà qui était loin de réjouir certains pays arabes aux mœurs plus conservatrices que le Qatar et préférant demeurer loin des projecteurs d’une télévision un peu trop libérale à leur goût. Aujourd’hui encore, la Tunisie refuse la diffusion d’Al-Jazira sur son territoire contrairement à… Israël.
Déontologie
Al-Jazira fonctionne sur la base d’un code de déontologie en dix points qui repose, notamment, sur des notions d’équilibre, d’indépendance, de crédibilité et de diversité; la vérification et l’exactitude de l’information, il en est de même pour les images diffusées qui doivent également respecter la vie privée des personnes victimes de crimes, de guerre, de persécution ou de désastre; le respect de normes qui exclut de mettre en priorité la recherche du « scoop »; la présentation d’opinions diverses sans biais ni partialité; le reflet en toute bonne foi de la diversité des sociétés selon leur race, leur culture, leurs croyances, leurs valeurs; la reconnaissance diligente des erreurs lorsqu’elles surviennent et leurs corrections; la confidentialité des sources d’information; la distinction nette entre la nouvelle, l’opinion et l’analyse afin d’éviter tout mélange des genres et la propagande; la solidarité avec les collègues d’autres médias internationaux et la collaboration avec les syndicats et associations de journalistes.
Droits et libertés
De plus, à la fin de l’an dernier, Al-Jazira a créé un « pupitre », c’est-à-dire un nouveau champ de couverture, qui ciblera toute la question des droits humains et des libertés civiles. Sami Al Haj a pris les commandes de cette section.
Sami Al Haj est un caméraman qui a été détenu pendant six ans et demi à la base américaine de Guantanamo. Il a été libéré l’an dernier. Il est plutôt bien placé pour traiter des droits de la personne. « Ces années passées à Guantanamo m’ont permis d’apprécier, du plus profond de moi-même, comment les droits humains peuvent être violés et l’importance fondamentale des libertés civiles. Cette nouvelle section d’Al-Jazira permettra de promouvoir les valeurs concernant les droits humains et créera une émulation en ce sens pour les autres (médias). »
La direction d’Al-Jazira English
Des anciens de Radio-Canada et de la CBC, de la BBC, de la télévision nationale australienne et de l’Associated Press occupent des postes à la direction d’AJE.
Tony Burman, ancien rédacteur en chef de la CBC, et Catherine Cano, ex-directrice de l’information à RDI, sont à la direction de l’information sous la supervision du directeur des opérations, Omar Bec, qui est passé par le BBC World Service de Grande-Bretagne et Worldwide Television News. Max Uechtritz, directeur de la programmation, a été, pendant quatre ans, directeur des nouvelles et des affaires publiques à la ABC en Australie où il avait gravi tous les échelons dans le domaine de l’information.
AJE s’appuie sur des bureaux dans les principaux points du globe. Celui de Londres est occupé par Sue Philipps qui a dirigé le bureau de la CBC dans la capitale britannique. Will Stebbins a quitté l’Associated Press Television News et dirige le bureau de Washington. Provenant également de l’Associated Press, Olga Stukalova est responsable du bureau russe. Toujours de l’Associated Press, Anmol Saxena occupe le bureau de l’Inde. Enfin, en Afrique, se retrouve Andrew Simmons, de la télévision britannique et deux fois récipiendaire du prix de la Royal Television Society.
De la crédibilité
Sur le site du Monde diplomatique, le 23 mars dernier, Alain Gresh démontre l’importance prise par Al-Jazira. « C’est le moment (l’invasion de Gaza par Israël) où les images du Proche-Orient submergent les écrans de télévision du monde. Nous en savons bien plus sur cet affrontement, aussi bien en Europe que dans le reste du monde, que sur n’importe quel autre. Même si chacun n’en maîtrise évidemment pas les tenants et les aboutissants, chacun a lu ou entendu mille et une analyses, vu mille et un reportages. La révolution technologique de la fin des années 1980, avec le numérique et les chaînes de télévision d’information en direct, permet aux téléspectateurs de vivre de plain-pied dans l’actualité. Le monopole de CNN durant la première guerre du Golfe (1990-1991) ayant été battu en brèche par les chaînes satellitaires arabes – et surtout par la plus célèbre d’entre elles, Al-Jazira –, et l’utilisation par des individus sur le terrain de portables et de caméras vidéos se généralisant, plusieurs récits s’entendent désormais sur la scène mondiale, pour la première fois depuis l’effondrement de l’URSS et la disparition du « camp socialiste ». Et le récit d’Al-Jazira et des autres chaînes du Sud a d’autant plus d’impact que ces médias répondent aux critères occidentaux de professionnalisme… »
De quoi s’inquiète donc B’Nai Brith? D’une source fiable d’information susceptible de nous en révéler davantage sur les exactions commises par le gouvernement israélien à l’endroit du peuple palestinien qui, depuis des années maintenant, vit dans un immense camp de concentration appelé territoire autonome?
