lundi 17 septembre 2007

Fête de l’indépendance : le Mexique voit des chandelles


En lançant son « Viva Mexico » à partir du Palais présidentiel de la place Zócalo de la capitale, samedi soir dernier, le président Felipe Calderón, devait souhaiter que les célébrations de la 186ème fête de l’Indépendance, du dimanche 16 septembre, fassent oublier la semaine d’enfer que le pays venait de vivre, alors que lui-même était en visite en Inde.

L’Armée populaire révolutionnaire (EPR), en réclamant la libération de deux militants arrêtés le 25 mai à Oaxaca, a fait exploser, lundi dernier (10 septembre), des gazoducs dans les états voisins de Veracruz et Tlaxcala, dans le centre-est du pays. Au Mexique s’attaquer au pétrole, c’est s’en prendre à son pivot économique. Le pétrole représente 30 p. cent du budget de l’état.

Les champs pétrolifères sont concentrés dans les états de Veracruz, de Tabasco, du Chiapas et de Campeche, ces états représentent 70 p. cent de l’exploitation nationale. C’est aussi dans ces états que les inégalités sociales sont les plus criantes. On se rappelle le soulèvement autochtone, au tournant du 21ème siècle, dans le Chiapas. Rien n’est encore réglé dans ce dossier.

Si les groupes qui favorisent l’action directe, comme celle dont est soupçonnée l’EPR, décident de s’en prendre systématiquement aux gazoducs, les autorités devront faire appel à tous les effectifs de l’armée et de la police pour protéger ces infrastructures qui s’étendent sur 50 000 kilomètres.

Avec ses 107 millions d’habitants, dont plus de 20 millions dans la capitale, le Mexique s’il ne parvient pas à stabiliser sa situation politique, à contrôler la corruption généralisée au sein des forces policières, à freiner son émigration, à endiguer le trafic de drogue et, surtout, à améliorer la situation économique de sa population, il y a fort à parier que les factions armées en révolte se multiplieront.

Le redressement doit cependant s’initier au sein même des appareils politiques. On croyait, au début des années 2000, que la défaite du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) annonçait enfin un multipartisme dépouillé de manœuvres électorales douteuses. La déception est, depuis, au rendez-vous à chacune des élections présidentielles, et celles de l’an passé n’ont pas fait exception.

Le Parti d’action nationale (PAN) de Felipe Calderón a récolté, le 2 juillet 2006, 35.88 p. cent des suffrages exprimés, contre 35,31 p. cent en faveur du Parti de la révolution démocratique (PRD) d’Andrés Manuel Lopez Obrador. Toutes les contestations juridiques sont demeurées vaines, le PAN contrôlant la machine judiciaire. Ainsi, Calderón est président du Mexique depuis le 1er décembre dernier, et ce, jusqu’en 2012 et peut participer à des sommets avec le premier ministre du Canada et le président des États-Unis sans que ceux-ci ne pipent mot des exactions présumées du parti de M. Calderón. Il faut dire que M. Bush est mal placé pour faire la leçon à ce chapitre.

Les partisans d’Obrador, qui dénoncent toujours l’illégitimité du gouvernement en place, étaient présents sur la place Zócalo, samedi soir, à l’extrémité opposée au palais présidentiel d’où le président a appelé à l’unité du pays.

D’après les témoins sur place, la nuit de samedi à dimanche s’est déroulée paisiblement, sans affrontement, mais dans un total tintamarre, les haut-parleurs de part et d’autre rugissant jusqu’à la cacophonie la plus totale.

Un dialogue de sourds qui risque de se heurter de nouveau à une réalité explosive…

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