samedi 15 décembre 2007
Temps des fêtes temps de répit
Je vous quitte pour la période des fêtes. Un moment de répit et de réflexion. Le plaisir d'informer est proportionnel à celui de se ressourcer. Profitez bien de cette pause et l'on se retrouve vers la mi- janvier.
Yvan Sinotte, rédacteur
Si votre vitre est un jardin de givre
La mer sur la mienne se mire
vendredi 14 décembre 2007
États-Unis Démocratie du secret
Le président des États-Unis gère secrètement mais efficacement son administration, tout particulièrement pour ce qui concerne ses orientations fondamentales, sinon fondamentalistes. Ainsi, la CIA (Central Intelligence Agency) torture et détruit les preuves de ses exactions; le procureur général congédie ses substituts jugés trop pusillanimes au goût du président.
George W. Bush n’agit jamais au grand jour, cela va de soi. Il laisse ses « agents » transmettre ses volontés et clame bien haut son ignorance lorsque le scandale éclabousse son administration.
Dans le cas des interrogatoires « musclées » menées par la CIA, autrement dit de suspects torturés, le tout enregistré sur des bandes ensuite détruites, le président affirme ne pas se souvenir avoir été informé de la destruction de ces bandes avant la semaine dernière. Il ne dit pas qu’il n’avait pas été préalablement informé, mais qu’il ne s’en souvient pas. La mémoire étant une faculté qui oublie, chez M. Bush ces oublis se multiplient.
Cette histoire de destruction de bandes enregistrées d’interrogatoires sous torture rend le Parti républicain tellement mal à l’aise que même les candidats à l’investiture du parti en vue des élections présidentielles de 2008 gardent leurs distances. Pour John McCain, prisonnier pendant la guerre du Vietnam, « cela écorne la crédibilité et l’image de l’Amérique dans le monde, encore une fois ». Intéressant cet « encore une fois ». On piaffe d’impatience d’entendre le candidat défiler les fois précédentes.
Le sénateur républicain Chuck Hagel s’interroge : « Brûler des bandes, détruire des preuves : je ne sais pas où cela va. Cela peut-il conduire à de l’obstruction de justice? »
Le directeur de la CIA, Michael Hayden, qui n’était pas en poste au moment des interrogatoires en question, se contente de laisser tomber « nous détaillerons les faits et je serai heureux de laisser les faits parler d’eux-mêmes ». C’est tout dire et ne rien dire à la fois.
L’avocat de l’année
Le scepticisme face à la Maison blanche tourne rapidement au fatalisme et pousse même les plus sérieux des acteurs sociopolitiques à manier l’ironie. Ainsi en est-il de l’Association du barreau américain qui nomme comme avocat de l’année Alberto Gonzales, ministre de la Justice et procureur général des États-Unis qui a été poussé à la démission après avoir congédié près d’une dizaine de substituts du procureur qui n’épousaient pas les vues politiques du président.
Comme toujours, le président ignore tout et ne peut élaborer sur le sujet. Qui plus est, M. Bush est chagriné du départ de M. Gonzales qu’il qualifie, de surcroît, de digne serviteur du peuple.
Le pays, qui se targue d’être le porte-étendard incontesté d’une démocratie qu’il entend implanter partout à travers le monde, sécrète une culture du secret justement incompatible avec ce mode de gouvernement. En réalité assistons-nous à la fin d’un régime démocra – tique? Soit un gouvernement qui nous aura fait tiquer plus souvent qu’à son tour.
Caille, caille, beau sourire
danse, danse en souliers plats
pour le meilleur et le pire
dans ton dernier falbala
Suzanne Paradis (Pas de deux)
George W. Bush n’agit jamais au grand jour, cela va de soi. Il laisse ses « agents » transmettre ses volontés et clame bien haut son ignorance lorsque le scandale éclabousse son administration.
Dans le cas des interrogatoires « musclées » menées par la CIA, autrement dit de suspects torturés, le tout enregistré sur des bandes ensuite détruites, le président affirme ne pas se souvenir avoir été informé de la destruction de ces bandes avant la semaine dernière. Il ne dit pas qu’il n’avait pas été préalablement informé, mais qu’il ne s’en souvient pas. La mémoire étant une faculté qui oublie, chez M. Bush ces oublis se multiplient.
Cette histoire de destruction de bandes enregistrées d’interrogatoires sous torture rend le Parti républicain tellement mal à l’aise que même les candidats à l’investiture du parti en vue des élections présidentielles de 2008 gardent leurs distances. Pour John McCain, prisonnier pendant la guerre du Vietnam, « cela écorne la crédibilité et l’image de l’Amérique dans le monde, encore une fois ». Intéressant cet « encore une fois ». On piaffe d’impatience d’entendre le candidat défiler les fois précédentes.
Le sénateur républicain Chuck Hagel s’interroge : « Brûler des bandes, détruire des preuves : je ne sais pas où cela va. Cela peut-il conduire à de l’obstruction de justice? »
Le directeur de la CIA, Michael Hayden, qui n’était pas en poste au moment des interrogatoires en question, se contente de laisser tomber « nous détaillerons les faits et je serai heureux de laisser les faits parler d’eux-mêmes ». C’est tout dire et ne rien dire à la fois.
L’avocat de l’année
Le scepticisme face à la Maison blanche tourne rapidement au fatalisme et pousse même les plus sérieux des acteurs sociopolitiques à manier l’ironie. Ainsi en est-il de l’Association du barreau américain qui nomme comme avocat de l’année Alberto Gonzales, ministre de la Justice et procureur général des États-Unis qui a été poussé à la démission après avoir congédié près d’une dizaine de substituts du procureur qui n’épousaient pas les vues politiques du président.
Comme toujours, le président ignore tout et ne peut élaborer sur le sujet. Qui plus est, M. Bush est chagriné du départ de M. Gonzales qu’il qualifie, de surcroît, de digne serviteur du peuple.
Le pays, qui se targue d’être le porte-étendard incontesté d’une démocratie qu’il entend implanter partout à travers le monde, sécrète une culture du secret justement incompatible avec ce mode de gouvernement. En réalité assistons-nous à la fin d’un régime démocra – tique? Soit un gouvernement qui nous aura fait tiquer plus souvent qu’à son tour.
Caille, caille, beau sourire
danse, danse en souliers plats
pour le meilleur et le pire
dans ton dernier falbala
Suzanne Paradis (Pas de deux)
mercredi 12 décembre 2007
La bourse et sa vie… à Montréal
La Bourse de Montréal ne sera bientôt plus qu’un nom inscrit sur la façade de la Place Victoria, puisque son identité se déclinera sous son véritable patronyme : la Bourse de Toronto, dont l’institution montréalaise ne sera plus qu’un produit dérivé.
Les gaz à effets de serre rendent sans doute euphorique. Le premier ministre Jean Charest voit dans la disparition de la bourse montréalaise un passeport vers la bourse du carbone. Il est vrai que le monoxyde de carbone endort la personne qui en respire les effluves jusqu’à ce qu’elle succombe sans même s’être aperçue des effets toxiques subis par son organisme.
Après avoir vu le marché boursier traditionnel quitter la ville de Montréal, en 1999, ce qui chagrinait les dirigeants de la province. Voilà que le créneau développé par les lambeaux de la dépouille laissée sur place, les produits dérivés, passent sous le contrôle des torontois qui se sont donné le temps de constater que ce créneau recelait un potentiel suffisamment prometteur pour qu’ils s’y intéressent, puis s’en emparent.
Le jovialiste premier ministre du Québec y voit une occasion en or d’ajouter aux transactions sur les produits dérivés, une bourse du carbone. Cet ambitieux projet pourra certes voir le jour si les dirigeants de la nouvelle entité y consentent. En tout cas à cinq membres du conseil d’administration sur 18, les représentants de la portion montréalaise de la Bourse de Toronto à Montréal ne pourront que s’incliner devant la décision majoritaire qui sera prise à l’égard de la filiale.
Le Québec se vide lentement mais sûrement du peu de substance financière que ses entrepreneurs avaient réussi à développer au cours des ans. La bourse de Montréal n’en est qu’un symbole, mais quand même. À sa suite, verra-t-on passer sous contrôle canadien ou étranger des Cascades, Bombardier, Jean Coutu, voire des pans d’Hydro-Québec?
Un sondage rassurant
Rassurant tout de même de prendre connaissance d’un sondage qui démontre que les Québécoises et Québécois font montre de plus de réalisme que leur gouvernement sous la gouverne des Charest, Jérôme-Forget ou Bachand qui apparaissent presque complètement dépourvus de fibres nationalistes. Léger Marketing nous apprend ainsi que 63% des Québécois aimeraient qu’une constitution interne protège la prédominance du français, le patrimoine historique, l’égalité des sexes et la laïcité.
En d’autres mots, une majorité de la population québécoise, contrairement à ses dirigeants, croit dans les valeurs fondamentales qui ont mené au Québec contemporain. Le Canada français d’autrefois abandonnait la chose économique aux anglophones qui venaient s’établir dans la province, puisque, sous la houlette du clergé, la gestion des biens matériels et le développement économique n’étaient pas des activités bénies par le dieu des catholiques. Seuls ces libertaires de protestants pouvaient s’adonner à ces jeux d’accumulation de capital au détriment du dur labeur réalisé de pair avec un foyer constitué d’une nombreuse famille.
Au long des années, le Québec s’est doté des institutions qui, un jour peut-être, sauront lui servir de base pour la constitution d’un pays, à la condition que celles et ceux qui nous gouvernent présentement n’aliènent pas ce qui a été réalisé jusqu’ici. Après la finance, ce sera l’économie, puis le politique, puis la langue, puis la culture… Jusqu’à peau de chagrin.
Si je ne croyais plus en toi je ne croirais plus au pays
J’aurais déserté la légende assourdie des fleuves
J’aurais saboté les plus hautes tours
Pour cacher mon mal et ma honte
Jean-Guy Pilon (On ne choisit pas ses armes)
lundi 10 décembre 2007
Otages en Colombie Uribe prêt à négocier
La pression internationale allant en s’intensifiant, sous l’impulsion de la France et de son président Nicolas Sarkozy, M. Alvaro Uribe, président de la Colombie, semble jeter du lest et entrouvrir la porte à une négociation avec les Forces armées révolutionnaires de la Colombie (FARC) qui détiennent, depuis plusieurs années dans certains cas, 50 otages, dont trois Américains et la Franco-colombienne Ingrid Betancourt.
En saisissant de la sorte la pole tendue par le président de la France, le dirigeant colombien démontre à la face de la communauté internationale qu’il n’est pas si buté qu’il n’y paraît et, surtout, écarte du décor son homologue Hugo Chávez du Venezuela. Il n’empêche que Chávez se profile toujours en coulisses.
De fait, que le président Uribe le veuille ou non, c’est Hugo Chávez qui s’est pointé à l’Élysée à Paris pour discuter de cette question avec M. Sarkosy. Conscient que les propos échangés entre lui et le président de la Colombie ne faisaient qu’envenimer la situation en s’inscrivant dans une escalade verbale sans issue, Chávez, en douceur, s’est trouvé à passer le relais à la France. Agissant ainsi, il sauvait les apparences, tant pour lui que pour Uribe. Il s’esquivait laissant les initiatives à venir aux chefs d’état français et colombien.
C’est ainsi que le président Uribe offre de dépêcher une délégation en vue d’entreprendre des discussions avec les dirigeants des FARC dans un territoire démilitarisé, à l’écart de toute région habitée, où les parties se présenteront désarmées.
Le président Uribe précise cependant : « L’église catholique et la Commission nationale de conciliation nous proposent maintenant des pourparlers en zone neutre. Le gouvernement exprime sa volonté d’accepter cette rencontre, à certaines conditions. »
Outre le désarmement des négociateurs et l’absence de population aux alentours du site, Alvaro Uribe réclame la présence d’observateurs internationaux.
Les FARC attendues
Les dirigeants des FARC n’ont pas encore manifesté leurs intentions quoiqu’ils sentent sans doute aussi quelque pression devant l’ouverture survenue de la part du gouvernement. Ils ont ainsi toujours affirmé qu’ils ne négocieraient pas sans leurs armes.
Le chef de l’opposition colombienne, le sénateur Gustavo Petro salue l’attitude du président qu’il qualifie de bon geste politique et humanitaire.
L’ex-président Andrès Pastrana estime, quant à lui, que la route vers un règlement concernant les otages sera parsemé d’embûches et appelle toutes les forces politiques du pays à démontré, face à la guérilla, leur solidarité politique en faveur d’une libération des otages.
Les FARC, de leur côté, réclament, en échange des otages détenus, la libération de 500 guérilleros. Uribe, pour sa part, exige que ceux-ci, s’ils recouvrent leur liberté s’engagent à ne pas reprendre le maquis. Il maintient toujours également son offre de remettre 50 000 $ à chaque guérillero qui se rendra aux autorités en libérant l’un des 3000 otages détenus.
De leur côté, les FARC devront aussi démontrer ouverture et souplesse. Des pourparlers de cette nature sont intervenus il y a une dizaine d’années entre Andres Pastrana et les révolutionnaires qui en avaient profité pour s’implanter dans la région où s’étaient tenu les discussions et intensifier par la suite leur lutte dans la région.
Ce qui ne laisse d’étonner, c’est la surprenante discrétion des États-Unis dans le processus en cours, en supposant qu’il y ait bien processus. Il faut reconnaître que s’ils se manifestaient on les accuserait d’ingérence tout comme leur silence laisse planer des doutes sur du tirage de ficelles en coulisses. Après tout, la liberté de trois de leurs ressortissants est en jeu. Règle générale, s’agissant des leurs, ils ont la gâchette pas mal plus facile.
Dans les profondeurs du sommeil
Dans les secrets voyages de la nuit
Dans le noir blessé des néons
Je vois la mer
Gilles Vigneault (Dans les sirènes…)
vendredi 7 décembre 2007
États-Unis Le président ne sait ni lire ni compter
Les élections s’en viennent à grands pas aux États-Unis. Le président le sait. Le Parti républicain le sait aussi. Que fait le parti au pouvoir à l’aube d’une période électorale dont l’issue s’annonce très serrée? Comment rallier cet électorat qui délaisse les républicains en faveur des démocrates?
La stratégie républicaine est simple : accorder à la population des bénéfices qui la ramènera dans le giron et inciter le président à en faire autant. Les militants républicains réclament aussi de leur président, George W. Bush, qu’il adopte des mesures qui profiteront à son parti. Mais voilà, le président éprouve bien des difficultés à livrer la marchandise. Mais ce n’est pas faute d’essayer.
En politique extérieure, le président multiplie les efforts, par Condoleeza Rice interposée, pour rapprocher Israéliens et Palestiniens. Toutefois, pendant que les dirigeants du Moyen orient se rendent dans la banlieue de Washington et que M. Bush se pavane à leurs côtés, sur le terrain, les opposants ne désarment pas, c’est le cas de le dire. Bush faillit donc dans sa tentative à exhiber son talent de médiateur et les républicains en sont pour leurs frais.
Non seulement le président doit constater la pente ardue à gravir pour ramener la paix entre Israël et ses voisins, il doit également affronter des rapports de ses propres services secrets qui lui apprennent que les Iraniens ont depuis un bout de temps abandonné leur programme d’armement nucléaire.
Devant cet état de fait, il faut lire la réplique présidentielle, en parlant de son chef du renseignement, Mike McConnell, qui lui a bien dit en août avoir « de nouvelles informations, il ne m’a pas dit ce qu’étaient ces informations ».
Cette séquence rappelle étrangement l’épisode des armes de destruction massive de l’Irak qui n’ont jamais été dénichées, ce qui n’empêche pas de continuer de mettre ce pays à feu et à sang en y injectant des sommes inimaginables. De fait, à la mi-novembre on estimait à 1,5 trillion de dollars (1,5 million de millions de dollars) le coût des guerres d’Afghanistan et de l’Irak.
Ces dépenses astronomiques incitent le président à opposer son veto sur un programme d’aide de 35 millions $ destinés aux enfants des familles dont les revenus se situent au niveau du seuil de la pauvreté, mais va pour un plan d’aide à l’intention de 1,2 million de propriétaires de maison aux prises avec des hypothèques dont ils ne peuvent plus rencontrer l’échéance.
Un total de 1,2 million de propriétaires, c’est une goutte d’eau dans un marché hypothécaire lourdement perturbé et, qui plus est, ce programme n’implique aucun déboursé de la part du gouvernement fédéral. Il reporte seulement le fardeau de la situation dans cinq ans, soit après le départ du président en poste et ne touche à peu près pas ni la Californie ni la Floride, états qui ont vécu le plus fortement le boom des hypothèques à risques de 2000 à 2005.
Les contribuables des états qui ont élu des gouverneurs issus du Parti républicain profitent cependant de certaines largesses, comme ceux de la Floride. Dans cet état, le gouverneur Charlie Crist promet des réductions de taxes même s’il est confronté à un manque à gagner de 2,5 milliards $ sur les deux années à venir. Les syndicats des employés des services publics dénoncent avec véhémence la volonté du gouverneur Crist en arguant que la concrétisation de cette promesse se traduira par une diminution notable des services à la population.
Sondages
Les stratèges républicains, eux, gardent l’œil sur les sondages qui font glisser toujours davantage la popularité de leurs candidats en lutte pour la présidentielle au profit de leurs rivaux démocrates. Le dernier sondage de l’Institut Harris, à la fois national et international, confirme une avance d’Hillary Clinton, que ce soit face à ses adversaires démocrates ou républicains. 22% des Américains favorisent Mme Clinton contre 12% pour Rudolf Giuliani. À l’étranger, Hillary Clinton arrive en tête en France (35%) et en Allemagne (44%). Giuliani, à son meilleur, arrive en seconde position en Grande-Bretagne (10%), en Italie (19%) et en Espagne (7%).
Et les politiques du président Bush sont durement jugées. Les Américains en sont insatisfaits dans un ordre de 56%. Ailleurs, c’est pire. Les Britanniques, les Allemands et les Français s’y opposent avec des niveaux respectifs de 65%, 77% et 79%.
Le président Bush s’avère être l’ancre aux pieds de ses alliés politiques. À quand un débat contradictoire entre les candidats présidentiels républicains et le président lui-même? Les premiers pourraient ainsi se démarquer des tares qui semblent affliger ce dernier : incapacité de lire correctement les rapports qui lui sont soumis, incapacité d’additionner les sommes faramineuses que coûtent deux guerres qui n’en finissent plus de durer, au détriment des programmes dont pourraient bénéficier ses compatriotes.
Mensonge des formes qui reposent
Pour mieux s’illusionner de paix
Et faire à la douleur une pause…
Guy Delahaye (Mensonge d’un portrait)
mercredi 5 décembre 2007
Québec Une province canadienne moins française
L’alignement des astres a de ces caprices que la politique semble toute disposée à exploiter à son profit. Le lundi 3 décembre marquait l’anniversaire du vote de la Chambre des communes reconnaissant le Québec comme nation; le premier ministre canadien, Stephen Harper, annonce une tournée de consultations sur les langues officielles et nommer Bernard Lord pour la piloter; le lendemain, Statistique Canada publie les données du recensement de 2006 qui confirme le recul du français partout au Canada, Québec inclus.
Ainsi, au Québec, pour la première fois, le pourcentage des personnes ayant le français comme langue maternelle est en deçà de 80%. Dans la métropole, Montréal, les francophones sont maintenant minoritaires. Sur la scène canadienne, en 35 ans, les francophones ont perdu quatre points de pourcentage à 22,1%.
Le dérapage de l’usage du français au Québec a été freiné par l’application de la loi 101 qui oblige les enfants de familles immigrantes à fréquenter l’école française, sinon on assisterait au même phénomène qui frappe les autres provinces canadiennes où les francophones ne représentent plus que 4,1% de la population.
Ces constats résultent du rêve du Canada bilingue de Pierre Elliott Trudeau dont son descendant direct, Stéphane Dion, fait encore l’apologie. Au moins, Stephen Harper se montre plus réaliste et, sachant que les données de Statistique Canada allaient occasionner des interrogations, des inquiétudes, des constats d’échec au sein des communautés francophones, il sort du chapeau le modèle bilingue du Canada anglais : Bernard Lord, ancien premier ministre de la seule province bilingue du Canada, le Nouveau-Brunswick. La mission de Bernard Lord : guider le gouvernement appelé à dévoiler l’an prochain la mise à jour du Plan d’action sur les langues officielles.
Il faut donc en conclure que la présence à Ottawa d'un commissaire aux langues officielles et, au Canada, d’une Fédération des communautés francophones et acadiennes ne suffise pas pour inspirer au gouvernement en place le chemin à emprunter pour sauvegarder la présence francophone hors Québec. Toutefois, pas question, selon toute vraisemblance, qu’Ottawa réactive le programme de contestation judiciaire qui permettait, jusqu’à sa dissolution par le gouvernement Harper, d’assumer les frais juridiques entraînés par la contestation judiciaire de certaines mesures législatives adoptées par les gouvernements fédéral ou provinciaux. L’hôpital Montfort à Ottawa a survécu, notamment, sur le front judiciaire, grâce aux fonds provenant de ce programme et à la mobilisation nationale que la cause a suscitée.
L'influence du travail
Au Québec, il devient évident que la seule fréquentation de l’école française ne suffit pas, non plus que le recrutement d’une immigration puisée dans les pays où prime la langue française. C’est au travail que ça se passe. Et le travail, surtout dans le domaine des technologies de l’information, exige l’anglais, terre anglo-américaine oblige. Le Québec, avec 5,7 millions de parlant français, ne fait pas le poids avec le Rest of Canada (ROC) et les États-Unis qui rassemblent plus de 300 millions d’anglophones.
Une étude menée aux États-Unis par le Pew Hispanic Center, un organisme de recherche sans but lucratif, démontre d’ailleurs que la crainte, entretenue par les Américains à l’effet que l’immigration latine allait mener à la formation de ghettos hispanisant, était sans fondement. En effet, la deuxième génération de familles immigrées, souhaitant de meilleurs emplois, s’intègre à la majorité. Voilà ce qui facilite ensuite le dialogue avec le voisinage et les profs des enfants.
La langue est aussi le reflet de notre culture et ce qui lui donne sa teinte particulière. Dépourvue de la langue française, la culture dite québécoise, dans sa littérature, son théâtre, son cinéma, sa musique, son architecture et ses arts visuels se déformera à force de contorsions pour résister à l’attraction du pôle anglicisant qui attire les nouveaux arrivés tout comme sa propre progéniture.
Les Québécoises et Québécois, auront beau s’affirmer comme nation sur tous les toits, il n’en demeure pas moins que la lucidité doit les conduire à reconnaître qu’elles et ils sont des Canadiens français qui évoluent dans la province de Québec, la seule province majoritairement française du Canada… pour l’instant.
Mais je n’ai pas accepté
D’être ce désemparé,
Qui regarde s’agrandir,
À mesurer la distance,
Un vide à combler d’espoir.
Jean-Aubert Loranger (Ébauche d’un départ définitif)
mardi 4 décembre 2007
Radio Floride Propos d'actualité en direct ou par Internet
En direct: du lundi au vendredi, à compter de 8h05, au 980 AM
Internet: radiofloride.com
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lundi 3 décembre 2007
Hémisphère sud La constitution idéale
Hugo Chávez aura raté son rendez-vous avec les modifications constitutionnelles qu’il envisageait pour son pays afin de réaliser ce qu’il appelle « le socialisme du 21ème siècle ». Ce revers référendaire demeure tout de même une surprise puisque le président du Venezuela a connu, cinq fois d’affilée, des victoires lorsqu’il a recouru au verdict populaire depuis son élection en 1998. Hugo Chávez peut toutefois demeurer en fonction jusqu’en 2013.
Cette impulsion constitutionnelle suscitée par le président vénézuélien s’est rapidement propagée chez les pays voisins et plus loin jusque dans les Caraïbes et les Antilles. Les réformes constitutionnelles, règle générale, sont loin de soulever les passions. Or, à observer ce qui se déroule dans l’hémisphère sud, la constitution est quand même un sujet de débat, voire d’affrontement.
S’il se trouve des pays, comme le Canada, par exemple, qui font des pieds et des mains pour éviter d’aborder cet aspect de la vie nationale, d’autres y trouvent ou souhaitent y découvrir une source de renouvellement, de rajeunissement des institutions en place, du comportement adéquat à adopter pour y recourir, tout en visant l’assainissement des mœurs politiques.