Si le CRTC autorise la diffusion de Fox News, qui, selon les humeurs de ses commentateurs, traite le président Obama de communiste et de fasciste, comment peut-il barrer le passage à Al-Jazira English?
Quand la liberté ne retient qu’une expression
Tout entier les droits sont remis en question
Toute liberté d’information
Tient dans la quête de la plus large diffusion
En 2004, les télédistributeurs s’étaient vu accorder l’autorisation d’inscrire AJE dans leur bouquet de chaînes d’information continue à la condition de veiller à pratiquer la censure s’ils croyaient que des propos inappropriés allaient être diffusés. Le CRTC adhérait ainsi à un théorème de base voulant que les professionnels de l’information en poste à AJE étaient d’abord et avant tout des anti-occidentalistes dénués de toute objectivité. D’autre part, il faisait porter sur les télédistributeurs l’odieux de pratiquer la censure ou d’assumer la responsabilité de propos choquants qui auraient pu être émis. Les télédistributeurs ont dit : non merci! Et on peut les comprendre.
Qui, il y a cinq ans, a donc fait des pieds et des mains pour empêcher les 150 000 arabophones du Canada et les autres Canadiens intéressés d’obtenir un point de vue différent sur le monde de ce que nous offre CBC Newsworld, CNN, MSNBC et autres Fox News? Le B’Nai Brith. Et qui pensez-vous aurait décortiqué, microscope à l’œil et sonar à l’oreille, la moindre image ou le moindre propos présumément « antisémite »? Le B’Nai Brith. Comprend-on les télédistributeurs d’avoir abdiqué? Et le CRTC de leur avoir refilé ce présent empoisonné?
Le B’Nai Brith, la plus vieille organisation juive du Canada, se présente comme un organisme de défense des droits. En réalité, il s’agit d’un organisme sioniste qui fait flèche de tout bois envers quiconque critique le moindrement les politiques israéliennes ou le comportement du gouvernement d’Israël ou de ses milices à l’endroit des Palestiniens. B’Nai Brith qualifie systématiquement d’antisémite toute remarque visant Israël ou les groupes juifs orthodoxes qui bafouent tous les principes d’accommodement raisonnable et n’en font qu’à leur tête.
Même si le CRTC étudie une demande émanant de AJE, et non d’Al Jazira, cela ne change rien selon B’Nai Brith, c’est la même organisation. Il faut dire que B’Nai Brith a ses entrées au sein du gouvernement conservateur. Son directeur exécutif est Frank Dimant qui a été candidat de l’Alliance canadienne aux élections fédérales de 2000. L’Alliance était justement le parti de M. Harper avant qu’il passe chez les conservateurs.
Al-Jazira English
Quelle est donc cette chaîne de télévision qui diffuse en anglais 24 heures par jour à partir de Doha au Qatar? Elle fait partie d’un réseau dont le navire amiral est bien entendu Al-Jazira arabe fondé en 1996, la chaîne anglaise a suivi , et s’y sont greffés, au cours des ans, les divisions documentaire, sport, Internet, un centre de formation et de développement en médias, un centre d’études, une division de diffusion d’images en direct et une de téléphonie cellulaire.
Al-Jazira s’est démarqué dès le début de ses concurrents en présentant le monde arabe vu de l’intérieur, ce qui n’a pas été nécessairement de tout repos. De fait, Al-Jazira est basé au Qatar et a reçu l’aval et le financement de l’émir de ce pays du golfe persique pour s’établir avec la garantie de jouir de toute la latitude nécessaire dans l’exercice de sa mission d’information. Voilà qui était loin de réjouir certains pays arabes aux mœurs plus conservatrices que le Qatar et préférant demeurer loin des projecteurs d’une télévision un peu trop libérale à leur goût. Aujourd’hui encore, la Tunisie refuse la diffusion d’Al-Jazira sur son territoire contrairement à… Israël.
