vendredi 7 décembre 2007

États-Unis Le président ne sait ni lire ni compter



Les élections s’en viennent à grands pas aux États-Unis. Le président le sait. Le Parti républicain le sait aussi. Que fait le parti au pouvoir à l’aube d’une période électorale dont l’issue s’annonce très serrée? Comment rallier cet électorat qui délaisse les républicains en faveur des démocrates?

La stratégie républicaine est simple : accorder à la population des bénéfices qui la ramènera dans le giron et inciter le président à en faire autant. Les militants républicains réclament aussi de leur président, George W. Bush, qu’il adopte des mesures qui profiteront à son parti. Mais voilà, le président éprouve bien des difficultés à livrer la marchandise. Mais ce n’est pas faute d’essayer.

En politique extérieure, le président multiplie les efforts, par Condoleeza Rice interposée, pour rapprocher Israéliens et Palestiniens. Toutefois, pendant que les dirigeants du Moyen orient se rendent dans la banlieue de Washington et que M. Bush se pavane à leurs côtés, sur le terrain, les opposants ne désarment pas, c’est le cas de le dire. Bush faillit donc dans sa tentative à exhiber son talent de médiateur et les républicains en sont pour leurs frais.

Non seulement le président doit constater la pente ardue à gravir pour ramener la paix entre Israël et ses voisins, il doit également affronter des rapports de ses propres services secrets qui lui apprennent que les Iraniens ont depuis un bout de temps abandonné leur programme d’armement nucléaire.

Devant cet état de fait, il faut lire la réplique présidentielle, en parlant de son chef du renseignement, Mike McConnell, qui lui a bien dit en août avoir « de nouvelles informations, il ne m’a pas dit ce qu’étaient ces informations ».

Cette séquence rappelle étrangement l’épisode des armes de destruction massive de l’Irak qui n’ont jamais été dénichées, ce qui n’empêche pas de continuer de mettre ce pays à feu et à sang en y injectant des sommes inimaginables. De fait, à la mi-novembre on estimait à 1,5 trillion de dollars (1,5 million de millions de dollars) le coût des guerres d’Afghanistan et de l’Irak.

Ces dépenses astronomiques incitent le président à opposer son veto sur un programme d’aide de 35 millions $ destinés aux enfants des familles dont les revenus se situent au niveau du seuil de la pauvreté, mais va pour un plan d’aide à l’intention de 1,2 million de propriétaires de maison aux prises avec des hypothèques dont ils ne peuvent plus rencontrer l’échéance.

Un total de 1,2 million de propriétaires, c’est une goutte d’eau dans un marché hypothécaire lourdement perturbé et, qui plus est, ce programme n’implique aucun déboursé de la part du gouvernement fédéral. Il reporte seulement le fardeau de la situation dans cinq ans, soit après le départ du président en poste et ne touche à peu près pas ni la Californie ni la Floride, états qui ont vécu le plus fortement le boom des hypothèques à risques de 2000 à 2005.

Les contribuables des états qui ont élu des gouverneurs issus du Parti républicain profitent cependant de certaines largesses, comme ceux de la Floride. Dans cet état, le gouverneur Charlie Crist promet des réductions de taxes même s’il est confronté à un manque à gagner de 2,5 milliards $ sur les deux années à venir. Les syndicats des employés des services publics dénoncent avec véhémence la volonté du gouverneur Crist en arguant que la concrétisation de cette promesse se traduira par une diminution notable des services à la population.

Sondages

Les stratèges républicains, eux, gardent l’œil sur les sondages qui font glisser toujours davantage la popularité de leurs candidats en lutte pour la présidentielle au profit de leurs rivaux démocrates. Le dernier sondage de l’Institut Harris, à la fois national et international, confirme une avance d’Hillary Clinton, que ce soit face à ses adversaires démocrates ou républicains. 22% des Américains favorisent Mme Clinton contre 12% pour Rudolf Giuliani. À l’étranger, Hillary Clinton arrive en tête en France (35%) et en Allemagne (44%). Giuliani, à son meilleur, arrive en seconde position en Grande-Bretagne (10%), en Italie (19%) et en Espagne (7%).

Et les politiques du président Bush sont durement jugées. Les Américains en sont insatisfaits dans un ordre de 56%. Ailleurs, c’est pire. Les Britanniques, les Allemands et les Français s’y opposent avec des niveaux respectifs de 65%, 77% et 79%.

Le président Bush s’avère être l’ancre aux pieds de ses alliés politiques. À quand un débat contradictoire entre les candidats présidentiels républicains et le président lui-même? Les premiers pourraient ainsi se démarquer des tares qui semblent affliger ce dernier : incapacité de lire correctement les rapports qui lui sont soumis, incapacité d’additionner les sommes faramineuses que coûtent deux guerres qui n’en finissent plus de durer, au détriment des programmes dont pourraient bénéficier ses compatriotes.

Mensonge des formes qui reposent
Pour mieux s’illusionner de paix
Et faire à la douleur une pause…


Guy Delahaye (Mensonge d’un portrait)

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