La constitution d’un pays regroupe l’ensemble des textes fondamentaux qui donnent la forme du gouvernement, établit et règle les rapports entre gouvernants et gouvernés et détermine l’organisation des pouvoirs publics. Voilà la définition générale donnée à ce document qui, une fois adopté, génère ou bien la crainte des gouvernements en place d’y toucher ou la possibilité de procéder à une mise à jour des règles à appliquer pour s’ajuster aux aspirations de l’électorat.
Les gouvernements étrangers, souvent méfiants, y voient parfois une manigance du gouvernement en place pour s’accaparer davantage de pouvoirs, comme les États-Unis et leurs alliés de Colombie et du Pérou l’ont martelé tout au long de la campagne menée par Chávez.
Le Chili et la Colombie ont récemment amendé leur constitution respective visant à modifier les règles concernant les mandats présidentiels. À Santiago, le mandat du président sera dorénavant de quatre ans au lieu de six. À Bogotá, le président peut maintenant déclencher des élections à ce poste sans devoir respecter la durée complète de son mandat.
La Bolivie, l’Équateur, Trinidad et Tobago et Haïti se penchent également sur la loi fondamentale de leur pays.
Les présidents de la Bolivie et de l’Équateur, Evo Morales et Rafael Correa, ne cachent pas leurs sympathies à l’endroit du président Chávez du Venezuela et leur intention d’amender la constitution de leur pays est perçue chez leurs critiques (lire les États-Unis, la Colombie et le Pérou, notamment) comme une volonté manifeste d’accroître leur pouvoir personnel sur la vie politique de leur pays.
Le gouvernement de Trinidad et Tobago souhaite modifier le système présidentiel en vigueur, alors que le gouvernement haïtien aspire à une constitution qui apporte plus de stabilité économique et un rempart contre la violence qui secoue le pays.
Droits de la personne
Les pays sud-américains ayant vécu le joug de régimes militaires ont procédé à des réformes constitutionnelles dès la disparition des bruits de bottes afin, entre autres, de veiller à la protection légale des personnes. Ce fut le cas des amendements adoptés au Brésil (14), au Chili (7) et en Colombie (11).
Qu’est-ce qui explique la tendance observée de modifier ainsi les constitutions en vigueur dans les pays équatoriaux? Selon les analystes : l’impatience grandissante des populations à l’endroit de régimes politiques qui tardent à offrir un meilleur niveau de vie.
Le directeur de l’Organisation des états américains (OEA), José Miguel Insulza, affirme, pour sa part, que les peuples concernés « croient plus que jamais en la démocratie, mais ils souhaitent une démocratie qui règle leurs problèmes… Derrière l’instabilité d’aujourd’hui repose des années de négligence. »
Il demeure que des modifications apportées à un document, si sacré soit-il, ne sauraient fournir l’assurance d’une vie meilleure pour le plus grand nombre sans la volonté politique d’y parvenir, non plus que d’empêcher des changements d’orientation si cette même volonté se manifeste.
Une bonne constitution est celle qui reçoit l’aval de toutes les parties concernées. Que se passe-t-il au Canada?
Nul ne mettra de terme à l’œuvre commencée;
Et des siècles nombreux devant lui passeront:
Sisyphe, sans faiblir, poursuivra sa pensée…
Car une flamme ardente auréole son front.
Jean Charbonneau (Sisyphe)
vendredi 30 novembre 2007
USA Des présidentielles source d’étincelles
Sans précédent. La course à l’investiture des deux partis qui s’affrontent lors des élections présidentielles américaines a débuté près d’un an avant les premières primaires qui surviendront début janvier prochain en Iowa.
Dès l’amorce des escarmouches, Hillary Rodham Clinton et Rudolph Giuliani, maire de New York lors des événements du 11 septembre 2001, distançaient si bien, dans les médias, leurs adversaires respectifs, que nombreux étaient celles et ceux qui croyaient que les dés en étaient jetés, dans un camp comme dans l’autre, et que le sprint final, entre démocrates et républicains, allait se dérouler entre ces favoris. Avec les mois qui ont passé, les cartes se sont emmêlées et, finalement, les deux camps assistent à une véritable course vers leur investiture respective et les candidats ne se ménagent surtout pas.
Et les nouveaux véhicules médiatiques (un clin d’œil à une jeunesse souvent indifférente aux jeux politiques) viennent ajouter leur grain de sel à l’occasion des débats organisés à l’intention des militants qui souhaitent se faire une idée avant de fixer leur choix sur leur préféré. En juillet dernier, les démocrates ont sollicité les familiers de YouTube pour qu’ils soumettent leur questionnaire. Cette semaine, le jeudi 28 novembre, les internautes « youtubistes » questionnaient les candidats républicains en débat à St.Petersburg en Floride.
La tâche est ardue pour les challengers. Leurs sorties doivent à la fois s’attaquer aux politiques du parti adverse tout en mettant l’emphase sur leur capacité à représenter leur propre parti. Pour atteindre ce dernier objectif, ils doivent remettre en question la crédibilité des adversaires qui, une fois la présidentielle engagée, seront des alliés.
Les républicains
Du côté républicain, les affrontements portent sur l’endiguement de l’immigration et les valeurs religieuses défendues par chacun. L’ancien gouverneur du Massachussetts, Mitt Romney, accuse Giuliani d’avoir fait de New York une ville refuge pour les immigrés clandestins. Giuliani rétorque en révélant que Romney avait employé des travailleurs sans papier sur sa propriété. Pour John McCain, candidat malheureux devant George W. Bush, les immigrants sont « aussi des enfants de Dieu » qui ont besoin « de notre amour et de notre compassion », tout en renforçant les frontières. Enfin, Mike Huckabee, ancien gouverneur de l’Arkansas, est d’avis que les enfants des immigrants, quel que soit leur statut, devraient avoir accès à l’éducation et même à des bourses d’études.
Les sondages réalisés en vue des primaires de l’Iowa, en janvier, sont stupéfiants et placent en tête l’ex-gouverneur de l’Arkansas avec 28% des intentions de vote, contre 25% pour M. Romney qui a dépensé des millions dans cet état ces derniers mois. M. Huckabee, 52 ans, est un ancien pasteur baptiste et appartient à l’aile très conservatrice d’un parti qui l’est déjà suffisamment. Giuliani, à 12%, peine à tirer son épingle du jeu en raison de ses positions, jugées trop libérales, sur le port d’armes, l’avortement et le mariage gai, notamment.
Et sur le président actuel et ses politiques : motus et bouche cousue.
Les démocrates
Chez les démocrates, Hillary Clinton tient tête à un Barack Obama toujours plus agressif. Obama accuse Mme Clinton d’avoir approuvé l’envoi des premières troupes en Irak. Celle-ci soutient qu’elle a voté sur le plan soumis alors par un gouvernement qui, ensuite, devait s’engager sans l’accord de l’ONU.
Ce sont les sondages qui incitent Obama à passer à l’offensive. À la mi-octobre, un Gallup publié par USA Today accordait à Hillary Clinton 50% des votes chez les démocrates contre 21% pour son adversaire. Un autre coup de sonde de l’institut Zogby, survenu une dizaine de jours plus tard, révèle que 50% des répondants ne voteront jamais pour Mme Clinton, un taux en hausse de 4% par rapport à une enquête menée au mois de mars.
Cette même firme publie maintenant un autre sondage, réalisé du 21 au 26 novembre, qui porte un coup dur à Hillary Clinton : si elle devient candidate de son parti, elle serait battue par n’importe quel candidat républicain, alors que ses rivaux, Obama ou John Edwards, battraient l’adversaire républicain. Pourtant, en juillet, Clinton menait par cinq points face à Giuliani.
La millionnaire animatrice de télévision, Oprah Winfrey, montera dans l’autobus de campagne de Barack Obama en vue d’une tournée dans trois états clés des primaires à venir : Iowa, New Hampshire et Caroline du Sud. Selon Gallup, Winfrey est considérée aux États-Unis comme la deuxième femme la plus influente du pays après… Hillary Rodham Clinton.
Insatisfaits et endettés
Les escalades verbales et les écorchures idéologiques portées par les protagonistes des deux camps surviennent devant une nation déçue par ses leaders. Plus des trois quarts des Américains estiment que leur pays souffre d’une crise de leadership.
En outre, la dette publique des États-Unis, pour la première fois de son histoire, a franchi, début novembre, le cap des 9 000 milliards de dollars. Le déficit budgétaire 2007, arrivé à terme en septembre, se chiffre à 162,8 milliards $, tout de même beaucoup plus bas que les 413 milliards $ enregistrés en 2004.
Avec les griffes aussi bien acérées sur leurs concurrents de leur propre camp, les candidats à la présidence ne feront sûrement pas de quartier avec leur adversaire du camp ennemi, à la condition de redonner le goût de la politique à un électorat désabusé.
Le visage impassible et les muscles tendus,
J’anéantis le monde à regarder mon but…
Le coureur intégral prépare sa défaite
S’il ne livre à l’espace une forme parfaite…
Gérard Bessette (Le coureur)
Dès l’amorce des escarmouches, Hillary Rodham Clinton et Rudolph Giuliani, maire de New York lors des événements du 11 septembre 2001, distançaient si bien, dans les médias, leurs adversaires respectifs, que nombreux étaient celles et ceux qui croyaient que les dés en étaient jetés, dans un camp comme dans l’autre, et que le sprint final, entre démocrates et républicains, allait se dérouler entre ces favoris. Avec les mois qui ont passé, les cartes se sont emmêlées et, finalement, les deux camps assistent à une véritable course vers leur investiture respective et les candidats ne se ménagent surtout pas.
Et les nouveaux véhicules médiatiques (un clin d’œil à une jeunesse souvent indifférente aux jeux politiques) viennent ajouter leur grain de sel à l’occasion des débats organisés à l’intention des militants qui souhaitent se faire une idée avant de fixer leur choix sur leur préféré. En juillet dernier, les démocrates ont sollicité les familiers de YouTube pour qu’ils soumettent leur questionnaire. Cette semaine, le jeudi 28 novembre, les internautes « youtubistes » questionnaient les candidats républicains en débat à St.Petersburg en Floride.
La tâche est ardue pour les challengers. Leurs sorties doivent à la fois s’attaquer aux politiques du parti adverse tout en mettant l’emphase sur leur capacité à représenter leur propre parti. Pour atteindre ce dernier objectif, ils doivent remettre en question la crédibilité des adversaires qui, une fois la présidentielle engagée, seront des alliés.
Les républicains
Du côté républicain, les affrontements portent sur l’endiguement de l’immigration et les valeurs religieuses défendues par chacun. L’ancien gouverneur du Massachussetts, Mitt Romney, accuse Giuliani d’avoir fait de New York une ville refuge pour les immigrés clandestins. Giuliani rétorque en révélant que Romney avait employé des travailleurs sans papier sur sa propriété. Pour John McCain, candidat malheureux devant George W. Bush, les immigrants sont « aussi des enfants de Dieu » qui ont besoin « de notre amour et de notre compassion », tout en renforçant les frontières. Enfin, Mike Huckabee, ancien gouverneur de l’Arkansas, est d’avis que les enfants des immigrants, quel que soit leur statut, devraient avoir accès à l’éducation et même à des bourses d’études.
Les sondages réalisés en vue des primaires de l’Iowa, en janvier, sont stupéfiants et placent en tête l’ex-gouverneur de l’Arkansas avec 28% des intentions de vote, contre 25% pour M. Romney qui a dépensé des millions dans cet état ces derniers mois. M. Huckabee, 52 ans, est un ancien pasteur baptiste et appartient à l’aile très conservatrice d’un parti qui l’est déjà suffisamment. Giuliani, à 12%, peine à tirer son épingle du jeu en raison de ses positions, jugées trop libérales, sur le port d’armes, l’avortement et le mariage gai, notamment.
Et sur le président actuel et ses politiques : motus et bouche cousue.
Les démocrates
Chez les démocrates, Hillary Clinton tient tête à un Barack Obama toujours plus agressif. Obama accuse Mme Clinton d’avoir approuvé l’envoi des premières troupes en Irak. Celle-ci soutient qu’elle a voté sur le plan soumis alors par un gouvernement qui, ensuite, devait s’engager sans l’accord de l’ONU.
Ce sont les sondages qui incitent Obama à passer à l’offensive. À la mi-octobre, un Gallup publié par USA Today accordait à Hillary Clinton 50% des votes chez les démocrates contre 21% pour son adversaire. Un autre coup de sonde de l’institut Zogby, survenu une dizaine de jours plus tard, révèle que 50% des répondants ne voteront jamais pour Mme Clinton, un taux en hausse de 4% par rapport à une enquête menée au mois de mars.
Cette même firme publie maintenant un autre sondage, réalisé du 21 au 26 novembre, qui porte un coup dur à Hillary Clinton : si elle devient candidate de son parti, elle serait battue par n’importe quel candidat républicain, alors que ses rivaux, Obama ou John Edwards, battraient l’adversaire républicain. Pourtant, en juillet, Clinton menait par cinq points face à Giuliani.
La millionnaire animatrice de télévision, Oprah Winfrey, montera dans l’autobus de campagne de Barack Obama en vue d’une tournée dans trois états clés des primaires à venir : Iowa, New Hampshire et Caroline du Sud. Selon Gallup, Winfrey est considérée aux États-Unis comme la deuxième femme la plus influente du pays après… Hillary Rodham Clinton.
Insatisfaits et endettés
Les escalades verbales et les écorchures idéologiques portées par les protagonistes des deux camps surviennent devant une nation déçue par ses leaders. Plus des trois quarts des Américains estiment que leur pays souffre d’une crise de leadership.
En outre, la dette publique des États-Unis, pour la première fois de son histoire, a franchi, début novembre, le cap des 9 000 milliards de dollars. Le déficit budgétaire 2007, arrivé à terme en septembre, se chiffre à 162,8 milliards $, tout de même beaucoup plus bas que les 413 milliards $ enregistrés en 2004.
Avec les griffes aussi bien acérées sur leurs concurrents de leur propre camp, les candidats à la présidence ne feront sûrement pas de quartier avec leur adversaire du camp ennemi, à la condition de redonner le goût de la politique à un électorat désabusé.
Le visage impassible et les muscles tendus,
J’anéantis le monde à regarder mon but…
Le coureur intégral prépare sa défaite
S’il ne livre à l’espace une forme parfaite…
Gérard Bessette (Le coureur)
mercredi 28 novembre 2007
FTQ L’irrévérencieux Henri Massé tire sa révérence
Il laissera son empreinte dans le milieu syndical québécois et dans l’évolution des dernières années du tissu social du Québec. Le pragmatique Henri Massé, en quittant la présidence de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), après une dizaine d’années à ce poste, coiffe ainsi 40 ans de militantisme syndical.
Le mouvement syndical a, plus souvent qu’à son tour, mauvaise presse au Québec, même au sein de ses propres troupes. Avec plus de 40 p. cent des travailleuses et travailleurs syndiqués, il va de soi que les syndicats fassent régulièrement parler d’eux au Québec. Peu, lorsqu’ils défendent le droit au maintien au travail de leurs membres lors d’une fermeture d’usine, par exemple; beaucoup lorsque ceux-ci exercent des moyens de pression; énormément lorsqu’ils sont en grève ou en lock-out.
C’est avec justesse que, dans son discours d’adieu, Henri Massé a tenu à rappeler ce que seraient le Canada et le Québec, si le mouvement syndical ne s’y était développé à compter du 19ème siècle. « Adieu assurance-emploi, assurance-maladie, prévention et réparation des accidents de travail, régime public de retraite, congés de maladie, équité en emploi, éducation publique, non discrimination en emploi, heures de travail décentes et juste rémunération, congés de maternité, retrait préventif, droit de refuser un travail dangereux, congés fériés, etc. »
Des monuments
Le président sortant de la FTQ remémore également, à l’intention des membres de son organisation, les travailleuses et travailleurs qui ont pavé la voie aux syndiqués d’aujourd’hui et à la mémoire desquels on a dressé des monuments. « Qu’on pense à cette sculpture monumentale érigée à Salaberry-de-Valleyfield à la mémoire des 3000 travailleuses et travailleurs (sur une population de 10 000) de la Montreal Cotton qui ont fait une grève de 100 jours en 1946 pour la reconnaissance syndicale.
« Qu’on pense encore, poursuit-il, au monument de Buckingham, inauguré le 7 septembre 2006, à la mémoire de Thomas Bélanger et François Thériault, assassinés en 1906 pour s’être battus en faveur de meilleures conditions de travail à la scierie MacLaren… »
Heureusement pour lui, Henri Massé passe sous silence la statue érigée en l’honneur de Jean Lapierre, ex-président des cols bleus de Montréal, qui sévit dans le paysage du boulevard Crémazie à Montréal dans le giron du siège social de la FTQ. Il évite aussi, et cela se comprend, la relecture de pages peu glorieuses de l’époque du saccage de la Baie James, des abus lors de la construction du stade olympique ou du pouvoir démoniaque d’un André Dédé Desjardins sur les membres du local 144 des plombiers.
Bien qu’il s’agisse d’un discours de fin de mandat où la politesse et la bienséance sont de mise, Henri Massé ne se gêne pourtant pas pour lancer quelques fléchettes vers des organisations qui devraient, en principe, être considérées comme des alliées du mouvement syndical. Il égratigne ainsi Greenpeace.
« Le rapport de Greenpeace sur la forêt boréale : un véritable épouvantail qui passe sous silence les réalisations de l’industrie et qui prend en otage les travailleurs et les économies régionales… Ils ont choisi le mode confrontation… On croit qu’une forêt, ça se cultive, et qu’il y a moyen de le faire intelligemment sans compromettre les écosystèmes dans leur pérennité… »
Idem quand il est question d’hydro-électricité. « … La quasi-totalité de la douzaine de groupes qui dénonçaient un projet hydro-électrique, cet été à Montréal, étaient d’origine américaine, on comprend mal pourquoi ils ne sont pas chez eux à manifester devant une centrale au charbon. »
Ce qui peut être difficile à comprendre cependant, lorsque Henri Massé aborde la présence américaine en sol québécois et canadien, c’est la présence dans les rangs de la FTQ de syndicats des États-Unis. De fait, des travailleuses et travailleurs québécois versent des cotisations syndicales dont une partie est acheminée vers les voisins du sud (Métallurgistes unis d’Amérique, Teamsters, Association internationale des machinistes et travailleurs et travailleuses de l’aérospatiale, l’Alliance internationale des employés de scène, de théâtre et de cinéma et d’autres encore). Ce problème a-t-il déjà été abordé au sein de la FTQ? Si non, comment se fait-il? Si oui, pourquoi est-ce que cela perdure?
Cette situation est unique au monde. Aucun pays, autre que le Canada, n’accepte que des organisations syndicales étrangères opèrent sur son territoire. En France, les syndicats sont exclusivement français. Il en est de même en Grande-Bretagne, en Italie, en Espagne, en Allemagne, dans les pays scandinaves, en Chine, en Argentine, en Australie ou en Afrique du sud.
Autre précision : la FTQ n’est pas une centrale syndicale, mais une fédération du Congrès du travail du Canada (CTC). Ses syndicats affiliés sont d’abord membres du CTC et adhèrent ensuite volontairement à la FTQ.
Tout cela n’enlève aucunement le mérite qui revient à Henri Massé ou à ses prédécesseurs, non plus qu’aux réalisations que la FTQ a su mener à bien. Ne seraient-ce que la bataille en faveur de la syndicalisation chez Wal-Mart ou la défense des travailleuses et travailleurs agricoles. Salut Henri!
Dès sa source, le fleuve anticipe la mer,
Et la fleur sait le fruit, savoureux et amer,
Qui la prolongera dans le temps et l’espace.
Gilles Hénault (L’invention de la roue…)
lundi 26 novembre 2007
Venezuela vs Colombie Un duel présidentiel
Hugo Chávez du Venezuela traite son homologue colombien, Alvaro Uribe, de menteur; ce dernier accuse son vis-à-vis d’impérialisme. Autrement dit, le torchon brûle entre les gouvernements du Venezuela et de la Colombie.
Au cœur de la prise de bec : les 45 otages détenus par les Forces armées révolutionnaires de la Colombie (FARC) et les 500 guérilleros des FARC qui demeurent emprisonnés dans les prisons colombiennes.
Le président Vénézuélien, l’été dernier, s’est volontairement proposé à titre de médiateur entre le gouvernement colombien et le groupe d’opposition armée. Chávez s’était alors donné jusqu’au 31 décembre pour en arriver à la libération des otages ou reconnaître l’échec de sa démarche.
Au nombre des otages aux mains des FARC depuis 2002 : Ingrid Bétancourt, ex-candidate à la présidence de la Colombie, et toujours détentrice de la nationalité française où résident présentement ses enfants et son ex, ce qui retient l’attention du gouvernement de Nicolas Sarkosy.
Leur flamboyant comportement respectif aidant, la rencontre Chávez-Sarkosy, survenue la semaine dernière aux portes de l’Élysée, n’allait sûrement pas passer inaperçue. De son côté, le président Alvaro Uribe de Colombie, a décidé de gâcher la fête en annonçant, le mercredi 21 novembre, qu’il mettait fin à la médiation de son homologue sud-américain. « Déceptionne! » chantonnerait Charlebois.
La guerre?
À l’origine de la décision Uribe : Chávez, malgré ses engagements, a contacté directement le commandant de l’armée colombienne. Chávez rétorque, cinglant, qu’il n’a posé qu’une innocente question sur le nombre de soldats colombiens détenus par les FARC, avant d’enclencher l’offensive verbale : « Il y a des gens très proches d’Uribe, des gens avec beaucoup de pouvoirs qui ne souhaitent pas qu’il y ait un accord… Je ne m’aventurerais pas à dire qu’il (Uribe) ne le souhaite pas non plus, mais je suis certain qu’il y a des gens très proches de lui qui veulent simplement la guerre. » (Agence France Presse)
La Colombie réplique dans un communiqué: « Il est dans le plus grand intérêt du groupe terroriste des FARC de créer des fissures et l’antagonisme entre la Colombie et le Venezuela. Nous ne devons pas tomber dans le piège du terrorisme. »
Le président français a demandé à M. Uribe de maintenir le dialogue avec Chávez et le porte-parole colombien réagit en affirmant qu’il n’y aura pas de marche arrière. Au sein des familles des otages, en France comme en Colombie, c’est la consternation. « C’est quelque chose de dramatique », selon l’ex-époux de Mme Bétancourt. « On joue avec la douleur des familles victimes », insiste Marleny Orjuela, porte-parole des familles de militaires et policiers gardés en otage. Un diplomate européen estime que depuis la rencontre de Paris, M. Uribe ne cesse de dresser de nouveaux obstacles sur la voie d’un échange. Pour le chef de la majorité au parlement du Venezuela, chaque fois que Chávez prend une initiative pour tenter d’assouplir les positions, il y a une réplique très dure du gouvernement colombien.
Hugo Chávez ne lâche pas le morceau aussi aisément. Il demande ainsi au chef des FARC, Manuel Marulanda, de lui adresser des preuves de vie des otages. D’après Chávez, ces preuves obligeraient son homologue colombien à lui restituer son statut de médiateur.
Et l’orage persiste entre les présidents et il a des allures électriques. À une semaine de la tenue d’un référendum constitutionnel qui se tiendra au Venezuela, le président de la Colombie accuse son homologue de recourir à un vieux stratagème pour alimenter l’hostilité de longue date des Vénézuéliens à l’endroit des Colombiens pour se gagner leurs faveurs et de se servir de ses pétro-dollars pour rallier les autres pays du continent. Pour sa part, le président vénézuélien est d’avis que la Colombie mérite un autre président et, surtout, un meilleur président.
Derrière cette guerre de mots, se profile-t-il un autre acteur qui, tout en demeurant discret, ne manifeste pas moins une efficacité certaine? Les États-Unis, qui financent à coup de milliards de dollars le « Plan Colombie » d’éradication de la drogue, détestent la présence de Chávez à la tête de son pays et, surtout, la mauvaise influence socialisante qu’il exerce sur les autres pays d’Amérique centrale et du Sud.
Comme diraient Chávez et son ami et allié Fidel Castro : quand le démon yanki est dans les parages, le diable est aux vaches.
Sa bêche sur l’épaule entre les arbres noirs,
Le fossoyeur repasse, il voit la croix qui veille.
Alfred Garneau (Devant la grille du cimetière)
Au cœur de la prise de bec : les 45 otages détenus par les Forces armées révolutionnaires de la Colombie (FARC) et les 500 guérilleros des FARC qui demeurent emprisonnés dans les prisons colombiennes.
Le président Vénézuélien, l’été dernier, s’est volontairement proposé à titre de médiateur entre le gouvernement colombien et le groupe d’opposition armée. Chávez s’était alors donné jusqu’au 31 décembre pour en arriver à la libération des otages ou reconnaître l’échec de sa démarche.
Au nombre des otages aux mains des FARC depuis 2002 : Ingrid Bétancourt, ex-candidate à la présidence de la Colombie, et toujours détentrice de la nationalité française où résident présentement ses enfants et son ex, ce qui retient l’attention du gouvernement de Nicolas Sarkosy.
Leur flamboyant comportement respectif aidant, la rencontre Chávez-Sarkosy, survenue la semaine dernière aux portes de l’Élysée, n’allait sûrement pas passer inaperçue. De son côté, le président Alvaro Uribe de Colombie, a décidé de gâcher la fête en annonçant, le mercredi 21 novembre, qu’il mettait fin à la médiation de son homologue sud-américain. « Déceptionne! » chantonnerait Charlebois.
La guerre?
À l’origine de la décision Uribe : Chávez, malgré ses engagements, a contacté directement le commandant de l’armée colombienne. Chávez rétorque, cinglant, qu’il n’a posé qu’une innocente question sur le nombre de soldats colombiens détenus par les FARC, avant d’enclencher l’offensive verbale : « Il y a des gens très proches d’Uribe, des gens avec beaucoup de pouvoirs qui ne souhaitent pas qu’il y ait un accord… Je ne m’aventurerais pas à dire qu’il (Uribe) ne le souhaite pas non plus, mais je suis certain qu’il y a des gens très proches de lui qui veulent simplement la guerre. » (Agence France Presse)
La Colombie réplique dans un communiqué: « Il est dans le plus grand intérêt du groupe terroriste des FARC de créer des fissures et l’antagonisme entre la Colombie et le Venezuela. Nous ne devons pas tomber dans le piège du terrorisme. »
Le président français a demandé à M. Uribe de maintenir le dialogue avec Chávez et le porte-parole colombien réagit en affirmant qu’il n’y aura pas de marche arrière. Au sein des familles des otages, en France comme en Colombie, c’est la consternation. « C’est quelque chose de dramatique », selon l’ex-époux de Mme Bétancourt. « On joue avec la douleur des familles victimes », insiste Marleny Orjuela, porte-parole des familles de militaires et policiers gardés en otage. Un diplomate européen estime que depuis la rencontre de Paris, M. Uribe ne cesse de dresser de nouveaux obstacles sur la voie d’un échange. Pour le chef de la majorité au parlement du Venezuela, chaque fois que Chávez prend une initiative pour tenter d’assouplir les positions, il y a une réplique très dure du gouvernement colombien.
Hugo Chávez ne lâche pas le morceau aussi aisément. Il demande ainsi au chef des FARC, Manuel Marulanda, de lui adresser des preuves de vie des otages. D’après Chávez, ces preuves obligeraient son homologue colombien à lui restituer son statut de médiateur.
Et l’orage persiste entre les présidents et il a des allures électriques. À une semaine de la tenue d’un référendum constitutionnel qui se tiendra au Venezuela, le président de la Colombie accuse son homologue de recourir à un vieux stratagème pour alimenter l’hostilité de longue date des Vénézuéliens à l’endroit des Colombiens pour se gagner leurs faveurs et de se servir de ses pétro-dollars pour rallier les autres pays du continent. Pour sa part, le président vénézuélien est d’avis que la Colombie mérite un autre président et, surtout, un meilleur président.
Derrière cette guerre de mots, se profile-t-il un autre acteur qui, tout en demeurant discret, ne manifeste pas moins une efficacité certaine? Les États-Unis, qui financent à coup de milliards de dollars le « Plan Colombie » d’éradication de la drogue, détestent la présence de Chávez à la tête de son pays et, surtout, la mauvaise influence socialisante qu’il exerce sur les autres pays d’Amérique centrale et du Sud.
Comme diraient Chávez et son ami et allié Fidel Castro : quand le démon yanki est dans les parages, le diable est aux vaches.
Sa bêche sur l’épaule entre les arbres noirs,
Le fossoyeur repasse, il voit la croix qui veille.
Alfred Garneau (Devant la grille du cimetière)
vendredi 23 novembre 2007
Wal-Mart La pieuvre commerciale étend ses tentacules
Les états financiers des chaînes d’alimentation Loblaw et Métro se ressentent durement de l’arrivée de Wal-Mart dans leurs plates-bandes. Ces entreprises ne sont pourtant pas au bout de leur peine devant l’offensive féroce que livre le géant Wal-Mart sur tous les fronts.
De fait, même si Wal-Mart poursuit sa progression sur les marchés internationaux, aussi bien en Asie qu’en Europe, elle ne néglige pas pour autant sa base d’opérations : le marché américain qui inclut, il va sans dire, le Canada. Pour juguler les critiques des milieux qui dénoncent l’arrivée de ses super magasins qui menacent les commerces de proximité et les centres-villes, et pour contrer la flambée des prix dans le secteur immobilier, l’entreprise de ventes au détail se lance carrément dans l’alimentation.
Le concept, testé depuis 1998 à Bentonville en Arkansas, où se situe son siège social, porte le nom de Wal-Mart Neighborhood Market, a une superficie qui représente environ le quart de ses supercenters et se concentre dans l’alimentation avec un service de laboratoire photo, une pharmacie et un magasin d’alcool adjacents. Le tout ouvert 24 heures par jour.
Pas moins de 125 de ces commerces de détail sont déjà ouverts à travers les États-Unis, dont 16 en Floride, l’un des états où Wal-Mart démontrera spécialement son agressivité en raison de la forte croissance économique qui y est constatée. Pour ce faire, elle ouvrira de 15 à 20 de ses nouveaux magasins par année.
Arrêt-achat
Selon la direction de Wal-Mart, ces commerces de proximité (neighborhood market) se veulent un endroit où vous vous arrêtez rapidement pour acheter quelques articles en regagnant le domicile après le travail.
Ce faisant, Wal-Mart entre de plain-pied sur le territoire des Publix et Winn-Dixie, acquérant d’ailleurs les emplacements de cette dernière dans le comté de Broward pour y implanter ses nouveaux magasins. Rappelons que Winn-Dixie a dû procéder à une restructuration, à la suite d’un recours à la loi sur la protection de la faillite, et se départir de plusieurs emplacements.
Wal-Mart détient présentement la première place aux États-Unis pour les ventes en alimentation, puisque ses supercenters offrent des aliments aussi que du linge, des meubles ou des produits électroniques et tout ce qui se peut vendre. Sauf, que ce n’est pas le cas en Floride et la compagnie n’entend pas en rester là.
Exemple : il y a deux ans, Wal-Mart n’occupait, en alimentation, que 6 pour cent du marché du sud de la Floride, derrière Publix à 56 pour cent et Winn Dixie à 16 pour cent. Aujourd’hui Wal-Mart affiche 12 pour cent de parts de marché grugeant lentement celles des magasins Publix (54%) et de Winn-Dixie (15 %).
Et si, selon les analystes du marché du commerce de détail Strategic Ressources Group, Winn-Dixie est susceptible d’écoper davantage de l’éclosion des nouveaux magasins de Wal-Mart, les épiceries Publix, les pharmacies Walgreens et les magasins à rayons Kmart doivent prévoir des temps difficiles qui les obligeront à innover.
Avec les résultats financiers enregistrés par Wal-Mart à la mi-novembre (des profits valant 70 cents par action, trois cents de plus que prévu par les experts), celle-ci n’hésitera pas longtemps à exporter son concept au Canada.
Il semble que Loblaw et Métro n’aient encore qu’une faible idée de ce dont est capable Wal-Mart avec ses ramifications tentaculaires. Prochaines proies : les dépanneurs? Alimentation couche-tard risque de passer des nuits blanches.
Ma pensée est couleur de lunes d’or lointaines.
Émile Nelligan (Clair de lune intellectuel)
mercredi 21 novembre 2007
Québec Une « boulet » à traîner aux transports
Incroyable mais vrai. Le premier ministre Jean Charest exprime « publiquement toute sa confiance en Julie Boulet ». Il avait fait de même lors des révélations à l’effet que sa ministre avait accordé des faveurs à des médecins locataires de l’édifice qui abrite sa pharmacie en Mauricie.
Le premier ministre veut-il absolument exposer son incapacité à s’écarter du manque de jugement de Mme Boulet? Et, plus profondément, sommes-nous en mesure de compter sur un gouvernement responsable et qui s’assume comme tel? Les médias semblent traiter de manière anecdotique les dernières bourdes de la ministre, alors qu’elles mettent au jour une tournure d’esprit méprisante à l’endroit de la population.
Influencée sans doute par le mode d’emploi adéquiste de récupération des événements du jour, la ministre des Transports a choisi le lendemain des funérailles de la fillette de l’Île Perrot, pour annoncer le resserrement du système policier répressif qui sera en vigueur sur nos routes si son projet de loi est adopté tel quel.
De toute évidence, Julie Boulet comptait sur les réactions émotives ressenties dans la population pour escompter des gains politiques de la présentation de son projet, et ce, en dépit des entorses faites aux règles de l’Assemblée nationale.
La ministre, quand elle s’est fait reprocher sa contravention aux règlements du Parlement, a minimisé le tout en arguant que l’annonce de son projet de loi urgeait davantage que sa présentation aux élus. L’annonce d’un projet de loi deux jours avant ou après a-t-elle vraiment une incidence sur la date où il entrera en vigueur? On peut en douter; mais sur l’opportunisme politique, oui.
Vroum, vroum
Et la ministre des Transports sort de la conférence de presse où elle vient d’annoncer qu’elle entend serrer la vis aux contrevenants au Code de la sécurité routière et son chauffeur, la menant vers d’autres rendez-vous au volant de sa voiture de fonction, effectue une série de manœuvres interdites. Réaction de la ministre : elle n’avait pas le pied sur l’accélérateur et n’a pas vu l’odomètre. Même qu’elle sommeillait. Ce n’est donc pas sa faute. Qui n’a pas entendu de semblables propos de la part de ses ados? Sauf que, justement, ce sont des ados, pas des ministres en fonction. Et peut-on vraiment croire que c’était la première fois que le chauffeur se conduisait de la sorte? Quiconque emprunte les routes 20 ou 40 régulièrement est en mesure de répondre par la négative.
Et le premier ministre de passer à autre chose de plus important. Pour l’imputabilité ministérielle, on repassera.
Quand le ciel nous tombe sur la tête
Le même phénomène a été observé lors de l’écrasement du viaduc, pardon du saut de mouton, du boulevard de la Concorde à Laval. C’était la faute aux concepteurs, aux ingénieurs, aux fournisseurs, aux inspecteurs, aux organisateurs politiques du temps et tutti quanti. Pas de celle du gouvernement.
Les parents des victimes n’y comprenaient rien. Ils s’attendaient à des excuses de la part du gouvernement. Quelle naïveté! Le gouvernement n’était pas responsable. Une commission d’enquête allait les identifier, les responsables. Vous les connaissez maintenant?
Quand survient un incident, grave ou pas, à partir d’installations dont un gouvernement assume la gestion, c’est lui le responsable et il doit l’admettre d’entrée de jeu et présenter des excuses et regrets officiels, et sur-le-champ, quitte à enquêter pour connaître le fin fond de l’affaire afin d’éviter la répétition de tels événements. Voilà qui s’appelle l’imputabilité gouvernementale.
Il semble de plus en plus ardu au Québec d’assumer ses responsabilités. Qu’elles soient individuelles ou collectives. Et notre gouvernement, notre ministre des Transports et notre premier ministre nous en servent de bons exemples par les temps qui courent. Nous n’avions qu’à ne pas voter pour eux. C’est notre faute. Nous en sommes les responsables. Oups!
Étoiles! Tourbillon de poussière sublime
Qu’un vent mystique emporte au fond du ciel désert,
À vouloir vous compter, notre calcul se perd
Dans le vertigineux mystère de l’abîme.