Déontologie
Al-Jazira fonctionne sur la base d’un code de déontologie en dix points qui repose, notamment, sur des notions d’équilibre, d’indépendance, de crédibilité et de diversité; la vérification et l’exactitude de l’information, il en est de même pour les images diffusées qui doivent également respecter la vie privée des personnes victimes de crimes, de guerre, de persécution ou de désastre; le respect de normes qui exclut de mettre en priorité la recherche du « scoop »; la présentation d’opinions diverses sans biais ni partialité; le reflet en toute bonne foi de la diversité des sociétés selon leur race, leur culture, leurs croyances, leurs valeurs; la reconnaissance diligente des erreurs lorsqu’elles surviennent et leurs corrections; la confidentialité des sources d’information; la distinction nette entre la nouvelle, l’opinion et l’analyse afin d’éviter tout mélange des genres et la propagande; la solidarité avec les collègues d’autres médias internationaux et la collaboration avec les syndicats et associations de journalistes.
Droits et libertés
De plus, à la fin de l’an dernier, Al-Jazira a créé un « pupitre », c’est-à-dire un nouveau champ de couverture, qui ciblera toute la question des droits humains et des libertés civiles. Sami Al Haj a pris les commandes de cette section.
Sami Al Haj est un caméraman qui a été détenu pendant six ans et demi à la base américaine de Guantanamo. Il a été libéré l’an dernier. Il est plutôt bien placé pour traiter des droits de la personne. « Ces années passées à Guantanamo m’ont permis d’apprécier, du plus profond de moi-même, comment les droits humains peuvent être violés et l’importance fondamentale des libertés civiles. Cette nouvelle section d’Al-Jazira permettra de promouvoir les valeurs concernant les droits humains et créera une émulation en ce sens pour les autres (médias). »
La direction d’Al-Jazira English
Des anciens de Radio-Canada et de la CBC, de la BBC, de la télévision nationale australienne et de l’Associated Press occupent des postes à la direction d’AJE.
Tony Burman, ancien rédacteur en chef de la CBC, et Catherine Cano, ex-directrice de l’information à RDI, sont à la direction de l’information sous la supervision du directeur des opérations, Omar Bec, qui est passé par le BBC World Service de Grande-Bretagne et Worldwide Television News. Max Uechtritz, directeur de la programmation, a été, pendant quatre ans, directeur des nouvelles et des affaires publiques à la ABC en Australie où il avait gravi tous les échelons dans le domaine de l’information.
AJE s’appuie sur des bureaux dans les principaux points du globe. Celui de Londres est occupé par Sue Philipps qui a dirigé le bureau de la CBC dans la capitale britannique. Will Stebbins a quitté l’Associated Press Television News et dirige le bureau de Washington. Provenant également de l’Associated Press, Olga Stukalova est responsable du bureau russe. Toujours de l’Associated Press, Anmol Saxena occupe le bureau de l’Inde. Enfin, en Afrique, se retrouve Andrew Simmons, de la télévision britannique et deux fois récipiendaire du prix de la Royal Television Society.
De la crédibilité
Sur le site du Monde diplomatique, le 23 mars dernier, Alain Gresh démontre l’importance prise par Al-Jazira. « C’est le moment (l’invasion de Gaza par Israël) où les images du Proche-Orient submergent les écrans de télévision du monde. Nous en savons bien plus sur cet affrontement, aussi bien en Europe que dans le reste du monde, que sur n’importe quel autre. Même si chacun n’en maîtrise évidemment pas les tenants et les aboutissants, chacun a lu ou entendu mille et une analyses, vu mille et un reportages. La révolution technologique de la fin des années 1980, avec le numérique et les chaînes de télévision d’information en direct, permet aux téléspectateurs de vivre de plain-pied dans l’actualité. Le monopole de CNN durant la première guerre du Golfe (1990-1991) ayant été battu en brèche par les chaînes satellitaires arabes – et surtout par la plus célèbre d’entre elles, Al-Jazira –, et l’utilisation par des individus sur le terrain de portables et de caméras vidéos se généralisant, plusieurs récits s’entendent désormais sur la scène mondiale, pour la première fois depuis l’effondrement de l’URSS et la disparition du « camp socialiste ». Et le récit d’Al-Jazira et des autres chaînes du Sud a d’autant plus d’impact que ces médias répondent aux critères occidentaux de professionnalisme… »
De quoi s’inquiète donc B’Nai Brith? D’une source fiable d’information susceptible de nous en révéler davantage sur les exactions commises par le gouvernement israélien à l’endroit du peuple palestinien qui, depuis des années maintenant, vit dans un immense camp de concentration appelé territoire autonome?
Si le CRTC autorise la diffusion de Fox News, qui, selon les humeurs de ses commentateurs, traite le président Obama de communiste et de fasciste, comment peut-il barrer le passage à Al-Jazira English?
Quand la liberté ne retient qu’une expression
Tout entier les droits sont remis en question
Toute liberté d’information
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