vendredi 21 septembre 2007

République dominicaine : les plages et le rhum pas pour tous


Les plages et les complexes touristiques tout inclus sont des attraits certains quand vient la bise hivernale. Sauf qu’au moment où les touristes québécois, canadiens ou américains sirotent un verre, en se prélassant dans la piscine ou en déambulant pieds nus dans le sable fin et chaud, à quelques kilomètres de là, des travailleurs coupent la canne à sucre, dont la mélasse fermentée, sera offerte sous forme de rhum.

Et bon nombre de ces travailleurs sont d’origine haïtienne. Ils sont entre un demi-million et un million, femmes et enfants compris, sans papiers, sans patrie et sans droit de parole. Jusqu’au 23 septembre, à Montréal, une série d’événements spéciaux fait état de cet esclavage moderne dans le cadre du troisième Festival du film haïtien.

Dans ces plantations ou « bateys » peinent pour, des salaires misérables, ces haïtiens devenus apatrides qui ont le choix entre tolérer leur situation dominicaine ou retourner dans leur pays d’origine où leur statut sera loin d’être acquis et où perdure une situation intenable marquée par la les tueries entre factions ennemies et les enlèvements.

Depuis plusieurs décennies, les Haïtiens fuient les persécutions et la situation économique désastreuse de leur pays. Cela remonte aussi bien à l’époque des Duvalier, papa et baby doc, qu’à celle, plus récente, des gouvernements instables ou putschés par les États-Unis (Aristide). Ceux qui en ont les moyens émigrent vers l’Amérique du Nord ou l’Europe. Les autres traversent la frontière qui les sépare de la République dominicaine sur l’île d’Hispaniola que les deux pays se partagent.

Selon un rapport publié au début de 2007 par Amnistie internationale, « l’activité des plantations de sucre privées et nationalisées repose sur l’importante réserve de travailleurs haïtiens qui reçoivent des salaires dérisoires et qui sont soumis à des conditions de travail déplorables que la plupart des Dominicains ne sont pas prêts à accepter ».

L’essor de l’industrie touristique en République dominicaine a accentué l’arrivée d’une nouvelle vague d’immigration haïtienne vers la fin des années 80 et le début des années 90. Mais toujours, selon l’organisme de défense des droits humains, « les lois et politiques relatives à l’immigration sont mises en œuvre de manière incompatible avec les normes internationales.

Fréquemment, les agents d’immigration dominicains refusent de reconnaître les papiers des migrants haïtiens sous prétexte qu’ils sont faux ou falsifiés. Planent alors le choix entre l’expulsion vers Haïti ou la docilité face à des conditions de travail et de vie inhumaines.

Lors d’un prochain séjour en République dominicaine, les touristes vivant à proximité de champs de canne à sucre auraient intérêt à faire leur jogging ou leur marche de santé un peu avant l’aube. Ils observeront peut-être l’arrivée aux champs de pleins camions d’hommes, femmes et enfants qui entreprennent une pénible journée de travail qui se s’achèvera au crépuscule. Une interminable journée qui leur procurera un salaire inférieur à la valeur d’un apéro servi aux touristes rassemblés au bar.

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