mercredi 12 décembre 2007

La bourse et sa vie… à Montréal


La Bourse de Montréal ne sera bientôt plus qu’un nom inscrit sur la façade de la Place Victoria, puisque son identité se déclinera sous son véritable patronyme : la Bourse de Toronto, dont l’institution montréalaise ne sera plus qu’un produit dérivé.

Les gaz à effets de serre rendent sans doute euphorique. Le premier ministre Jean Charest voit dans la disparition de la bourse montréalaise un passeport vers la bourse du carbone. Il est vrai que le monoxyde de carbone endort la personne qui en respire les effluves jusqu’à ce qu’elle succombe sans même s’être aperçue des effets toxiques subis par son organisme.

Après avoir vu le marché boursier traditionnel quitter la ville de Montréal, en 1999, ce qui chagrinait les dirigeants de la province. Voilà que le créneau développé par les lambeaux de la dépouille laissée sur place, les produits dérivés, passent sous le contrôle des torontois qui se sont donné le temps de constater que ce créneau recelait un potentiel suffisamment prometteur pour qu’ils s’y intéressent, puis s’en emparent.

Le jovialiste premier ministre du Québec y voit une occasion en or d’ajouter aux transactions sur les produits dérivés, une bourse du carbone. Cet ambitieux projet pourra certes voir le jour si les dirigeants de la nouvelle entité y consentent. En tout cas à cinq membres du conseil d’administration sur 18, les représentants de la portion montréalaise de la Bourse de Toronto à Montréal ne pourront que s’incliner devant la décision majoritaire qui sera prise à l’égard de la filiale.

Le Québec se vide lentement mais sûrement du peu de substance financière que ses entrepreneurs avaient réussi à développer au cours des ans. La bourse de Montréal n’en est qu’un symbole, mais quand même. À sa suite, verra-t-on passer sous contrôle canadien ou étranger des Cascades, Bombardier, Jean Coutu, voire des pans d’Hydro-Québec?

Un sondage rassurant

Rassurant tout de même de prendre connaissance d’un sondage qui démontre que les Québécoises et Québécois font montre de plus de réalisme que leur gouvernement sous la gouverne des Charest, Jérôme-Forget ou Bachand qui apparaissent presque complètement dépourvus de fibres nationalistes. Léger Marketing nous apprend ainsi que 63% des Québécois aimeraient qu’une constitution interne protège la prédominance du français, le patrimoine historique, l’égalité des sexes et la laïcité.

En d’autres mots, une majorité de la population québécoise, contrairement à ses dirigeants, croit dans les valeurs fondamentales qui ont mené au Québec contemporain. Le Canada français d’autrefois abandonnait la chose économique aux anglophones qui venaient s’établir dans la province, puisque, sous la houlette du clergé, la gestion des biens matériels et le développement économique n’étaient pas des activités bénies par le dieu des catholiques. Seuls ces libertaires de protestants pouvaient s’adonner à ces jeux d’accumulation de capital au détriment du dur labeur réalisé de pair avec un foyer constitué d’une nombreuse famille.

Au long des années, le Québec s’est doté des institutions qui, un jour peut-être, sauront lui servir de base pour la constitution d’un pays, à la condition que celles et ceux qui nous gouvernent présentement n’aliènent pas ce qui a été réalisé jusqu’ici. Après la finance, ce sera l’économie, puis le politique, puis la langue, puis la culture… Jusqu’à peau de chagrin.

Si je ne croyais plus en toi je ne croirais plus au pays
J’aurais déserté la légende assourdie des fleuves
J’aurais saboté les plus hautes tours
Pour cacher mon mal et ma honte

Jean-Guy Pilon (On ne choisit pas ses armes)

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