vendredi 14 septembre 2007

Un voile au vent au directeur des élections avec ça?


Inflexible, ferme, inébranlable. Les qualificatifs illustrant l’attitude légalement imparable du directeur général des élections (DGE) du Canada, Marc Mayrand, ont abondé depuis une semaine. Et pourtant, tous savaient, même les élus tartufes qui réclament à cor et à cri que l’agent parlementaire recourt à son soi-disant pouvoir discrétionnaire pour transgresser la lettre et l’esprit de la loi.

Devant le comité parlementaire qui s’est penché sur la plus récente version de la loi électorale, le DGE, en réponse à une question du sénateur Pierre-Claude Nolin, a clairement confirmé que le libellé soumis aux parlementaires autorisait les personnes le désirant à voter voilées. Ceci se déroule devant un comité parlementaire, où siègent les élus de tous les partis. À défaut, la transcription des audiences est disponible à l’ensemble des parlementaires. Donc, tout le monde est au courant de la situation ou devrait l’être, quel que soit son camp politique. Réactions : rien.

De plus, au mois de juillet dernier, le DGE a avisé le greffier du Conseil privé, le ministère du premier ministre, des lacunes de la loi électorale. Réactions : nada.

Quand le premier ministre affiche son air ingénu sur la place publique pour exprimer « son profond désaccord » avec la décision du DGE. Ou bien, il savait et il nous prend pour de simples naïfs. Ou il ne savait pas et le greffier du Conseil privé mériterait d’être sanctionné.

Le rôle du DGE, selon la loi en vigueur, est de faciliter l’exercice du droit de vote, pas de le restreindre. « Ce qu’on me demande, affirme M. Mayrand, selon une dépêche de la Presse canadienne, c’est de restreindre ou de forcer des électeurs de choisir entre deux droits fondamentaux qui sont accordés par notre constitution. » En effet, quand un député réclame que le DGE utilise son pouvoir exceptionnel, il exige que celui-ci se substitue au législateur et qu’il choisisse d’appliquer l’un des deux droits apparaissant à la constitution canadienne : le droit de vote ou le droit au respect des libertés religieuses. Là n’est pas son rôle.

Mais comment se fait-il que nous soyons aux prises avec ce psychodrame qui sévit depuis presque deux semaines et qui donne lieu à des sondages où la population s’exprime à 81 p. cent contre le vote voilé dans Outremont? Non, non et non, ce n’est pas la question lancée par un journaliste lors d’une conférence de presse du DGE. C’est plutôt la couardise de parlementaires qui n’ont pas osé écrire clairement dans la loi ce qu’ils souhaitaient y voir apparaître. Ces élus timorés ont craint de devenir la cible d’une vague de protestations de la part de groupuscules religieux tapageurs. Ces législateurs, dès ce moment, savaient qu’ils refilaient la patate chaude au DGE. Ce qu’ils font aujourd’hui en clamant leur innocence. Et ils le sont... innocents. On le sait maintenant.

Pourquoi ne pas s’inspirer du poète Alphonse Beauregard (1881-1924) au lieu de plastronner imbu de certitudes?

Je ne sais s’il vaut mieux être un simple d’esprit
Auquel on a tracé sa route,
Ou celui qui s’abreuve à toutes les idées,
Qu’assaillent tous les doutes.

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