jeudi 27 septembre 2007
Pérou : Fujimori confronté à la justice de son pays
Les procureurs de l’État souhaitent procéder avec diligence. Les avocats de l’ex-président péruvien, Alberto Fujimori, entendent prendre tout leur temps. Raison : le politicien extradé du Chili est âgé de 69 ans. Une condamnation avant l’âge de 70 ans lui fait risquer 40 ans de prison. Une sentence intervenant, une fois révolus ses 70 ans, lui vaudra une remise de peine et une autorisation à purger sa sentence à domicile.
Alberto Fujimori est revenu au Pérou samedi soir dernier presque sept ans après son départ précipité pour le Japon et un détour par le Chili. Il doit répondre à des accusations de corruption et de violation de droits de l’homme. Son bras droit de l’époque où il présidait le pays, le chef des services secrets, Vladimir Montesinos, est déjà derrière les barreaux pour trafic d’armes.
L’arrivée au Pérou de l’ex-président et sa mise en accusation ébranlent les fondements politiques de la société péruvienne, comme le souligne l’ancien journaliste et ministre de l’Intérieur, Fernando Rospigliosi. « L’extradition de Fujimori a la magnitude d’un séisme de 8,4 degrés, du jamais-vu au Pérou. Jamais, dans notre pays, qui a vu tant de corrompus briguer le pouvoir, on n’avait mis en procès un ancien président pour des délits aussi grave que ceux dont est accusé Fujimori. »
Alberto Fujimori a été à la tête du Pérou pendant 10 ans (1990 – 2000). À l’issue de son dernier mandat, il quittait le pays pour se réfugier au Japon, dont il détient la citoyenneté. En novembre 2005, il débarque au Chili où il est arrêté dès le lendemain. Des procédures d’extradition sont entreprises et aboutissent par la sentence de la semaine dernière et son arrivée au Pérou le samedi 22 septembre.
Fujimori est soupçonné, durant la décennie où il a dirigé son pays, d’avoir versé 15 millions $ de fonds publics pour acheter le silence de son chef des services secrets, Montesinos, et commandité deux attaques contre des civils prétendument associés au groupe du Sentier lumineux.
De fait, l’essentiel des deux mandats de Fujimori a été concentré sur la lutte au groupe Sentier lumineux, organisation maoïste cherchant un reversement de régime en dénonçant l’exploitation des paysans et travailleurs par le gouvernement, les propriétaires fonciers et les dirigeants d’entreprise, le tout soutenu par une armée fidèle au régime et tenante de la ligne dure. Pas moins de 70 000 personnes sont mortes au cours de l’ère fujimoriste.
Mais l’ex-président est accusé d’avoir commandé deux attentats qui ont fait 25 morts. L’un est survenu en novembre 1991, laissant 10 morts, dans Barrios Altos à Lima et l’autre est connu sous le nom de La Cantuta d’après l’école normale dont un professeur et neuf étudiants ont été tués en juillet 1992. Dans ce dernier cas, les corps ont été retrouvés un an plus tard dans une fosse commune. Dans les deux cas, de nombreux corps ont été laissées pour morts, dont des enfants.
L’actuel gouvernement du président Alan Garcia se retrouve en mauvaise posture avec l’arrivée de Fujimori. La fille de ce dernier, Keiko, est à la tête d’un groupe de 13 députés fujimoristes qui ont soutenu le gouvernement minoritaire de Garcia au cours des 14 derniers mois. Fernando Rospigliosi poursuit : « Les liens de Garcia avec le fujimorisme vont au-delà d’une alliance tactique temporaire. Le président est entouré de politiques, de chefs d’entreprise et de militaires à la retraite qui sont étroitement liés avec le clan Fujimori. Même s’il le souhaitait – et, apparemment, il ne le souhaite pas – il aurait du mal à se défaire de tels alliés. »
Les yeux du monde entier seront tournés vers le Pérou, l’an prochain, et, sans doute, sur le procès de Fujimori, alors que s’y tiendra le prochain sommet des pays de la zone Asie-Pacifique.
Le fait est que les pays d’Amérique du Sud peinent à se libérer de leurs vieux démons marqués par des régimes autoritaires s’appuyant sur d’influentes forces armées au service d’une classe dominante qui s’accapare de l’essentiel des richesses disponibles.
Or, j’ai la vision d’ombres sanguinolentes
Et de chevaux fougueux piaffants,
Et c’est comme des cris de gueux, hoquets d’enfants
Râles d’expirations lentes.
D’où me viennent, dis-moi, tous les ouragans rauques,
Rages de fifre ou de tambour?
On dirait des dragons en galopade au bourg,
Avec des casques flambant glauques…
(Émile Nelligan, Vision)
mercredi 26 septembre 2007
Québec : la santé dans une embardée
Le système de santé du Québec va à vau-l’eau. Semaine après semaine, quelque histoire d’horreur vient hanter le réseau : diagnostics faussés, prélèvements mal recueillis ou mal analysés, patients laissés sans surveillance. Tout ça, sans compter les délais d’attente, en urgence ou sur les listes d’interventions chirurgicales pour des cataractes, une hanche ou un genou artificiel.
Dernier épisode en date, enfin jusqu’à aujourd’hui : les 16 décès survenus à l’hôpital Honoré-Mercier de Saint-Hyacinthe, parce que des mesures élémentaires de propreté ont été déficientes. Quand les établissements de soins de courte, moyenne ou longue durée doivent, sur l’ordre du ministère de la Santé et des Services sociaux, réduire leurs dépenses ou respecter scrupuleusement les balises budgétaires imposées, le premier poste à écoper : l’entretien. Ce qui signifie notamment des coupures de postes dans l’entretien ménager.
Et que dire du personnel affecté par un désintéressement d’une profession dans le domaine de la santé par les jeunes en âge d’orienter leur carrière. La réalité de la vie quotidienne du personnel de soins infirmiers comme des préposés aux usagers ou des professionnels est tellement démobilisatrice que le recrutement est devenu une tâche plus qu’ardue à accomplir. Parmi les raisons : précarité d’emploi, horaires de travail en montagnes russes, temps supplémentaire obligatoire, rémunération inférieure à la moyenne nord-américaine et ainsi de suite.
Les gouvernements québécois successifs ne cessent de répéter que l’argent n’est pas le cœur du problème rejetant le blâme sur la gestion et l’organisation du travail. L’un des arguments majeurs : le pourcentage élevé du budget de la santé par rapport au budget du Québec : 31,7 p. cent en 2005-2006.
Or, le Québec enregistre le pourcentage le plus bas de toutes les provinces canadiennes. En effet, le spectre des dépenses de santé en pourcentage du budget provincial va de 33, 9 p. cent à l’Île-du-Prince-Edouard à 44,1 p. cent en Ontario. Est-il possible de croire que les courbes de qualité de soins et d’effort budgétaire soient parallèles?
En chiffres absolus, selon l’Institut canadien d’information sur la santé, en 2004, le Québec a consacré 3 656 $ par personne pour les soins de santé, le plus bas niveau observé de toutes les provinces canadiennes. Encore là, la minuscule Île-du-Prince-Edouard dépense 232 $ de plus par année par personne que le Québec. Au Manitoba, c’est 4 465 $ par personne et en Ontario 4 296 $.
Il faut que les directeurs de service des hôpitaux fassent des sorties publiques pour que le ministère et le ministre reçoivent leur message, comme cela s’est produit à l’Hôpital Charles-Lemoyne, sur la Rive-Sud de Montréal. L’institution doit, année après année, transférer 800 cas de cardiologie ers Montréal en raison de l’absence d’une salle d’hémodynamie. Question de gestion ça ou d’affectation budgétaire quand les médias prennent la relève de l’écoute du ministère?
L’Hôpital Pierre-Boucher, à Longueuil également, dispose de deux salles pour ce type de traitement. Une seule est utilisée. Question de gestion ou de budget?
Et se poursuit le prêchi-prêcha du faire plus avec moins. Y-a-t-il des limites à cela avant le dérapage total?
Parlant dérapage, jetons un coup d’œil sur le réseau routier. Là-dessus on ne lésine pas, selon les données de Transport Canada compilées par La Presse.
Une autoroute urbaine nous coûte 790 382 $ le kilomètre dans le sud du Québec. La moyenne canadienne est de 527 111 $. En milieu rural : 839 962 $ contre une moyenne canadienne de 532 396 $. Une route principale en milieu rural coûte au Québec de 683 376 $ le kilomètre à 793 361 $, face à une moyenne de 433 546 $ au Canada. Même phénomène pour les routes secondaires en milieu urbain : de 509 184 $ à 592 074 $ le kilomètre au Québec, 345 405 $ en moyenne au Canada. Ça, c’est pour la construction.
