samedi 22 septembre 2007

Jeanson - Floglia : pédaler à distance


Le journaliste n’est pas déçu, ni dépité. Le chroniqueur de La Presse, Pierre Foglia, aujourd’hui, place les projecteurs à côté de Geneviève Jeanson. Il n’apporte guère plus d’éclairage sur ses liens professionnels avec la cycliste. Il n’empêche que la relation entretenue entre le journaliste Foglia et la vedette cycliste Geneviève Jeanson mérite qu’on s’y arrête. Pas question de faire la leçon, juste quelques observations.

La distance critique entre un professionnel de l’information et son sujet est l’un des éléments essentiels de l’objectivité indispensable au journaliste. L’objectivité qui est une notion à géométrie variable. Quand la ligne se franchit entre le reporter et le défenseur, le journaliste se retrouve sur la corde raide. Raide à tel point qu’elle risque de se rompre.

Foglia, envers et contre tous, a toujours défendu Geneviève Jeanson et son entraîneur. Il peinait, parfois, à trouver les qualificatifs pour décrire les exploits de celle qui accumulait les victoires et il la voyait dans les compétitions de haut niveau mondial.

Quand, début août, la télé de Radio-Canada entreprend la promotion de la première de la nouvelle émission d’affaires publiques, ENQUÊTE, animée par Alain Gravel, Foglia, en apprenant qu’il allait y avoir confession de la part de Jeanson et accusation à l’endroit de l’entraîneur André Aubut, apparaît comme quelqu’un qui est sonné et s’indigne presque de cette « traîtrise » à son endroit.

Le journaliste écrit, dans sa chronique du 8 août :

« Retenez-moi bien quelqu’un… Combien de fois, mon collègue Pierre Hamel et moi nous sommes-nous portés à la défense de Mlle Jeanson à une époque où tous les médias la traînaient dans la boue? Combien de fois me suis-je personnellement commis? Il ne me souvient pas qu’elle ne m’ait jamais payé en retour de la moindre confession. Il est vrai que je ne m’en attendais pas. Je pensais bêtement qu’elle était mon amie. » Naïveté et sentimentalisme ne caractérisent pas d’ordinaire le Foglia s’en va-t-en prose.

Ces propos alimenteront à coup sûr les cours éthique et journalisme en faisant ressortir les termes « défense », « personnellement », « payé en retour », « confession », « amie ». Des mots qui illustrent la trop grande proximité entre le reporter et son sujet et qui évacue tout sens critique. Le journaliste s’est mué en militant, en avocat de la cause Jeanson.

M. Foglia se demande comment il se fait que Mme Jeanson ne se soit pas confiée à lui. Sans jouer les psychologues de salon, est-il possible de conclure que Geneviève Jeanson aurait été incapable de se raconter à Pierre Foglia? Elle avoue d’ailleurs : « Ce qui me fait le plus mal, c’est d’avoir menti au monde qui me croyait. Je ne savais pas quoi faire. » Une partie du monde qui la croyait s’appelle Foglia. Peut-on se livrer à l’un de ses défenseurs à qui l’on mentait en toute connaissance de cause? Peu probable.
Voilà pourquoi Geneviève Jeanson a tout déballé à Alain Gravel qui n’avait entretenu aucun lien avec elle et qui lui permettait de se décharger d’un lourd fardeau tout en signifiant ses excuses à ceux qui ont cru en elle.

Si quelque ange te frustrait d'un désir, ce serait moi la fraude cachée de la malédiction.
(Présence de l’absence, Rina Lasnier)

Aucun commentaire: