samedi 15 septembre 2007

Cyanobactéries : rencontre de haut niveau



Sans prétention aucune, le premier du Québec, Jean Charest, et sa ministre du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (DDEP), Line Beauchamp, tiendront, le 25 septembre prochain, à Sainte-Adèle, un sommet, rien de moins, sur la présence de cyanobactéries (algues bleu-vert) dans les lacs du Québec.

Selon le Petit Robert un sommet est une rencontre « entre dirigeants de haut niveau ». Ah! Que n’avons-nous consulté plus tôt cet inséparable compagnon qu’est le dictionnaire? Nous aurions compris sur-le-champ que les groupes environnementalistes ne sont que du menu fretin pour notre premier ministre et sa ministre du DDEP et que c’est là la raison qui explique qu’ils ne les aient pas conviés. Il faut avouer aussi que ces organismes auraient pu tout aussi bien ne pas être d’accord avec les vues gouvernementales et, hélas, aller gâcher la fête qui, sans doute se conclura par un large consensus. On ne sait pas encore entre qui. La liste des invités de haut niveau demeure toujours une inconnue pour la plèbe.

Il appert, en effet, que la présence des cyanobactéries dans plus d’une centaine de plans d’eau du Québec cet été a créé une telle psychose que nos responsables politiques ont dû, bon gré mal gré, se pencher sur la question. Mais n’allez pas croire que c’est parce que des lacs comme Massawapi (où réside M. Charest l’été) ou Memphrémagog (rendez-vous du tout Québec inc.) étaient du nombre des lacs affectés. Quoiqu’il en soit, les décideurs politiques se sont mis le nez là-dedans et ils apprécieraient que des mesures uniformisées soient adoptées pour corriger la situation.

Or, la réalité est plus complexe que ça. Par exemple, la baie Missisquoi du lac Champlain est aux prises avec le problème depuis déjà une dizaine d’années. Des organismes avec des moyens de misère sont parvenus à sensibiliser le milieu, riverains comme agriculteurs et autres usagers de la baie, qu’il leur fallait faire des efforts pour sauvegarder ce milieu aquatique. Le message a été entendu : cette année un seul avis, et de premier niveau seulement, a été émis dans la deuxième semaine de septembre. Un record des dernières années alors que la baignade était interdite dès le mois de juillet. Cela signifie qu’à la baie Missisquoi, il est temps de passer à une autre étape : l’application de solutions durables. Mais voilà, la ministre Beauchamp, de toute évidence, n’est pas rendue là. Tout au long de sa tournée du mois d’août auprès des organismes concernés (une première), elle n’a parlé que de sensibilisation, sans tenir compte qu’à certains endroits, le milieu est mûr pour du concret.

Mais inutile de se faire ennuyer avec ça dans le cadre bucolique de Sainte-Adèle. Une rencontre de haut niveau suffira.

Soyons sincères, sans les environnementalistes, ce qui se qualifie de sommet ne sera, qu’une petite colline, les vrais travailleurs de terrain en étant absents.

Les ponts rompus
Chemins coupés
Le commencement de toutes présences
Le premier pas de toute compagnie
Gît cassé dans ma main
Saint-Denys Garneau

N.B. : l’auteur siège au conseil d’administration de Conservation Baie Missisquoi mais s’exprime ici à titre personnel

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