En entretien, le Québec ne donne pas sa place non plus, surtout en hiver. Le Québec dépense de 9 à 10 000 $ par année à ce chapitre, tandis que l’Ontario y consacre de 5 500 $ à 6 000 $.
Est-il, vraiment nécessaire de décrire la condition du réseau routier québécois?
Pour le réseau de la santé on dépense moins et on a moins.
Pour le réseau routier, on dépense plus et on a moins.
Est-ce à dire que, de plus en plus, ça va de moins en moins?
Clameurs, ombres et flammes,
Êtes-vous donc les âmes
De ceux que le tombeau
Comme un gardien fidèle
Pour la nuit éternelle
Retient dans son réseau?
Octave Crémazie (Les morts)
mardi 25 septembre 2007
Pétrole : flambée des prix et profits
Le risque de tempêtes dans le golfe du Mexique expliquerait, du moins en partie, le prix record enregistré la semaine dernière par le pétrole à New York et à Londres; 84,10 $ le baril de « light sweet crude », à New York et 79,28 $ le baril de Brent de la mer du Nord, à Londres.
C’est l’annonce faite par l’agence gouvernementale américaine Mineral Management Service à l’effet que cinq plateformes pétrolières et trois derricks avaient été évacués du golfe du Mexique, ces installations se trouvant sur le trajet probable d’une tempête tropicale. Conséquences : plus du quart de la production de pétrole dans le golfe a cessé (360 000 barils par jour), ainsi que plus du tiers de la production de gaz naturel.
Un analyste, Eric Wattenauer, affirme que « les informations laissant entendre que 28 p. cent de la production dans le golfe du Mexique a été stoppée (sic) ont soutenu les cours ».
Le choix des mots n’est pas innocent dans cette assertion : « production stoppée » et « soutien des cours ». Cela reviendrait à dire que les cours allaient ralentir et qu’il fallait les maintenir, quels que soient les besoins à venir quand le temps froid nécessitera plus de chauffage. Ce qui importe, c’est de soutenir les prix sur les marchés.
C’est vrai qu’une tempête tropicale est probable dans le golfe du Mexique. C’est vrai à compter du mois de juin et jusqu’à la fin du mois de novembre. Année après année.
De là à conclure que l’évacuation des plateformes et derricks dans le golfe du Mexique serait une manœuvre pour créer une rareté, puis hausser les prix, à la suite d’un coût supérieur sur les bourses, serait une manœuvre qui permettra ensuite de vendre au détail à prix fort l’essence et le mazout, une fois l’hiver arrivé, il n’y a qu’un pas à franchir. Étrangement, lundi le danger était passé et les travailleurs réintégraient leurs installations. La baisse de production pour cette péridode est tout de même une réalité avec ses conséquences.
L’appétit vient en mangeant. Et les pétrolières sont affamées de profits faramineux. Chaque trimestre amène son lot de records dans la colonne des revenus. Et une analyse d’experts fiscalistes, dont Mme Brigitte Alepin, confirme que nos fournisseurs canadiens de carburant ne pompent pas suffisamment d’argent dans les coffres gouvernementaux sous forme d’impôts, ne contribuant que pour 16 p. cent de leurs profits contre une moyenne de 22 p. cent pour les PME. Le fisc fédéral perd de la sorte, pour la seule année 2005, 1 milliard $, sur des profits de 20 milliards $ pour les producteurs de pétrole.
Les pétrolières ont découvert une formule que leurs clients paient en double : des prix plus élevés pour le plein de l’auto et le chauffage de la maison et plus d’impôts aux particuliers pour compenser le manque à gagner occasionné par le faible niveau de fiscalité de ces mêmes pétrolières.
C’est ce qui s’appelle avoir le beurre, l’argent du beurre, la beurrerie et les vaches à lait.
Une poule cannibale
Dans la végétation prolixe
Couvait imperturbable
Un singe lunatique
Jean-Paul Martino (Osmonde)
lundi 24 septembre 2007
Bulletins scolaires : plagiat et mauvaise conduite
Devant le cafouillis qui semble caractériser le passage de bulletins scolaires évaluant les compétences à des bulletins chiffrés, la ministre de l’Éducation, Michelle Courchesne, en appelle à la collaboration des enseignants. N’aurait-il pas été judicieux de la part de la ministre de solliciter cette coopération avant plutôt qu’après la prise de décision?
Mais pourquoi les enseignants? Peut-on s’interroger devant cette sortie de la ministre : «Ça ne passe pas chez certains enseignants, peut-être, mais pour moi, ce qui est important, c’est que ça passe chez les parents. Le gouvernement a répondu à la demande des parents et les parents sont très heureux… Il y aura des bulletins chiffrés au mois d’octobre. »
Que conclure de cette détermination de la ministre?
Les enseignants sont des partenaires secondaires, des exécutants qui n’ont qu’à se plier, sans mot dire, devant les diktats d’un gouvernement qui a d’autres préoccupations que de les écouter. Or, c’est ce même gouvernement qui a demandé aux enseignants de consacrer des dizaines d’heures en formation pour maîtriser la conception de bulletins scolaires basés sur l’évaluation d’ensemble de la performance des élèves.
Il aura suffi que Mario Dumont, pédagogue aguerri comme chacun sait, étant lui-même père de famille, s’insurge contre les bulletins évaluatifs et prônent le retour aux bulletins chiffrés. Depuis quand, les parents, si bien intentionnés soient-ils, disposent-ils des connaissances nécessaires pour trancher quant à la forme de bulletin idéal qui sied à leurs enfants? Depuis que quelques-uns d’entre eux se sont mis à clamer sur les tribunes radiophoniques que le bulletin conçu par le ministère était trop complexe pour leur niveau de compréhension. Les animateurs de ces « lignes téléphoniques » leur ont laissé toute la place, ont ridiculisé les spécialistes du ministère et le train s’est mis à déraillé.
Jean Charest, toujours les yeux dans le rétroviseur où apparaît incessamment le profil de Mario, ne fait ni une ni deux : plus de bulletin basé sur les compétences et v’là le bon vent pour le bulletin chiffré. C’est simple (simpliste?) et tout le monde sera d’accord. Elle qui n’attend rien pour attendre, la Fédération des commissions scolaires emboîtent le pas. La boucle est bouclée.
Et les enseignants? C’est vrai, il y a toujours ces casse-pieds. Ils n’ont toujours pas d’indications, de paramètres, pour procéder à l’évaluation des élèves. Les commissions scolaires tardent à émettre quelque directive que ce soit et le ministère, apparemment, ne sait plus vraiment par quel bout prendre le problème, tiraillé entre les décisions politiques et l’avis de spécialistes. De toute façon, d’abord que les parents sont satisfaits, comme dit la ministre, les enseignants peuvent bien attendre un peu avant qu’on leur dise comment s’exécuter.
La joie des parents risque toutefois d’être de courte durée si, par un malencontreux hasard, leur enfant arrive à la maison avec un bulletin dont la note reflète l’unique résultat d’un examen de contrôle, parce qu’il faut bien évaluer les connaissances dans chacune des matières et que l’examen est l’outil pour chiffrer le savoir. Et si cet examen est survenu au lendemain d’une mauvaise nuit, d’épreuves affectant la famille ou autre événement perturbateur, quel en sera le résultat? Une note de beaucoup inférieure au résultat escompté? Possible. Sans compter les jeunes, les ados et même les adultes qui flanchent sous la pression qu’exerce un examen, et ce, même s’ils maîtrisent la matière. La note chiffrée reflète l’état d’esprit et la disponibilité intellectuelle tels qu’ils sont au moment de l’examen. Une évaluation d’ensemble, elle, se chiffre difficilement. Va-t-on, dans un an, dans deux ans, revenir à un autre type de bulletin?
D’ici là, des notes chiffrées peuvent d’ores et déjà être attribuées. À Jean Charest et Michelle Courchesne : zéro pour méconnaissance du sujet et plagiat. À la Fédération des commissions scolaires : zéro pour mauvaise conduite, suivi d’une dissolution bien méritée de ses composantes.
Je sens voler en moi les oiseaux du génie
Mais j’ai tendu si mal mon piège qu’ils ont pris
Dans l’azur cérébral leurs vols blancs, bruns et gris,
Et que mon cœur brisé râle son agonie.
Émile Nelligan (Je sens voler)
dimanche 23 septembre 2007
Cuba : le Phénix renaît
Fidel Castro étreint fortement le peuple cubain, son peuple, en réponse à son interviewer qui lui demandait quel message il souhaitait transmettre à la population de l’île. De fait, après trois mois de silence, le lider maximo est réapparu au réseau de télévision Cubavisión, vendredi, après trois mois d’absence.
Dans cette entrevue d’une heure, le leader cubain s’est exprimé lentement, mais clairement, quoique visiblement vieilli, à 81 ans. Il a abordé des sujets aussi variés que la baisse du cours du dollar américain et de la hausse du prix du baril de pétrole maintenant à 84 $, confirmant que l’entrevue a bel et bien eu lieu vendredi, à la grande déception de ses ennemis toujours actifs en territoire des États-Unis.
L’interviewer, le journaliste Randy Alonso, n’a pu se retenir de faire sourire le père de la révolution cubaine en mentionnant que les Cubains en exil à Miami allaient tomber sur le dos en visionnant cette vidéo. Rappelons que l’an dernier, Little Havana, le quartier où réside la plus grande concentration de Cubains en Floride, était en liesse en apprenant la maladie de Fidel Castro et célébrait déjà son décès en apprenant que celui-ci tardait à se remettre d’une opération intestinale.
Castro a également abordé la question de la guerre en Irak et a référé au livre d’Alan Greenspan, l’ex-président de la Réserve fédérale américaine, qui souligne que cette guerre avait été motivée par le pétrole de la région du Moyen-Orient. Il a également parlé de la baie des Cochons, inévitable, et des Américains qui doivent vivre sans protection d’assurance maladie.
La dernière entrevue de Castro remontait au début du mois de juin. Le long silence de l’été a été propice à tous les doutes sur sa santé et, même, sa mort. Les rumeurs surgissaient régulièrement et les spéculations allaient bon train au sujet du moment et dans quelles circonstances son décès allait être annoncé. La diffusion de l’entrevue de vendredi met ainsi fin à ces rumeurs.
Le lider maximo s’est prêté à cette entrevue d’une heure (on est loin de ses marathons oratoires Place de la Révolution) revêtu de son survêtement de sport bleu, blanc, rouge. En passant, son entourage aurait tout intérêt à lui conseiller une autre tenue vestimentaire à l’occasion de ses prochaines sorties, si sa santé le lui permet. Reconnaissons-le, il apparaît encore loin d'être en mesure de s’engager dans une piste de jogging.
Ainsi, je croyais voir, chêne, à ta voix superbe,
Des barbares armés sortir de dessous l’herbe,
Et nos bords se couvrir de profondes forêts…
François-Xavier Garneau (Le vieux chêne)
samedi 22 septembre 2007
Jeanson - Floglia : pédaler à distance
Le journaliste n’est pas déçu, ni dépité. Le chroniqueur de La Presse, Pierre Foglia, aujourd’hui, place les projecteurs à côté de Geneviève Jeanson. Il n’apporte guère plus d’éclairage sur ses liens professionnels avec la cycliste. Il n’empêche que la relation entretenue entre le journaliste Foglia et la vedette cycliste Geneviève Jeanson mérite qu’on s’y arrête. Pas question de faire la leçon, juste quelques observations.
La distance critique entre un professionnel de l’information et son sujet est l’un des éléments essentiels de l’objectivité indispensable au journaliste. L’objectivité qui est une notion à géométrie variable. Quand la ligne se franchit entre le reporter et le défenseur, le journaliste se retrouve sur la corde raide. Raide à tel point qu’elle risque de se rompre.
Foglia, envers et contre tous, a toujours défendu Geneviève Jeanson et son entraîneur. Il peinait, parfois, à trouver les qualificatifs pour décrire les exploits de celle qui accumulait les victoires et il la voyait dans les compétitions de haut niveau mondial.
Quand, début août, la télé de Radio-Canada entreprend la promotion de la première de la nouvelle émission d’affaires publiques, ENQUÊTE, animée par Alain Gravel, Foglia, en apprenant qu’il allait y avoir confession de la part de Jeanson et accusation à l’endroit de l’entraîneur André Aubut, apparaît comme quelqu’un qui est sonné et s’indigne presque de cette « traîtrise » à son endroit.
Le journaliste écrit, dans sa chronique du 8 août :
« Retenez-moi bien quelqu’un… Combien de fois, mon collègue Pierre Hamel et moi nous sommes-nous portés à la défense de Mlle Jeanson à une époque où tous les médias la traînaient dans la boue? Combien de fois me suis-je personnellement commis? Il ne me souvient pas qu’elle ne m’ait jamais payé en retour de la moindre confession. Il est vrai que je ne m’en attendais pas. Je pensais bêtement qu’elle était mon amie. » Naïveté et sentimentalisme ne caractérisent pas d’ordinaire le Foglia s’en va-t-en prose.
Ces propos alimenteront à coup sûr les cours éthique et journalisme en faisant ressortir les termes « défense », « personnellement », « payé en retour », « confession », « amie ». Des mots qui illustrent la trop grande proximité entre le reporter et son sujet et qui évacue tout sens critique. Le journaliste s’est mué en militant, en avocat de la cause Jeanson.
M. Foglia se demande comment il se fait que Mme Jeanson ne se soit pas confiée à lui. Sans jouer les psychologues de salon, est-il possible de conclure que Geneviève Jeanson aurait été incapable de se raconter à Pierre Foglia? Elle avoue d’ailleurs : « Ce qui me fait le plus mal, c’est d’avoir menti au monde qui me croyait. Je ne savais pas quoi faire. » Une partie du monde qui la croyait s’appelle Foglia. Peut-on se livrer à l’un de ses défenseurs à qui l’on mentait en toute connaissance de cause? Peu probable.
Voilà pourquoi Geneviève Jeanson a tout déballé à Alain Gravel qui n’avait entretenu aucun lien avec elle et qui lui permettait de se décharger d’un lourd fardeau tout en signifiant ses excuses à ceux qui ont cru en elle.
Si quelque ange te frustrait d'un désir, ce serait moi la fraude cachée de la malédiction.
(Présence de l’absence, Rina Lasnier)
vendredi 21 septembre 2007
République dominicaine : les plages et le rhum pas pour tous
Les plages et les complexes touristiques tout inclus sont des attraits certains quand vient la bise hivernale. Sauf qu’au moment où les touristes québécois, canadiens ou américains sirotent un verre, en se prélassant dans la piscine ou en déambulant pieds nus dans le sable fin et chaud, à quelques kilomètres de là, des travailleurs coupent la canne à sucre, dont la mélasse fermentée, sera offerte sous forme de rhum.
Et bon nombre de ces travailleurs sont d’origine haïtienne. Ils sont entre un demi-million et un million, femmes et enfants compris, sans papiers, sans patrie et sans droit de parole. Jusqu’au 23 septembre, à Montréal, une série d’événements spéciaux fait état de cet esclavage moderne dans le cadre du troisième Festival du film haïtien.
Dans ces plantations ou « bateys » peinent pour, des salaires misérables, ces haïtiens devenus apatrides qui ont le choix entre tolérer leur situation dominicaine ou retourner dans leur pays d’origine où leur statut sera loin d’être acquis et où perdure une situation intenable marquée par la les tueries entre factions ennemies et les enlèvements.
Depuis plusieurs décennies, les Haïtiens fuient les persécutions et la situation économique désastreuse de leur pays. Cela remonte aussi bien à l’époque des Duvalier, papa et baby doc, qu’à celle, plus récente, des gouvernements instables ou putschés par les États-Unis (Aristide). Ceux qui en ont les moyens émigrent vers l’Amérique du Nord ou l’Europe. Les autres traversent la frontière qui les sépare de la République dominicaine sur l’île d’Hispaniola que les deux pays se partagent.
Selon un rapport publié au début de 2007 par Amnistie internationale, « l’activité des plantations de sucre privées et nationalisées repose sur l’importante réserve de travailleurs haïtiens qui reçoivent des salaires dérisoires et qui sont soumis à des conditions de travail déplorables que la plupart des Dominicains ne sont pas prêts à accepter ».
L’essor de l’industrie touristique en République dominicaine a accentué l’arrivée d’une nouvelle vague d’immigration haïtienne vers la fin des années 80 et le début des années 90. Mais toujours, selon l’organisme de défense des droits humains, « les lois et politiques relatives à l’immigration sont mises en œuvre de manière incompatible avec les normes internationales.
Fréquemment, les agents d’immigration dominicains refusent de reconnaître les papiers des migrants haïtiens sous prétexte qu’ils sont faux ou falsifiés. Planent alors le choix entre l’expulsion vers Haïti ou la docilité face à des conditions de travail et de vie inhumaines.
Lors d’un prochain séjour en République dominicaine, les touristes vivant à proximité de champs de canne à sucre auraient intérêt à faire leur jogging ou leur marche de santé un peu avant l’aube. Ils observeront peut-être l’arrivée aux champs de pleins camions d’hommes, femmes et enfants qui entreprennent une pénible journée de travail qui se s’achèvera au crépuscule. Une interminable journée qui leur procurera un salaire inférieur à la valeur d’un apéro servi aux touristes rassemblés au bar.
jeudi 20 septembre 2007
Afghanistan: sortie inspirée du président Karzaï
Le président de l’Afghanistan, Hamid Karzaï, semble avoir toujours un œil sur son agenda et se renseigner régulièrement au sujet des observateurs en visite dans son pays. Voilà sans doute pourquoi, à quelques semaines de la reprise des travaux parlementaires à Ottawa, M. Karzaï prie les Canadiens de favoriser une prolongation de la mission de leur armée dans son pays, et, de plus, s’adresse directement au Québec. Qui l’eut crû?
Ainsi, M. Karzaï, sait d’instinct, que le ventre mou canadien de l’appui militaire à l’Afghanistan se situe au Québec. Sans doute le fait qu’il convoque, mardi, les journalistes canadiens au Palais présidentiel sous l’égide de l’ambassade canadienne y est pour quelque chose. Le quotidien La Presse rapporte les propos du président : « Mon message au Québec : ceux qui servent en Afghanistan accomplissent une mission très importante, pas juste pour notre pays, mais aussi pour le Canada. Ce n’est pas simple, mais quitter l’Afghanistan va ramener tout le mal. »
Le message aurait été écrit par Stephen Harper qu’il n’aurait pas été plus limpide. De là à conclure que c’est effectivement le premier ministre du Canada qui l’a transmis à M. Karzaï, il n’y a qu’un pas à franchir, et vite fait.
M. Harper n’est pas seul à inspirer le président afghan. M. Bush semble aussi avoir contribué à la rédaction de son message quand M. Karzaï insiste : « L’Afghanistan retournera à l’anarchie, il y aura de nouveaux refuges pour les terroristes, et les terroristes vous frapperont, au Canada et aux États-Unis. C’est aussi simple que cela. » Aurait-il eu accès à la transcription de l’une des conférences de presse du président des États-Unis qui reprend systématiquement cette ligne quand la presse lui rappelle l’impopularité de la guerre d’Irak?
Pourtant des refuges, les insurgés afghans semblent en trouver à profusion dans les montagnes de leur pays, de même que chez le voisin pakistanais. En outre, pas un mot d’Hamid Karzaï sur la culture et le trafic d’opium, sur l’influence des chefs de guerre sur son gouvernement, sur la corruption qui sévit à grande échelle dans le pays, sur la propension des recrues de l’armée nationale et des forces policières à déserter et à utiliser l’entraînement reçu et leurs armes contre les armées d’occupation…
Ce à quoi, le président réplique : « On est tous concernés par le problème, mais il découle de trois décennies de désespoir et de destruction, surtout provoqués par le manque de ressources humaines et d’infrastructures. » Là, M. Karzaï réfère peut-être aux trois décennies où lui-même était absent de son pays qu’il avait abandonné aux mains des Talibans.
La sortie du président Karzaï ne semble pas avoir vraiment influencé la frange anti-guerre du Québec. De fait, le lendemain soir, mercredi, le ministre Maxime Bernier, des Affaires étrangères, se faisait copieusement chahuter lors d’une intervention au Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal (CÉRIUM) où il était allé défendre la présence canadienne en Afghanistan.
De plus, un document rapportant les résultats de rencontres avec des groupes cibles (focus groups) et gardé confidentiel par le gouvernement canadien, révèle que les Québécois s’opposent à la hausse du budget consacré à l’armée et considèrent, comme les Canadiens anglais, que le gouvernement conservateur s’aligne trop étroitement sur le programme du président américain, George W. Bush. Cette enquête a été menée l’an passé et a été obtenue par André Noël de La Presse. Elle avait été commandée par le Conseil du Trésor qui s’était bien gardé de la publiciser.
Malgré cette étude, le gouvernement Harper, en mai 2006, déposait un budget consacrant 5 milliards $ de plus par année, sur une période de cinq ans, au poste de la Défense, le doublant de 20 à 40 milliards $ à l’échéance, et projetait de porter de 60 000 à 83 000 le nombre de soldats actifs. De quoi imposer la démocratie, notre démocratie, sans tenir compte de la réalité historique d’un peuple. Est-ce bien légitime?
À quand le jour où le peuple afghan pourra chanter dans sa langue et selon ses us, sans influence étrangère, un poème semblable à celui-ci?
Femmes de mon pays,
Blondes et brunes filles,
Aux flottantes mantilles,
Hommes aux fronts amis
Venez, la fête est belle,
Splendide, solennelle,
C’est la fête du peuple et nous sommes ses fils…
LA FÊTE DU PEUPLE, par JOSEPH LENOIR (1822-1861)
mercredi 19 septembre 2007
Irak:Une guerre pétroleuse alimentée en privé
Le mois prochain, le Congrès des États-Unis visionnera le film de Charles Ferguson : No End in Sight (pas de fin prévisible). Le producteur de ce film réalise, à 52 ans, son premier documentaire. En entrevue à La Presse, il commente son travail : « J’ai voulu faire un film d’enquête, et c’est ce que je pense avoir fait, en laissant les faits parler d’eux-mêmes. Mais je comprends ceux qui voient le résultat comme une mise en accusation. »
Ce film s’ajoute aux accusations lancées vers la Maison blanche et ses occupants : George W. Bush et Dick Cheney, tous deux issus du Texas et du milieu pétrolier.
Si les brûlots de Michael Moore, en raison de sa bonhommie et de son côté nonchalant, n’ont guère perturbé les dirigeants américains qui n’ont cessé de multiplier les envois de troupes en Irak, accompagnés de matériel de guerre à la dernière pointe de la technologie, sans compter des milliers de mercenaires privés, il va tout autrement du documentaire de Ferguson. En effet, celui-ci est projeté dans la foulée de l’affirmation de l’ex-président de la Banque centrale des États-Unis, Alan Greenspan, selon qui la guerre d’Irak trouve sa véritable origine dans le pétrole. Pas le terrorisme, pas la dictature de Saddam Hussein, pas d'armes de destruction massive, pas Al Qaeda. Non. Le pétrole.
Le film de Ferguson relève que le chaos qui persiste en Irak repose sur trois erreurs commises par Paul Bremer promu chef du régime d’occupation en mai 2003. En fait, il portait le rôle de consul d’Irak, sans doute pour symboliser la démocratie qu’il convenait d’imposer. Ainsi, Bremer s’est opposé à la formation rapide d’un gouvernement souverain, a décrété la débaasification (le parti BAAS était celui de Saddam Hussein) du pays, envoyant au chômage les fonctionnaires en place au moment de l’invasion, et a ordonné la dissolution de l’armée. Voilà qui devait engendrer l’insurrection menée par les baassistes et les soldats congédiés. Pas l’ombre d’Al Qaeda.
Une des conséquences de cette suite de décisions prises par Paul Bremer : le recours à des firmes privées de sécurité pour protéger les envahisseurs civils, le tout en appui aux militaires américains.
L’une de ces entreprises de sécurité sous contrat avec le gouvernement américain, Blackwater USA, est accusée d’avoir tué, dimanche dernier, 10 civils et en avoir blessé 11 autres, en escortant des diplomates américains. Le ministère irakien de la Défense fixe le nombre de morts à 20, dont des femmes et des enfants. Il semble qu’ne auto ayant refusé de s’arrêter à un signal d’un agent de police serait la cause de cette tuerie.
Le premier ministre irakien al-Maliki affirme qu’il ne tolérera pas qu’on tue ses concitoyens de sang-froid. Dès lundi, le ministère de l’Intérieur révoquait le permis d’opération de la firme de Moyock en Caroline du Nord, et ordonnait l’expulsion de ses 1000 mercenaires. Le ministère revenait sur sa décision le lendemain, confinant les employés de la firme dans la zone verte (haute sécurité sous contrôle américain) jusqu’à la conclusion de l’enquête irako-américaine.
Près de 50 000 employés de firmes privées de sécurité travaillent en Irak ceux-ci étant considérés comme des mercenaires de la part de la population civile irakienne.
Halliburton est l’une de ces firmes qui fournissent des vigiles armées pour protéger les Américains en poste en Irak. Dick Cheney est l’ex-président d’Halliburton. Un hasard. Et les meilleurs amis de M. Bush gravitent tous dans les milieux pétroliers. Re-hasard. Même les scénaristes de Dallas n’auraient imaginé un JR aussi machiavélique que les deux qui dominent la politique qui prévaut à Washington.
mardi 18 septembre 2007
Contrer Cuba, ça n’a pas de prix
La mère d’une fillette de cinq ans, aux prises avec de graves problèmes de santé mentale, est déclarée inapte à prendre soin de son enfant. Les services sociaux assument la responsabilité de l’enfant. Le père, dont la paternité n’est pas contestée est séparé de la mère. Mis au courant de la situation, il réclame la garde de l’enfant. Normalement, une simple audience devant un juge d’un tribunal de la jeunesse visant à s’assurer que le père est en mesure de prendre l’enfant en charge suffirait pour lui en confier la garde.