Charles Gill (Stances aux étoiles)
lundi 19 novembre 2007
Haïti L’enlisement persiste
La situation politique est à l’image des bouleversements atmosphériques qui assaillent le pays le plus pauvre des Amériques : Haïti.
Aux dires du gouvernement des États-Unis, sur le parquet des Nations unies à New York en 2004, le départ du président Jean-Bertrand Aristide du Palais national de Port-au-Prince allait mettre fin au chaos existant dans le pays et résoudre l’essentiel des difficultés rencontrées par sa population de 8,7 millions de personnes.
Les observations relevées par le nouveau chef de mission de l’Organisation des nations unies en Haïti, M. Hedi Annabi de Tunisie, révèlent que rien n’a vraiment changé depuis 2004, année du départ forcé d’Aristide. Non seulement rien ne semble s’être amélioré, on croirait que la situation empire.
Sur les fronts humanitaire, politique et économique, le gouvernement démontre une impuissance chronique et les forces de l’ONU ne sont pas sur place pour se substituer aux autorités locales.
Lorsque l’ouragan Noël s’est abattu sur Haïti, le 28 octobre, les terres du pays étaient déjà gorgées de l’eau de la pluie tombée dans les semaines précédentes. Résultat : 66 morts et des milliers de sans-abri. Face à l’incapacité des autorités d’affronter l’épreuve, les forces de l’ONU ont été déployées dans le pays pour aménager les refuges nécessaires et baliser le flux des personnes déplacées. Ce faisant, les militaires ont délaissé leurs tâches habituelles et laissé à eux-mêmes des quartiers nécessitant une surveillance constante.
Fragilité
M. Annabi est clair : « La situation sécuritaire est extrêmement fragile. Si nous devions réduire nos effectifs radicalement, cela créerait un vide qui serait aussitôt comblé par les mêmes gens qui étaient là au moment de notre arrivée. » Alors pendant combien de temps les forces de l’ONU devront-elles demeurées sur place? « Vous ne pouvez, soutient M. Annabi, mettre sur pied une force de sécurité ou de police en deux ou trois ans… Il faut 10, 15, 20 ans. »
La mission de l’ONU, renouvelée pour une autre année en octobre, tente de contrer les gestes violents commis par les gangs criminels dans les diverses villes, mais l’état affligeant de la pauvreté et le chômage endémique menacent à tout moment de rompre la paix précaire qui prévaut.
Nombreux sont les Haïtiens qui réclament des forces de l’ONU un soutien au développement économique du pays. « Ce n’est pas le rôle des forces de l’ONU », réplique le diplomate tunisien. « Nous pouvons veiller à la création d’un environnement propice à la création d’emplois, à l’investissement et au redressement économique du pays. Mais nous ne pouvons le faire nous-mêmes. »
Pour sortir de l’actuelle instabilité politique, le président René Préval propose une série d’amendements à la constitution, ce qui, selon lui, accorderait au gouvernement plus de flexibilité pour promouvoir le développement économique et combattre la corruption. Les propositions Préval visent notamment à permettre des réélections à la présidence, au lieu d’une limite à deux mandats consécutifs, la mise sur pied d’une cour constitutionnelle habilitée à interprétée les lois et la possibilité pour le président d’évincer le premier ministre qui, présentement, est nommé par la présidence mais ne peut être démis que par le parlement.
Mais voilà. Le plan du président Préval ne mentionne nulle part comment la situation économique peut évoluer favorablement et créer les emplois et la richesse nécessaires pour entraîner la stabilité sociale.
Le fantôme de Bébé doc
Et pendant que la plupart des observateurs s’attendent à ce que ses supporters et l’ex-président Aristide lui-même se manifestent en évoquant un éventuel retour, c’est Bébé doc qui réapparaît. De son exil français, l’ex-dictateur implore le pardon de son peuple 20 ans après sa chute et sa fuite avec des millions de dollars accumulés dans les coffres familiaux et prélevés à même la caisse nationale.
Le président Préval a d’ailleurs demandé aux autorités suisses de prolonger d’une autre année le gel de 4,6 millions d’euros détenus dans des banques helvétiques par Bébé doc.
Il devient de plus en plus difficile de concevoir que toutes ces difficultés soient vécues aux portes mêmes de pays aussi riches que les États-Unis ou le Canada et qui, de surcroît, comptent des diasporas haïtiennes importantes. D’où peuvent bien provenir les millions de dollars d’investissement nécessaires pour remettre sur pied ce petit pays? Les États-Unis dépensent sans compter en Irak et en Afghanistan, tout en supputant une possible agression vers l’Iran. Le Canada s’est engagé en Afghanistan dans une politique d’occupation qui risque de lui coûter cher, financièrement, humainement et politiquement. L’argent consacré jusqu’ici à l’aide à Haïti c’est de la petite monnaie par rapport aux sommes astronomiques destinées à l’Afghanistan.
Haïti, ce n’est pas le Darfour ou le Kosovo, c’est un voisin. Ça ne mérite pas un peu de considération?
Et si on y découvrait du pétrole?
Mon insomnie a vu naître les clartés grises.
Le vent contre ma vitre, où cette aurore luit,
Souffle les flèches d’eau d’un orage qui fuit.
Un glas encore sanglote aux lointaines églises…
Alfred Garneau (Glas matinal)
vendredi 16 novembre 2007
États-Unis Relance du débat sur la peine de mort?
Deux événements viennent ranimer le débat sur l’application de la peine de mort aux États-Unis, en général, et dans l’état de la Floride, en particulier. D’ici le 8 janvier 2008, les législateurs du New Jersey décideront s’ils abolissent définitivement la peine de mort et la Cour suprême des États-Unis a ordonné, le 12 novembre, la suspension de toutes les exécutions capitales pour se donner le temps de se pencher sur l’utilisation des injections mortelles.
Le décès de l’écrivain américain Norman Mailer, survenu le 10 novembre, permet de rappeler l’un de ses ouvrages les plus critiques au sujet de la violence de la société américaine. Dans Le chant du bourreau, Mailer racontait la vie et la carrière criminelle de Gary Gilmore premier détenu exécuté après le rétablissement de la peine de mort aux États-Unis en 1976. En suivant ainsi le parcours de Gilmore, Mailer décrit l’être humain, capable de sentiments et d’émotion, qui se profile derrière l’impitoyable individu qu’une société peut engendrer par sa propre cruauté à l’endroit de ses marginaux.
Le répressif système judiciaire américain est un parcours imprégné de violence dont la peine de mort n’est que la manifestation extrême. La clémence, la réhabilitation et la réinsertion en société sont des concepts étrangers à l’application de lois rigoureuses qui tendent plus vers la recherche de la vengeance que vers l’émergence d’une justice sociale.
Des jeunes, auteurs de bêtises assez courantes pour leur âge, et davantage quand ils n’ont connu que la vie de misère des ghettos, sont soumis à des traitements inimaginables qui peuvent mener à la mort.
Des ados se voient condamner à la prison à vie, pour des crimes sordides souvent commis par des complices plus âgés. Y a-t-il des moyens de les récupérer?
Et la prison attend aussi d’autres jeunes contrevenants pour des gestes que la société peut trouver déplacés, sans toutefois les punir si violemment.
Les immigrants sans statut n’échappent pas non plus à la rigueur des traitements infligés dans les établissements carcéraux.
Les boot camps
Sept gardiens d’un boot camp de la région de Tampa, de même qu’une infirmière, ont été innocentés, le 12 octobre, de la mort d’un adolescent de 14 ans survenue en janvier 2006. Ce verdict de non culpabilité s’est basé sur le témoignage d’un médecin expert de la défense venu affirmer que le garçon était décédé des suites d’un dérèglement cellulaire de son organisme survenu avant qu’il ne soit battu et privé d’oxygène.
Le procès des huit inculpés a cependant permis d’apprendre les pratiques surprenantes, pour ne pas dire dégradantes, ayant cours dans ces centres de détention destinés aux plus récalcitrants des usagers du système de correction juvénile.
Les témoignages entendus, de la part des gardiens eux-mêmes, révèlent que ceux-ci sont intervenus quand, pendant une course forcée d’un mille et demi, le garçon a démontré des signes de détresse. Croyant qu’il feignait, les gardiens l’ont maîtrisé physiquement pour ensuite lui appliquer les mains sur la bouche et lui faire respirer de l’ammoniac afin qu’il reprenne ses esprits, ce qui l’aurait conduit à la suffocation. L’infirmière, témoin de la scène, n’est pas intervenue arguant qu’elle aussi soupçonnait une simulation.
La scène, enregistrée sur bande vidéo, montre les gardiens en train de violenter l’ado pendant une trentaine de minutes avant qu’ils n’appellent une ambulance.
À vie
Un rapport de l’organisme « Equal Justice Initiative », publié dans la troisième semaine d’octobre, affirme que les prisons américaines comptent 73 détenus condamnés à perpétuité pour des crimes commis quand ils n’avaient que 13 ou 14 ans. Cette situation n’existerait dans aucun autre pays au monde.
De plus, toujours selon ce rapport, 2 225 mineurs purgent une peine de réclusion à perpétuité sans libération conditionnelle, une sanction interdite par la Convention internationale des droits de l’enfant que les États-Unis refusent toujours de signer.
La moitié des détenus à vie sont noirs. Cette minorité ne représente que 12 pour cent de la population américaine.
« Le plus souvent, note l’organisme, ils ont participé à des braquages dans lesquels des plus âgés qu’eux ont tué. Considérés comme tout aussi coupables que leurs ainés, ils ont subi la loi des peines plancher.
Fellation
La Cour suprême de Georgie a libéré, le 26 octobre, un jeune homme emprisonné depuis plus de deux ans pour une fellation pratiquée par une jeune fille de 15 ans, consentante, alors que le consentement pour une relation sexuelle était fixé à 16 ans à cette époque.
Aujourd’hui âgé de 21 ans, le jeune en question avait 17 ans au moment des faits; il a été accusé de viol et condamné à 10 ans de prison.
Immigrants
Les centres d’incarcération à l’intention des immigrants ne sont guère plus hospitaliers que les pénitenciers américains même si les personnes détenues n’ont commis aucun crime autre que celui d’être immigrant sans statut.
En 2006, 300 000 hommes, femmes et enfants étaient incarcérés dans des centres de détention pour immigrants, selon le représentant démocrate Zoe Lofgren de la Californie. Les avocats appelés à aider les personnes ainsi détenues affirment qu’ils doivent menacer l’Agence de contrôle des douanes et de l’immigration pour obtenir de l’information sur l’état de santé de leur client, de même que pour connaître les causes d’un décès, le cas échéant.
Les jeunes confinés dans ce type d’établissement apprennent rapidement à se méfier d’un pays aussi menaçant à l’endroit des nouveaux venus et sont susceptibles de devenir la proie d’adultes mal intentionnés qui peuvent les aider à s’échapper de ce milieu pour ensuite les initier à la criminalité.
L’univers carcéral américain en se durcissant, s’est transformé, au cours des ans, en un système d’apprentissage du crime qui fait rapidement comprendre à sa clientèle que l’issue, dans leur existence, se trouve dans une criminalité organisée et agissant à plus grande échelle. Le système pénal s’avère ensuite impuissant à contrer le banditisme et sa violence dont les rouages ont été promus dans ses propres écoles.
Et ne voilà-t-il pas que le gouvernement canadien de M. Harper a décidé de cesser de demander automatiquement la clémence pour tout citoyen canadien condamné à mort à l’étranger! Faut-il y voir une tentation d’adopter au Canada un système carcéral inspiré de celui des États-Unis avec peine de mort à la clé? Heureusement, 50 pour cent des Canadiens interrogés à ce sujet sont contre la décision du gouvernement, avec un appui de 43 pour cent, selon un sondage de la Presse canadienne publié le lundi 12 novembre.
Vois-tu ce chemin misérable
Dont jamais n’ont foulé le sable
Que les pas du désespoir?...
C’est par là que je m’en irai.
Lionel Léveillé (Vois-tu ce chemin?)
mercredi 14 novembre 2007
Radio Floride Propos d'actualité en direct ou par Internet
En direct: du lundi au vendredi, après 8h05, au 980 AM
Internet: radiofloride.com
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Les ratés du parcours Mulroney
Le rat est un animal à l’esprit grégaire qui s’adapte facilement à son milieu. En liberté, il est une véritable peste, allant jusqu’à propager cette maladie. En captivité, il devient un précieux partenaire dans la recherche médicale en laboratoire, mais c’est là l’exception.
