mercredi 19 septembre 2007

Irak:Une guerre pétroleuse alimentée en privé


Le mois prochain, le Congrès des États-Unis visionnera le film de Charles Ferguson : No End in Sight (pas de fin prévisible). Le producteur de ce film réalise, à 52 ans, son premier documentaire. En entrevue à La Presse, il commente son travail : « J’ai voulu faire un film d’enquête, et c’est ce que je pense avoir fait, en laissant les faits parler d’eux-mêmes. Mais je comprends ceux qui voient le résultat comme une mise en accusation. »

Ce film s’ajoute aux accusations lancées vers la Maison blanche et ses occupants : George W. Bush et Dick Cheney, tous deux issus du Texas et du milieu pétrolier.

Si les brûlots de Michael Moore, en raison de sa bonhommie et de son côté nonchalant, n’ont guère perturbé les dirigeants américains qui n’ont cessé de multiplier les envois de troupes en Irak, accompagnés de matériel de guerre à la dernière pointe de la technologie, sans compter des milliers de mercenaires privés, il va tout autrement du documentaire de Ferguson. En effet, celui-ci est projeté dans la foulée de l’affirmation de l’ex-président de la Banque centrale des États-Unis, Alan Greenspan, selon qui la guerre d’Irak trouve sa véritable origine dans le pétrole. Pas le terrorisme, pas la dictature de Saddam Hussein, pas d'armes de destruction massive, pas Al Qaeda. Non. Le pétrole.

Le film de Ferguson relève que le chaos qui persiste en Irak repose sur trois erreurs commises par Paul Bremer promu chef du régime d’occupation en mai 2003. En fait, il portait le rôle de consul d’Irak, sans doute pour symboliser la démocratie qu’il convenait d’imposer. Ainsi, Bremer s’est opposé à la formation rapide d’un gouvernement souverain, a décrété la débaasification (le parti BAAS était celui de Saddam Hussein) du pays, envoyant au chômage les fonctionnaires en place au moment de l’invasion, et a ordonné la dissolution de l’armée. Voilà qui devait engendrer l’insurrection menée par les baassistes et les soldats congédiés. Pas l’ombre d’Al Qaeda.

Une des conséquences de cette suite de décisions prises par Paul Bremer : le recours à des firmes privées de sécurité pour protéger les envahisseurs civils, le tout en appui aux militaires américains.

L’une de ces entreprises de sécurité sous contrat avec le gouvernement américain, Blackwater USA, est accusée d’avoir tué, dimanche dernier, 10 civils et en avoir blessé 11 autres, en escortant des diplomates américains. Le ministère irakien de la Défense fixe le nombre de morts à 20, dont des femmes et des enfants. Il semble qu’ne auto ayant refusé de s’arrêter à un signal d’un agent de police serait la cause de cette tuerie.

Le premier ministre irakien al-Maliki affirme qu’il ne tolérera pas qu’on tue ses concitoyens de sang-froid. Dès lundi, le ministère de l’Intérieur révoquait le permis d’opération de la firme de Moyock en Caroline du Nord, et ordonnait l’expulsion de ses 1000 mercenaires. Le ministère revenait sur sa décision le lendemain, confinant les employés de la firme dans la zone verte (haute sécurité sous contrôle américain) jusqu’à la conclusion de l’enquête irako-américaine.
Près de 50 000 employés de firmes privées de sécurité travaillent en Irak ceux-ci étant considérés comme des mercenaires de la part de la population civile irakienne.

Halliburton est l’une de ces firmes qui fournissent des vigiles armées pour protéger les Américains en poste en Irak. Dick Cheney est l’ex-président d’Halliburton. Un hasard. Et les meilleurs amis de M. Bush gravitent tous dans les milieux pétroliers. Re-hasard. Même les scénaristes de Dallas n’auraient imaginé un JR aussi machiavélique que les deux qui dominent la politique qui prévaut à Washington.

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