vendredi 14 décembre 2007

États-Unis Démocratie du secret

Le président des États-Unis gère secrètement mais efficacement son administration, tout particulièrement pour ce qui concerne ses orientations fondamentales, sinon fondamentalistes. Ainsi, la CIA (Central Intelligence Agency) torture et détruit les preuves de ses exactions; le procureur général congédie ses substituts jugés trop pusillanimes au goût du président.

George W. Bush n’agit jamais au grand jour, cela va de soi. Il laisse ses « agents » transmettre ses volontés et clame bien haut son ignorance lorsque le scandale éclabousse son administration.

Dans le cas des interrogatoires « musclées » menées par la CIA, autrement dit de suspects torturés, le tout enregistré sur des bandes ensuite détruites, le président affirme ne pas se souvenir avoir été informé de la destruction de ces bandes avant la semaine dernière. Il ne dit pas qu’il n’avait pas été préalablement informé, mais qu’il ne s’en souvient pas. La mémoire étant une faculté qui oublie, chez M. Bush ces oublis se multiplient.

Cette histoire de destruction de bandes enregistrées d’interrogatoires sous torture rend le Parti républicain tellement mal à l’aise que même les candidats à l’investiture du parti en vue des élections présidentielles de 2008 gardent leurs distances. Pour John McCain, prisonnier pendant la guerre du Vietnam, « cela écorne la crédibilité et l’image de l’Amérique dans le monde, encore une fois ». Intéressant cet « encore une fois ». On piaffe d’impatience d’entendre le candidat défiler les fois précédentes.

Le sénateur républicain Chuck Hagel s’interroge : « Brûler des bandes, détruire des preuves : je ne sais pas où cela va. Cela peut-il conduire à de l’obstruction de justice? »

Le directeur de la CIA, Michael Hayden, qui n’était pas en poste au moment des interrogatoires en question, se contente de laisser tomber « nous détaillerons les faits et je serai heureux de laisser les faits parler d’eux-mêmes ». C’est tout dire et ne rien dire à la fois.


L’avocat de l’année
Le scepticisme face à la Maison blanche tourne rapidement au fatalisme et pousse même les plus sérieux des acteurs sociopolitiques à manier l’ironie. Ainsi en est-il de l’Association du barreau américain qui nomme comme avocat de l’année Alberto Gonzales, ministre de la Justice et procureur général des États-Unis qui a été poussé à la démission après avoir congédié près d’une dizaine de substituts du procureur qui n’épousaient pas les vues politiques du président.

Comme toujours, le président ignore tout et ne peut élaborer sur le sujet. Qui plus est, M. Bush est chagriné du départ de M. Gonzales qu’il qualifie, de surcroît, de digne serviteur du peuple.

Le pays, qui se targue d’être le porte-étendard incontesté d’une démocratie qu’il entend implanter partout à travers le monde, sécrète une culture du secret justement incompatible avec ce mode de gouvernement. En réalité assistons-nous à la fin d’un régime démocra – tique? Soit un gouvernement qui nous aura fait tiquer plus souvent qu’à son tour.

Caille, caille, beau sourire
danse, danse en souliers plats
pour le meilleur et le pire
dans ton dernier falbala

Suzanne Paradis (Pas de deux)

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