Il vaut mieux savoir quelle espèce de rat se présente à soi avant d’entreprendre une relation avec lui. Car, le rat le plus courant, lorsqu’il se sent coincé et que sa peau est menacée, préfère attaquer son partenaire devenu adversaire, même au risque d’y laisser sa peau.
Et on sait qu’en affaire, les rats pullulent. Ratoureux, comme il se doit, ils sont à la fois généreux et gourmands, et, surtout, vindicatifs, quand leur appétit n’est pas assouvi. Besoin d’un coup de pouce pour se sortir d’une passe momentanément difficile? Le rat affiche présent et n’attend que le prochain tournant pour réclamer le retour d’ascenseur qu’il estime être maintenant son dû.
Brian Mulroney a-t-il accepté de frayer en compagnie de Karlheinz Schreiber, homme d’affaires germano-canadien? Si oui, aurait-il accepté de celui-ci certaines sommes d’argent pour lui faciliter le travail à titre d’entremetteur ou d’investisseur?
Si ce fut le cas avant que M. Mulroney quitte le 24 Sussex Drive à Ottawa, il n’en pipe mot dans ses mémoires. Pourtant, en plus de 1200 pages, il aurait eu tout le loisir de le faire.
Une bourde de la Gendarmerie royale du Canada, qui avait laissé entendre que M. Mulroney avait été gratifié, par M. Schreiber, de généreux pot-de-vin dans l’affaire de l’achat d’avions de la firme Airbus par la compagnie Air Canada, a valu à l’ex-premier ministre une compensation de 2,1 millions $.
Un livre publié par deux journalistes de Toronto, au milieu des années 90, avait aussi tenté d’établir des liens d’argent entre MM. Mulroney et Schreiber.
Pendant l’épisode GRC, poursuites et règlement, Karlheinz Schreiber est demeuré coi en évitant de soulever quelque vague que ce soit.
Mais voilà que dans son édition du 30 octobre, le quotidien « The Globe and Mail » soutient que M. Mulroney a reçu, en 1993 et 1994, 300 K $ en argent comptant de l’homme d’affaires sans verser d’impôt sur ces revenus. Il l’a fait plus tard en soumettant une divulgation volontaire à cet effet, ce qui est légal.
Assaut
Autre hic : Karlheinz Schreiber, détenu dans une prison de Toronto et sur le point d’être déporté en Allemagne pour des affaires de fraude et d’évasion fiscale, poursuit M. Mulroney pour récupérer ses 300 K $ et a déclaré, dans un document de 87 pages, soumis au tribunal, qu’il a remis une lettre à M. Mulroney à l’intention du premier ministre Stephen Harper. Le rat attaque.
M. Harper a confirmé la visite de M. Mulroney à sa résidence d’été mais a nié avoir pris connaissance de la lettre mentionnée par M. Schreiber.
Lui-même compromis par les propos de l’homme d’affaires, M. Harper, talonné par l’opposition depuis deux semaines, décide, le 8 novembre, de nommer un enquêteur indépendant pour faire la lumière sur cette histoire et rompt, dit-il, tout lien avec Brian Mulroney et en demande autant aux membres de son gouvernement.
Sauf que, M. Mulroney n’est pas du genre à attendre patiemment que les nuages viennent se déverser en trombes sur lui. Il monte au créneau à son tour, par la voie de son fidèle et indéfectible porte-parole, Luc Lavoie, également vice-président de Quebecor, pour réclamer la tenue d’une enquête indépendante et publique. Le gouvernement Harper s’est rendu à cette requête.
Et qu’adviendra-t-il de l’homme d’affaires en question si, comme prévu, il est déporté en Allemagne et que son témoignage est requis plus tard en cours d’enquête? Et combien coûtera toute cette saga aux contribuables canadiens qui ont déjà déboursé plus de deux millions $? Plus les frais d’enquête de la police, plus les frais juridiques, plus le temps des fonctionnaires, plus…
Si l’enquête n’y parvient-pas, Brian Mulroney nous révèlera-t-il le fin fond de cette histoire dans le second tome de ses mémoires?
Marche seul et sois fier; plein de morgue, relève
Ta tête altière, et fuis les contacts infamants;
Ne choisis pour sentier que celui de ton rêve.
Albert Dreux (Le mauvais passant)
Il vaut mieux savoir quelle espèce de rat se présente à soi avant d’entreprendre une relation avec lui. Car, le rat le plus courant, lorsqu’il se sent coincé et que sa peau est menacée, préfère attaquer son partenaire devenu adversaire, même au risque d’y laisser sa peau.
Et on sait qu’en affaire, les rats pullulent. Ratoureux, comme il se doit, ils sont à la fois généreux et gourmands, et, surtout, vindicatifs, quand leur appétit n’est pas assouvi. Besoin d’un coup de pouce pour se sortir d’une passe momentanément difficile? Le rat affiche présent et n’attend que le prochain tournant pour réclamer le retour d’ascenseur qu’il estime être maintenant son dû.
Brian Mulroney a-t-il accepté de frayer en compagnie de Karlheinz Schreiber, homme d’affaires germano-canadien? Si oui, aurait-il accepté de celui-ci certaines sommes d’argent pour lui faciliter le travail à titre d’entremetteur ou d’investisseur?
Si ce fut le cas avant que M. Mulroney quitte le 24 Sussex Drive à Ottawa, il n’en pipe mot dans ses mémoires. Pourtant, en plus de 1200 pages, il aurait eu tout le loisir de le faire.
Une bourde de la Gendarmerie royale du Canada, qui avait laissé entendre que M. Mulroney avait été gratifié, par M. Schreiber, de généreux pot-de-vin dans l’affaire de l’achat d’avions de la firme Airbus par la compagnie Air Canada, a valu à l’ex-premier ministre une compensation de 2,1 millions $.
Un livre publié par deux journalistes de Toronto, au milieu des années 90, avait aussi tenté d’établir des liens d’argent entre MM. Mulroney et Schreiber.
Pendant l’épisode GRC, poursuites et règlement, Karlheinz Schreiber est demeuré coi en évitant de soulever quelque vague que ce soit.
Mais voilà que dans son édition du 30 octobre, le quotidien « The Globe and Mail » soutient que M. Mulroney a reçu, en 1993 et 1994, 300 K $ en argent comptant de l’homme d’affaires sans verser d’impôt sur ces revenus. Il l’a fait plus tard en soumettant une divulgation volontaire à cet effet, ce qui est légal.
Assaut
Autre hic : Karlheinz Schreiber, détenu dans une prison de Toronto et sur le point d’être déporté en Allemagne pour des affaires de fraude et d’évasion fiscale, poursuit M. Mulroney pour récupérer ses 300 K $ et a déclaré, dans un document de 87 pages, soumis au tribunal, qu’il a remis une lettre à M. Mulroney à l’intention du premier ministre Stephen Harper. Le rat attaque.
M. Harper a confirmé la visite de M. Mulroney à sa résidence d’été mais a nié avoir pris connaissance de la lettre mentionnée par M. Schreiber.
Lui-même compromis par les propos de l’homme d’affaires, M. Harper, talonné par l’opposition depuis deux semaines, décide, le 8 novembre, de nommer un enquêteur indépendant pour faire la lumière sur cette histoire et rompt, dit-il, tout lien avec Brian Mulroney et en demande autant aux membres de son gouvernement.
Sauf que, M. Mulroney n’est pas du genre à attendre patiemment que les nuages viennent se déverser en trombes sur lui. Il monte au créneau à son tour, par la voie de son fidèle et indéfectible porte-parole, Luc Lavoie, également vice-président de Quebecor, pour réclamer la tenue d’une enquête indépendante et publique. Le gouvernement Harper s’est rendu à cette requête.
Et qu’adviendra-t-il de l’homme d’affaires en question si, comme prévu, il est déporté en Allemagne et que son témoignage est requis plus tard en cours d’enquête? Et combien coûtera toute cette saga aux contribuables canadiens qui ont déjà déboursé plus de deux millions $? Plus les frais d’enquête de la police, plus les frais juridiques, plus le temps des fonctionnaires, plus…
Si l’enquête n’y parvient-pas, Brian Mulroney nous révèlera-t-il le fin fond de cette histoire dans le second tome de ses mémoires?
Marche seul et sois fier; plein de morgue, relève
Ta tête altière, et fuis les contacts infamants;
Ne choisis pour sentier que celui de ton rêve.
Albert Dreux (Le mauvais passant)
lundi 12 novembre 2007
Amérique latine Bête noire assise sur or noir
Hugo Chávez est actif sur tous les fronts en ce moment : il pilote une mouvementée réforme de la constitution de son pays, il mène des tractations en vue de la libération des otages détenus par les FARC en Colombie, il tente de mettre sur pied une organisation des pays sud-américains producteurs de pétrole en vue d’aider les pays consommateurs, il poursuit sont entreprise diplomatique pour contrer l’influence des États-Unis en Amérique du sud, les Caraïbes et les Antilles et, impardonnable faute aux yeux de l’aigle américain, il fréquente assidûment le président cubain Fidel Castro.
Les étudiants de Caracas multiplient les manifestations contre les amendements à la constitution soumises à un vote référendaire prévu pour le 2 décembre. Des incidents sont survenus la semaine dernière alors que des « partisans » réformistes se sont attaqués aux étudiants qui regagnaient leurs quartiers universitaires. Sitôt, le vice-recteur de l’institution a accusé les alliés du président Chávez d’intimidation à l’endroit des manifestants.
Avouons que le président n’a guère redoré son blason en répliquant qu’il n’allait pas laisser quelques privilégiés élevés la cuiller d’argent à la bouche bousiller sa réforme constitutionnelle. En manifestant comme ils le font, les étudiants ont rejoint le camp des partis d’opposition et du général à la retraite et ex-ministre de la Défense, Raúl Baduel, qui qualifient d’entreprise dictatoriale la réforme Chávez.
Mais, aux dires même des analystes, l’opposition est trop faible pour contrer le mouvement d’appui aux amendements constitutionnels approuvés par l’assemblée nationale la semaine dernière. Au nombre de ces amendements : levée de la limite du mandat présidentiel, règles plus complexes en vue d’entreprendre une procédure de destitution à l’endroit du président, création de provinces sous la responsabilité de l’état fédéral et contrôle gouvernemental de la banque centrale.
Les opposants, groupes de défense des droits de la personne, clergé catholique et dirigeants d’entreprises, notamment, affirment que ces amendements accordent trop de pouvoir à Chávez et menacent les libertés individuelles, alors que le président qualifie cette réforme de « socialisme du 21ème siècle ».
Colombie
Si la situation intérieure du Venezuela est accaparante pour Hugo Chávez, ceci ne l’empêche pas de poursuivre les négociations entreprises il y a quelques mois en vue de résoudre la crise des otages en Colombie. En contact avec le président Alvaro Uribe et des pays comme la France, préoccupée par le sort d’Ingrid Bétancourt, Chávez a rencontré, le 7 novembre, un représentant des Forces armée révolutionnaires de la Colombie (FARC).
Chávez devrait s’entretenir sous peu avec le commandant des FARC, Manuel Marulanda, pour mettre au point un échange humanitaire : les otages, dont Mme Bétancourt et trois Américains, contre 500 guérilleros emprisonnés par le gouvernement colombien.
Pétrole
Le sommet ibéro-américain qui s’est terminé le samedi 10 novembre à Santiago du Chili a donné à Chávez l’occasion d’inviter le Brésil à se joindre à un nouveau cercle pétrolier : Pétroamericas. Ce cartel prendrait la relève des projets en cours : Petrosur, Petrocaribe et Petroandina.
Cette invitation vient à point nommé. L’entreprise étatique chilienne d’exploration pétrolière vient de découvrir un gisement d’une capacité potentielle de huit milliards de barils qui pourra atteindre sa pleine production vers 2013.Il s’agit d’une nouvelle importante pour le gouvernement de Luis Ignacio da Silva, Lula, qui peine à placer sur les rails de la prospérité un pays riche en ressources de toute nature.
