mardi 18 septembre 2007

Contrer Cuba, ça n’a pas de prix


La mère d’une fillette de cinq ans, aux prises avec de graves problèmes de santé mentale, est déclarée inapte à prendre soin de son enfant. Les services sociaux assument la responsabilité de l’enfant. Le père, dont la paternité n’est pas contestée est séparé de la mère. Mis au courant de la situation, il réclame la garde de l’enfant. Normalement, une simple audience devant un juge d’un tribunal de la jeunesse visant à s’assurer que le père est en mesure de prendre l’enfant en charge suffirait pour lui en confier la garde.

Ce scénario prévaudrait normalement, sauf si les protagonistes de l’histoire sont une mère cubaine exilée à Miami, un père agriculteur ( Rafael Izquierdo) demeurant toujours à Cuba, où il veut élever sa fille, et un service social aiguillonné par l’artillerie lourde de la communauté cubaine anticastriste de la Floride.

Jusqu’ici, pas moins de 250 000 $ ont été consacrés à cette cause, l’essentiel versé par les fonds publics et les factures continuent de s’accumuler.

Le tout a débuté en mars 2006. Les plaidoyers finaux des parties interviendront aujourd’hui, 18 septembre 2007.

Au total, 32 avocats sont intervenus, huit psychologues, trois juges, trois interprètes, un étudiant cubain, un médiateur, des traducteurs de documents, des greffiers, des huissiers, des policiers pour la sécurité et autres personnels de soutien. Ajouter à cela des frais de transport aérien, d’hébergement et de repas et autres dépenses connexes. Il y a tellement de monde mêlé à la cause, que les locaux du tribunal de la jeunesse étant trop exigus, il a fallu tenir les audiences dans une salle du Palais de justice du comté de Miami-Dade.

Le secrétaire du Service à la jeunesse et à la famille du comté de Miami-Dade, Bob Butterworth, avoue que le cas est sans précédent et qu’il n’a jamais vu autant d’argent consacré à une cause de garde d’enfant.

Cette situation inusitée n’est pas sans rappeler la saga Elián González, ce petit garçon qui avait échoué sur la côte de la Floride, en 1999, arc-bouté sur une chambre à air. Sa mère n’avait pas survécu à la traversée de Cuba vers les États-Unis. Une prétendue lointaine cousine avait réclamé la garde du petit en sol américain, tandis que le père voulait le rapatrier dans son pays d’origine. Il a fallu l’intervention, aux petites heures du matin du 22 avril 2000, des agents des services de l’immigration au domicile de la « cousine » pour se saisir de l’enfant afin de le rendre à son père. Les ennemis de Fidel Castro, résidant à Miami, ont manifesté leur indignation pendant des jours suivant cet épisode. Ceci n’est d’ailleurs pas étranger au glissement du vote américano-cubain des démocrates vers les républicains, l’affaire González étant survenue sous l’administration Clinton.

Revenons au cas Izquierdo. Tous les arguments ont été utilisés à l’encontre du père de la fillette, notamment qu’il l’avait laissée aller avec son épouse en sachant qu’elle était incapable de prendre soin de sa fille. La procureure d’état au dossier a gardé le père à la barre des témoins pendant 25 heures, jusqu’à ce qu’il éclate en sanglots.

Pourquoi autant de délais? Cela permet notamment à la communauté américano-cubaine de confier l’enfant concerné à une famille militante assez longtemps pour que l’enfant s’attache à elle et qu’il exprime éventuellement le souhait de demeurer dans cette famille d’accueil. C’est ce qui s’est produit dans l’affaire González, c’est ce qui se produit dans la présente affaire. Des affaires d’enfants pris en otages pour des fins politiques?

Rien pour aider. Le patronyme du père est Izquierdo (la gauche). Être Cubain et porter le nom de gauche, c’est assez pour soulever toute l’ire dont sont capables les Cubains militants exilés à Miami… même celles et ceux qui n’ont jamais mis les pieds au pays du lider maximo.

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