Ce scénario prévaudrait normalement, sauf si les protagonistes de l’histoire sont une mère cubaine exilée à Miami, un père agriculteur ( Rafael Izquierdo) demeurant toujours à Cuba, où il veut élever sa fille, et un service social aiguillonné par l’artillerie lourde de la communauté cubaine anticastriste de la Floride.
Jusqu’ici, pas moins de 250 000 $ ont été consacrés à cette cause, l’essentiel versé par les fonds publics et les factures continuent de s’accumuler.
Le tout a débuté en mars 2006. Les plaidoyers finaux des parties interviendront aujourd’hui, 18 septembre 2007.
Au total, 32 avocats sont intervenus, huit psychologues, trois juges, trois interprètes, un étudiant cubain, un médiateur, des traducteurs de documents, des greffiers, des huissiers, des policiers pour la sécurité et autres personnels de soutien. Ajouter à cela des frais de transport aérien, d’hébergement et de repas et autres dépenses connexes. Il y a tellement de monde mêlé à la cause, que les locaux du tribunal de la jeunesse étant trop exigus, il a fallu tenir les audiences dans une salle du Palais de justice du comté de Miami-Dade.
Le secrétaire du Service à la jeunesse et à la famille du comté de Miami-Dade, Bob Butterworth, avoue que le cas est sans précédent et qu’il n’a jamais vu autant d’argent consacré à une cause de garde d’enfant.
Cette situation inusitée n’est pas sans rappeler la saga Elián González, ce petit garçon qui avait échoué sur la côte de la Floride, en 1999, arc-bouté sur une chambre à air. Sa mère n’avait pas survécu à la traversée de Cuba vers les États-Unis. Une prétendue lointaine cousine avait réclamé la garde du petit en sol américain, tandis que le père voulait le rapatrier dans son pays d’origine. Il a fallu l’intervention, aux petites heures du matin du 22 avril 2000, des agents des services de l’immigration au domicile de la « cousine » pour se saisir de l’enfant afin de le rendre à son père. Les ennemis de Fidel Castro, résidant à Miami, ont manifesté leur indignation pendant des jours suivant cet épisode. Ceci n’est d’ailleurs pas étranger au glissement du vote américano-cubain des démocrates vers les républicains, l’affaire González étant survenue sous l’administration Clinton.
Revenons au cas Izquierdo. Tous les arguments ont été utilisés à l’encontre du père de la fillette, notamment qu’il l’avait laissée aller avec son épouse en sachant qu’elle était incapable de prendre soin de sa fille. La procureure d’état au dossier a gardé le père à la barre des témoins pendant 25 heures, jusqu’à ce qu’il éclate en sanglots.
Pourquoi autant de délais? Cela permet notamment à la communauté américano-cubaine de confier l’enfant concerné à une famille militante assez longtemps pour que l’enfant s’attache à elle et qu’il exprime éventuellement le souhait de demeurer dans cette famille d’accueil. C’est ce qui s’est produit dans l’affaire González, c’est ce qui se produit dans la présente affaire. Des affaires d’enfants pris en otages pour des fins politiques?
Rien pour aider. Le patronyme du père est Izquierdo (la gauche). Être Cubain et porter le nom de gauche, c’est assez pour soulever toute l’ire dont sont capables les Cubains militants exilés à Miami… même celles et ceux qui n’ont jamais mis les pieds au pays du lider maximo.
lundi 17 septembre 2007
Fête de l’indépendance : le Mexique voit des chandelles
En lançant son « Viva Mexico » à partir du Palais présidentiel de la place Zócalo de la capitale, samedi soir dernier, le président Felipe Calderón, devait souhaiter que les célébrations de la 186ème fête de l’Indépendance, du dimanche 16 septembre, fassent oublier la semaine d’enfer que le pays venait de vivre, alors que lui-même était en visite en Inde.
L’Armée populaire révolutionnaire (EPR), en réclamant la libération de deux militants arrêtés le 25 mai à Oaxaca, a fait exploser, lundi dernier (10 septembre), des gazoducs dans les états voisins de Veracruz et Tlaxcala, dans le centre-est du pays. Au Mexique s’attaquer au pétrole, c’est s’en prendre à son pivot économique. Le pétrole représente 30 p. cent du budget de l’état.
Les champs pétrolifères sont concentrés dans les états de Veracruz, de Tabasco, du Chiapas et de Campeche, ces états représentent 70 p. cent de l’exploitation nationale. C’est aussi dans ces états que les inégalités sociales sont les plus criantes. On se rappelle le soulèvement autochtone, au tournant du 21ème siècle, dans le Chiapas. Rien n’est encore réglé dans ce dossier.
Si les groupes qui favorisent l’action directe, comme celle dont est soupçonnée l’EPR, décident de s’en prendre systématiquement aux gazoducs, les autorités devront faire appel à tous les effectifs de l’armée et de la police pour protéger ces infrastructures qui s’étendent sur 50 000 kilomètres.
Avec ses 107 millions d’habitants, dont plus de 20 millions dans la capitale, le Mexique s’il ne parvient pas à stabiliser sa situation politique, à contrôler la corruption généralisée au sein des forces policières, à freiner son émigration, à endiguer le trafic de drogue et, surtout, à améliorer la situation économique de sa population, il y a fort à parier que les factions armées en révolte se multiplieront.
Le redressement doit cependant s’initier au sein même des appareils politiques. On croyait, au début des années 2000, que la défaite du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) annonçait enfin un multipartisme dépouillé de manœuvres électorales douteuses. La déception est, depuis, au rendez-vous à chacune des élections présidentielles, et celles de l’an passé n’ont pas fait exception.
Le Parti d’action nationale (PAN) de Felipe Calderón a récolté, le 2 juillet 2006, 35.88 p. cent des suffrages exprimés, contre 35,31 p. cent en faveur du Parti de la révolution démocratique (PRD) d’Andrés Manuel Lopez Obrador. Toutes les contestations juridiques sont demeurées vaines, le PAN contrôlant la machine judiciaire. Ainsi, Calderón est président du Mexique depuis le 1er décembre dernier, et ce, jusqu’en 2012 et peut participer à des sommets avec le premier ministre du Canada et le président des États-Unis sans que ceux-ci ne pipent mot des exactions présumées du parti de M. Calderón. Il faut dire que M. Bush est mal placé pour faire la leçon à ce chapitre.
Les partisans d’Obrador, qui dénoncent toujours l’illégitimité du gouvernement en place, étaient présents sur la place Zócalo, samedi soir, à l’extrémité opposée au palais présidentiel d’où le président a appelé à l’unité du pays.
D’après les témoins sur place, la nuit de samedi à dimanche s’est déroulée paisiblement, sans affrontement, mais dans un total tintamarre, les haut-parleurs de part et d’autre rugissant jusqu’à la cacophonie la plus totale.
Un dialogue de sourds qui risque de se heurter de nouveau à une réalité explosive…
dimanche 16 septembre 2007
Le « eux, le « nous »… À l’aide!
Congrès général du Parti libéral du Québec (PLQ), ce week-end. Jean Charest se doit de rallier ses troupes d’ici le vote de confiance auquel il fera face en 2009, s'il se rend jusque-là. Pour l’aider, il est allé chercher de l’aide en puisant dans les forces vives de son parti : deux anciens collaborateurs de feu Robert Bourassa. Rien de mieux que de regarder derrière soi pour se propulser en avant.
À entendre les messies du parti, John Parisella, ex-chef de cabinet de Bourassa, et Michel Bissonette, ancien président de la Commission jeunesse du PLQ, il n’y a pas péril en la demeure. À croire qu’ils ont été appelés à la rescousse seulement parce que le premier ministre souhaite avoir de la compagnie, ce qui n’est guère élégant pour son entourage actuel.
Pour M. Parisella, « on n’est pas dans une opération sauvetage », clame-t-il à Denis Lessard de La Presse. M. Bissonnette est plus réaliste quand il affirme au journaliste: « Il y a d’immenses défis. On ne peut pas dire qu’on monte dans un train qui va bien… Il faut prendre acte des résultats de la dernière campagne électorale. C’est vrai que les sondages ne sont pas beaux. »
Pour M. Charest, la voie de son parti est en dehors des débats de société entrepris, même si c’est parfois maladroitement, par l’ADQ de Mario Dumont et le PQ de Pauline Marois. « On va laisser au PQ et à l’ADQ, lance Jean Charest, toute la place qu’ils veulent pour faire le débat entre le « eux » et le « nous ». C’est le débat de l’ADPQ ». Et M. Charest s’imaginait sans doute, samedi matin, que le reste de la fin de semaine allait couler comme un long fleuve tranquille.