L’appel du président Vénézuélien vise à affaiblir l’influence des États-Unis sur les pays de l’hémisphère en sud en garantissant à ceux d’entre eux, dépourvus de ressources pétrolières, un approvisionnement à coût abordable.
Politique
Et le rayonnement de Chávez, au grand agacement des États-Unis, ne cesse de progresser. Déjà les Morales de Bolivie, Lula du Brésil, Bachelet du Chili, Ortega du Nicaragua et, au premier rang, Castro à Cuba montrent, tantôt, une certaine sympathie à l’égard de leur homologue, tantôt, une sympathie certaine. S’y ajoutent maintenant Rafael Correa en Équateur et Alavaro Colom au Guatemala. Tous étaient présents au sommet ibéro américain qui a réuni, la semaine dernière au Chili, les pays d’Amérique latine, l’Espagne et le Portugal.
Hugo Chávez, y a révélé son côté un brin frondeur. À tel point, de fait, qu’il n’a pu se retenir face à son vis-à-vis espagnol José Luis Zapatero, en traitant son prédécesseur de fasciste, ce que n’a pas apprécié le président d’Espagne qui le lui a fait savoir devant un Chávez qui a persisté et signé en envoyant balader le roi Juan Carlos qui appuyait son président.
Pour ne pas être en reste, Hugo Chávez s’en est également pris à l’église catholique vénézuélienne et le pape, en plus d’accuser les États-Unis et l’Union européenne d’avoir approuvé le coup d’état fomenté contre lui en avril 2002.
Il faut bien reconnaître, toutefois, que les adversaires du président du Venezuela ne le ménagent guère. Lune des dernières offensives diplomatiques, dans le contexte nord-américain où la liberté de presse apparaît comme un droit sacré : le 13 octobre, l’Association inter-américaine de la presse, en assemblée générale à Miami, a accusé le gouvernement Chavez de tentative de censure à son endroit en l’accusant d’avoir ordonné aux hôtels de Caracas de refuser toute réservation de chambre en vue de la tenue de son assemblée générale de l’an prochain qui doit avoir lieu dans la capitale vénézuélienne.
Or, quand on y regarde de près, cette association n’en n’est pas une de journalistes mais de propriétaires et d’éditeurs de médias des États-Unis et d’Amérique latine. Tous ont été et sont plus critiques les uns que les autres sur tout ce qui semble orienter la politique de l’hémisphère sud vers une voie trop socialisante par rapport à leur credo fondé sur la seule propriété privée.
Que Chávez veuille servir à ces médias quelques crocs en jambe n’est sans doute pas très habile, mais pas non plus surprenant, quoique pas une seule preuve d’entrave n’ait été déposée par l’association lors de sa conférence de presse, les journalistes présents ayant pris ces affirmations pour argent comptant. Peut-on douter de la parole de ses patrons?
Ma pensée est couleur de lumières lointaines
Du fond de quelque crypte aux vagues profondeurs.
Elle a l’éclat parfois des subtiles verdeurs
D’un golfe où le soleil abaisse ses antennes.
Émile Nelligan (Clair de lune intellectuel)
jeudi 8 novembre 2007
États-Unis Cuba Bush ignore l’ONU et repousse la main tendue de Castro
L’ONU, pour une 16ème année, a voté en faveur de la levée de l’embargo commercial et économique des États-Unis à l’endroit de Cuba qui perdure maintenant depuis 46 ans. Le président Bush fait fi du vote des 192 pays qui réclament la fin de ce blocus et puise sa détermination au sein de la diaspora cubaine de Miami. Celle-ci ne désarme pas face au lider maximo et réclame rien de moins que le retour de propriétés ayant appartenu aux familles exilées prétendument spoliées par le régime castriste.
Dès avant le vote intervenu à la fin du mois d’octobre, à l’occasion de l’assemblée générale de l’ONU, le président Bush avait clairement annoncé ses couleurs, deux semaines plus tôt, en organisant une rencontre avec un groupe cubain de Miami trié sur le volet. « Il ne nous a pas dit qu’il allait faire un discours sur le sujet, affirme Ninoska Pérez Castellón, l’un des leaders de la communauté cubaine présent, mais qu’il voulait en savoir davantage sur les familles des prisonniers politiques détenus à Cuba et nous entendre au sujet de l’épreuve qu’ils subissent. »
Cette rencontre faisait suite à une sortie de Raúl Castro, en juillet, qui déclarait : « Quelle qu’elle soit la prochaine administration (des États-Unis) devra décider si elle maintient l’absurde, illégale et stérile politique à l’endroit de Cuba ou si elle acceptera la branche d’olivier que nous lui tendons. »
Le directeur de Radio Mambí, craignant que le gouvernement des États-Unis ne prenne au sérieux l’approche cubaine, a indiqué au président que la seule politique possible était le maintien de la politique actuelle. Ce qui a fait dire à George W. Bush, à l’issue de cette rencontre que le mot d’ordre dans les discussions avec Cuba n’allait pas être « stabilité ». « Le mot d’ordre est « liberté », scande-t-il, en songeant sans doute à son allié du Pakistan qui concrétise présentement son deuxième coup d’état.
Le discours du président américain, qui a suivi sa rencontre avec les exilés, a, à la surprise des observateurs, fait l’objet d’une page complète de citations textuelles dans le quotidien La Gramma et d’une diffusion d’un quart d’heure sur la télévision nationale cubaine.
Cuba réplique
Le ministre cubain des Affaires étrangères, Felipe Perez Roque, au lendemain du vote de l’ONU, a mis en garde les États-Unis s’ils tentaient de renverser de force le gouvernement en place à La Havane.
« Nous ne menaçons pas et nous ne bufflons jamais. Nous respectons les États-Unis et nous demandons le même respect pour nous. Nous défendrons notre pays contre n’importe quelle agression étrangère. »
Et commentant le mot d’ordre de « liberté » utilisé par le président Bush une semaine auparavant, l’ambassadeur ajoute : « Si l’utilisation de cette expression annonce une tentative de renversement de régime à Cuba, celle-ci se butera à la résistance du peuple cubain et ce peuple est prêt… Cuba ne représente pas une menace et souhaiterait entretenir des relations normales avec les États-Unis. »
La diaspora
Les exilés cubains ne désarment pas et la diaspora entretient la flamme anti castriste parmi la génération montante principalement regroupée à Miami.
Dernière offensive : la réclamation de propriétés en territoire cubain au lendemain de la chute du régime en place. Se basant sur une étude menée par une université du Nebraska, les Cubains de Miami estiment à près de deux milliards de dollars la valeur des biens saisis, confisqués ou étatisés par le régime de Fidel Castro. Ceux-ci vont de la possession d’une automobile jusqu’à celle d’une distillerie.
Les Cubains s’inspirent ainsi du mantra d’un opposant au régime de 88 ans, Pedro Miyares. Celui-ci ne cesse de répéter à ses proches, depuis quatre décennies: quand Fidel Castro tombera, vous devez retourner vous battre pour récupérer la ferme familiale.
La mémoire des opposants castristes est directement proportionnelle à l’entêtement présidentiel : Cuba doit regagner le giron étatsunien, sans quoi, point de salut.
Aurore, Soleil et Crépuscule;
Le Passé, le Présent, l’Avenir;
Toujours devant Jamais qui recule.
Guy Delahaye (Amour)
mercredi 7 novembre 2007
Québec et Ottawa derby d’abolitions
Mario Dumont et son ADQ se sentaient coincés ces dernières semaines entre la quête d’identité québécoise de Pauline Marois et du PQ et un Jean Charest qui n’hésite pas à prendre d’assaut les pages d’opinions des journaux pour vilipender les nationalistes. Pour se remettre en selle, Mario Dumont prend prétexte du famélique taux de participation aux élections scolaires du dimanche 4 novembre pour réclamer l’abolition des commissions scolaires.
Stephen Harper et le Parti conservateur minoritaire à Ottawa, las de toujours devoir rendre des comptes sur la nature de la participation de l’armée canadienne en Afghanistan, en plus de se faire casser les pieds par un sénat à majorité libérale qui tatillonne sur chacun des projets de loi en provenance de la Chambre des communes, accroche son wagon à la locomotive anti-sénat du NPD de Jack Layton pour réclamer l’abolition de cette institution.
L’un et l’autre ont raison d’agir de la sorte mais ils ne semblent pas le faire pour les bons motifs.
Une fois enfourchée sa monture, Mario Dumont perd le contrôle des rênes et met dans un même sac le coût des élections scolaires, 8 millions $, associé à un taux de participation de huit pour cent pour l’ensemble du Québec et la moitié de ce niveau dans l’île de Montréal, pour menacer de renverser le gouvernement s’il ne se rend pas à son exigence.
Il place ainsi le PQ dans l’obligation de soutenir le parti au pouvoir ce qui lui permettra ensuite de le vilipender sur toutes les tribunes pour collaboration avec l’ennemi.
Mais le motif réel de la position adéquiste est ailleurs et c’est l’auteur de la résolution abolitionniste des commissions scolaires qui le révèle candidement. « Les écoles privées ne sont pas soumises aux commissions scolaires et s’en sortent très bien », avance le député de La Peltrie, Eric Caire. Voilà qui ressemble davantage à l’ADQ : gruger au public pour alimenter le privé.
Pourtant les mobiles en faveur de cette abolition ne manquent pas, il suffit de prendre connaissance de la Loi sur l’instruction publique pour s’en convaincre en ayant à l’esprit que les parents recherchent dans une école un lieu d’apprentissage efficace pour leurs enfants. Aussi simple que cela. Or, une commission scolaire c’est tout le contraire de cette simplicité attendue.
Les commissions scolaires ont, avec les années, multiplié à outrance les paliers décisionnels et consultatifs sans toutefois avoir un mot à dire directement sur la qualité de l’enseignement dispensée dans les écoles sous leur responsabilité. Un parent tente-t-il de référer à la commission scolaire un cas de déficience pédagogique dans un établissement qu’il se fait répondre que ce n’est pas du ressort de cet ordre de gouvernement.
En fait, toutes les responsabilités dévolues aux commissions scolaires pourraient être confiées à d’autres structures déjà en place avec transfert du personnel et des budgets et le système ne s’en porterait que mieux. Et les emplois en jeu pourraient être transférés là où ils seront vraiment utiles sans devoir tergiverser avec des élus qui n’ont qu’une raison d’être : justifier leur présence. Unique perte : un terrain d’exercice pour politicien provincial en devenir.
Le sénat
Les conservateurs ont depuis longtemps fait de la réforme du sénat leur cheval de bataille avec, par exemple, la résolution triple E : élu, égal, efficace, la limite de la durée des mandats ou la consultation des électeurs avant une nomination. Toutes idées rejetées par les sénateurs eux-mêmes qui refusent, il est aisé de le concevoir, de scier la branche sur laquelle ils sont assis.
Mais la vraie raison de l’obsession conservatrice sur l’existence du sénat : ils y sont minoritaires parce que les libéraux ont accumulé plus d’années qu’eux au pouvoir et, par le fait même, ont eu l’occasion de nommer plus de sénateurs.
Pour le NPD, l’abolition du sénat est à son ordre du jour depuis la fondation du CCF (Commonwealth Cooperative Party), son ancêtre.
Là encore, les vrais raisons ne manquent pourtant pas pour justifier l’abolition de chambre haute. Le sénat, de défenseur des causes régionales et des politiques défendues par les provinces, s’est rapidement mué en espace de stationnement pour organisateurs politiques et en généreux pourboire pour services rendus.
Pour s’en convaincre, un coup d’œil au mémoire de l’ex-premier ministre Brian Mulroney qui élabore sur la nomination de Norman Atkins, un réputé organisateur de la Big Blue Machine conservatrice ontarienne : « … Il n’y eut pratiquement aucune critique quand j’ai nommé Norman au Sénat, la plus importante rétribution qu’un premier ministre peut accorder et qui représentait pour Norman, compte tenu de son âge, une somme de cinq millions de dollars sur (sic) le restant de ses jours! » (Brian Mulroney, Mémoires, p. 804.)
Voilà deux institutions aussi nécessaires à l’évolution de la vie démocratique qu’une balle de golf dans un tournoi tennis.
Malgré des jours nombreux, ma fin semble hâtive;
Je dis l’adieu suprême à tout ce qui m’entend.
Phamphile Le May (Ultima verba)
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