Si les stratèges libéraux souhaitaient une instance paisible, voilà que sans le vouloir, ils ont réussi à mettre un peu de piquant dans cette assemblée. Un rapport d’un groupe de travail insiste pour donner plus de chair à la reconnaissance du Québec comme nation. Il propose des gestes dans le dossier linguistique, sur les questions constitutionnelles et les relations internationales. Voilà qui suffit pour soulever des passions auprès des militants d’origine étrangère. Comme quoi la réalité finit toujours pour nous rattraper même si on désire l’ignorer.
Coïncés entre le « eux » et le « nous » des uns et des autres, les libéraux sont maintenant obligés de ronger l’os qu’ils auraient préféré contourner . Heureusement, maintenant ils ont de l’aide.
On n’échappe pas à sa destinée, comme le rappelle la légende du chien d’or :
UN JOUR VIENDRA QUI N’EST PAS VENU
QUE JE MORDRAI QUI M’AURA MORDU
samedi 15 septembre 2007
Cyanobactéries : rencontre de haut niveau
Sans prétention aucune, le premier du Québec, Jean Charest, et sa ministre du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (DDEP), Line Beauchamp, tiendront, le 25 septembre prochain, à Sainte-Adèle, un sommet, rien de moins, sur la présence de cyanobactéries (algues bleu-vert) dans les lacs du Québec.
Selon le Petit Robert un sommet est une rencontre « entre dirigeants de haut niveau ». Ah! Que n’avons-nous consulté plus tôt cet inséparable compagnon qu’est le dictionnaire? Nous aurions compris sur-le-champ que les groupes environnementalistes ne sont que du menu fretin pour notre premier ministre et sa ministre du DDEP et que c’est là la raison qui explique qu’ils ne les aient pas conviés. Il faut avouer aussi que ces organismes auraient pu tout aussi bien ne pas être d’accord avec les vues gouvernementales et, hélas, aller gâcher la fête qui, sans doute se conclura par un large consensus. On ne sait pas encore entre qui. La liste des invités de haut niveau demeure toujours une inconnue pour la plèbe.
Il appert, en effet, que la présence des cyanobactéries dans plus d’une centaine de plans d’eau du Québec cet été a créé une telle psychose que nos responsables politiques ont dû, bon gré mal gré, se pencher sur la question. Mais n’allez pas croire que c’est parce que des lacs comme Massawapi (où réside M. Charest l’été) ou Memphrémagog (rendez-vous du tout Québec inc.) étaient du nombre des lacs affectés. Quoiqu’il en soit, les décideurs politiques se sont mis le nez là-dedans et ils apprécieraient que des mesures uniformisées soient adoptées pour corriger la situation.
Or, la réalité est plus complexe que ça. Par exemple, la baie Missisquoi du lac Champlain est aux prises avec le problème depuis déjà une dizaine d’années. Des organismes avec des moyens de misère sont parvenus à sensibiliser le milieu, riverains comme agriculteurs et autres usagers de la baie, qu’il leur fallait faire des efforts pour sauvegarder ce milieu aquatique. Le message a été entendu : cette année un seul avis, et de premier niveau seulement, a été émis dans la deuxième semaine de septembre. Un record des dernières années alors que la baignade était interdite dès le mois de juillet. Cela signifie qu’à la baie Missisquoi, il est temps de passer à une autre étape : l’application de solutions durables. Mais voilà, la ministre Beauchamp, de toute évidence, n’est pas rendue là. Tout au long de sa tournée du mois d’août auprès des organismes concernés (une première), elle n’a parlé que de sensibilisation, sans tenir compte qu’à certains endroits, le milieu est mûr pour du concret.
Mais inutile de se faire ennuyer avec ça dans le cadre bucolique de Sainte-Adèle. Une rencontre de haut niveau suffira.
Soyons sincères, sans les environnementalistes, ce qui se qualifie de sommet ne sera, qu’une petite colline, les vrais travailleurs de terrain en étant absents.
Les ponts rompus
Chemins coupés
Le commencement de toutes présences
Le premier pas de toute compagnie
Gît cassé dans ma main
Saint-Denys Garneau
N.B. : l’auteur siège au conseil d’administration de Conservation Baie Missisquoi mais s’exprime ici à titre personnel
vendredi 14 septembre 2007
Un voile au vent au directeur des élections avec ça?
Inflexible, ferme, inébranlable. Les qualificatifs illustrant l’attitude légalement imparable du directeur général des élections (DGE) du Canada, Marc Mayrand, ont abondé depuis une semaine. Et pourtant, tous savaient, même les élus tartufes qui réclament à cor et à cri que l’agent parlementaire recourt à son soi-disant pouvoir discrétionnaire pour transgresser la lettre et l’esprit de la loi.
Devant le comité parlementaire qui s’est penché sur la plus récente version de la loi électorale, le DGE, en réponse à une question du sénateur Pierre-Claude Nolin, a clairement confirmé que le libellé soumis aux parlementaires autorisait les personnes le désirant à voter voilées. Ceci se déroule devant un comité parlementaire, où siègent les élus de tous les partis. À défaut, la transcription des audiences est disponible à l’ensemble des parlementaires. Donc, tout le monde est au courant de la situation ou devrait l’être, quel que soit son camp politique. Réactions : rien.
De plus, au mois de juillet dernier, le DGE a avisé le greffier du Conseil privé, le ministère du premier ministre, des lacunes de la loi électorale. Réactions : nada.
Quand le premier ministre affiche son air ingénu sur la place publique pour exprimer « son profond désaccord » avec la décision du DGE. Ou bien, il savait et il nous prend pour de simples naïfs. Ou il ne savait pas et le greffier du Conseil privé mériterait d’être sanctionné.
Le rôle du DGE, selon la loi en vigueur, est de faciliter l’exercice du droit de vote, pas de le restreindre. « Ce qu’on me demande, affirme M. Mayrand, selon une dépêche de la Presse canadienne, c’est de restreindre ou de forcer des électeurs de choisir entre deux droits fondamentaux qui sont accordés par notre constitution. » En effet, quand un député réclame que le DGE utilise son pouvoir exceptionnel, il exige que celui-ci se substitue au législateur et qu’il choisisse d’appliquer l’un des deux droits apparaissant à la constitution canadienne : le droit de vote ou le droit au respect des libertés religieuses. Là n’est pas son rôle.
Mais comment se fait-il que nous soyons aux prises avec ce psychodrame qui sévit depuis presque deux semaines et qui donne lieu à des sondages où la population s’exprime à 81 p. cent contre le vote voilé dans Outremont? Non, non et non, ce n’est pas la question lancée par un journaliste lors d’une conférence de presse du DGE. C’est plutôt la couardise de parlementaires qui n’ont pas osé écrire clairement dans la loi ce qu’ils souhaitaient y voir apparaître. Ces élus timorés ont craint de devenir la cible d’une vague de protestations de la part de groupuscules religieux tapageurs. Ces législateurs, dès ce moment, savaient qu’ils refilaient la patate chaude au DGE. Ce qu’ils font aujourd’hui en clamant leur innocence. Et ils le sont... innocents. On le sait maintenant.
Pourquoi ne pas s’inspirer du poète Alphonse Beauregard (1881-1924) au lieu de plastronner imbu de certitudes?
Je ne sais s’il vaut mieux être un simple d’esprit
Auquel on a tracé sa route,
Ou celui qui s’abreuve à toutes les idées,
Qu’assaillent tous les doutes.
jeudi 13 septembre 2007
PUBLICIDÉE
Conseils en communication marketing
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Le tout au Québec ou en Floride
Tél. : 514-979-6338 (Québec); 305-491-8168 (Floride)
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Pas une potiche, un pastiche
Sans doute l’événement festif le plus populaire du Québec, après le Festival de jazz de Montréal, le Festival western de Saint-Tite bat son plein. C’est au beau milieu de cette manifestation, dont la réputation déborde largement les frontières du Québec, que la ministre du Patrimoine canadien a annoncé son programme d’aide supplémentaire de 30 millions $ aux divers festivals.
Sauf que l’annonce faite hier par la ministre Josée Verner est, de toute évidence, la copie conforme du programme élaboré sous la houlette de sa prédécesseure, Bev Oda, qui avait été tassée, lors du remaniement ministériel, en raison de la vague de protestations qu’avait suscité la mise de l’avant de ses politiques.
Qui plus est, de la somme de 30 millions $, seulement 7,4 millions $ sont destinés aux grands festivals. Et la ministre Verner n’a même pas daigné rencontrer la direction de la Coalition des festivals canadiens, pas plus que quelque autre organisateur d’un de ces événements qui attirent des centaines de milliers de personnes chaque année. Mais non, affirme au quotidien La Presse Mme Verner, puisque « il y eu des consultations qui ont été menées dans tout le pays, des tables rondes, au cours desquelles l’ensemble des intervenants ont fait valoir leurs idées, leurs suggestions et leurs besoins. C’est 30 millions $ de bonnes nouvelles parce que c’est accessible à l’ensemble des festivals, aussi bien les petits que les grands ». Toutes ces démarches ont été exécutées sous Bev Oda.
Et la ministre n’a prévu aucune rétroactivité (comme l’avait décrété Bev Oda) pour les festivals qui n’ont reçu aucune somme supplémentaire l’été dernier et qui vont rester gros-jean comme devant avec leur déficit. De plus, le programme supplémentaire est saucissonné : un bout aux grands festivals, un bout aux petits et un autre bout pour des travaux infrastructures en vue d’événements ponctuels.
Heureusement que les « stépettes » de Mme Verner n’ont pas empêché Kenny Rogers de livrer son concert à Saint-Tite hier soir devant une foule monstre dont ne faisait pas partie la ministre, puisqu’elle était à Halifax, en Nouvelle-Écosse, d’où elle a annoncé son programme. Josée Verner a bien choisi le théâtre de son annonce, cette province ne compte même pas ou à peine une population équivalente aux assistances cumulées des festivals de jazz, Juste pour rire et de Saint-Tite.
Les collègues de Josée Verner étaient montés au créneau quand un député adverse l’avait qualifié de potiche, signifiant par là qu’elle n’allait jouer qu’un rôle de figurante à son nouveau poste. Et bien, José Verner, sur la base de son incapacité d’entreprendre quelque initiative qui l’ait démarqué de la ministre précédente, a fait la preuve qu’elle n’était pas une potiche, mais le pastiche d’une véritable ministre de la culture. Organisateurs de Saint-Tite, si vous la voyez, faites-lui monter votre plus fringant bronco, ainsi elle sera dans l’obligation de bouger.
mercredi 12 septembre 2007
Patriotes, vive la nation!
Par Yvan Sinotte
« L’étroite et chaleureuse relation qui existe entre le Canada et l’Australie aujourd’hui est remarquable. Parce qu’elle n’est pas issue de la proximité ou de la nécessité. Nous nous trouvons aux deux extrémités de la planète. C’est l’étoile du Nord qui guide nos rêves, alors que la Croix-du-Sud guide les vôtres. »
Ainsi le premier ministre canadien, Stephen Harper, amorce son discours aux Australiens devant leur parlement, avant d’y ajouter :
« L’Australie est née en Anglais; le Canada en Français, à Québec - il y a 400 ans l’année prochaine – ce qui est reflété jusqu’à ce jour par la présence des francophones et de la « nation québécoise » au sein de notre pays uni. »
Ce contact de notre premier ministre auprès des Australiens n’est pas une première entre nos pays.
Un peu d’histoire au bénéfice de Crocodile Dundee et des dinosaures red neck qui forment toujours un groupuscule d’influence au sein du parti de M. Harper.
D’abord l’Australie. Les Anglais occupent le pays en 1770. Sans doute aux prises avec des geôles trop exigües, 18 ans plus tard ils y établissent une colonie pénitentiaire.
L’hospitalité ayant fait leur réputation, les Anglo-australiens, quelque 50 ans plus tard, recevaient les patriotes de 1837-38 qui avaient échappé à l’échafaud dressé au Pied-du-Courant.Plus chanceux que de nombreux de ses compatriotes,Louis-Joseph Papineau, héraut de la rébellion des Canadiens français au 19ème siècle, a pu s'exiler en France.
Ainsi, en 2007, 170 ans après la révolte patriotique du Bas Canada, le premier ministre canadien se pavane à l’étranger avec la reconnaissance qu’il a consentie au Québec en le qualifiant de nation.
La porte-parole du Bloc québécois pour les affaires intergouvernementales, Vivian Barbot, regrette que le seul endroit où le Québec a sa place sur la scène internationale soit l’Organisation internationale de la francophonie. À l’UNESCO, renchérit Mme Barbot, le Québec a une voix à la condition qu’il soit d’accord avec le gouvernement fédéral.
Le Bloc québécois, comme le Parti québécois, comme tous les nationalistes québécois, durs, tièdes ou mous doivent se rendre à l’évidence, à une réalité qui est aussi vraie aujourd’hui qu’elle l’était à l’époque des Patriotes : nous sommes toujours des Canadiens français. Notre souche n’est pas québécoise. Seule chose qui ait changé : nous vivons dans une province, la province de Québec. Souvenons-nous! Il en sera ainsi tant et aussi longtemps que nous ne manifesterons pas la volonté de changer de statut.
mardi 11 septembre 2007
Un pavé, y en a marre!
Démontrant une fois de plus sa pugnacité tranquille, l’ex-premier ministre Brian Mulroney, sitôt remis sur pied d’une maladie qui l’a mené à l’antichambre de la mort, lance un pavé dans la marre de ses adversaires d’hier et d’aujourd’hui sous forme de volumineux mémoires. Rien de très étonnant qu’il s’en prenne à Pierre Elliott Trudeau, un adversaire politique de toujours, et à Lucien Bouchard qui a choisi de quitter le Parti conservateur plutôt que d’endosser un accord du lac Meech dilué par les soins d’un Jean Charest mandaté à cette fin par le PM conservateur.
Quiconque a lu les extraits publiés les 6 et 7 septembre derniers dans le Journal de Montréal, puis regardé l’entrevue accordée à Paul Arcand et diffusée à TVA le dimanche 9 septembre, a sans doute saisi la substance du propos abordé par M. Mulroney, rendant presqu’inutile la lecture de la brique produite par les Éditions de l’Homme, à moins, bien entendu de vouloir savourer l’essence de la prose du politicien. Mais là ne réside pas le coeur de la démarche du fils de Baie Comeau.
Sous l’impulsion de son porte-parole officiel, Luc Lavoie, vice-président de Quebecor, l’opération Mulroney illustre à merveille l’application parfaite de la politique de convergence chère à l’empire de PKK (Pierre-Karl Péladeau).
Les Éditions de l’Homme, propriété de Quebecor, prend en charge le manuscrit de Brian Mulroney, en assume la révision, la correction, l’édition et le lancement en grande pompe dans un chic hôtel de Montréal. Le tout est accompagné d’un interdit de possession de l’ouvrage, sauf pour les médias Quebecor. Extraits publiés par le Journal de Montréal, filiale de Quebecor. Entrevue diffusée par TVA le réseau de télévision de Quebecor. La maison de distribution Messageries ADP assume la diffusion du livre en librairie desservant, prioritairement, les librairies Archambault, propriétés de Quebecor.
Qui se demande ce que signifie le terme convergence, en a maintenant l’exemple parfait. Trop parfait? Peut-être.
En accaparant, en moins trois jours, l’attention médiatique à l’intérieur de son propre réseau, repris plus ou moins poliment par les autres médias, étant donné le statut de l’auteur, Quebecor s’est possiblement coupé l’herbe sous le pied. En effet, pourquoi aller quérir le livre à la librairie si les intéressés ont l’impression qu’ils connaissent ce qu’ils voulaient savoir?
Trop c’est comme pas assez, dit l’adage. Si les ventes des mémoires de Brian Mulroney ne sont pas à la hauteur des attentes, Quebecor n’aura qu’à s’en prendre à l’efficacité de sa convergence.
lundi 10 septembre 2007
Réplique acerbe
Roger Federer n’entendait pas se faire passer le sapin qui fut le sien lors du tournoi de Montréal. En juillet, le Serbe Novak Djokovic l’avait surpris en remportant la coupe Rogers au stade Uniprix.
À Flushing Meadows, dimanche, Roger Federer a répliqué coup pour coup à son adversaire, ne lui laissant aucune marge de manœuvre. Il faut dire également que la tête de série numéro trois de 20 ans ne s’est guère aidé en ratant pas moins de sept points de match. Federer, somme toute, s’est bien vengé de l’humiliation de Montréal en défaisant Novak Djokovic en trois manches au US Open de New York.
Là ne réside pourtant pas tout l’intérêt des confrontations Federer – Djokovic. De fait, que Federer, originaire de Suisse, un pays où la richesse s’étale à tous les coins de rues des milieux urbains aussi bien que dans la fertile campagne, ait pu développer au maximum son potentiel jusqu’à rafler les plus prestigieux titres des grands chelems du tennis, cela va presque de soi. Mélange de talent et de moyens.
La chose se présente tout autrement pour un joueur d’origine serbe, même s’il possède tout le génie imaginable pour le mener au sommet de la pyramide du tennis mondial. Il y a 10 ans, la Serbie-Monténégro était l’épicentre du chaos issu de la dislocation de la Yougoslavie de Tito. Depuis, le président de l’époque, Slobodan Milosevic, a été traduit devant le Tribunal pénal international pour la Yougoslavie, où il est décédé en cellule en cours de procès et le Monténégro a acquis son indépendance.
Ce pays disloqué de même pas 15 millions de population, moins de la moitié du Canada, contribue largement, malgré cela, à la cohorte des meilleures raquettes sur la scène internationale : trois joueurs masculins serbes sont parmi les 10 meilleurs, une joueuse dans le même cas.
Un parallèle est possible avec la championne du US Open, la belge Justine Hénin. Encore là, un petit pays moitié moins peuplé que le Canada, avec PIB (produit intérieur brut) à peu près équivalent, dans les 25 K $ par habitant.
Quelle est donc la recette des fédérations de tennis de ces pays? La fédération canadienne, à côté de ses vis-à-vis européennes, démontre une stérilité mortifiante. Quel soutien offre-t-on à nos meilleurs joueurs? Depuis Robert Bédard, champion de la Coupe Davis dans les années 60, où vont nos élites qui vite se retrouvent sans appui? Est-ce question de ressources financières ou d’entraîneurs qualifiés? Est-ce possible de recruter afin d’aider véritablement nos jeunes espoirs?
Les tournois internationaux junior de Granby, Repentigny et Québec ne serviront à rien pour les joueuses et les joueurs canadiens tant et aussi longtemps que nous ne leur assurerons pas le suivi mérité en terme d’entraînement et de compétitions internationales. En dernière minute, Tennis Canada annonce un programme d'entraînement des 10 meilleurs joueurs de 13 à 18 ans, six mois au Stade Uniprix de Montréal, six en compétition internationale. Mieux vaut tard que jamais, mais il était temps!
Dans les cas de la Belgique et de la Serbie, les succès réalisés sont sans doute le résultat, de la part de leur fédération respective, d’une tâche de Tito, euh! De titan.
À Flushing Meadows, dimanche, Roger Federer a répliqué coup pour coup à son adversaire, ne lui laissant aucune marge de manœuvre. Il faut dire également que la tête de série numéro trois de 20 ans ne s’est guère aidé en ratant pas moins de sept points de match. Federer, somme toute, s’est bien vengé de l’humiliation de Montréal en défaisant Novak Djokovic en trois manches au US Open de New York.
Là ne réside pourtant pas tout l’intérêt des confrontations Federer – Djokovic. De fait, que Federer, originaire de Suisse, un pays où la richesse s’étale à tous les coins de rues des milieux urbains aussi bien que dans la fertile campagne, ait pu développer au maximum son potentiel jusqu’à rafler les plus prestigieux titres des grands chelems du tennis, cela va presque de soi. Mélange de talent et de moyens.
La chose se présente tout autrement pour un joueur d’origine serbe, même s’il possède tout le génie imaginable pour le mener au sommet de la pyramide du tennis mondial. Il y a 10 ans, la Serbie-Monténégro était l’épicentre du chaos issu de la dislocation de la Yougoslavie de Tito. Depuis, le président de l’époque, Slobodan Milosevic, a été traduit devant le Tribunal pénal international pour la Yougoslavie, où il est décédé en cellule en cours de procès et le Monténégro a acquis son indépendance.
Ce pays disloqué de même pas 15 millions de population, moins de la moitié du Canada, contribue largement, malgré cela, à la cohorte des meilleures raquettes sur la scène internationale : trois joueurs masculins serbes sont parmi les 10 meilleurs, une joueuse dans le même cas.
Un parallèle est possible avec la championne du US Open, la belge Justine Hénin. Encore là, un petit pays moitié moins peuplé que le Canada, avec PIB (produit intérieur brut) à peu près équivalent, dans les 25 K $ par habitant.
Quelle est donc la recette des fédérations de tennis de ces pays? La fédération canadienne, à côté de ses vis-à-vis européennes, démontre une stérilité mortifiante. Quel soutien offre-t-on à nos meilleurs joueurs? Depuis Robert Bédard, champion de la Coupe Davis dans les années 60, où vont nos élites qui vite se retrouvent sans appui? Est-ce question de ressources financières ou d’entraîneurs qualifiés? Est-ce possible de recruter afin d’aider véritablement nos jeunes espoirs?
Les tournois internationaux junior de Granby, Repentigny et Québec ne serviront à rien pour les joueuses et les joueurs canadiens tant et aussi longtemps que nous ne leur assurerons pas le suivi mérité en terme d’entraînement et de compétitions internationales. En dernière minute, Tennis Canada annonce un programme d'entraînement des 10 meilleurs joueurs de 13 à 18 ans, six mois au Stade Uniprix de Montréal, six en compétition internationale. Mieux vaut tard que jamais, mais il était temps!
Dans les cas de la Belgique et de la Serbie, les succès réalisés sont sans doute le résultat, de la part de leur fédération respective, d’une tâche de Tito, euh! De titan.
dimanche 9 septembre 2007
La baie hante
S’il est un anniversaire qui soit passé sous silence, c’est bien le cinquième de l’arrivée des premiers prisonniers au centre de détention de la baie de Guantanamo à Cuba, le 11 janvier 2007.
Le gouvernement des Etats-Unis, dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001, a traqué à travers le monde les individus soupçonnés d’être liés à Al Qaeda. Comme le président George W. Bush souhaitait que des interrogatoires musclés soient menés sur ces suspects, il convenait qu’ils soient emprisonnés hors du territoire américain afin qu’ils échappent à l’application des lois qui leur donnaient droit à un interrogatoire sans torture, à une défense pleine et entière, avec accès aux preuves amassées contre eux, et à un jugement équitable avec une défense assurée par l’avocat de leur choix ou nommé d’office. Voilà pourquoi la base navale de la baie de Guantanamo répondait aux vœux présidentiels. La base est louée par les Etats-Unis mais est située en territoire cubain. Le vilain Fidel Castro a respecté une entente convenue avant la révolution de 1959, mais commence à la remettre en question en observant l’usage qui en est fait.
Ainsi 800 personnes ont été amenées sur place, il en reste toujours près de 400. Pourtant en 2005, l’administration Bush affirmait que 70 pour cent des prisonniers détenus à la baie de Guantanamo ne représentaient pas de danger pour les États-Unis et que les 30 pour cent restants seraient transférés de la prison à sécurité maximum qu’ils occupent vers de nouvelles installations qui leur assureront une meilleure qualité de vie. Ça ne s’est jamais concrétisé. Toujours selon le gouvernement américain, les détenus de Guantanamo pourraient fort bien passer le reste de leurs jours emprisonnés sur place. Et les nouvelles installations annoncées sont devenues un pénitencier à sécurité super maximale, les détenus étant confinés à leurs cellules 24 heures sur 24.
Le maintien du centre de détention de Guantanamo entache la réputation des États-Unis, terre de démocratie et exemple d’état de droit. Guantanamo est une plaie béante sur le tissu national américain.
Le gouvernement des Etats-Unis, dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001, a traqué à travers le monde les individus soupçonnés d’être liés à Al Qaeda. Comme le président George W. Bush souhaitait que des interrogatoires musclés soient menés sur ces suspects, il convenait qu’ils soient emprisonnés hors du territoire américain afin qu’ils échappent à l’application des lois qui leur donnaient droit à un interrogatoire sans torture, à une défense pleine et entière, avec accès aux preuves amassées contre eux, et à un jugement équitable avec une défense assurée par l’avocat de leur choix ou nommé d’office. Voilà pourquoi la base navale de la baie de Guantanamo répondait aux vœux présidentiels. La base est louée par les Etats-Unis mais est située en territoire cubain. Le vilain Fidel Castro a respecté une entente convenue avant la révolution de 1959, mais commence à la remettre en question en observant l’usage qui en est fait.
Ainsi 800 personnes ont été amenées sur place, il en reste toujours près de 400. Pourtant en 2005, l’administration Bush affirmait que 70 pour cent des prisonniers détenus à la baie de Guantanamo ne représentaient pas de danger pour les États-Unis et que les 30 pour cent restants seraient transférés de la prison à sécurité maximum qu’ils occupent vers de nouvelles installations qui leur assureront une meilleure qualité de vie. Ça ne s’est jamais concrétisé. Toujours selon le gouvernement américain, les détenus de Guantanamo pourraient fort bien passer le reste de leurs jours emprisonnés sur place. Et les nouvelles installations annoncées sont devenues un pénitencier à sécurité super maximale, les détenus étant confinés à leurs cellules 24 heures sur 24.
Le maintien du centre de détention de Guantanamo entache la réputation des États-Unis, terre de démocratie et exemple d’état de droit. Guantanamo est une plaie béante sur le tissu national américain.
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